Dix mois après la parenthèse enchantée des Jeux olympiques de Paris 2024, le gratin de l’athlétisme mondial a comme à son habitude offert une myriade d’exploits au Meeting de Paris au Stade Charléty. Azeddine Habz a fait sensation en 3’27″49 sur 1500 m, dépoussiérant des tablettes le record de France de Mehdi Baala, vieux de près de 22 ans au terme d’un finish irrespirable tandis que Jimmy Gressier a atomisé sa propre marque hexagonale sur 5000 m (12’51″59). Plusieurs chronos de référence de la réunion de la capitale ont été effacés, de Rai Benjamin sur le 400 m haies (46″93) à Grace Stark sur le 100 m haies (12″21). Récit !
On vous avait prévenu. Vous n’aviez aucune excuse pour manquer le Meeting de Paris. Devant plus de 19 000 spectateurs au Stade Charléty (et bien plus devant leur télévision), une constellation de stars a enflammé l’écrin de la capitale, à commencer par Azeddine Habz qui a fait chavirer le cœur des passionnés du demi-fond. Sous les yeux de sa maman et de Mehdi Baala, directeur des Équipes de France d’Athlétisme et ancien détenteur du record de France sur 1500 m, le sociétaire du Val d’Europe Montévrain Athlétisme a confirmé son statut après son succès au Meeting de Rome en 3’29″72, avalant les 1500 m en 3’27″49, synonyme de nouveau temps de référence hexagonal sur la distance. Jimmy Gressier a imité son compatriote quelques instants plus tard sur 5000 m, retranchant plus de trois secondes à son propre record de France.
Record de France et meilleure performance mondiale de la saison pour Azeddine Habz !
Les frissons. Il y avait eu le 800 m l’an passé avec trois hommes sous le 1’42. Il y a eu le 1500 m ce soir avec 14 coureurs sous les 3’32″30 dont 6 sous les 3’30. C’est l’image de la soirée. Azeddine Habz a choisi un soir parfait pour livrer l’une des courses de sa vie. Il était venu spécialement dans la capitale avec un objectif en tête : effacer des tablettes le record de France détenu par Mehdi Baala, datant du 5 septembre 2003 du Meeting de Bruxelles (3’28″98). Mis en orbite par les meneurs d’allure Mounir Akbache et Zan Rudolf, le protégé de Philippe Dupont et de Serge Olivares a repoussé les assauts du Kényan Phanuel Kipkosgei Koech (record du monde juniors en 3’27″72) dans la dernière ligne droite. En taille patron, le vice-champion d’Europe indoor 2025, toujours bien placé, n’a laissé aucune chance à ses adversaires, menant tambour battant la course de A à Z.
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Alerte d’Azeddine Habz qui martyrise le chrono sur 1500 m en 3️⃣’2️⃣7️⃣ »4️⃣9️⃣ (ancien : 3’28″98 par Mehdi Baala en 2003) au Meeting de Paris ! pic.twitter.com/HpBUPiyHiR
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Vainqueur en 3’27″49 (MPM), Azeddine Habz signe la sixième meilleure performance de tous les temps. Les Tricolores Flavien Szot (7e en 3’30″74), Pierrik Jocteur-Monrozier (10e en 3’31″51), Romain Mornet (11e en 3’31″62), Paul Anselmini (12e en 3’31″63) ont enquillé les records personnels et ont tous réalisé les minima FFA pour les Mondiaux de Tokyo (3’32″09). Meilleur chrono de référence en carrière également pour Louis Gilavert (14e en 3’32″25). Reste à savoir qui s’envolera au pays du soleil levant en septembre…
« Il va falloir penser au record du monde »
« J’ai acté 3’28. Je fais 3’27. C’est incroyable. Paris c’est magique. La présence de ma maman venue m’encourager m’a donné des ailes pour aller chercher ce record de France. Le public était juste incroyable. Le dernier 400 m, je me sentais vraiment porté par le public. Avant la course, il (Mehdi Baala) m’a dit, ‘c’est à toi ce record’. Je sais que j’en étais capable. Je n’arrive pas à réaliser pour l’instant », expliquait Azeddine Habz, sa maman à ses côtés, les yeux embués par l’émotion.
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Mehdi Baala était tout sourire à l’issue de la course. Son record de France battu, le vice-champion du monde 2003 n’avait aucune amertume. Bien au contraire. « Aujourd’hui, vu ma position au sein de la fédération (directeur des Équipes de France d’Athlétisme), je suis très heureux que l’athlétisme français, le demi-fond encore plus, arrive à sortir des performances de ce niveau. Maintenant, il faut aller chercher des médailles. C’est le plus difficile. J’étais stressé pour eux (les coureurs). Ça fait bien longtemps que je n’ai plus de stress pour moi-même. J’ai même dans un petit coin de ma tête, c’est ce que je lui ai dit dans l’oreille (à Azeddine Habz). ‘Va falloir penser au record du monde’ (propriété d’Hicham El Guerrouj en 3’26’’00 à Rome le 14 juillet 1998). »
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La recordwoman de France Agathe Guillemot (7e en 3’58″44) et Sarah Madeleine (9e en 3’59″06), qui devient la deuxième performeuse de l’histoire, ont brillé sur 1500 m au Meeting de Paris ! ✨️
Nelly Chepchirchir l’emporte en… pic.twitter.com/zh8mBaR7Ou
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Le 1500 m a décidément souri aux Bleus, puisqu’en clôture du Meeting de Paris, la recordwoman de France Agathe Guillemot (7e 3’58″44) et Sarah Madeleine (9e en 3’59″06, 2e performeuse française de l’histoire) se sont aussi distinguées. Les deux Tricolores sont officiellement sélectionnables pour les Mondiaux de Tokyo (13 au 21 septembre).
À 85% de sa forme, Jimmy Gressier, recordman du France sur 5000 m, abaisse sa marque de référence
Il ne l’avait pas annoncé cette fois-ci. En rodage sur les 12 tours et demi de piste, le Boulonnais Jimmy Gressier, au pied du podium, a réalisé une remontada dans une ambiance assourdissante. Le « p’tit gars » du Chemin-Vert a fait basculer la discipline dans l’irréel en claquant un nouveau record de France, qu’il détenait depuis début février à Boston en salle (12’51″59 contre 12’54 »92).
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« À chaque fois que je peux faire profiter le public, je le fais. La vie, ça va trop vite. Il faut savoir remercier les gens qui se déplacent surtout dans ces périodes de crise. Les gens font l’effort de venir supporter un beau sport qui est l’athlétisme. Je me dois de leur rendre. Je bats le Jimmy d’il y a un an. C’est toujours encourageant de se voir progresser. J’étais à peu près à 85% de ma forme. Les gens savent que quand je suis prêt, je l’annonce fort. Je n’ai pas annoncé que je voulais battre mon record de France. D’habitude je l’annonce des mois à l’avance », commentait le champion d’Europe du semi-marathon le 12 avril.
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Jimmy Gressier (4e) améliore son propre record national sur 5000 m en 12’51″59 au Meeting de Paris (ancien : 12’54″92) !
⏱️ Yann Schrub (8e en 12’56″57, minima mondiaux FFA) et Etienne Daguinos (9e en 12’57″49) s’offrent un chrono canon… pic.twitter.com/O0HhS65Qvj
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Chronos canons pour Yann Schrub et Etienne Daguinos qui sont passés sous la barre symbolique des 13 minutes (12’56″57, minima FFA pour Tokyo et 12’57″49) alors que Valentin Gondouin se contente d’un chrono de près de 13’30 (13’29″79).
Des records du Meeting à n’en plus finir
Une formalité. L’Américain Rai Benjamin a survolé le 400 m haies. Parti comme à son habitude prudemment, le champion olympique 2024 s’est servi du Qatari Abderrahman Samba (2e en 47″09) devant lui au couloir 6 pour accélérer dans les derniers 200 mètres. Crédité de 46″93, celui qui s’est classé deuxième du 300 m haies au Meeting d’Oslo derrière Karsten Warholm a tutoyé les sommets, abaissant le record du Meeting de Paris de cinq centièmes. C’est simple : il est invaincu depuis la finale des Mondiaux de 2023. Stratosphérique.
C’est parti pour la Wanda Diamond League à Paris
Le champion olympique Rai Benjamin survole le 400 m haies en 46″93 !
Record personnel pour Fantin Crisci, sixième en 49″40
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Record du Meeting de Stockholm dimanche dernier sur le 100 m haies. Record du Meeting de Paris cinq jours plus tard. 12″33 en Suède puis 12″21 (+0,7 m/s) en France, Grace Stark continue de grandir, à 24 ans. À seulement quatre centièmes de la meilleure marque de la saison (12’17, Masai Russell), l’Américaine s’adjuge une course ultra relevée, devant la recordwoman du monde nigériane Tobi Amusan (12″24) et la Jamaïcaine Ackera Nugent (12″30). Le 400 m a été éclairé par la championne olympique dominicaine Marileidy Paulino (48″81, record du meeting).
C’est allé très vite sur 100 m haies !
Grace Stark a mis le feu à la piste du Stade Charléty en étant flashée en 12″21 (+0,7 m/s) devant la recordwoman du monde Tobi Amusan (12″24)
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Relevons la meilleure marque de l’année sur 3000 m steeple pour la Kényane Faith Cherotich qui s’est imposée au sprint devant l’Ougandaise Peruth Chemutai (2e en 8’54″41). À seulement 20 ans, la médaillée de bronze aux JO de Paris s’est offert un chrono alléchant en 8’53″37 (sixième performeuse de l’histoire). Pour son premier 3000 m steeple depuis la finale olympique en août, la recordwoman d’Europe Alice Finot a terminé huitième en 9’15″33, compostant ainsi son ticket pour le Japon.
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Faith Cherotich s’est sublimée sur 3000 m steeple en 8’53″37 en devançant au finish Peruth Chemutai (8’54″41), devenant la sixième performeuse de la planète !
Minima mondiaux pour Alice Finot, huitième en… pic.twitter.com/kk4JrBFeJN
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Minima mondiaux pour Just Kwaou-Mathey et Wilhem Belocian
Soulagé mais frustré. Wilhem Belocian a vécu une entrée en lice mitigée lors des séries sur 110 m haies. Flashé en 13″20 (4e, +1,1 m/s), le poulain de Teddy Tamgho s’est acquitté des minima mondiaux fixés par la FFA (13″22), sans pour autant se qualifier pour la finale. « Je n’ai pas saisi ma chance. J’ai commis des erreurs. Je me sentais bien, le public aussi était présent. Le vent était même positif. Tout était réuni pour performer. Je retourne au boulot et je ne baisse pas les bras », réagissait le hurdler à chaud.
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Trey Cunningham remporte un 110 m haies de très haut niveau au Meeting de Paris en 13″00 (+1,1 m/s), devant Dylan Beard (13″02) et Jason Joseph (13″07)
Septième place pour Just Kwaou-Mathey en 13″24 (13″15 en séries)
Le… pic.twitter.com/KXlXJaMMiJ
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Satisfaction aussi pour Just Kwaou-Mathey, cinquième de sa série en 13″15 (+1,4 m/s) et ultime qualifié pour la finale. Le pensionnaire de l’Évreux AC a terminé à une anecdotique septième place (13″24, +1,1 m/s), deux places derrière le champion olympique Grant Holloway (5e en 13″11), en deçà en ce début de saison estival, et à distance de l’épatant américain Trey Cunningham, vainqueur en 13″00 (RP égalé). « Je ressentais un peu de fatigue. Je reviens d’une petite blessure qui m’a empêché de courir un petit peu plus tôt dans la saison. Les chronos sont énormes. Je discutais avec le coach (Giscard Samba) et Aurel (Manga). Je peux gagner en 13″15 certaines années. Je suis content d’être allé en finale, à Paris, une ville que j’adore », témoignait le médaillé de bronze aux Championnats d’Europe en salle à Apeldoorn cet hiver sur 60 m haies.
Cinquième place pour Gabriel Tual
Alors que Gabriel Tual (1’41″61 en 2024, record national) avait brillé de mille feux l’an dernier dans cette même enceinte sur 800 m, derrière l’Algérien Djamel Sedjati (1’41″56) et le Kényan Emmanuel Wanyonyi (1’41″58), le Tricolore a été moins en vue. Oscillant entre le couloir 1 et 3, le sociétaire de l’US Talence s’est classé cinquième en 1’43’’84, alors que le Graal est revenu à l’Espagnol Mohamed Attaoui (1’42’’73). « Tout le monde veut courir en 1’41. Tout le monde part vite. C’est compliqué de trouver sa place. C’était une boucherie. J’ai essayé de chercher ma place tout du long. Ce n’est pas l’idéal. Il faut des courses comme ça pour s’améliorer », détaillait le spécialiste des deux tours de piste.
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Les spécialistes du 800 m ont fait le spectacle au Stade Charléty avec la victoire de Mohamed Attaoui en 1’42″73 !
Le recordman de France Gabriel Tual n’a pas démérité en se classant cinquième en 1’43″84. pic.twitter.com/pVNd92idvN
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Thomas Gogois et Jonathan Seremes prometteurs
Côté concours, la championne du monde en 2025 à Nankin du saut à la perche Marie-Julie Bonnin a effacé 4,53 m au troisième essai avant de manquer ses tentatives à 4,63 m. Il n’y aura pas eu de miracle pour Margot Chevrier. Alors qu’elle avait brillé ici même avec un bond à 4,71 m en 2023, la pensionnaire du Nice Côte d’Azur Athlétisme n’a pas été en mesure de franchir sa barre de rentrée à 4,13 m.
Parmi les autres résultats des Tricolores à mettre en exergue, notons la très belle troisième place de Thomas Gogois, propulsé à 17,11 m (+1,3 m/s) au triple saut (meilleure marque de sa saison), à deux centimètres des minima mondiaux (17,13 m). Son compatriote Jonathan Seremes (+0,9 m/s) a atterri dans le bac à sable à 17, 08 m (+0,9 m/s), record personnel à la clé.
Le ciel tombé, les plus de 19 000 spectateurs garderont de cette journée du 20 juin 2025 un souvenir indélébile, les étoiles plein les yeux…
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Texte : Renaud Chevalier
Crédits photos : Solène Decosta / STADION
