Qualificatif pour la Coupe d’Europe du 10 000 m de Birmingham (5 juin), le Meeting de Pacé a vu François Barrer s’adjuger la victoire en 28’17″06 devant Yann Schrub (28’22″19) et Mehdi Frère (28’22″32). Chez les féminines, la course a été survolée par Mélody Julien en 33’48″54.
La première grande échéance sur piste de la saison a tenu toutes ses promesses. Dans un stade de Chasseboeuf logiquement vide, au vu de la situation sanitaire, les demi-fondeurs tricolores ont tout de même assuré le spectacle. À commencer par les hommes, où François Barrer (27 ans) s’est finalement imposé au terme d’une course pleine de suspense. Le champion du monde universitaire en 2017 a placé une accélération brutale dans le dernier 400 m, bouclé en 1’01. Ses 28’17″06 à l’arrivée lui ont permis de devancer Yann Schrub (28’22″19) et Mehdi Frère (28’22″32). Les trois athlètes se sont longuement relayés en tête la course, qui fut d’une densité telle que les six premiers réalisaient les minima pour la Coupe d’Europe (28’45).
« L’essentiel c’était la place aujourd’hui. Je voulais surtout me qualifier pour la Coupe d’Europe, pour ensuite réaliser les minima olympiques là-bas, expliquait François Barrer. Je voulais économiser le plus de force possible pour ne pas perdre une cartouche, et donc je suis resté derrière pendant la première partie de course, et ensuite j’ai mis une petite boite pour qu’on ne soit plus que trois. On a pris quelques relais chacun, et je suis parti au dernier 500 mètres pour assurer le coup. Je pense que c’était une belle course de l’extérieur, et moi de l’intérieur je me suis vraiment amusé pour le coup, et ça fait plaisir après tous ces mois sans compet’. C’était cool de remettre un dossard, et on espère que les compétitions vont pouvoir s’enchaîner dans les meilleures conditions possibles, et pour tout le monde ». L’élève de Farouk Madaci à Reims, qui revient d’un stage de trois semaines au Kenya, réalise le deuxième chrono de sa carrière après ses 27’55″95 signés à Palo Alto (Etats-Unis) en 2018.
La belle arrivée de Yann Schrub
Le Meeting de Pacé a été le théâtre d’un acte qui définit réellement ce qu’est le sport. Deuxième à l’entrée de la dernière ligne droite, Yann Schrub, ayant le sentiment de ne pas avoir assez mené la course, ralentissait à quelques mètres de l’arrivée pour laisser Mehdi Frère le devancer. Pour le sociétaire du Pays de Fontainebleau, il était hors de question d’hériter bien malgré lui de la deuxième place. Malgré sa décélération anticipée, l’étudiant en septième année de médecine pulvérisait son record personnel de près d’une minute (29’19″18 en 2018 à Pacé). « Je trouvais que François et Mehdi avaient vraiment pris beaucoup de relais, et moi dans la course j’ai eu un coup de moins bien vers le 6e kilomètre, donc je pensais que j’étais ric-rac pour prendre des relais, avouait-il. À la fin, j’essaie de terminer fort et je vois que je suis devant Mehdi. Pour moi, je ne le mérite pas forcément parce que, comme ils disaient, c’était une course où chacun prend des relais, et moi j’en ai pris un peu moins qu’eux. Dans une course de meeting je pense que je ne devais pas être deuxième, mais plutôt troisième derrière Mehdi et François qui ont fait un sacré boulot ».
Le médaillé de bronze aux derniers championnats de France confirmait lui aussi la stratégie, et appréciait le geste de son ami. « Il y avait un contrat initial, c’était des allures élevées, essayer de passer sous les minima, que tout le monde prenne ses relais, que tout le monde soit au maximum et que personne ne se cache. C’est ce qui s’est passé donc c’est super, le contrat est rempli. On vient à Pacé parce que l’on sait que l’organisation est top. Malheureusement on n’a pas l’ambiance habituelle cette année mais c’est déjà super de pouvoir courir », souriait Mehdi Frère. Les trois hommes devraient logiquement se retrouver au mois de juin à Birmingham, lors de la Coupe d’Europe du 10 000 m. Chez les espoirs, nous ne pouvons pas manquer de souligner la cinquième place de Pierre Bordeau en 28’36″32 (5e performance française de tous les temps dans la catégorie) et la huitième place de Valentin Gondouin en 28’55″13, qui réalisent les minima (29’10) pour les Europe espoirs à Bergen (Norvège) début 8 au 11 juillet. Au total, pas moins de huit athlètes ont terminé sous les 29 minutes !
« C’était très très très long »
Chez les féminines, le scénario fut tout autre. Mélody Julien (21 ans) prit rapidement la course à son compte, entraînant dans son sillage Aude Clavier et Emeline Delanis. À la mi-course, la recordwoman de France espoirs (33’27″41) de la distance possédait déjà plus de 80 mètres d’écart sur sa dauphine, Aude Clavier, et un peu plus sur Emeline Delanis qui terminait finalement à la septième place. Avec un passage en 16’42 au 5000 m, Mélody Julien fut longuement dans la course aux minima pour Birmingham (33’35), avant de craquer dans les derniers tours pour finalement boucler son effort en 33’48″63. « Je suis un peu déçue, je voulais faire mieux, regrettait à l’arrivée la sociétaire de l’Association Multisports Montre qui venait en Bretagne dans l’espoir d’abaisser son propre record de France. Après, j’ai été seule toute la course, donc c’est dommage ». La protégée de Max Lesauvage s’acquitte toutefois des minima (34’05) pour l’Euro espoirs.
Aude Clavier franchissait la ligne d’arrivée en 34’28″32, elle aussi déçue. « Je ne vais pas vous cacher que je ne suis absolument pas satisfaite de ma course. Je pensais surtout aux minima pour les Europe espoirs, et là du coup je ne les fais pas… Et surtout, j’ai passé un véritable enfer, 8 kilomètres toute seule, c’était très très très long ». Malgré leur déception, les deux espoirs pourraient tout de même être repêchées pour le rendez-vous continental en Angleterre. Si les deux premières places se dessinèrent donc rapidement, la dernière marche du podium fut longtemps indécise entre Clarysse Picard et Eugénie Lorain, laquelle s’illustrait finalement en 34’34″06. « Ça a été, c’était une première pour moi, je n’avais fait que deux 10 km sur route, donc je suis vraiment contente. Pour un premier 10 000 m, il y a beaucoup de choses positives », se félicitait-elle à l’arrivée.
Si ce meeting de sélection représentait pour certains une véritable course aux minima, l’événement était l’occasion pour tous de se retrouver, et de savourer à nouveau le goût des compétitions dans une ambiance conviviale. Le rendez-vous est déjà pris, au même endroit et sous les mêmes auspices, le 29 août prochain, pour les Championnats de France du 10 000 m à Pacé.
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Emeline Pichon / STADION
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