Championnats du monde d’athlétisme : Le bout du tunnel doré pour Sha’Carri Richardson

22 août 2023 à 12:09

Réapparue sur les pistes en 2023 après deux années d’absence, Sha’Carri Richardson a décroché son premier titre mondial sur 100 m en 10″65 devant les Jamaïcaines Shericka Jackson (10″72) et Shelly-Ann Fraser-Pryce (10″77) lors d’une finale dantesque. Retour sur un exploit majuscule. 

« Je suis la championne du monde. Je vous l’avais dit, je ne suis pas de retour et je vais mieux ». Sha’Carri Richardson, sans blaguée, enflammait la zone mixte quelques minutes après une performance éblouissante, aux allures de renaissance, en finale du 100 m féminin ce lundi soir. Déjà très en vue ce dimanche avec le meilleur temps des séries en 10″92 (+0,4 m/s) et un geste polémique à la limite de l’arrogance juste avant la ligne, l’Américaine abordait la journée charnière de lundi avec l’envie de montrer qui est la plus forte pour ces premiers grands championnats. Malmenée dans une demi-finale de haut vol en compagnie de Shericka Jackson et Marie José Ta-Lou, la Texane avait coincé dans les starts avant de se qualifier au temps (10″84). Toujours aussi excentrique à l’approche des starting-blocks, Richardson s’avançait parmi les meilleures dans une bataille sans merci.

 

Record des Championnats

Positionnée à l’extérieur, au couloir numéro 9, l’explosive américaine se faisait oublier quand tous les regards étaient braqués sur Shericka Jackson et Shelly-Ann Fraser-Pryce dont la victoire tendait les bras à une des deux Jamaïcaines. C’était sans compter sur les dernières foulées sensationnelles d’une des trois Américaines de la finale (avec Brittany Brown et Tamari Davis) qui coupa la ligne les bras au ciel et hurlant sa joie, sachant que la médaille d’or allait lui coller autour du cou. Sur le tableau s’affiche son nom et les quatre chiffres de son chrono : 10″65, une performance synonyme de record personnel et de cinquième meilleure performance de tous les temps. Derrière, Jackson (10″72) et Fraser-Pryce (10″77 et meilleur temps de sa saison) terminent respectivement en deuxième et troisième position. L’Ivoirienne Marie-Josée Ta Lou échoue au pied du podium en 10″81 tandis que huit des neuf finalistes ont couru en 11 secondes ou moins. 

 

 

Grâce à cette performance historique, la protégée de Dennis Mitchell est devenue la première américaine à gravir la plus haute marche du podium sur l’épreuve reine de l’athlétisme depuis 2005 et le sacre de Lauryn Williams. « Pour un premier grand Championnat, c’est un bon début. Cela récompense tout le chemin parcouru dans ma vie, mais je dois et je vais rester humble. Il ne faut jamais abandonner, ne pas laisser les médias, les haters (haïsseurs, ndlr) ou le monde extérieur définir ce que vous êtes. Il faut toujours lutter, garder foi en soi, dans les bons et les mauvais jours, comme je le fais, avec le soutien de mon coach, de mes proches. Je suis très reconnaissante de les avoir à mes côtés. Je ne suis pas la meilleure, je vais continuer à travailler pour être meilleure ».

Le controversé record du monde de son idole Florence Griffith-Joyner signé en 10″49 à Indianapolis il y a 35 ans est encore loin mais rien n’est vraiment impossible pour la fantasque sprinteuse qui avait brandi le drapeau américain après avoir pointé les bras vers le ciel, sans doute un hommage à sa mère biologique, disparue en 2021. Elle peut également se rappeler à quel point les deux dernières années ont été difficiles. Pour comprendre pourquoi le titre de cette athlète connu du grand public américain et pas seulement du petit cercle des connaisseurs de vitesse est si spécial, il faut revenir en arrière.

 

Une absence de longue date

Même si l’Américaine arpentait fièrement la piste de Budapest, au look extravagant révélé par une longue tresse jaune et rouge au cheveux ainsi des (très) long faux ongles, la jeune texane de 23 sortait de deux années de galères où elle avait notamment défrayé la chronique en étant contrôlé positif au cannabis après une soirée privée. Résultat : une sanction « légère » d’un mois de suspension qui va quand même empêcher la star des réseaux sociaux d’être au départ du 100 m des Jeux olympiques de Tokyo 2021. Plus dans le coup et pratiquement absente des pistes en 2022, la sprinteuse avait raté la qualif’ pour les Mondiaux d’Eugene cette même année.

Mais celle qui est née à la Dallas tentait tant bien que mal de revenir à la compétition en 2023. Les « Trials » (sélections américaines) marqueront ce « come-back » où elle décrocha son ticket pour ces premiers grands championnats internationaux en portant son record personnel à 10″71. « Je suis prête, mentalement, physiquement, et émotionnellement, et je suis là pour rester », avait déclaré Sha’Carri Richardson au micro lors des dernières sélections américaines. Preuve d’une confiance retrouvée, sa route jusqu’à la capitale hongroise était rythmée par le succès partout où elle passait. La nouvelle championne du monde de la ligne droite pouvait se vanter d’avoir gagné cette année neuf des dix (séries comprises) 100m qu’elle avait courus et comptait quatre des sept chronos les plus rapides de la saison. Tout cela avant ce lundi 21 août 2023 qu’elle n’oubliera jamais.

 

Une confirmation sur 200 m ?

Sha’Carri Richardson ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin car le 200 m l’attend maintenant au tournant. Sur « Trials » américains, Richardson avait gagné sa place sur le demi-tour de piste des Mondiaux suite à un record personnel établi en 21″94, derrière sa compatriote Gabrielle Thomas qui a couru en 21″60 lors de ces mêmes championnats et aura, somme toute vraisemblance, les faveurs des pronostics. Mais avec ce titre sur 100 m, les cartes sont sans-doute rabattues et la confiance au max de Richardson peut quand même faire peur à ses concurrentes qui devront s’employer pour empêcher un doublé recherché par son compatriote Noah Lyles, vainqueur dimanche de la ligne chez les hommes.

La fraîcheur physique et sa capacité à enchaîner seront capitales dès les séries du 200 m ce mercredi (à partir de 12h05) mais cette année, elle a prouvé qu’elle savait se remettre en marche. Finalement, qu’importe le résultat du 200, le « vilain petit canard » de l’athlé américain devra maintenant confirmer au plus haut niveau comme l’a fait Shelly-Ann Fraser-Pryce et ses cinq couronnes mondiales sur le 100 m. Les Jeux olympiques de Paris 2024 en ligne de mire pour s’inscrire dans la durée ?

Tous les résultats des Championnats du monde d’athlétisme, en cliquant ici.

Texte : Dorian Vuillet
Crédits photos : Solène Decosta / STADION

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