À 100 jours des Jeux olympiques de Tokyo, les principaux acteurs du mouvement français ont dévoilé de nombreuses informations. Ainsi, pour la première fois dans l’histoire du sport, l’Équipe de France olympique (23 juillet au 8 août 2021) et l’Équipe de France paralympique (24 août au 5 septembre 2021) seront réunies sous une seule et même bannière à Tokyo cet été. Et l’inclusion ne s’arrête pas là, puisque le pays ne comptera pas un, mais deux porte-drapeaux : un homme et une femme. Renaud Lavillenie et Mélina Robert-Michon font notamment partie des candidats.
« Unification, changement de regard, accessibilité : c’est ça l’Équipe de France unifiée », se félicitait Sophie Cluzel, secrétaire d’Etat chargée des personnes en situation de handicap. Cette union unique entre les comités olympiques et paralympiques a débuté par le tournage d’une campagne dévoilant une seule et même Équipe de France. 27 athlètes valides et en situation de handicap ont ainsi participé au projet, révélé ce 14 avril au grand public. « C’était chouette car c’est rare que l’on se rencontre tous », appréciait Valentin Prades, vice-champion d’Europe du pentathlon moderne. Les athlètes paralympiques s’entraînent comme les valides, et recherchent les médailles et les performances. Ça a beaucoup de sens qu’on se retrouvent tous sous le même drapeau, c’est même un peu une évidence » avouait-il. Denis Masseglia, président du Comité national olympique et sportif français, abondait dans ce sens. « C’est l’aboutissement d’un chemin progressif qui correspond à ce que ressentaient les athlètes. C’est au travers leurs témoignages, leurs envies, que nous avons également souhaité franchir le pas, qui n’était pas tellement difficile à franchir. On l’a fait de manière tout à fait naturelle. C’est la concrétisation d’une unité qui n’est plus à démontrer ».
Les JO pour changer les regards
« Finalement cette Équipe de France unie, c’est le reflet d’une réalité, expliquait Marie-Amélie Le Fur. L’idée c’est de mettre tous ces parcours de vie qui sont différents au profit du parcours de chaque athlète. Cette Équipe de France elle est déterminée, elle va chercher une performance et c’est de cette façon-là demain que j’ai envie, en tant que présidente du Comité paralympique et sportif Français, que l’on parle de nos athlètes Paralympiques ». Pour la recordwoman du monde du saut en longueur (T64, 6,14 m), cette union représente « une opportunité sans précédent » et est porteuse d’un « message très fort que l’on envoie à la société ». Un point de vue également partagé par Sophie Cluzel : « On a besoin de ces rôles modèles pour que tous les enfants puissent se projeter sur cette capacité à faire du sport ensemble. On a un vrai beau projet. C’est un vrai symbole qu’on lance ».
Un nouveau site Internet
Des outils concrets ont également été mis à jour afin de marquer l’union entre les athlètes olympiques et paralympiques. Depuis ce 14 avril, un nouveau site Internet www.equipedefrance.com est donc disponible « pour raconter les belles histoires » des athlètes valides et en situation de handicap. « C’est l’espace où l’on va pouvoir aller chercher l’information, découvrir les athlètes, connaître leur parcours, expliquait Tony Estanguet, président de Paris 2024. Pour les supporters, c’est aussi un moment important. On a besoin de les faire se rapprocher des athlètes, et de trouver des outils, des solutions pour faciliter l’accès au soutien, cette année plus que jamais ». La nouvelle Équipe de France est également présente sur les réseaux sociaux, sur « un compte unique » : @equipeFRA. « C’est un jour important, un moment clé pour le sport Français, c’est génial, se réjouissait Tony Estanguet. On a envie que cette Équipe de France elle soit la plus forte possible, et aujourd’hui elle passe un cap. Elle est plus forte qu’hier, parce qu’on va se nourrir des talents des uns et des autres. »
Des primes revalorisées
Dans la lignée de l’union entre les athlètes olympiques et paralympiques, les primes accordées aux médaillés seront égales pour les athlètes valides, comme pour ceux en situation de handicap. Jean Michel Blanquer, ministre de l’Éducation Nationale, de la jeunesse et des sports, a précisé ce mercredi le montant des primes qui seront de 65 000 euros pour les médailles d’or (contre 50 000 euros à Rio), 25 000 euros pour l’argent (contre 20 000 euros), et 15 000 euros pour les médailles de bronze (contre 13 000 euros). « C’est une décision que l’on a prise à l’échelle gouvernementale en ce début de semaine », révélait-il.
Lacoste, à nouveau partenaire
Comme pour les précédentes éditions, l’Équipe de France sera accompagnée par Lacoste cet été à Tokyo. L’équipementier a profité de ce jour spécial pour présenter ses nouvelles tenues au grand public. « Notre sentiment aujourd’hui, c’est d’abord de la fierté, avoue Catherine Spindler, directrice marketing et branding de la marque. De la fierté d’être à nouveau ce partenaire des Jeux, de la fierté de continuer à être derrière l’ensemble de notre Équipe de France unie et derrière l’ensemble de ces athlètes. Et puis une fierté d’autant plus forte dans cette année inédite pour nous tous ».
Lavillenie et Robert-Michon candidats au rôle de porte-drapeau
Les Jeux de Tokyo seront inédits à tout points pour les athlètes Français, puisque pour la première fois les délégations seront conduites par un binôme d’athlètes (un homme et une femme). Douze athlètes olympiques et sept athlètes paralympiques ont été choisis par leur Fédération et se sont portés candidats pour emmener leur équipe lors de la cérémonie d’ouverture. Renaud Lavillenie et Mélina Robert-Michon seront, pour l’occasion, les ambassadeurs de l’athlétisme. « Tous les athlètes ambassadeurs voteront pour élire le binôme de porte-drapeaux. Le vote se déroulera entre fin juin et début juillet afin de permettre à l’ensemble des candidats de valider officiellement leurs qualifications », explique le CNOSF. Nantenin Keïta (100 m, 200 m et 400 m) et Pierre Fairbank (400 m, 800 m, marathon) sont les candidats du para-athlétisme. Les porte-drapeaux paralympiques seront élus par les votes du public, qui ouvriront au mois de juin.
« Une magnifique récompense »
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S’il était déjà ambassadeur de l’athlétisme en 2016 aux Jeux de Rio, Renaud Lavillenie n’avait « pas fait le poids » face à Teddy Riner. « Je dirais que la question ne s’est quasiment pas posée tant il était le candidat idéal, avoue l’ancien recordman du monde du saut à la perche (6,16 m). Maintenant pour cette année, avec toute l’expérience que je peux avoir et la pression en moins du résultat, parce que j’ai tout ce qu’il faut derrière moi et que j’ai beaucoup de plaisir à aller chercher, je pense que ça peut être une magnifique récompense que de pouvoir diriger toute l’Équipe de France vers toujours plus de succès et de la préparer surtout pour Paris 2024 ». Diriger son équipe vers le succès, Renaud a les épaules faites pour ça. « L’objectif du capitaine il est forcément d’être solidaire, de pouvoir à minima encourager, de pouvoir échanger avec les jeunes comme avec les anciens, de pouvoir partager l’expérience, détaille-t-il. C’est déjà quelque chose que j’ai l’habitude de faire en athlétisme lors de la plupart des compétitions. J’ai déjà été capitaine de l’équipe d’Europe lors de la coupe Continentale, donc c’est un rôle que je connais, même si là évidemment c’est à une envergure beaucoup plus grande ». Le champion olympique de Londres en 2012 a également profité de l’occasion pour rassurer sur son état de santé. « Ça va très bien la blessure est derrière moi. J’ai pu reprendre les entraînements, et à 100 jours de Tokyo c’est plaisant de se dire que c’est plutôt en bonne voie ».
« Un beau clin d’œil »
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Elle aussi semble avoir toutes ses chances pour être porte-drapeau : Mélina Robert-Michon. A l’approche de ses sixièmes Jeux olympiques, la lanceuse se souvient de ses premiers Jeux, il y a 21 ans. « Mon premier souvenir du porte-drapeau, ce sont les Jeux de Sydney. Je me revois, toute jeune athlète, regarder David Douillet avec des grands yeux, sourit celle qui a terminé deuxième des derniers Jeux de Rio. Pour moi, c’était quelqu’un qui était dans une autre dimension, c’était quelque chose qui me paraissait totalement inaccessible. Jamais je n’aurai pu, ne serait-ce qu’imaginer de pouvoir être candidate à ce rôle là, à ce moment là ». Mais depuis, les années ont passé et les records sont tombés… « Ça serait un beau clin d’œil par rapport à toutes ces années. Ce sont mes sixièmes Jeux, j’ai mis du temps à avoir une médaille, mais justement j’ai envie de dire que ce parcours là doit montrer qu’il n’y a pas de parcours tout tracé, et que ça peut parfois prendre du temps. C’est l’occasion de montrer que dans une carrière, à partir du moment où l’on a envie, ou on ne lâche pas l’affaire, tout est possible ».
Emeline Pichon / STADION
Crédit photo : Instagram @equipefra