Lors d’un vendredi soir pluvieux à Saint-Denis, Clément Ducos, peu connu du grand public avant le début de la compétition, a pris une incroyable quatrième place en finale du 400 m haies en 47″76, tandis que Rai Benjamin a surpris Karsten Warholm pour s’octroyer le titre olympique. Quelques heures avant, les relais 4×100 m Bleus auguraient de belles chances de médailles mais aucun des deux n’est parvenu à monter sur la boîte. La soirée a également été marquée par le troisième sacre olympique de Nafissatou Thiam et le record olympique battu par Marileidy Paulino sur 400 m.
La révélation Clément Ducos s’est décarcassé mais ne repartira pas du Stade de France avec une médaille tant rêvée aux Jeux olympiques de Paris 2024. Au terme d’une finale du 400 m haies clôturant un sacré vendredi soir, le Tricolore de 23 ans a commis une erreur sur l’avant-dernière haie, le déséquilibrant légèrement. Le Girondin licencié au Bordeaux EC aurait tant aimé ramené la première médaille d’une équipe de France d’athlétisme. Cela fait depuis 2004 qu’un Bleu n’a pas décroché une breloque (Naman Keïta en bronze) sur la spécialité. Clément Ducos peut être fier d’avoir été « le meilleur des humains » derrière les trois extraterrestres. « Je suis déçu, je voulais la médaille mais ils étaient plus forts que moi, constatait le natif de Pessac avec lucidité en zone mixte. Je reviendrai sur des prochains championnats. Je suis très fier mais ma première émotion c’est d’être déçu. J’espère que la deuxième prendra le dessus plus tard. Je n’ai aucun regret. Je suis parti à fond, j’ai fait peu d’erreurs. À la 8e je touche la haie mais je suis rasant, je ne perds pas de temps. Mais ce n’était pas assez. Je n’avais pas de pression, j’étais l’outsider. C’était bien, le public était génial, il y avait de l’émulation pour moi. Je suis obligé (de faire le show) car je ne suis pas le meilleur donc si on peut gratter un peu d’énergie avec le public. Ça leur fait un peu peur dans les yeux. C’est bien pour essayer de gratter des dixièmes. Là j’ai un meeting en Pologne le 25 août, j’espère y faire un record. Et après j’ai besoin de vacances. La saison a été très longue. Je réaliserai après. Là je voulais vraiment la médaille, c’est très dur ». Le padawan de Duane Ross à l’université du Tennessee s’est retrouvé planté à la quatrième place (47″76) derrière des géants dont le plus grand n’est pas norvégien mais bien de la Team USA.
Auteur de sa meilleure perf’ de la saison, Rai Benjamin (46″46) a fait tomber le champion olympique en titre Karsten Warholm, qui se contente de la médaille d’argent en 47″07 alors que le Brésilien Alison dos Santos est troisième (47″26). L’Américain a fait la différence dans le dernier virage au moment où le Viking Warholm semblait coincer, laissant son trône par la même occasion.
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Les regrets des relais 4×100 m français
Les filles ouvraient le bal sur une piste aux étoiles trempée. Emmenées par son quatuor Orlann Oliere, Hélène Parisot, Gémima Joseph et Chloé Galet, les Françaises ont terminé au pied du podium en 42″23, devant la Jamaïque, 5e. Après la septième place de Tokyo, la médaille continue de se refuser à l’équipe de France qui attend cette breloque olympique après le bronze en 2004. Inconsolable, Galet et ses coéquipières semblaient abattues par cette malheureuse quatrième place. « Même si beaucoup de monde dira qu’une quatrième place, c’est bien, nous n’étions pas venues pour ça, réagissaient-elles, dégoûtées. On espérait mieux, on regardera notre course à la vidéo à tête reposée, mais au vu du chrono et de la place, c’est qu’il y a eu des couacs dans nos passages. On gagne ensemble, on perd ensemble, et ce soir, on a perdu ensemble. Nous n’avons rien changé dans nos marques entre la série et la finale. Les prises de risque ? Il y en a toujours dans un relais, quelle que soit la course. C’est le charme de la discipline. Malgré tout, notre collectif progresse, avec des jeunes et des moins jeunes. On va continuer à bosser et rendez-vous à L.A. désormais ». Sha’Carri Richardson avait parfaitement conclu le sprint américain (41″78), sans oublier le retour supersonique de Daryll Neita pour offrir la médaille d’argent à la Grande-Bretagne (41″85) tandis que les Allemandes (41″97) se sont parées de bronze.
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Dans la foulée, le sort n’a également pas été favorable pour les Bleus qui auraient pu profiter du raté des Américains lors du relais entre Christian Coleman et Benneth Bednarek alors que Noah Lyles, covidé, n’avait pas pris part à ce grand rendez-vous. Méba Mickaël Zézé, Jeff Erius, Ryan Zézé et Pablo Matéo se sont contentés d’une frustrante sixième place (37″89), acquise dans une course des plus dense de l’histoire. Longtemps en quatrième position, et donc bien placés à la fin du troisième et dernier relais, le dernier passage de témoin fut loin d’être parfait. Matéo s’est rapidement fait rattraper par l’éclair britannique Zharnel Hughes et le Sud-africain Akani Simbine qui lui sont passés devant.
« On est très déçus, mais on a fait ce qu’il fallait faire, se rassuraient les quatres frenchies. On est allés beaucoup plus vite, sans prendre plus de risques. On a accéléré, tout simplement, et avec l’engouement de la finale, on gagne cinq dixièmes. On s’était dit que si on se rapprochait du record de France, il y aurait une médaille au bout. On l’a fait, mais on est cinquièmes. Les autres nations ont des gars qui sont trop rapides, individuellement, on n’arrive pas à suivre. Ça va trop vite. Ils ont aussi plus d’expériences de faire des grands championnats. C’est ça qui fait la différence. Il y a quand même une grande fierté, parce qu’on fait un très bon chrono. On n’avait pas fait de finale depuis 2012, qui était une année phare avec une médaille de bronze, donc il nous tenait à cœur d’être à la hauteur devant notre public. On n’a pas démenti notre rang ». Finalement, les Canadiens ont levé les bras les premiers en 37″50, plus vus depuis les JO de 1996. André De Grasse a été flashé en 8″89 lancé et a rempli son tiroir à médailles avec une septième breloque olympique. L’Afrique du Sud (37″57) a gratté une médaille d’argent tandis que les Britanniques (37″61) ont pris la troisième place. Les Italiens (37″68), sacrés à Tokyo il y a trois ans, n’ont pas pu faire mieux qu’une quatrième position au classement final.
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Record olympique de Marie-José Pérec battu sur 400 m
Le record olympique de Marie-José Pérec d’Atlanta 1996 (48″25) est tombée en finale du 400 m. Marileidy Paulino a roulé sur tout le monde (48″17) et a intégré le top 5 (4e) des meilleurs performeurs de tous les temps sur la distance. La Dominicaine s’est facilement imposée devant la Bahreïnie Salwa Eid Naser (48″53) et la Polonaise Natalia Kaczmarek, chronométré en 48″98. Dans le concours du triple saut, le Portugais et champion olympique en titre Pedro Pichardo (17,84 m) a été détrôné par l’Espagnol Jordan Diaz et son premier bond de 17,86 m. L’Italien Andy Díaz montera, lui, sur la troisième marche du podium (17,64 m). Déception en revanche pour le champion du monde 2023 et médaillée de bronze à Tokyo, le Burkinabé Hugues Fabrice Zango, qui a dû se contenter de la cinquième place avec un cinquième essai à 17,50 m, ce qui n’était pas dans les plans de l’élève de Teddy Tamgho, présent dans le stade.
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Le triplé majestueux de Nafissatou Thiam à l’heptathlon
Après les JO de Rio 2016 et ceux de Tokyo en 2021, Nafissatou Thiam a remporté son troisième titre olympique consécutif à l’heptathlon. Avec un total de 6880 points, la Belge conserve finalement 36 longueurs d’avance sur la double championne du monde britannique Katarina Johnson-Thompson (6844 points), leader à l’issue de la première journée mais pénalisée par sa mauvaise prestation au javelot (45,49 m) alors que Thiam avait envoyé un missile mesuré à 54,04 m sur la pelouse du Stade de France. Une autre belge sera sur le podium car Noor Vidts ramène le bronze après un record personnel de points à l’issue des 7 épreuves (6707 points). La seule tricolore engagée dans ce périple, Auriana Lazraq Khlass s’est classée que 16e (6110 points) au finale mais a terminé sa compétition de la meilleure des manières avec un record sur 800 m (2’09″45) après deux journées difficiles. Avec le sourire au bout des lèvres, c’est déjà ça.
« Finalement, je suis olympienne, et je bats mon record de trois secondes sur 800 m, après une belle bataille avec l’Italienne, retenait la combinarde de 25 ans. Je me sens libérée, j’ai vécu ma deuxième journée comme je voulais vivre la première. J’ai été moi-même sur la piste, donc je suis très heureuse. J’étais en forme pour la longueur, mais c’est une épreuve qui n’est pas encore très bien réglée. J’ai pris ma chance sur les deux premiers essais, qui étaient vraiment bien, et j’ai assuré un peu trop le troisième. Et au javelot, c’est quand même la deuxième performance de ma vie. Si j’ai un petit regret sur mon hepta, c’est d’avoir eu peur le premier jour, de ne pas rentrer dedans comme j’aurais dû le faire. Quand on a creusé bien profond, la seule chose à faire, c’est de remonter. Le meilleur public du monde, c’est celui-là, on ne peut pas faire mieux. Pour en arriver là, j’ai eu un super staff derrière moi, la Fédération m’a beaucoup aidée, et mon coach. On est olympiens ensemble. Sans ce binôme de choc, je serais encore à 5300 points. »
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Alessia Zarbo victime d’un malaise sur 10 000 m
Alors qu’elle avait déjà un tour de retard sur le groupe de tête du 10 000 m, Alessia Zarbo s’est écroulée au sol dans la dernière ligne droite d’un tour de piste à plus de deux kilomètres de l’arrivée. L’athlète tricolore a été évacuée en vitesse par les médecins avant de voir le peloton de tête arriver en trombe. C’est la Kényane Baatrice Chebet qui l’a finalement emporté en 30’43″25, réalisant le doublé après son sacre sur 5000 m. Quel retour de l’Italienne Nadia Battocletti (30’43″35) qui a obtenu une magnifique médaille d’argent devant la tenante du tire Sifan Hassan (30’44″12), qui sera également alignée sur marathon dimanche.
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Tous les résultats de l’athlétisme aux JO de Paris 2024
Texte : Dorian Vuillet
Crédits photos : Solène Decosta & Gaëlle Mobuchon / STADION