Après avoir réalisé les minima pour les JO de Paris 2024 (2h26’34) lors de sa première incursion sur la distance reine de la course à pied à Hambourg en avril dernier, Mekdes Woldu disputera ce dimanche le Marathon de Valence où le record de France de Christelle Daunay (2h24’22 en 2010 à Paris) pourrait être en danger. La protégée de Thierry Choffin se réjouit d’avoir effectué une préparation complète et minutieuse avec notamment un stage de cinq semaines à Iten, au Kenya. Juste avant de sauter dans l’avion pour rejoindre l’une des plus belles cités de la côte méditerranéenne, la pensionnaire de l’EFCVO a pris le temps de répondre aux questions de Stadion.
— Mekdes, comment s’est déroulée votre préparation pour le Marathon de Valence ?
Actuellement, la santé est là donc tout va bien. J’ai réalisé un premier stage en altitude à Iten (Kenya) au mois d’août puis un deuxième au mois de novembre où j’y suis depuis le 30 octobre. Je suis contente parce que je termine ma préparation sans aucune blessure. J’ai bouclé des semaines à 180 km, c’est un peu plus que lors de ma toute première préparation marathon l’an dernier (pour celui de Séville le 19 février 2023 auquel elle a finalement renoncé) où je m’étais malheureusement un peu blessé à Iten. Au fur et à mesure des semaines, on est monté progressivement en volume kilométrique pour atteindre 180 km puis on est logiquement redescendu pour que la forme commence à monter. Je suis quelqu’un qui a toujours privilégié le travail qualitatif au quantitatif, même si sur marathon il faut faire des sorties longues de 35 ou de 40 km.
— On dit souvent qu’une bonne préparation marathon, c’est plus de la moitié du chemin vers une course réussie…
La prépa marathon, c’est encore un peu nouveau pour moi. Ma première sortie longue, 30 km, c’était à Iten l’an dernier et j’ai mis beaucoup de temps à récupérer, c’était horrible. Quelques jours après cette séance, j’avais 5×3 km avec 1 km de récupération active, et à 3’30 par km je n’ai pas réussi à tenir le moindre kilomètre. Et je me suis dit « mais qu’est-ce qui s’est passé ?« . Je n’avais pas récupéré de ma sortie de 30 km quelques jours auparavant. Cette fois, j’ai bien progressé sur des sorties longues et je récupère plus vite. Je commence à connaître le marathon, petit à petit !
« Être dans un bon groupe d’athlètes sera aussi la clé »
— Le Marathon de Valence est réputé comme l’un des parcours les plus rapides et des plus denses du monde. Ce sont pour ces raisons que vous avez opté pour courir à Valence ?
J’ai accompli mon premier marathon en avril et on s’est dit avec le coach que ça serait important d’en refaire un en 2023. Initialement, je pensais courir le Marathon de Valence en 2021 mais c’était un peu compliqué d’avoir un dossard avec la pandémie. On ne sait pas ce qui peut se passer dimanche mais j’ai aussi le Marathon de Séville comme option le 18 février. 2024
— Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter en termes de chrono dimanche ?
J’espère battre mon record et faire moins de 2h26. Je pense partir sur des bases de 2h25 avec un passage à la mi-course en 1h12’20/1h12’30 (À Hambourg, Mekdes Woldu était passé en 1h13’11, ndlr). Les organisateurs du Marathon de Valence nous ont demandé notre objectif de chrono pour qu’il puisse former des groupes selon les ambitions. Être dans un bon groupe d’athlètes sera aussi la clé.
« C’est un rêve depuis petite que de participer aux Jeux olympiques »
— Votre chrono à Hambourg ouvre des perspectives… Pensez-vous être capable de battre le record de France de Christelle Daunay (2h24’22 en 2010 à Paris) ?
Je serai heureuse de l’améliorer et ça serait un rêve ! Christelle est une grande athlète, je suis trop fan d’elle, et elle le sait très bien. Ce record national est toujours dans un coin de ma tête mais je ne me mets pas de pression. Je sais que suis bien entraînée pour ce marathon et j’espère que tout le travail fourni au Kenya va payer à Valence.
— Vous attendiez-vous à réaliser les minima pour les JO de Paris pour votre première incursion sur la distance à Hambourg ?
J’ai dû m’arrêter trois semaines en pleine préparation en raison de petits bobos mais j’étais confiante, au contraire de mon coach, et savais que j’étais en forme. Les meneurs d’allure étaient plus rapides que prévus et puis au 32e km, j’étais vraiment bien. J’ai serré les dents et à la fin c’était beaucoup d’émotions.
— Qu’avez-vous ressenti en coupant la ligne d’arrivée ?
J’ai pleuré de joie et je n’arrivais même plus à parler, et ça faisait longtemps que ça ne m’était pas arrivé sur une compétition. C’est un rêve depuis petite que de participer aux Jeux olympiques.
« Je veux profiter de ces lignes pour remercier toutes les personnes qui m’accompagnent »
— Quel regard portez-vous sur la dynamique des marathoniennes françaises ? On imagine que ça crée une émulation ?
J’espère qu’on sera plusieurs Françaises à réaliser de belles performances à Valence et je souhaite faire passer un message : « Allez les filles, allez chercher votre chrono pour qu’on soit une très belle équipe à Paris en 2024 ». Je n’oublie pas non plus les garçons qui sont aussi ambitieux.
— Beaucoup d’acteurs vous soutiennent dans votre carrière sportive…
Je ne suis pas toute seule dans ce projet et je veux profiter de ces lignes pour remercier toutes les personnes qui m’accompagnent. Mon coach Thierry Choffin qui est venu à Iten pendant une semaine et ça m’a fait plaisir qu’il soit à mes côtés, mon manager Riad Ouled, mes camarades d’entraînement, ma camarade d’entraînement durant ce stage Leila Hadji, mon club de l’EFCVO, mon équipementier Asics, la FFA, les partenaires institutionnels à l’image du Département du Val-d’Oise et de la Région de l’Île-de-France qui m’aident dans cette préparation pour Paris 2024. Si aujourd’hui, je peux aussi préparer les JO sereinement, c’est grâce à mes partenaires et tout particulièrement l’Armée des champions qui me permet de partir en stage et penser qu’à ces 42 km qui me séparent de la ligne d’arrivée.
- Le départ du Marathon de Valence 2023 sera donné ce dimanche 3 décembre à 8h15.
Crédits photos : Antoine Decottignies / STADION
