Championnats de France de marathon : La victoire pour Duncan Perrillat, le titre pour Alexandre Bourgeois

24 octobre 2021 à 19:47

Pour sa première expérience sur la distance mythique, Duncan Perrillat a coupé la ligne du Marathon de Rennes en 2h14’49 ce dimanche. Le sociétaire du Neuilly-Plaisance Sports ne sera toutefois pas champion de France au motif qu’il ne portait pas le maillot de son club. Alexandre Bourgeois (2h16’52) et Aude de La Mettrie (2h51’00) se sont vus décerner le titre de champion de France du marathon. Embarqués sur une moto presse, nous avons suivi, au plus près du peloton de tête, l’avancée de la course et l’ambiance tout au long du parcours. Récit.

Une matinée au cœur du peloton des Championnats de France de marathon à Rennes, ça ne se refuse pas et ça se raconte. Alors quand l’invitation à prendre part à cette course sur l’une des motos est arrivée sur la boîte mail : grande joie ! Le rendez-vous avait été fixé à 8 heures, quelques mètres après la ligne de départ, au pied de la BMW. Dans le carré des pilotes, l’ambiance est chaleureuse. Nous rencontrons David, le propriétaire de la moto n°12, qui va nous accompagner à l’intérieur de la course. « Et sinon tu veux faire quoi aujourd’hui ? », demande-t-il. La réponse est simple : vivre ce qu’on ne voit pas forcément devant sa télévision ou sur le bord de la route. À quelques minutes du départ, on se rapproche de l’arche. Des sacs-poubelles sur les épaules, des coupe-vents en nombre, des couleurs flashy. Pas de doute, à 9 heures moins dix à Cap Malo, ceux qui sillonnaient le bitume étaient bel et bien là pour le départ du Marathon Vert Rennes Konica Minolta, support des Championnats de France sur la distance. L’heure du départ approche, le temps de rallier le coin des motards. On s’installe à l’arrière du deux-roues.

Au coup de pistolet, à 9h pétantes, une marée humaine est lâchée dans la joie et la bonne humeur alors que le thermomètre n’affichait qu’un petit 4°C. Des champions, des anonymes, des licenciés, des non licenciés, de tous âges, venus parfois en famille, entre amis, en groupe, tous passionnés de course à pied et de dépassement de soi. Sur un parcours dessiné entre campagne et paysage urbain, sur lequel on n’a pas eu le temps de s’ennuyer une seule seconde, l’événement brétilien propose aux coureurs une magnifique balade à travers la métropole rennaise. Lancés sur le macadam, ils ont vite enlevé les gants, le bonnet et la veste pour profiter des paysages et allonger la foulée.

Un départ canon

D’emblée, les consignes sont fixes : aucune moto presse ne peut se glisser en tête du peloton devant la télévision et les juges. Résultat : de la moto, nous ne verrons pas de coureurs de près pendant le premier kilomètre, le temps qu’ils s’élancent. Très vite, le Marocain licencié à l’Athletic Vallée-d’Avre Khalid Lablaq, fort de son record en 2h16’26, prend la poudre d’escampette, creusant déjà une avance considérable sur les premiers poursuivants. Juste derrière, tous les favoris au titre national sont là, à quelques centimètres, calés dans la foulée de Maxime Perrineau qui fait office de meneur d’allure. Sont notamment présents Duncan Perrillat, Alexandre Bourgeois ou encore Pierre Urruty, sans oublier le Marocain du Coquelicot 42 Alaâ Hrioued. « Tut-Tut », ça klaxonne par à-coups pour se frayer un chemin, ça freine, ça siffle, ça accélère plein gaz. Les motards se tirent la bourre, ça double, redouble par la droite ou par la gauche. On se croirait dans Mario Kart ! En plein coeur de Montgermont, un peu avant le 10e kilomètre, ce qui frappe le plus c’est le souffle des coureurs que même le vrombissement de la moto ne parvient pas à couvrir, mais pas un mot. Juste l’effort. Émerveillement garanti sur ce début d’escapade bucolique. Clin d’œil aux valeurs de développement durable de l’épreuve : lors du ravitaillement au 10e km, les principaux acteurs prennent le temps de jeter leur verre d’eau vide dans les poubelles mises à leur disposition.

Le plein de photos

Nous nous sommes régulièrement arrêtés sur les bas-côtés pour immortaliser sous plusieurs angles les chasseurs de performances. Clic-clac, c’est dans la boîte. Pas de temps à perdre, nous reprenons la route. Au compteur de la moto, l’aiguille avoisine allégrement les 50 km/h. Deux coups d’accélérateur et quelques secondes plus tard, nous recollons aux roues de la tête de course, avant de la dépasser, s’arrêter, prendre des clichés et repartir à l’arrière des premiers coureurs, puis recommencer la manœuvre. Il faut bien se cramponner aux poignées car les freinages bien qu’assurés sont énergiques, sensations garanties ! Et admiration infinie pour le cameraman de TV Rennes qui reste assis sans vaciller.

Sur la moto, soit nous photographions ce qui se passe derrière nous en nous déhanchant (nous n’avons pas le droit de nous retourner), soit nous nous arrêtons sur le bord de la route pour photographier le peloton. Malgré une longue reconnaissance du tracé la veille, il nous est arrivé de nous arrêter quelque part puis de se rendre compte que le cadre était mieux 300 mètres plus loin. Une course sur route est particulière à couvrir. On se place avec la collaboration du pilote de la moto, ce ne sont pas nos jambes qui nous guident. La couverture d’une compétition hors-stade est un événement à part car perpétuellement en mouvement. Dans les stades d’athlétisme, c’est une piste de 400 mètres, les athlètes passent et repassent, on peut changer d’angle… Dans une course running, c’est un instant qui arrive et qui ne se reproduit jamais puisque l’on bouge sans cesse.

La fête en arrivant à Rennes

Parti sur des bases de 2h16, Maxime Perrineau foule le sol à un rythme de métronome en emmenant sur son porte-bagages les meilleurs tricolores du jour. Il boucle le premier semi-marathon… en 1h08 pile. Seul en tête depuis les premiers hectomètres de course, Khalid Lablaq commence à lever le pied à partir du semi et voit son avance fondre à grande vitesse. Il se fait rattraper vers le 30e km, à hauteur de Cesson-Sévigné. Les fuyards se nomment Duncan Perrillat, Alexandre Bourgeois et Alaâ Hrioued. Le podium commence vraiment à se dessiner. Vient le passage au 35e km où habituellement les jambes deviennent plus lourdes, mais où l’esprit doit prendre le dessus.

À cinq kilomètres du terme, nous jetons un dernier regard vers le trio : il faut foncer vers l’arrivée. En entrant dans Rennes, nous découvrons certains lieux et monuments historiques de la capitale bretonne, à l’image des quais de la Vilaine, l’Opéra ou encore la place de la République. La foule se fait plus compacte. Le terme de fête qui est employé pour décrire la course bretonne n’est pas galvaudé tant l’enthousiasme est perceptible en cette fin de parcours. Les nombreuses animations musicales donnent un air coloré et festif à cette belle épreuve. Une quinzaine de minutes plus tard, c’est la dernière ligne droite pour Duncan Perrillat (28 ans) sur l’Esplanade Charles de Gaulle. Voici le moment de savourer. Dans les oreilles un brouhaha, la voix du speaker, les drapeaux agités par le public breton, la gorge nouée par l’émotion et les jambes en feu. Il coupe la ligne d’arrivée victorieux, le maillot de son équipementier Saucony sur les épaules…

« Je venais pour la gagne »

À l’heure du premier bilan, à chaud, après 2h14’49 d’effort pour son baptême sur marathon, il nous confiait : « C’est que du bonheur ! Je venais pour la gagne et idéalement faire 2h16 donc je ne pouvais pas espérer mieux. Je crois que le dernier français à avoir fait mieux pour son premier marathon est Mehdi Frère (2h14’25 en 2019 à Valence). Ça récompense tout l’investissement que je fais à l’entraînement. Je me suis inscrit au marathon de Valence le 5 décembre avec l’idée de faire 2h14 donc maintenant je vais réfléchir à un autre objectif, mais pas trop haut non plus. J’ai eu l’impression d’être sur une course tactique. Après le semi, ça a commencé à se regarder et j’ai très souvent pris des relais. C’est au 35e km que j’ai mis une grosse attaque ». Les règles en athlétisme sont strictes : Le port du maillot du Club est obligatoire lors de tous les Championnats. Duncan Perrillat s’est vu destitué de son titre de champion de France du marathon, car il ne portait pas le maillot de son club de Neuilly-Plaisance Sports. Il reste tout de même vainqueur du Marathon Vert Rennes Konica Minolta.

« J’aurais préféré avoir le titre à la régulière »

Le deuxième étant le Marocain Alaâ Hrioued (2h15’45), c’est le troisième au scratch de la course Alexandre Bourgeois, représentant du Dijon Université Club, qui récupère le titre hexagonal avec un chrono de 2h16’52. « Pour ma première expérience sur la distance à 26 ans, je suis vraiment content du chrono et d’être champion de France, même si j’aurais préféré avoir le titre à la régulière. J’ai eu des bonnes sensations toute la course, même si musculairement j’ai faibli au 37e km. On a été emmené à la perfection par Maxime et une fois qu’il s’est écarté on a collaboré avec Duncan pour s’extirper et aller chercher un gros chrono. Je suis vraiment content et je vais savourer ce moment car je suis passé par des moments compliqués cette année ».

Le Brestois Florian Caro (2h19’49) se retrouve vice-champion de France en plus d’être champion de Bretagne pour son premier marathon, tandis que Pierre Urruty (2h20’45) du CA Montreuil grimpe sur la troisième marche du podium. Certes, le Marathon Vert Rennes Konica Minolta n’a pas, à son plateau, les plus grands marathoniens tricolores, parce que la concurrence à cette date est rude avec des événements qui attirent la crème de la crème avec des budgets supérieurs. Mais la course bretonne a réussi de très beaux championnats de France.

Une Rennaise championne de France

La première féminine à avoir rallié la ligne d’arrivée est Aude de La Mettrie (34 ans), licenciée au Stade Rennais, en 2h51’00. « Je suis super contente, je venais tout d’abord pour un chrono ! Ça part vite parce que ça descend quasiment jusqu’au semi. Prochaine étape pour moi, les Championnats de Bretagne de cross-country à Carhaix dimanche prochain », explique-t-elle, tout sourire après sa victoire à domicile. Katie Mauthoor (2h53’36) et Sandrine Duhamel (2h59’35) complètent le podium.

Ce sourire d’Aude de La Mettrie, on le retrouvait à l’arrivée sur le visage des 1500 finishers. Fiers et heureux de leurs prestations. Le bonheur immense lorsque l’on vous passe la médaille du marathon autour du cou. Des centaines d’anonymes sont entrés dans la famille des marathoniens ce dimanche. Les coureurs ont été accueillis par l’animatrice TV Karine Ferri, marraine de cette édition 2021. Si la mission du Marathon Vert Rennes Konica Minolta est de donner du bonheur aux gens, nous avons pour notre part pris du plaisir à l’état brut sur cette moto presse. Mission remplie donc, et bravo au pilote pour les frissons !

Une fois encore, la Bretagne a prouvé qu’elle était bien une terre de course à pied.

Tous les résultats, en cliquant ici.

Crédits photos : STADION

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