Cette 60e édition promettait d’être légendaire, elle le fut, et elle a couronné un grand champion. Sur un tracé de 8420 m relativement sec mais exigeant qui n’a jamais ménagé ceux qui font les malins au départ, Jimmy Gressier a été exact au rendez-vous, finissant là où tout le monde l’attendait, sur la plus haute marche du podium. Grâce aux images fournies par l’organisation, vous avez assisté en direct sur notre page Facebook à la deuxième victoire sur la plaine de Chaoué du protégé d’Adrien Taouji, débarqué seulement il y a deux jours d’un stage de trois semaines à Iten (Kenya).
Un finish dévastateur et un mental d’acier
Au coude-à-coude avec l’Éthiopien Kuma Girma (frère de Lamecha Girma, recordman du monde du 3000 m steeple), le Français de 27 ans, destitué de son record d’Europe du 10 km par Etienne Daguinos la veille, a fait parler sa pointe de vitesse dans les derniers hectomètres, tombant aussitôt la ligne franchie dans les bras de Philippe Leboucher, grand manitou du cross d’Allonnes. Le Nordiste a rappelé à tout le monde qu’il pouvait gagner où il voulait, quand il voulait.
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Jimmy Gressier et Yann Schrub en réflexion concernant Antalya
« Je suis vraiment très content mais je suis très surpris de gagner aujourd’hui. Je n’étais pas dans une forme flamboyante, j’ai repris l’entraînement il y a deux mois et demi et j’ai déjà été six ou sept fois plus fort que ce dimanche. Mais comme à chaque fois que je m’aligne, je me suis donné à fond. Je suis venu ici à Allonnes en me disant que je verrais bien mon niveau. Avant les Jeux et les Championnats d’Europe à Rome, j’étais blessé au tendon. J’adore le cross, j’avais des frissons rien que d’être sur cette ligne de départ », confie Jimmy Gressier qui est toujours en réflexion quant à sa participation aux Championnats d’Europe (Antalya, 8 décembre), tout comme Yann Schrub, champion d’Europe en titre de la spécialité et troisième Tricolore (7e au scratch) ce dimanche à Allonnes. C’est dans la boue qu’on les a connus, c’est là qu’ils se retrouvaient, ce dimanche après-midi, mais ce n’est pas encore certain qu’on les revoit dans la station balnéaire turque dans trois semaines.
C’est validé aussi pour Bastien Augusto (6e au scratch mais 2e Français) et Alexis Miellet (8e et 4e Français, il ne fera pas le déplacement à Carhaix dimanche prochain pour la sélection sur le relais mixte, ndlr). Cinquième Tricolore du jour, Valentin Gondouin est en ballotage très favorable pour intégrer le collectif bleu à Antalya.
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Luc Le Baron, premier espoir
Grand favori chez les U23 au cross d’Allonnes, Luc Le Baron a assumé son statut, mais ce ne fut pas si simple face à Aurélien Radja, Pierre Boudy et Martin Perrin, lesquels ont officiellement composté leur ticket pour Antalya, qui lui ont donné du fil à retordre. Cette performance collective est porteuse de superbes promesses pour ces jeunes aux dents longues qui sont prêts à répondre aux défis qui les attendent. « J’avais de bonnes jambes mais mes principaux concurrents sont partis très vite et ont été impressionnants. On a trois semaines pour faire monter la sauce. Faire plus que top 5 ça serait un peu décevant mais il y a du niveau sur le plan européen chez les espoirs. Si je peux faire mieux qu’un top 5, je ne me priverais pas », affirme Luc Le Baron.
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Manon Trapp brillante troisième et exemptée de Carhaix
Comme prévu, elle a triomphé sur le cross d’Allonnes. La Kényane Grace Loibach Nawowuna, championne du monde 2023 par équipes de cross-country, a même surclassé ses concurrentes, signant un deuxième succès de suite sur la plaine de Chaoué (7620 m en 22’55). Il n’a d’ailleurs pas fallu attendre très longtemps pour voir les favorites mettre le nez à la fenêtre, à l’instar de Manon Trapp, triple championne de France (2021, 2022 et 2023), qui s’est accrochée comme un beau diable aux fusées africaines pour se hisser sur la troisième marche du podium, un exploit qu’aucune Tricolore n’avait réalisé depuis une décennie (Sophie Duarte en 2014). La fondeuse de l’Entente Savoie Athlé s’est offert la prouesse de devancer la Kazakh Norah Jeruto (4e), championne du monde du 3000 m steeple à Eugene en 2022.
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Un an après sa dernière apparition dans les labours pour préparer la qualification au marathon olympique (2h25’48 à Valence en 2023), Manon Trapp a rendu une très belle copie en terre sarthoise, au point que la DTN de la FFA qui lui a proposé de faire l’impasse sur le cross de sélection des seniors femmes et ainsi la ménager d’un voyage de 9 heures pour rejoindre Carhaix dimanche prochain. Un plein de confiance bienvenu à trois semaines de l’échéance continentale où l’élève de Jean-François Pontier peut viser haut.
« J’ai tellement hâte de revivre une sélection en équipe de France avec les filles »
« L’objectif est rempli puisque je voulais être la première Française. Passer de 42 à 7 kilomètres, ce n’est quand même pas le même effort, donc je me demandais si j’allais avoir assez de rythme. Le cross, ça ne s’oublie pas, c’est comme le vélo. J’ai couru comme j’ai l’habitude, aux sensations, à mon rythme. Je suis partie au même rythme que les Kényanes au début puis elles ont accéléré et je me suis retrouvée seule sur la deuxième partie de course. J’ai tellement hâte de revivre une sélection en équipe de France avec les filles et je vais regarder attentivement Carhaix pour soutenir mes copines ». Des copines qui se nomment notamment Sarah Madeleine et Marie Bouchard, respectivement sixième et huitième, et voudront continuer à faire des étincelles.
REPLAY de l’édition 2024
Tous les résultats du Cross d’Allonnes 2024
Crédit photo : STADION