Louis Gilavert : « Je veux gagner, mais contre moi-même avant tout »

15 août 2022 à 16:58

ÉPISODE 4

RÊVE DE

CHAMPIONS

À l’occasion des Championnats d’Europe de Munich (15 au 21 août), Stadion et Asics présentent « Rêve de champions », une série d’interviews de six athlètes qui incarnent les valeurs de la marque, de la performance, du bien-être et de la liberté, et mettent en pratique dans leur quotidien la philosophie : « Un esprit sain dans un corps sain ». Quatrième volet avec Louis Gilavert !

À l’occasion des Championnats d’Europe de Munich (15 au 21 août), Stadion et Asics présentent « Rêve de champions », une série d’interviews de six athlètes qui incarnent les valeurs de la marque, de la performance, du bien-être et de la liberté, et mettent en pratique dans leur quotidien la philosophie : « Un esprit sain dans un corps sain ». Troisième volet avec Djilali Bedrani !

LOUIS

GILAVERT

ÉPISODE 4

À l’occasion des Championnats d’Europe de Munich (15 au 21 août), Stadion et Asics présentent « Rêve de champions », une série d’interviews de six athlètes qui incarnent les valeurs de la marque, de la performance, du bien-être et de la liberté, et mettent en pratique dans leur quotidien la philosophie : « Un esprit sain dans un corps sain ». Quatrième volet avec Louis Gilavert !

LOUIS

GILAVERT

C’est un nom auquel il va falloir commencer à s’habituer. Demi-fondeur prometteur, Louis Gilavert a confirmé l’été dernier tous les espoirs placés en lui en participant aux Jeux olympiques de Tokyo sur 3000 m steeple. Le sociétaire du Pays de Fontainebleau Athlé est actuellement en pleine confiance et entend bien franchir un nouveau cap aux Championnats d’Europe de Munich qui s’ouvrent ce lundi 15 août. Confidences.

— Louis, comment est venue votre passion pour l’athlétisme ? Cela a été un coup de cœur immédiat ?

À la base, je n’aimais pas forcément ça. Je cherchais un peu mon sport quand j’étais petit. Mes parents se sont séparés, j’ai commencé l’athlé pour penser un peu à autre chose. De fil en aiguille, je m’inscris au club de Corbeil-Essonnes. Je viens le mercredi faire un test, c’était un 400 m. Alors impossible de dire combien j’avais fait, mais c’était un chrono assez intéressant puisque j’avais battu les meilleurs. Avant ce 400 m, mes parents avaient dit au président du club : « Louis c’est un bon coureur« . Vous imaginez bien qu’il y a une cinquantaine de parents qui lui disent ça. Donc je fais ce 400 m, je bats les meilleurs du club. Je me retrouve le week-end d’après aux départementaux et je gagne directement le championnat sans entraînement, c’était intéressant. Ensuite je rejoins Fontainebleau, c’est là que j’ai découvert le sport de haut niveau. Jusqu’à mes 16 ans, je ne savais même pas qu’il y avait une équipe de France ! J’ai commencé à aimer ce que je faisais, surtout courir. Car le sport de haut niveau est un monde particulier. L’entraînement de haut niveau, c’est très dur. Je ne dis pas que je n’aime pas. Mais il faut une rigueur et une discipline que je n’ai pas forcément. Je n’y adhère pas tous les jours, mais j’aime gagner. C’est ça qui me tient dans ce que je fais aujourd’hui.

 

— Dès les catégories jeunes vous avez réalisé des résultats prometteurs avec notamment un record de France cadets en 2015 sur 2000 m steeple (5’44″13) et record de France juniors en 2017 sur 3000 m steeple (8’38″84). À quel moment avez-vous pris conscience que vous pouviez faire de bons résultats ?

Je suis quelqu’un qui ne se limite jamais. À aucun moment mentalement, je me suis dit que je ne serais pas capable. À partir du moment où on m’a dit « équipe de France », je me suis dit que je voulais y aller. Une fois que j’y étais, je me suis dit que je voulais faire une médaille. Maintenant que c’est fait, j’aimerais bien faire la plus belle couleur possible. Je me suis rendu compte que j’avais des capacités en junior, quand je bats record de France. C’est Djilali Bedrani qui l’avait à ce moment-là, et il commençait à être quelqu’un. On a commencé à se dire qu’il y avait peut-être moyen de faire quelque chose.

 

— Quel souvenir gardez-vous des Jeux olympiques de Tokyo ?

J’étais très frustré après ma série parce que comme vous le savez, j’ai été éliminé en séries. C’est de l’expérience. Les Jeux, tant qu’on ne les a pas fait, tu ne peux pas savoir ce que ça fait. C’est une phrase qu’on m’a toujours dit, et c’est la vérité. Sincèrement, le village olympique, il y a une ambiance, je n’ai jamais ressenti ça de ma vie. C’est lourd, c’est pesant, tout le monde est là pour la même chose. Tu rencontres un millier d’athlètes, c’est un truc de malade cette sensation. J’ai pris de l’expérience, je ne peux que le prendre comme ça de toute façon. C’est peut-être un événement que j’ai trop pris à la légère. Chez nous en athlé, c’est l’événement le plus prestigieux, avec le plus d’enjeux, et je l’ai ressenti comme jamais.

 

— Avez-vous facilement tourné la page des Jeux olympiques où l’aventure s’est arrêtée en séries ?

Quand on va me parler des Jeux, je vais être frustré de mon résultat. On ne tourne pas la page des Jeux. C’est ancré en nous. Ce n’est pas un événement pour lequel on tourne la page, c’est un apprentissage, c’est vraiment ça. Que tu gagnes ou que tu perdes, tu apprends. Les Jeux, tu peux les faire deux fois, ça ne sera jamais les mêmes.

 

— Sentez-vous la pression monter à quelques jours des Championnats d’Europe de Munich ? Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour ce rendez-vous continental ?

Je suis quelqu’un qui a tendance à stresser particulièrement. Maintenant, je n’y pense pas trop. Je sais qu’il y a les championnats d’Europe qui arrivent. Je suis très en forme, le plus en forme. Je ne suis pas impatient d’y être. Tous les feux sont au vert. Je descends dans le sud, voir ma chérie et mon entraîneur. Je fais ma dernière séance puis je pars pour Munich tranquillement. C’est ça l’idée. Quel que soit la course ou le niveau, si t’es un compétiteur, tu prends le départ pour gagner. Je le dis sans prétention. Je veux gagner, mais contre moi-même avant tout. Ça ne sert à rien de me parler de couleur de médaille, de série, finale… c’est un combat contre moi-même, si je le gagne, je serais très fier du résultat.

— Vous faites partie d’un groupe d’entraînement à Fontainebleau avec Thierry Choffin où l’on retrouve plusieurs jeunes talents et athlètes confirmés. Estimez-vous avoir toutes les conditions qui sont réunies pour favoriser votre progression ?

C’est très simple. Je le dirai toujours haut et fort. Pour moi, Fontainebleau, il y a vraiment tout ce qu’il faut pour réussir. C’est le meilleur endroit du monde pour ça, je n’hésiterai pas à le dire plusieurs fois. Parfois, comme tout le monde, j’ai envie de changer d’air. Je suis parti en stage au Kenya car j’avais envie de voir le pays, je suis allé à Font-Romeu pour l’altitude… mais à Fontainebleau, il y a tout ce qu’il faut. On a une salle intérieure, une piscine, une infrastructure de récupération, une piste et des milliers d’hectares de forêt, avec des parcours vallonnés, plats…

 

—  Quelle est votre séance préférée et l’endroit où vous préférez vous entraîner ?

J’ai fait une grosse séance dernièrement, c’était 800 m, 400 m, 300 m, 200 m. Je fais 1’47 au 800 m, 52″8 au 400 m, 38″ au 300 m et 25″ au 200 m. C’est une séance qui envoie mine de rien, et ça me plait énormément. J’ai fait une autre séance, 5×400 m avec une moyenne de 52 secondes. C’est vraiment des séances où je prends du plaisir. Il y a un peu cet esprit de dilemme quand on me dit que t’es pas capable de faire et ça c’est quelque chose qui me stimule à un point. J’adore qu’on me dise que je ne suis pas capable, c’est une source de motivation. Je crois beaucoup en moi. Selon moi, l’homme est limité par son esprit plus qu’autre chose. Pour l’endroit, c’est Fontainebleau, du coup. J’ai mon footing comme je le disais. Il fait 1 heure, tranquille. J’ai un parcours à moi, c’est apaisant.

« J’ai pris aussi exemple sur mon père qui est un bosseur »

— Qu’est-ce qui vous plaît dans le 3000 m steeple ?

C’est particulier. J’ai des difficultés techniques. Mais déjà de le dire, ça me fait avancer énormément. C’est un coup je veux, un coup je ne veux pas. Un peu comme un cheval de course qui a les capacités de sauter les obstacles, mais d’un coup il peut tomber. Je ne me souhaite pas de tomber évidemment. Au début, je ne me prenais pas la tête et techniquement, ça allait. Peut-être qu’aujourd’hui je me prends trop la tête je ne sais pas. C’est une discipline dans laquelle tu ne t’ennuies jamais. À tout moment, il peut se passer quelque chose. Parfois dans mes courses, il y a des mecs qui tombent, et bien ça me fait une sorte d’électrochoc, tu te réveilles et derrière ça se passe bien. Le steeple, c’est une discipline qui est vraiment sympa. Après, comme on a pu le voir cette année, quand je cours sur 1500 m, je me fais plaisir aussi. Mais le 3000 m steeple, c’est une discipline vraiment française, avec une identité française. Quand j’ai commencé, je voulais un peu reprendre le flambeau, à partir du moment où j’ai réalisé que j’avais des capacités pour le faire.

 

— Le plus difficile n’est-il pas de s’affirmer maintenant au niveau senior ?

Evidemment. Pour moi, j’ai une marque normale à l’échelle européenne, mais ce n’est rien au niveau mondial. Mon record cette année, c’est 8’24, après je n’étais pas en forme cette année, je me suis blessé. Je n’étais pas dans la forme que j’ai actuellement. C’est deux hommes différents, ça va être très intéressant de savoir comment je vais aborder ces championnats.

 

— Où en êtes-vous au niveau des études ? Quel est votre projet professionnel ?

Ça fait un petit moment que je me suis consacré au sport à 100%. J’ai des petites idées, mais pour l’instant, je reste focus sur le sport. C’est vrai qu’il va falloir commencer à y penser. Il n’y a rien de fait encore. Je n’en parle pas trop, je préfère le garder pour moi pour l’instant.

 

— Plus jeune, quel athlète était votre modèle ?

Celui qui vous a inspiré ? C’est Mahiedine Mekhissi. C’est grâce à lui que j’ai commencé le steeple.

 

— Les Jeux olympiques de Paris 2024, vous y pensez ? Sont-ils l’objectif de votre carrière sportive ?

Les Jeux olympiques, je pense que c’est un peu une drogue. Une fois que t’y a gouté très honnêtement, c’est quelque chose auquel tu veux participer encore une fois. C’est l’événement le plus incroyable au monde. Je pense sincèrement que ça vaut une Coupe du Monde de foot. C’est vrai qu’en raison de la crise sanitaire, ça n’a pas eu le même engouement qu’avant, mais les Jeux de Paris, je pense vraiment que c’est l’événement auquel il faut participer. Quand je prends le départ d’une course, c’est pour faire le meilleur résultat possible. Je vais donner le meilleur de moi-même pour avoir la meilleure place possible, tout simplement.

 

— Quel est votre plus grand rêve en tant qu’athlète ?

J’ai vu des gens avoir leur Marseillaise. Ils montent sur le podium, et ils ont leur Marseillaise. Ça me fait quelque chose quand je pense à ce jour, et j’espère que ça arrivera. J’aurai ma Marseillaise pour moi tout seul. C’est vraiment l’objectif de ma carrière. Je m’entraîne énormément, il y a des moments où j’ai un peu moins envie que d’autres. Mais quand je le fais, j’y mets toute mon âme. Donc c’est vrai que d’obtenir la médaille d’or, après tout ce travail, c’est la plus belle consécration possible en fait.

« Je marche beaucoup au contact humain »

—  On passe maintenant à la partie équipements : Vous êtes actuellement sous contrat avec ASICS depuis 2019. Pouvez-vous nous dire en quoi consiste cette collaboration dans ses grandes lignes ?

J’ai été l’un des premiers athlètes à signer avec ASICS en France. Quand je les ai rencontrés, la première chose que je leur ai dit, c’est que je veux qu’il y ait un projet. Je marche beaucoup au contact humain. Aujourd’hui, quand je vois Asics sur des évènements, on va échanger longuement. J’aime beaucoup cet état d’esprit « un esprit sain dans un corps sain ». Ils ont énormément de qualités. Ils travaillent beaucoup au niveau de la recherche. Ils ont eu un retard qu’ils sont en train de combler, c’est vraiment appréciable. La marque est en train de grossir au niveau international, notamment sur la scène du haut niveau et c’est quelque chose d’hyper intéressant. J’ai signé avec eux un peu dans l’inconnu, et toutes les promesses qu’ils m’ont faites ils les ont respectées. Ils me font confiance depuis que je suis jeune, ils me suivent sur le matériel, ils me suivent financièrement, je leur en suis redevable. Car toutes les marques ne font pas ça.

 

— On peut dire que votre relation s’est construite sur des valeurs humaines ?

Les gens qui travaillent là-bas, je les connais plutôt bien. Ça reste une marque très engagée auprès de ses athlètes, qui s’intéresse à leur état de forme ou leurs performances, qui les intègrent dans la recherche et le développement de leurs produits, et ça toutes les marques ne le font pas.

 

— On en parlait récemment sur Stadion, Asics a sorti sa première paire de demi-fond avec plaque carbone, la Metaspeed LD. On vous a souvent vu la porter en compétition cet été. Quel est votre avis sur la paire ?

Je pense que la paire est vraiment bonne. Avant de porter du carbone, je portais des pointes comme tout le monde, car Asics a mis du temps avant de sortir sa pointe carbone. Puis une fois que j’ai porté la Metaspeed LD. Je me suis rendu compte du rapport énergétique qu’elle avait, notamment sur les séances où il faut que j’aille un peu plus vite. C’est une pointe que je recommande à n’importe quel demi-fondeur. C’est une pointe qui est vraiment intéressante et performante.

 

— Quelles chaussures d’ASICS avez-vous l’habitude de porter lors de vos entraînements ?

Je porte trois chaussures. Je porte la NovaBlast, la Nimbus aussi. Je mets encore le modèle 22, car c’est une chaussure que je kiffe. Je mets aussi la 25 qui est cool. Et je porte bien sûr la Metaspeed Sky+ qui est vraiment intéressante. Toutes les chaussures ont leurs particularités. Il y a du lourd qui arrive !

 

— Quand vous choisissiez une chaussure de running, quel est le critère le plus important ? Qu’est-ce qui est le plus important dans une chaussure de running ?

Ça va dépendre, mais le plus souvent je cherche une chaussure neutre au niveau du pied. Pour le footing, une chaussure plutôt lourde. Pour moi, le design est aussi important, mais surtout que je sois confort. Pour la compétition, je privilégie la légèreté, le dynamisme, le renvoi énergétique…

« Le slogan, « un esprit sain dans un corps sain », c’est le pilier de l’athlète »

— Plus généralement, quel est votre avis sur l’évolution des chaussures de running depuis le début de votre carrière professionnelle ?

Je trouve ça intéressant. C’est vrai qu’au début, il y a eu une forme d’hypocrisie. Il y avait des athlètes qui étaient pour, d’autres contre. Je faisais partie des contre d’ailleurs. Mais c’est vrai que quand tu reviens dessus, il faut vivre avec son temps. Et c’est vrai que si tu veux continuer d’avoir un Nokia, qu’est-ce que tu veux que je te dise, garde ton Nokia ! Mais il y a l’iPhone 13 qui est sorti, c’est comme ça que je le vois. Aujourd’hui, il y a une chaussure super performante qui est sortie et je pense qu’il faut juste en profiter. On a de la chance de pouvoir aller encore plus vite, plus longtemps. Il ne faut pas hésiter à mettre ce genre de chaussures. Déjà, c’est réglementé, et puis ce sont des chaussures vraiment intéressantes au niveau des chaussures.

 

— Que pensez-vous des dernières innovations chez Asics ? Quels sont les points forts de la marque ?

La Metaspeed Sky+, ça va être une chaussure tout à fait adaptée à l’effort comme le semi-marathon et le marathon. Pour des courses un peu plus courtes, ça va être un peu limite, mais on va toujours ressentir ce renvoi énergétique, la balance, des choses qui vont être très performantes. C’est le type de chaussures à mettre en séance et pour prendre du plaisir. Je pense que c’est l’une des meilleures sur le marché, notamment au niveau économie d’énergie. Au niveau des pointes, la Metaspeed LD, pour moi, il faut l’acheter. Je n’hésite pas à le dire une fois de plus. Le slogan, « un esprit sain dans un corps sain », c’est le pilier de l’athlète. Car si tu te sens bien dans ta tête, tu peux être sûr que le corps va bien aller aussi. Tout ira bien. Après les Jeux, ça a été compliqué, mais dès que j’ai commencé à me sentir mieux, les performances ont commencé à arriver. Là, je commence à vraiment me sentir bien dans ma tête, dans mon corps. Je suis impatient de voir ce que ça va donner à Munich. Donc Asics, oui, c’est une marque dans laquelle je me retrouve totalement. Je suis ravi de faire partie de leur team.

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Propos recueillis par Briac Vannini
Crédits photos : Maxime Le Pihif, Jean-Luc Juvin & Albin Durand / ASICS

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