Il y a quelques semaines, la double championne d’Europe du 4×400 m Agnès Raharolahy avait surpris son monde en décidant de continuer sa carrière sur 400 m haies. Un choix mûrement réfléchi. Entretien.
Le 15 mai dernier, Agnès Raharolahy était au départ du 400 m haies du Meeting d’Angers au Stade du Lac pour le début d’une nouvelle aventure. Spécialiste du 400 m depuis son éclosion à haut niveau en 2013, la Nantaise s’est décidée à 28 ans de rajouter les 10 obstacles à son tour de piste. « Je sentais que ça n’avançait plus trop, mon record date de 2015 (52″23 à Genève) et je n’arrivais pas à retrouver mes repères depuis que j’ai eu des ennuis aux tendons après la saison hivernale en 2019. Pourtant, j’avais des bonnes perfs sur 400 m en indoor avec un nouveau record en 52″57. J’étais plein d’espoirs pour l’été. Au retour de blessure, j’ai connu des difficultés pour retrouver mon niveau ». Après deux premières courses sur la distance en 2015 (60″26 puis 58″87) à l’occasion des Interclubs, l’athlète coachée par Emmanuel Huruguen a enregistré un temps de 59″68 dans le Maine-et-Loire et a pu retrouver des sensations encourageantes : « C’est complètement différent du 400 m, on n’a pas le temps de réfléchir, à chaque fois qu’on lève la tête il y a une autre haie en face de toi. »
Des ambitions sur 400 m haies
Sélectionnée sur toutes les compétitions internationales en plein air depuis 2014 avec le collectif du 4×400 m, la Française (24 capes) est certainement loin d’avoir montré sa vraie valeur à Angers : « Ça faisait longtemps que je ne m’étais pas alignée sur la distance mais contrairement en 2015, j’ai effectué un travail technique sur les haies que je n’avais jamais fait auparavant. J’espérais que ce soit un peu mieux que mon record mais je sais que les réglages techniques vont venir avec le temps. Ça aurait été incroyable que ça se passe parfaitement bien sur ma course de rentrée. Il faut que j’arrive à dépasser la peur de l’obstacle, je le saute plus que je le franchis. C’est le gros axe de progression, c’est à moi de dompter l’obstacle et pas l’inverse. »
Agnès Raharolahy, qui s’est fait véritablement connaître aux yeux du grand public une soirée d’août 2014 à Zurich lors du titre européen sur le 4×400 m d’anthologie, veut trouver une autre source de plaisir sur le 400 m haies. « On repart avec de nouveaux objectifs donc c’est différent et même à l’entraînement. J’ai envie de continuer à faire du 400 m plat et j’espère que cette incursion sur 400 m haies me débloquera sur le tour de piste pour battre mon record. J’adore les séances spécifiques 400 m qui sont particulièrement dures mais que généralement peu d’athlètes aiment ! ». Dans une discipline actuellement sans réel leader tricolore, des places sont à prendre pour les Jeux olympiques de Tokyo cet été. Même si la marche semble un peu haute avec des minima fixés à 55″40 pour le rendez-vous au Japon.
Du 400 m au 400 m haies, tel est le virage à 180 degrés pris par Agnès Raharolahy qui on l’espère connaîtra encore de très belles heures sur cette nouvelle épreuve.
Crédits photos : STADION
