Le compteur monte à 7 médailles pour la délégation tricolore. Grâce à un 800 m bien maitrisé en 1’59″49, Rénelle Lamote s’offre sa quatrième médaille d’argent européenne consécutive, mais sûrement la plus belle après l’épisode compliquée de Eugene, dans une finale remportée par la prodige britannique Keely Hodkingson (1’59″04). Une heure plus tard, le 4×400 m hommes a remporté le bronze en 2’59″64 au terme d’une belle bagarre avec la Grande-Bretagne (2’59″35) et la Belgique (2’59″49).
La revanche de Rénelle Lamote. Après la grosse déception des Championnats du monde, où la demi-fondeuse de 28 ans avait été éliminée en demi-finale, alors qu’elle souffrait de la Covid. Sous un arc-en-ciel qui venait de faire son apparition, la protégée de Bruno Gajer a bien géré sa course en étant en première ligne dès le rabattement. Après un premier tour bouclé en 58″60, la grande explication commence. La locale Christina Hering, en tête après 400 m d’effort, voit les deux Britanniques Hodkingson et Reekie puis Rénelle Lamote lui passer devant aux 600 m. Keely Hodkingson, meilleure performeuse européenne de l’année et récente vice-championne du monde à Eugene, gère bien son virage puis va conserver son avance dans la dernière ligne droite pour aller chercher son premier titre européen en plein air en 1’59″04, à seulement 20 ans. Derrière, la deuxième britannique, Jemma Reekie pense tenir la médaille d’argent mais commence à coincer à l’entrée de la dernière ligne droite, se faisant passer à l’extérieur par « Réré » qui a encore des jambes. Celle qui s’entraîne à Montpellier a parfaitement su répondre aux attaques de ses concurrentes sur la fin des deux tours de piste et s’assure de la deuxième place en 1’59″49, sans toutefois rien pouvoir faire contre Hodingson.
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« Toujours dans le game à 28 ans »
Grand sourire, les mains sur la tête, comme un ouf de soulagement. « Elle est trop, trop cool celle-là, je suis super excitée c’est n’importe quoi, je me sens trop heureuse ! J’ai manqué un peu de confiance à un moment dans la course et les filles sont parties. Dans la dernière ligne droite, j’ai vraiment couru et je me suis rendu compte que j’aurais peut-être pu faire encore mieux. Mais c’était parfait ! Je suis allée chercher cette médaille d’une manière différente des précédentes. J’ai eu l’impression d’être actrice dans cette course. C’est le meilleur scénario et c’est encourageant pour la suite. Je suis fière de moi, de m’être remobilisée après les Mondiaux et d’y avoir cru quand, autour de moi, je voyais que ça doutait aussi. C’est énorme pour moi. Je suis contente d’être toujours dans le game à 28 ans et dans la course pour Paris 2024. J’ai maintenant envie de profiter avec mes proches, mon coach et mon équipe, et je vais aller m’amuser sur la fin de saison pour aller chercher mon record. »
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C’est la troisième breloque argentée continentale d’affilée en plein air pour Rénelle Lamote, la quatrième si l’on rajoute sa deuxième place à l’Euro indoor de Glasgow en 2019, mais c’est sûrement cette dernière qui a le plus de saveur, tant cette saison a été particulière : « C’était dur après les mondes, je me suis battue pour revenir au niveau, c’était vraiment chaud. Je suis arrivée avec une confiance à 10%, donc je suis super contente d’apporter cette médaille pour la team et mes proches”. Un travail et une collaboration débutée en 2021 avec Bruno Gajer qui porte ses fruits : “c’est notre première médaille avec Bruno, ça va être la fête. J’ai trop hâte de le retrouver ! ». Rénelle Lamote, que l’on peut légitimement nommer « Dame d’Argent » vient une nouvelle fois de confirmer son statut au niveau continental. L’objectif pour 2023 est de s’affirmer au niveau mondial, en s’approchant notamment du record de France de Patricia Djaté, chronométrée en 1’56″53 en 1995 à Monaco.
Le 4×400 m masculin enfin récompensé
« On concrétise de belles semaines de travail, de belles années en individuel, par le collectif ». Les mots de Thomas Jordier ont parfaitement résumé la soirée du 4×400 m masculin tricolore. Souvent placé mais jamais récompensé, le collectif relais à cette fois-ci rectifié le tir en prenant le bronze dans une course indécise jusqu’au bout. Au couloir 6, Gilles Biron lance les Bleus en bouclant son tour en 45″88, départ arrêté. Deuxième partant, Loïc Prévot récupère le témoin à la quatrième place, mais va vite prendre le dessus sur son concurrent Tchèque au moment de se rabattre. Le Guyanais, crédité d’un excellent 44″21 dans son 400 m lancé, donne tout et se retrouve à la lutte avec la Belgique avant de donner le relais à Téo Andant qui part en même temps que Kévin Borlée pour les Belges. Andant, dans la foulée de Borlée au premier virage, va ensuite passer le champion du monde en salle 2022 du relais, parti prudemment après sa blessure en demi-finale en individuel, dans la ligne droite opposée. Un très bon relais du vice-champion de France Elite à Caen en 44″87 qui permet à l’expérimenté Thomas Jordier (44″68 lancé) de se retrouver tout de suite à la lutte avec les Britanniques, en tête depuis le début de la course.
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Dans l’ultime dernière ligne droite, celui qui a battu deux fois son record plus tôt dans ses championnats, en série puis en demi-finales, place une attaque face à Alex Haydoc-Wilson, on se laisse imaginer, la première médaille d’or de l’équipe de France dans ces championnats. Finalement, le sociétaire de l’Amiens UC ressent une légère pointe dans le mollet, et va alors tout faire pour terminer cette finale, en changeant son pied de position et le mettre à plat. En conséquence, la Grande-Bretagne garde la tête et est championne d’Europe en 2’59″35. Autre conséquence : la Belgique repasse pour l’argent en 2’59”49, devant les Bleus donc qui réalisent le troisième meilleur chrono français de tous les temps en 2’59″64. Un quatuor français n’était plus descendu sous les 3 minutes depuis 2015. « On visait l’or, mais on est satisfait du résultat. On fait une bonne course collectivement », analyse Gilles Biron, premier partant. Loïc Prévot poursuit sur l’importance du collectif : « Si mes coéquipiers ne m’avaient pas tiré, peut-être que je n’aurais pas fait ce chrono, donc merci à eux ». Téo Andant parle d’une « première qui en appelle d’autres », à notre micro en zone mixte.
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Deux nouvelles médailles pour l’équipe de France pour cette avant-dernière journée, qui font monter le compteur à 7 breloques. Dernière soirée ce soir avec la finale de la hauteur avec Solène Gicquel à 19h05, les demi-finales du 100 m haies avec trois françaises : Cyréna Samba-Mayela, Laetitia Bapté et Laura Valette, dès 19h10. La finale aura lieu à 20h45 avec on l’espère, nos trois représentantes. Benjamin Robert aura un coup à jouer sur 800 m à 19h40, tout comme l’éternel Jimmy Gressier sur 10 000 m à 20h00. Enfin, le relais masculin 4×100 m voudra enfin confirmer la très bonne dynamique en remportant l’or à 21h12, tandis que le relais féminin a les armes pour tirer son épingle du jeu en clôture de ces championnats d’Europe de Munich à 21h22.
Tous les résultats, en cliquant ici.
Texte : Briac Vannini
Crédits photos : Matthieu Tourault / STADION