La star kényane Eliud Kipchoge sera de retour dans son jardin au Marathon de Berlin ce dimanche 24 septembre 2023, où il a battu le record du monde à deux reprises, en 2018 (2h01’39) et en 2022 (2h01’09). Le quadruple vainqueur de l’épreuve s’avance comme favori et souhaite se projeter sereinement vers les Jeux olympiques de Paris 2024, cinq mois après sa contre-performance à Boston.
L’info n’aura pas échappé aux aficionados de course à pied, aux forçats de la route qui avalent les kilomètres : Ce dimanche 24 septembre, Eliud Kipchoge foulera le bitume allemand. L’arrivée à Berlin, sous la monumentale Porte de Brandebourg, le Kényan de 38 ans la connaît très bien : il y a déjà triomphé à quatre reprises : 2015 (2h04’00), 2017 (2h03’32) et bien sûr en 2018 (record du monde en 2h01’39) et en 2022 (record du monde en 2h01’09). En 2013, pour sa deuxième incursion sur les 42,195 km, le natif de Kapsisiywa s’était classé deuxième en 2h04’05 derrière son compatriote Wilson Kipsang qui avait établi un nouveau record du monde en 2h03’23.
Effacer la déception de Boston
Le 17 avril dernier, pour son dix-huitième marathon, le premier à Boston, Eliud Kipchoge avait montré qu’il n’était pas infaillible malgré tout et connaissait sa troisième défaite sur la distance mythique de la course à pied dans sa carrière (2e à Berlin en 2013 et 8e à Londres en 2020). Seulement sixième en 2h09’23, le moins bon chrono de sa carrière sur la distance, le protégé de Patrick Sang avait expliqué avoir ressenti une douleur à la cuisse gauche après 30 km d’effort. Le patron du fond mondial cherchera à se rattraper à un peu plus de dix mois des JO de Paris 2024 où il visera une troisième couronne d’affilée.
Alors que le parcours de Boston a des similitudes en termes de difficultés avec celui qu’il retrouvera aux JO de Paris en 2024, Eliud Kipchoge a toutefois décidé de continuer sa préparation olympique en prenant le départ du Marathon de Berlin qui propose un tracé propice au chrono. En effet, Berlin est la ville de tous les records et fantasmes pour les magiciens du macadam. Les huit derniers records du monde du marathon ont été réalisés dans la capitale allemande. Les raisons : un parcours très plat, à l’abri du vent et un casting cinq étoiles. « J’ai appris beaucoup de la course de l’an passé. Mais l’an passé, c’est l’an passé. 2023 est différent de 2022, avec une approche différente. Je suis nerveux. Mais la nervosité prouve que je suis prêt pour la tâche qui m’attend dimanche », a confié Eliud Kipchoge ce vendredi lors de la conférence de presse.
Une tentative sous les 2 heures ?
L’an passé, en réalisant 2h01’09, soit à une vitesse moyenne de 20,90 km/h, pour une allure à 2’52 au km, le Kényan a relancé les espoirs les plus fous d’un homme sous les 2 heures au marathon ! Rappelons qu’en octobre 2019 à Vienne, Eliud Kipchoge était devenu le premier athlète à passer sous la barre mythique des 2 heures, mais dans des conditions qui ne permettaient pas l’homologation de son chrono. Il vit et s’entraîne depuis plusieurs années pour voir apparaître 1h59’59 ou moins après avoir coupé la ligne d’arrivée sur marathon.
Voir cette publication sur Instagram
Pour ce Marathon de Berlin, il a suivi son programme d’entraînement, négociant plus de 200 km hebdomadaires sur les routes de terre rouge de la forêt de Kaptagat, à 2400 m d’altitude. Il a l’expérience du marathon et a démontré que, lorsque les planètes sont alignées, une barrière inaccessible peut être fracassée. Dans la quête aux nouvelles performances, les innovations technologiques ont leur rôle à jouer. Côté chaussure, tout laisse à croire qu’il optera pour les Nike Alphafly Next% 2 de la toute nouvelle collection avec la marque américaine.
À Paris pour rentrer un peu plus dans la légende
Le samedi 10 août 2024, Eliud Kipchoge va tenter de devenir le premier athlète de l’histoire à remporter trois marathons olympiques. Ses deux médailles d’or à Rio en 2016 et à Tokyo en 2020 l’ont placé à la hauteur de l’Éthiopien Abebe Bikila (1960 et 1964) et l’Allemand Waldemar Cierpinski (1976 et 1980). Une troisième récompense qui aurait également une forte valeur symbolique dans la ville où il avait remporté en 2003, à 18 ans, son premier succès planétaire : le titre de champion du monde du 5000 m devant deux légendes, le Marocain Hicham El Guerrouj et l’Éthiopien Kenenisa Bekele.
Vers un duel Kipchoge-Kipruto ?
Le recordman du monde n’aura pas la partie facile face à son compatriote Amos Kipruto, vainqueur du Marathon de Londres en 2022 en 2h04’39 et médaillé de bronze aux Mondiaux de Doha en 2019. En 2022 à Tokyo, Kipchoge et Kipruto s’étaient livrés un mano à mano que le premier cité avait remporté (2h02’40 contre 2h03’13). En 2018, Amos Kipruto avait aussi terminé deuxième du Marathon de Berlin en 2h06’23, derrière Eliud Kipchoge. Suivent ensuite à la liste des engagés : Ghirmay Ghebreslassie (2h05’34 en 2022), Ronald Korir (2h05’37 en 2022), Tadu Abate (2h05’38 en 2023) et Philémon Kiplimo (2h05’44 en 2022) ont déjà couru sous les 2h06.
Parmi les 45 000 coureurs provenant d’environ 150 nations, on gardera également un œil attentif sur les chronos des Français Florian Carvalho (record en 2h10’22 à Valence en 2020) et Abderrazak Charik (2h10’33 à Séville en 2023). La période de réalisation des minima pour les JO de Paris 2024 (2h08’10 pour les hommes et 2h26’50 pour les femmes) est ouverte depuis le 1er novembre 2022 et fermera le 30 avril 2024.
Tigist Assefa se détache chez les dames
La course féminine devrait aussi être intéressante à suivre avec plusieurs prétendantes à la victoire finale. L’an passé à Berlin, Tigist Assefa avait établi un nouveau record du parcours en 2h15’37, devenant ainsi la cinquième meilleure performeuse de l’histoire sur la distance. Ce dimanche, l’Éthiopienne de 26 ans voudra décrocher une deuxième victoire consécutive en Allemagne et trouvera une belle opposition avec la Kényane Sheila Chepkirui, lauréate du semi-marathon de Berlin en 1h05’02. Au Marathon de Londres de cette année, Chepkirui s’est classée quatrième en 2h18’51 et sera à surveiller de près pour la gagne. Même constat pour la Kényane Tigist Abayechew, troisième du Marathon de Berlin en 2022, en 2h18’03. Le record du monde du marathon sur une course mixte est la propriété depuis 2019 de la Kényane Brigid Kosgei en 2h14’04 à Chicago.
Première Française au Marathon de Paris en avril dernier en 2h32’12, Anaïs Quemener, aide-soignante à l’hôpital Jean Verdier à Bondy, tient une nouvelle opportunité de renvoyer son temps de référence au fond de la cave. Interne en médecine à Brest, Marie Bouchard tient aussi une belle occasion d’améliorer ses 2h42’54 réalisés à la Route du Louvre à Lens le 13 mai dernier, pour ce qui sera sa troisième expérience sur les 42,195 km. Même objectif pour Emilie Jacquot-Claude (2h34’56 à Séville en 2023).
Crédit photo : © SCC EVENTS/ Tilo Wiedensohler
