Pour la première fois de son histoire, la ville de Paris organise les Championnats du monde de para-athlétisme (8 au 17 juillet 2023) dans un stade de Charléty qui attend plus de 100 000 spectateurs cette semaine. L’occasion pour les athlètes de l’équipe de France de répéter leur gamme avant le grand rendez-vous des Jeux paralympiques 2024 dans la capitale.
Un an avant d’accueillir les Jeux paralympiques (28 août au 8 septembre 2024) dans le mythique Stade de France, toutes les caméras sont braquées sur les championnats du monde de para-athlétisme (8 au 17 juillet) cette semaine à Charléty. Répétition générale et enjeu sportif d’envergure avec les premiers quotas olympiques à la clé pour les 1350 athlètes paraplégiques, déficients visuels, amputés, atteints de paralysie cérébrale, déficients intellectuels ou en situation de handicap psychique présents à Paris. Parmi ces nombreux athlètes, vingt-huit portent haut et fort les couleurs tricolores en compagnie de six guides. La délégation française se veut ambitieuse dans ces Mondiaux à domicile mais aucune médaille n’a encore été remportée par les Tricolores après deux jours de compétition. Même constat pour les quotas.
Dimitri Jozwicki n’a pas été loin d’ouvrir le compteur bleu
Il s’en est fallu de peu pour que Dimitri Jozwicki ouvre le compteur de médailles de l’équipe de France aux Championnats du monde de para-athlétisme. Pourtant, lorsque que le sprinteur français est rentré sur la piste, la foule s’est mise à croire à la première breloque. Mais le Tricolore a connu une terrible désillusion. Aligné au couloir numéro un de la finale du 100 m (T38) dont il était l’un des favoris, le Nancéien a échoué à la cinquième place (égalité avec le Colombien Santiago Solis) d’une finale remportée par l’Américain Jayden Blackwell en 10″92 devant le Chinois Dening Zhu (11″00) et un autre Américain : Nick Mayhugh (11″14). Le licencié de l’US Tourcoing Athlétisme rate donc le quota pour Paris 2024 pour juste… un millième de seconde. Avec un temps de 11″19 (-0,2 m/s), assez loin de son record personnel établi aux Championnats de France de Saint-Etienne (11 »00), le Lorrain peut nourrir des regrets et semblait très affecté après la course. « Je suis forcément déçu parce que le podium se joue au niveau de mon record et j’avais largement les jambes pour l’accrocher. Le fait d’avoir été isolé au couloir numéro un m’a aussi empêché d’être dans la bataille mais j’ai tout donné et j’ai même failli tomber. »
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Pourtant, le sprinteur de 21 ans avait préparé au mieux les Championnats du monde de para-athlétisme et devra rapidement se remettre de ses émotions car la qualification aux Jeux paralympiques n’est pas encore perdue. « Je mets techniquement tout en place par rapport à hier et cela ne paie pas… Je prendrais le temps d’analyser la course puisque la saison n’est pas terminée. Désormais, mon objectif est de terminer sur une bonne note à Ninove (Belgique) le 22 juillet prochain. Il y aura d’autres opportunités pour se qualifier, je ne me formalise pas sur cette performance du jour ». Le chemin pour Paris 2024 passera sûrement par Kobe et les prochains Championnats du monde de para athlétisme en 2024 même si le principal intéressé ne sait encore ce que l’avenir lui réservera. « À Kobe (Japon), ce seront les deux premières places qui seront qualificatives mais je ne sais pas encore si je dois aller chercher un bilan plutôt qu’une place aux Mondiaux. Le plan n’est pas encore préparé » L’espoir de voir les Jeux paralympiques est encore là.
Adolphe et Makunda gèrent les séries du 400 m
Reçus deux sur deux. Timothée Adolphe et Trésor Makunda ont réussi leur entrée en matière et se sont qualifiés pour les demi-finales du 400 m en catégorie T11, épreuve réservée aux athlètes déficients visuels. Le premier a impressionné en effectuant son tour de piste en 51″63, le meilleur temps de sa saison. Le Versaillais s’est même payé le luxe de finir devant le recordman de la discipline, le Brésilien Daniel Mendes. « On était à la recherche d’une course de référence, c’est fait avec ma meilleure performance de la saison. On voulait faire un gros départ donc c’est une bonne chose de rentrer dans ses championnats du monde de cette façon », s’est exprimé le « Guépard Blanc » à notre micro.
Le second, lui, s’est hissé en demies grâce à un temps suffisant (51″77) malgré une dernière place dans une série remportée par Gerard Descarrega, double champion olympique en titre. Ambitieux, le quintuple médaillé paralympique sait qu’il peut encore faire mieux pour aller chercher une finale et pourquoi pas une troisième médaille mondiale. « C’est juste une confirmation mais on sait qu’on peut faire un meilleur temps. »
Les deux athlètes ont également eu un mot sur l’ambiance à domicile. « C’est vrai que ma série a eu lieu le matin mais j’attends plus de monde pour ma demie. L’objectif, c’est d’aller en finale pour être poussé par ce public parisien », déclarait le pensionnaire de l’Avia Club Issy-les-Moulineaux. Même enthousiasme chez son compatriote qui se régale de pouvoir concourir à domicile. « Le soutien de la famille en tribune ainsi que la présence du public parisien donnent une énergie et une motivation supplémentaires. Cela nous donne des ailes, c’est que du bonus ! ». Ce mardi, les deux Tricolores participeront aux demi-finales aux alentours de 10h30, en espérant décrocher leur billet pour la grande finale de l’épreuve mercredi.
Marcel Hug était trop fort pour Julien Casoli et Thibault Daurat
Julien Casoli et Thibault Daurat, les deux bleus engagés sur le 5000 m (T54), n’ont rien pu faire face à l’ogre Marcel Hug qui s’est offert ce lundi soir un onzième titre mondial en 9’35″78 ! Même l’expérience de Casoli (41 ans) n’a pas suffit et le Franc-Comtois n’a pris « que » la sixième place en 10’18″14. Daurat, son concurrent d’un jour et novice à ce niveau de la compétition, n’a pas à rougir malgré une huitième position et un temps correct de 10’20″79. Le jeune Gersois de 20 ans n’a pas caché sa fierté en zone mixte. « C’est la première fois que je fais une finale avec des sportifs aussi avancée et c’était vraiment tendu à part avec Marcel (Hug). Je savais que je ne pouvais pas monter sur le podium mais faire une finale à mon âge c’est très beau et je pense avoir bien joué tactiquement. »
On reverra vite les deux hommes ensemble sur la piste : jeudi matin pour la deuxième série du 1500 m (T54) et une potentielle finale vendredi avant les séries et on espère une finale du 800 m (T54) dimanche qui s’annonce dur physiquement pour les deux athlètes. « On va avoir deux jours de récupération avant le 800 M et 1500 m, deux courses plus denses avec une sélection plus compliquée ». Mais qu’importe les résultats de ces Mondiaux, les deux hommes se retrouveront par la suite pour préparer des meetings de qualifications avant les Jeux paralympiques de Paris 2024. « On a déjà planifié des stages d’entraînement ensemble en septembre. On ne lâchera pas avant les Jeux ! »
« J’étais venu pour faire six sauts, pas trois, je n’ai pas pu en profiter »
Première Française de la journée ce mardi aux Championnats du monde de para-athlétisme… et première déception. Il était 9h et quelques quand Typhaine Soldé foulait la piste de Charléty ce lundi matin dans le concours de saut en longueur dans la catégorie « amputation membre inférieur T64 ». Malheureusement, le public quelque peu endormi a vu la la huitième des derniers Jeux paralympiques échouer lors de ses deux premiers essais avant une dernière tentative ponctuée par un saut de 3,63 m, très loin de son record personnel (4,84 m) et de la Néerlandaise Fleur Jong, sacrée championne du monde pour la première fois dans cette discipline. Une décevante 10e place et beaucoup de regrets pour la licenciée au club de l’A3 Tours (Indre-et-Loire). « Je suis très déçu, mon concours n’est pas accompli. Je ne sais pas ce qu’il a manqué. Peut-être que j’ai voulu trop en faire, ou pas assez, je ne sais pas vraiment… »
Malgré ce raté au concours, la jeune femme de 21 ans devra vite relever la tête de l’eau en performant lors de plusieurs meetings qualificatifs aux Jeux de Paris 2024. « On doit analyser ce qui n’a pas fonctionné, et il faudra travailler pour corriger tout ça. J’étais venu pour faire six sauts, pas trois, je n’ai pas pu en profiter. Maintenant, je dois me rétablir de mes petits bobos, et un jour ça va passer. »
Cinquième place pour Kavakava au javelot F57
Tout droit venu de Nouvelle-Calédonie, Vitolio Kavakava représentait la France au concours du lancer de javelot (F57). Mais celui qui a intégré le pôle handisport de Nouméa n’a pas réussi à monter sur le podium malgré un lancer de 43,56 m, son record personnel en compétition. Loin des quatre premiers, c’est l’Iranien Amanolah Papi qui a remporté l’or avec un lancer de 50,09 m. Le Wallisien aura une nouvelle chance de se montrer dimanche au lancer de poids en catégorie F57.
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Texte : Dorian Vuillet
Crédit photo : Florent Pervillé / WPA PARIS’23