Championnats du monde de para-athlétisme : Manon Genest en bronze

12 juillet 2023 à 10:13

Manon Genest a décroché la médaille de bronze au saut en longueur T37 et offre à la France sa première médaille dans ces Championnats du monde de para-athlétisme. Timothée Adolphe et Trésor Makunda ont, quant à eux, débloqué les deux premiers quotas paralympiques du clan français sur 400 m (T11). Une journée riche en émotions et en bonnes nouvelles.

Le para-athlétisme français a connu un début de compétition plutôt mitigé lors des deux premières journées de compétition aux Mondiaux de Paris. Cela n’a pas duré très longtemps. La journée de mardi a montré son lot de consolation côté bleu, dans une enceinte de Charléty de plus en plus remplie, du moins en soirée. Tout cela grâce à la réussite des stars de l’Équipe de France tels que Timothée Adolphe et Trésor Makunda sur 400 m (T11) mais aussi à sa nouvelle maman, Manon Genest qui a créé la surprise en décrochant le bronze au concours de saut en longueur (T11). Axel Zorzi, lui, s’est accroché pour tenir sa place en finale du 100 m en catégorie T13 avant que le public parisien ne vibre pour un parfait trois sur trois des Françaises en série du 200 m (T13). La magie bleu, blanc, rouge opère enfin.

 

 

La première médaille française pour Manon Genest

« Cette première médaille est très importante pour l’équipe de France. On sait qu’elle donne un coup de ‘boost’ à tout le monde ! ». Les membres de l’Équipe de France peuvent remercier Manon Genest qui rapporte cette première breloque du camp français après un concours de saut en longueur (T37) qui a tenu toutes ses promesses. Son meilleur saut mesuré à 4,76 m lui a valu le bronze et bien plus que ça…

L’exploit est d’autant plus grand pour la jeune maman qui revenait tout juste d’une grossesse. « Mes premiers mots étaient que c’était la médaille de ma fille, pas la mienne », triomphait-elle. La native de Châteauroux avait terminé au pied du podium à Tokyo et avait « quitté les Jeux (de Tokyo) un peu déçue car je savais que j’étais enceinte et je voulais une médaille pour elle ». Ce n’était que partie remise pour une femme qui a choisi de continuer à allaiter après sa reprise à la compétition ain de « faire évoluer les mentalités« . La petite peut être fière de sa maman.

 

 

Sa compatriote Mandy François-Elie, trois fois médaillée olympique dont l’or en 2012, n’était pas à son aise dans ce concours. Dans une discipline qu’elle expérimentait au niveau mondial, celle qui court pour le Stade Vanves Athlétisme n’a pas répondu présent. « J’étais un peu perdu sur la piste ». La Martiniquaise termine avec une meilleure performance à 4,19 m et une cinquième place à la clé. Plus confiante sur les épreuves de sprint, l’athlète de 33 ans vise de bien meilleurs résultats au 100 m, au 200 m ainsi qu’au relais.

 

Premiers quotas assurés par Timothée Adolphe et Trésor Makunda

Autre bonne nouvelle pour l’équipe de France. Engagé dans la même demi-finale du 400 m (T11), Timothée Adolphe (guide Jeffrey Lami) et Trésor Makunda (guide Lucas Mathonat) ont débloqué plus tôt dans la matinée les deux premiers quotas paralympiques tricolores. Avec seulement quatre athlètes au départ de la finale, une médaille est même d’ores et déjà assurée ce mercredi soir (21h15). Adolphe, le champion du monde en titre, a mis tout le monde d’accord en effectuant un départ canon et avait déjà pris une belle avance sur ces concurrents à la moitié du parcours. Le Versaillais a même signé le meilleur chrono de sa saison en 51 »27 et s’avance en grand favori à sa propre succession. « Ça sera une finale, il ne faut pas se référer aux courses précédentes. Ce chrono donne un indicateur mais les compteurs sont remis à zéro. Dans un championnat en trois tours, chacun aura laissé des plumes, ça va être à celui qui aura le mieux récupéré, celui qui va être le plus malin aussi. Maintenant, il faut aller chercher moins de 51 secondes pour éventuellement décrocher un titre, ou une belle médaille. On a un titre à défendre, on le veut. Un titre à domicile, envoyer un message fort à un an des Jeux. »

 

 

Trésor Makunda, lui, a beaucoup souffert et a dû batailler jusqu’au bout face au retour de l’Espagnol Eduardo Uceda Nova pour composter son billet pour la finale. Mais la résilience du quintuple champion olympique a fait la différence dans une demie où l’athlète de 39 ans a signé son record personnel en 51 »53. Celui qui est un des « vétérans » de la discipline souriait de cette perf’ historique en zone mixte. « Un petit record, une qualification pour les Jeux et une finale ! ». Le natif de Kinshasa (République démocratique du Congo) n’était également pas surpris de ce résultat et continue de prendre autant de plaisir sur la piste avec Lucas Mathonat, son guide. « Si on était à notre niveau, il n’y avait pas de raison qu’on ne le fasse pas. Franchement, on a toujours eu des espoirs. On s’est préparé pour quelque chose, on s’est entraîné, il n’y a pas de surprise. La médaille, il faudra aller la chercher, mais ce n’est pas des mathématiques. Il faut rester humble. On sait d’où on vient, on sait quels adversaires on a en face. Honnêtement, après ce 400 m (T11), il y avait plus de plaisir que de douleur. Je fais que ‘kiffer’ chaque course et chaque jour. Lucas m’annonce la qualif, Lucas m’annonce le chrono. Mais je pense qu’en finale il y aura beaucoup plus de lactique. On est prêts. » Ce Lucas en question est toujours aussi étonné par son coéquipier sur la piste. « Le schéma qu’on a créé ensemble a été appliqué par tous les deux au centimètres près. Il a répondu à mes accélérations, à mes relances et il en rajoute même sur la fin alors que je ne lui demande pas ça. Je me dis : ‘Il en a vraiment encore sous le pied’. »

Une belle histoire pour les deux athlètes qui ont longtemps pris le même chemin avant de partir chacun de leur côté. « Avec Trésor (Makunda), on se connaît depuis longtemps. On s’est entraînés ensemble pendant 7 ans et on se retrouve demain en finale. Il faut espérer que l’Équipe de France brille », a avoué le médaillé d’argent à Tokyo en 2021. Première médaille d’or française en vue ?

 

Trois Françaises en finale du 200 m (T13)

« L’objectif était d’être toutes les trois en finale. » Mission accomplie pour Nantenin KeitaAlice Metais et Célia Terki, les trois françaises alignées sur 200 m en catégorie T13 (déficience visuelle). La première étape est validée et la deuxième sera « encore plus costaud » d’après Keita, meilleure bleue au chrono (26″68) qui nous a raconté sa course la plus rapide de la saison. « Je ne pars pas super bien et après 100-120 m de course, je me crispe. Demain il faudra avoir plus de relâchement – même si c’est difficile pour moi – ainsi qu’un départ de sprint court et pas long. » En tant que co-capitaine de l’équipe de France, la quadruple championne paralympique a également tenu à rassurer sur le niveau de cette délégation tricolore. « Même si l’équipe (de France) n’a pas encore remporté de médaille (Ndlr : elle s’est exprimée avant la médaille de Manon Genest), on sent qu’elle est combattante et je suis sûre et certaine qu’au fur-et-à-mesure des journées, les médailles et les quotas tomberont.« 

Moins expérimentée mais tout aussi efficace, Alice Métais et Céia Terki (22 ans chacune) ont également fait le job avec des temps respectifs de 26″81 et 27″15. La première participe à ses premiers mondiaux à domicile et se félicitait de ce très beau résultat. « Je suis très heureuse d’être qualifiée et de défendre ma place dans mes premiers mondiaux à Paris. J’ai beaucoup travaillé cette saison pour en arriver là. Maintenant, il faudra prouver demain (jour de la finale) et donner le meilleur de moi-même. » Sa compatriote a, quant à elle, eu plus de difficulté à se mettre dans sa demi-finale. « Le temps n’est pas dégueulasse mais je reste frustrée. Pendant la course, je me suis dit : ‘Il ne faut pas que je lâche’ et je n’avais qu’une envie, c’était de ‘bouffer, bouffer, bouffer’. Maintenant, je vais mettre toute ma haine dans la finale de demain. » Celle qui fait partie du club US Talence, en Gironde, est également très heureuse de la participation de trois tricolores en finale. « C’est super d’avoir trois françaises en finale du 200 m (T13). On marque notre territoire, ici c’est chez nous ! » La victoire finale sera pourtant très compliquée pour des françaises alignées à l’extérieur et loin des temps de référence des favorites. Mais l’espoir d’une médaille est encore là et leur finale ce mercredi soir s’annonce palpitante.

 

Axel Zorzi peut encore croire à son rêve de titre mondial

Qualifié en 11″11 pour la finale du 100 m (T13), Axel Zorzi est « à sa place » avant la finale. Venu chercher la médaille d’or à Paris, le sprinteur malvoyant semblait déçu mais quelques minutes après sa course, le capitaine de l’équipe de France de para athlétisme avait tout de même le sourire de la qualification en poche. Un contraste qui tend vers le positif. « Ce n’est pas un chrono où tu peux te dire : ‘J’ai tout explosé, j’ai fait mon chrono’. On court pour s’améliorer, tous les jours. Je suis à quatre dixièmes des meilleurs, je suis quand même satisfait et j’ai pris du plaisir à côté de Kashafali (vainqueur de la série en 10″73 et recordman du monde). Je fais ce que j’aime parmi ces hommes qui rêvent depuis longtemps de devenir les plus rapides de la catégorie. » 

Au moment d’aborder l’ambiance dans le stade, le comédien de formation n’a pas hésité à faire le show. « Les favoris étaient jaloux de l’engouement qu’il y avait à l’annonce de mon nom (Rire). Quand tu vois les supporters anglais vibrer pour leur athlètes aux Jeux paralympiques de Londres en 2012 et maintenant c’est pour moi. Je me disais : ‘Je vais réaliser mon rêve !’ ». Ce mercredi, le Lyonnais sera motivé par l’idée d’aller chercher une médaille et en aura encore sous le pied pour une finale où l’on souhaite voir un Français triompher, enfin. « Ce que je sais faire, c’est me transcender en finale ». Rendez-vous sur le podium ou la plus haute marche pour le champion de France en salle 2022 ?

 

Malgré des records personnels, Nicolas Brignone et Pierre Fairbank étaient trop loin des favoris

Nicolas Brignone et Pierre Fairbank avaient décroché leur place pour la finale du 400 m (T53) en finissant chacun troisième de leur série dans la matinée avec des temps respectifs de 48 »95 (record de sa saison) et 50″94. En session de soirée, la finale a tenu ses promesses avec des records à gogo dont celui d’Europe pour le champion paralympique 2002 qui ne finit qu’en 5e position avec un chrono de 48″53. Le Calédonien de 51 ans avait tout de même le « smile » à sa sortie de course. « J’ai battu mon record, j’ai été plus vite que j’ai jamais été donc aucun regret malgré cette cinquième place. » Son adversaire du jour et ami dans la vie Nicolas Brignone a lui aussi battu son record personnel en 50″26 et termine malgré tout à la 7e place d’une épreuve dominée par le nouveau recordman mondial de la discipline (46″11), le Thaîlandais Pongsakorn Paeyo. Le licencié du Handi Club Calédonien n’avait pas réussi à se qualifier en finale des Jeux paralympiques de Tokyo, il y était cette fois-ci et une fierté prédominait clairement. « J’ai eu une saison difficile l’année dernière donc c’est un beau retour en force. Un bon présage pour le 100 et 800 m (T53) à venir ».

 

La médaille en chocolat et le quota pour Gloria Agblemagnon

Gloria Agblemagnon, l’étoile montante du para athlétisme français, a échoué au pied du podium ce mardi soir au lancer de poids en catégorie F20 après un meilleur jet à 13,11 m. Mais l’important n’était pas là. La pensionnaire du Saran Loiret Athlétic Club a rempli « sa mission d’être dans les quatre » et donc repartir avec un quota. Autre Tricolore en lice, Béatrice Aoustin n’a pas réalisé le concours qu’elle espérait en atteignant « seulement » 10,54 m et une douzième place au classement. Mais au final, elle « a combattu sa peur du public et le stress » et c’est le principal pour une « jeune » de 20 ans en équipe de France.

 

« J’apprends chaque jour à fêter une petite victoire »

Yasser Mussanganya, tout juste 21 ans, participait à ses premiers championnats du monde et concourait sur 400 m (T54). Avec un chrono de 47″79, le triple champion de France l’an passé et champion du monde junior sur 200 m n’a pas pu faire mieux qu’une septième place en série et a abandonné l’idée de prendre part à la grande finale de mercredi matin. Un sentiment mitigé pour le recordman de France du 100 m qui regrette son positionnement de départ. « J’ai été vraiment frustré de partir au couloir numéro un, cela ne m’a vraiment pas aidé ». Malgré ce mauvais résultat, le jeune athlète né au Rwanda est heureux d’être à Paris pour emmagasiner de l’expérience. « Quand tu as 21 ans, un championnat du monde c’est toujours de l’apprentissage et de l’expérience à mettre sur son CV. Je suis très reconnaissant de la sélection en équipe de France et j’apprends chaque jour à fêter une petite victoire ». Un futur « grand » de l’équipe de France ?

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Texte : Dorian Vuillet
Crédit photo : Grégory Picout / WPA PARIS’23

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