André Giraud : « Nous devons aller jusqu’au bout de notre travail »

30 novembre 2020 à 17:40

Alors que le 5 décembre prochain se tiendront les élections pour la présidence de la Fédération Française d’Athlétisme, André Giraud a répondu à Stadion sur son programme pour la prochaine olympiade. Favori à sa propre succession, il veut poursuivre sur la même ligne directrice avec son équipe durant le prochain mandat (4 ans) qui l’amènerait jusqu’aux Jeux olympiques de Paris en 2024.

— André Giraud, pour quelles raisons vous présentez-vous pour un deuxième mandat aux élections de la FFA ?

Je vais parler avec mon coeur. Le mandat en cours est particulier parce qu’il n’a duré que 3 ans sportivement. Trois raisons m’ont amené à me présenter pour un deuxième mandat. La première, c’est qu’on a entamé un certain nombre de réformes qu’on n’a pu conduire jusqu’au bout à cause de la situation sanitaire. Sportivement, il ne s’est pratiquement rien passé en 2020 à l’exception d’une partie de la saison hivernale. La deuxième raison, c’est quand j’ai été élu en décembre 2016, la France n’avait pas obtenu l’officialisation des JO de Paris en 2024. Cette officialisation est venue un an après, en septembre 2017. Et qu’à partir de là, l’athlétisme étant le sport olympique numéro un, nous avons été, et moi particulièrement, dans toutes les réunions préparatoires à ce grand événement planétaire et donc on a commencé à travailler sur son organisation. Ces réunions m’ont montré que l’athlétisme a une place importante dans ces JO. La troisième et dernière raison, c’est qu’en même temps ce mandat a été aussi le mandat d’une nouvelle gouvernance du sport avec la création de l’agence nationale du sport (ANS). Et là encore, l’athlétisme a été sollicité d’autant que je fais partie des 4 Présidents qui représentent les fédérations des sports olympiques au sein de l’ANS. Les transformations que nous avons entreprises demandent du temps. Par souci de continuité et de stabilité, à moins de 4 ans des JO, il fallait qu’on consolide notre position avec tous les chantiers qui avaient été ouverts.

— Qu’est-ce qui fait la force de votre candidature ?

Nous avons un potentiel de dirigeants de très grande qualité, plus jeune (NDLR : moyenne d’âge de 58 ans), et ma volonté et celle de mon équipe a été de procéder à un renouvellement et d’accompagner cette nouvelle génération qui devrait être normalement aux commandes en 2024. On a bâti une équipe (« Impulsion Athlé 2024 ») avec de l’expérience mais aussi au service du renouveau. J’ai construit une équipe où il y a toutes les régions représentées et dont les membres sont impliqués dans leur territoire. Les 37 membres (parité totale avec 18 femmes) exercent ou ont exercé une responsabilité dans le milieu de l’athlétisme, que ça soit dans un club, un comité, une Ligue ou au niveau national. Ce qui n’est pas le cas en face. Je n’ai pas pris la décision de la facilité mais il m’était impossible de dire à mes collaborateurs « maintenant, débrouillez-vous ». Nous devons aller jusqu’au bout de notre travail.

— Quels vont être les principaux enjeux majeurs du mandat 2020-2024 ?

Le premier, c’est que nous continuons les réformes pour que l’athlétisme devienne un sport attractif. C’est-à-dire que nous puissions amener à la pratique de l’athlétisme sur toutes ses formes le maximum de personnes. Aujourd’hui, une étude de CNOSF a montré que l’athlétisme (running, trail, marche) est le sport le plus pratiqué en France avec 10 millions de pratiquants, loin devant le football, mais ils ne sont pas tous licenciés. Notre objectif est que notre Fédération ouvre encore plus ses portes que ce qu’elle l’a fait jusqu’à maintenant. On a commencé à le faire donc c’est pour ça que je vous parle de poursuite de réformes. Il faut prendre en compte tous ces publics et faire en sorte que sur les 10 millions on en fédère le maximum. Ensuite, au sein de cette Fédération attractive, être reconnu par le Ministère comme institution pilote pour le développement du sport en milieu scolaire et c’est en très bonne voie, certainement dès janvier 2021. S’il n’y avait pas eu la crise sanitaire, on aurait commencé les premières expériences après les vacances de la Toussaint. Pourquoi confier cette mission à notre Fédération ? Tout simplement parce qu’on peut facilement faire de l’athlétisme dans une cour d’école. On a d’ailleurs des partenaires privés comme la MAIF ou DIMA qui sont prêts à nous accompagner. Il y a l’axe « Entreprise » où on a des concepts pour permettre dans les sociétés la pratique de l’athlétisme. Ensuite, il y a l’athlétisme traditionnel sur lequel on va encore plus travailler pour le rendre plus attractif avec des nouveaux formats de compétition plus courts qui s’adaptent à la société d’aujourd’hui. Le deuxième enjeu, c’est un axe sur l’innovation. Nos outils doivent évoluer. Nous devons disposer d’outils modernes (site Internet…) pour optimiser les contacts et la proximité avec nos adhérents. On a déjà commencé à travailler sur une communication digitale beaucoup plus poussée. Il y aura davantage de retransmissions en clair de nos compétitions, ce qui est idéal pour accroître notre visibilité et attirer d’autres partenaires privés.

— Si vous êtes réélu, quelles seront les mesures concrètes prises dès les premiers mois ?

Il va y avoir un athlétisme post-Covid que nous allons mettre en place dès cet hiver avec les différents Championnats hivernaux que ce soit sur la piste, le running ou le cross-country. La première mesure c’est la conception d’un calendrier janvier-février-mars qui soit au plus près des préoccupations des clubs.

— Un mandat réussi, qu’est ce que ça serait pour vous ?

Un mandat où on continuerait la poursuite de la progression de nos licenciés. Pendant les trois années (2017, 2018 et 2019), on est sur une croissance de 4,5%. Bien entendu, je ne compte pas l’année 2020 et même en la comptant où on a perdu des licenciés comme toutes les autres fédérations, on est sur un taux positif qui est de l’ordre de 2%. On a gagné 4,5% pendant 3 ans et on était sur la même progression que lors du mandat précédent. Un mandat réussi, ça serait des résultats aux JO de Paris en 2024. On a une belle génération avec des résultats exceptionnels et des records de podiums en compétitions internationales chez les juniors et les espoirs en 2019. Il faut qu’on prépare bien cette génération pour les JO de 2024 pour faire au moins aussi bien, sinon mieux qu’à Rio en 2016 (six médailles).

— C’est un mandat important qui comportera deux JO avec Tokyo et Paris…

Ce décalage est à la fois handicapant mais aussi valorisant. Handicapant parce qu’après cette période de confinement où la préparation a été tronquée, il y a une incertitude sur le niveau de forme de nos athlètes à moins de 8 mois de Tokyo. On espère qu’ils pourront réaliser quelques sorties cet hiver pour faire un état des lieux. Valorisant aussi, parce qu’il y a plusieurs jeunes de la nouvelle génération qui n’auraient pas pu participer en 2020 et qui en 2021 vont certainement être présents au Japon. Ces jeunes athlètes vont prendre de l’expérience et vont continuer de progresser pour être prêts en 2024 à Paris.

— Quel message souhaitez-vous adresser à nos lecteurs qui sont pour la plupart des licenciés ou des futurs licenciés ?

Un message d’espoir ! Derrière toute situation de crise, il y a toujours des opportunités à saisir. La Fédération s’est bien préparée pour construire un athlétisme post-Covid. Tout notre travail en 2020 nous donne beaucoup d’espoirs sur la suite, mais on a conscience que l’année 2021 sera difficile d’un point de vue sportif (conception du calendrier de compétitions). Enfin, deux points importants : Je peux garantir que l’athlétisme sera diffusé et accessible à tous les passionnés d’athlétisme, notre nouvelle offre pour les diffuseurs a été très bien accueillie par les diffuseurs en clair, et en complément nous allons développer le streaming via une nouvelle plateforme. Des négociations sont actuellement en cours en ce qui concerne le choix de l’équipementier pour la prochaine olympiade (à partir du 1er janvier 2022). Plus d’autonomie sera laissée aux territoires pour que chacun puisse organiser des compétitions en fonction de sa spécificité.

Plus d’informations sur le programme d’André Giraud : www.impulsionathle2024.com

Plus d’informations sur le programme de Marie-Christine Cazier : www.mcc2020.fr

Propos recueillis par Matthieu Tourault
Crédit photo : STADION

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