Championnats du monde d’athlétisme : Aurélien Quinion proche de l’exploit sur 35 km marche, Kévin Campion quatorzième

24 août 2023 à 11:12

Aurélien Quinion a été le grand animateur du 35 km marche des Championnats du monde d’athlétisme de Budapest. Alors qu’il avait pris la poudre d’escampette au 14e km, le pensionnaire de l’Entente Franconville Césame Val d’Oise a malheureusement été invité à couper son effort à six kilomètres de l’arrivée. Sanctionné trois fois au bout du 29e km, il a été contraint à 3’30 d’arrêt en zone de pénalité, voyant ses chances de titre de s’envoler. Kévin Campion a pris une belle quatorzième place en 2h30’18.

Sa disqualification aux Championnats d’Europe de Munich l’été dernier avait été difficile à encaisser. Touché dans son orgueil, Aurélien Quinion a néanmoins fait de cet échec une force. Pour repartir de l’avant et réaliser un numéro de soliste ce jeudi aux Mondiaux de Budapest. Avec une première boucle d’1 km suivi de 17 boucles de 2 km, le 35 km marche a été disputé sur l’avenue Andrássy, l’une des rues les plus historiques de la ville et est souvent décrite comme les Champs-Elysées hongrois.

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Accélération au 15e kilomètre

On y a cru pendant près de 15 km… Tendu et très émotif avant le départ du 35 km marche hommes se déroulant en même temps que l’épreuve féminine, Aurélien Quinion a fait vibrer tous les amoureux de marche athlétique dans la brume de Budapest ce jeudi matin. Grand sourire, le Francilien de 30 ans a tenté un formidable coup de poker démarré au 14e kilomètre alors que personne ne l’avait vu venir. Il a accéléré très fort entre le quatorzième et le quinzième kilomètre (passage en 41’39), prenant 12 secondes sur les premiers poursuivants, pour se construire une avance qui a monté au 23e km à 37 secondes, sur un rythme trois minutes plus rapide que son record de France (passage au 20e km en 1h23’08, sur les bases de 2h25’30). Un marcheur de l’équipe de France qui veut se faire la malle dans une grande compétition internationale… On a l’impression d’avoir déjà vu ça quelque part.

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Isolé, Aurélien Quinion était logiquement plus exposé aux avertissements des juges. Averti une première fois, très tôt après avoir pris les devants, au 17e km pour défaut de contact au sol, il a écopé d’un deuxième carton cinq kilomètres après pour les mêmes raisons. Le Français est passé au 21e km (soit la distance d’un semi-marathon à 200 m près) en 1h27’18. Si ça s’organisait à l’arrière sous l’impulsion de l’Espagnol Alvaro Martin, sacré sur 20 km marche il y a cinq jours, l’avance diminuait quelque peu. Le recordman de France de la spécialité (2h28’46) n’a été repris qu’à 6 km de l’arrivée et a marqué de son empreinte la course. C’est d’ailleurs au 29e km, après plus de deux heures de course, qu’il a vu une troisième lumière rouge s’allumer à côté de son nom sur le tableau des pénalités, synonyme de 3’30 d’arrêt forcé. Une sanction qui a mis fin aux espoirs de médaille du Francilien qui s’était battu comme un lion jusque-là.

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« C’était cool, je me suis bien amusé »

Après avoir rongé son frein, l’élève de Denis Langlois a ensuite tenté de reprendre son chemin aux côtés de Kévin Campion, en seizième position, pour s’offrir une belle place de demi-finaliste, mais il a été définitivement disqualifié au 32e kilomètre, un quatrième juge ayant estimé que sa progression était une nouvelle fois irrégulière. Une folle épopée terminée trop tôt pour celui qui avait déjà connu cette mésaventure en Bavière l’année dernière. « C’était cool, je me suis bien amusé. Ça s’améliore malgré cette disqualification. La marche est un long chemin. J’étais assez régulier, conscient de ce que je faisais mais mes concurrents sont revenus forts derrière. J’ai kiffé cette bagarre avec le premier groupe de tête. »

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Pour s’améliorer, cela passera par un travail au niveau de la foulée de ses pieds ainsi qu’à l’expérience engrangée pour espérer une bien meilleure indulgence de la part des juges. « Il faut travailler plus, il faut qu’on mette des choses en place avec la Fédé, on a commencé, mais il faut travailler plus. Il faut aussi que je fasse plus attention à mon style de marche. Certains juges me disent que c’est de mieux en mieux, même moi je le sens. Faire des pas plus fréquents, le bassin plus bas, il faut faire les choses plus comme les Espagnols, les Italiens… ». Mais l’important n’était pas dans le résultat final, on en a l’habitude avec ce champion d’Aurélien Quinion. « Je me suis bien marré en me faisant oublier en début de course et je suis passé sur le côté de la route pour passer en tête, glissait-il avec un sourire malicieux. Personne n’a vu que j’étais premier, la caméra a mis 4 bornes avant de me filmer. J’ai réussi à maintenir mon allure, ça a tenu pas mal de kilomètres mais je pensais que ça réagirait plus vite derrière moi. Je me suis concentré sur mon tempo, mais sans euphorie non plus. Je sais que c’est jamais joué, un 35 km, c’est quand même long, tout peut se passer ! Et puis Alvaro (Martin) était trop fort. »

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Quatorzième place pour Kévin Campion

Plus discret dans la course, Kévin Campion a tout donné pour arracher une quatorzième place en 2h30’18 avant d’être pris en charge par le staff médical. Une belle prestation pour le Normand de 35 ans qui confirme après sa sixième place à l’Euro de Munich sur 20 km et qui n’est pas passé loin de battre son record personnel (2h29’31 en 2022). « Je suis assez content, analysait le marcheur de 35 ans. C’était dur sur la fin, avec la chaleur qui est vite montée. Je ne suis pas très loin de mon record (2h29’31 »), je me suis battu, je me suis vite retrouvé tout seul car le groupe de tête allait trop vite pour moi. Je pense que j’ai bien géré mon effort, j’avais les consignes du staff à chaque tour, mais c’est aussi dans la tête, quand le combat devient dur, il faut y aller. Je me suis battu, je n’ai pas totalement craqué. J’espérais un peu mieux quand même en termes de chrono, notamment battre mon record perso. Les JO de Paris ? J’y pense depuis huit ans, sans ça j’aurais déjà arrêté ma carrière, je m’accroche car je veux vraiment vivre cet événement. Il y a des critères à remplir, on verra ça la saison prochaine. »

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L’Espagne continue sa liasse de médailles sur les épreuves de marche car c’est Alvaro Martin, vainqueur du 20 km marche il y a cinq jours, qui a enlevé la médaille d’or en 2h24’30 devant l’Equatorien Brian Daniel Pintado (2h24’34 », record d’Amérique du sud) et le Japonais Masatora Kawano (2h25’12). Chez les dames, l’Espagnole Maria Perez (2h38’40) fait également coup double après le 20 km marche et assoit un peu plus sa domination sur la marche athlétique féminine. Elle devance la Péruvienne Kimberly Garcia Leon (2h40’52) et la Grecque Antigoni Ntrismpioti (2h43’22).

Tous les résultats des Championnats du monde d’athlétisme, en cliquant ici.

Texte : Dorian Vuillet
Crédits photos : Solène Decosta / STADION

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