Morhad Amdouni nourrissait des sentiments mitigés après sa deuxième place de la Coupe d’Europe du 10 000 m à Londres en 27’36″80, chrono qui le place septième français de tous les temps. Une excellente performance pour une première sur la distance.
« Je suis partagé » réagissait le Français. « Je suis content de ma deuxième place, mais en même temps je suis un peu déçu », reconnaît-il. Dans les premiers kilomètres, le champion de France de cross de Plouay a dû tout faire seul : « Je voulais que ça aille un peu plus vite aujourd’hui, j’ai poussé les lièvres une grande partie de la course pour qu’ils aillent plus vite. Un moment donné j’ai eu l’impression d’être sur une allure de footing (passage au 5000 m en 13’50). C’est du gâchis, je passe à côté du record de France. Ça aurait pu faire 27’20 à l’arrivée. J’ai amené l’Allemand Richard Ringes (1er en 27’36″52) vers une performance. Satisfait du chrono tout de même. »
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Focus sur Berlin
Le sociétaire du Val d’Europe Athlétisme est très positif quand au niveau actuel des athlètes tricolores sur 10 000 m : « C’est une première sur la distance et ces 27’36, en France, on se dit tous que c’est extraordinaire sur cette discipline. On parle beaucoup de la performance de François Barrer (27’55″95) et c’est quelque chose de grandiose pour lui. Il n’y a pas eu beaucoup de coureurs spécialisés sur le 10 000 m, à part quelques anciens comme Larbi Zeroual (27’34″05 en 1998 à Villeneuve d’Ascq). En France on est plusieurs à avoir les capacités à courir en-dessous des 28 minutes ». Vu comment la discipline s’emballe en ce début de saison estivale, elle va laisser du beau monde en vacances début août.
Il a par ailleurs émis le souhait de doubler 5000 m et 10 000 m lors du rendez-vous continental en Allemagne. En attendant, le voilà septième meilleur performeur français de l’histoire, à moins de quinze secondes du record de France d’Antonio Martins (27’22″78 en 1992 à Oslo) : « Objectivement ça serait de reproduire ce que j’ai fait en salle sur 5000 m (13’11″18 en 207 à Birmingham) en outdoor, c’est à dire courir en moins de 13 minutes. Le but c’est aussi d’être prêt pour Berlin et j’aurai souhaité arriver là-bas avec la meilleure performance européenne de l’année. »
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Réactions des athlètes français :
Florian Carvalho (28’08″78, NPR pour Berlin) : « Je suis venu ici pour aider l’équipe de France, la Fédération m’a fait confiance sachant que je n’avais jamais fait de 10 000 m. Je ne vous cache pas qu’il y a un mois quand on m’a dit qu’on comptait sur moi pour cet événement, j’étais encore fatigué des Mondiaux de semi-marathon de Valence et je vais avoir la naissance de ma fille. Je remercie la FFA aujourd’hui parce que je me suis battu pour moi et pour le maillot de la France. Le plus important c’était d’accrocher les minima mais les cinq deniers tours étaient dur, surtout le dernier. »
Félix Bour (28’37″61) : « Je comptais partir aux alentours des 14’15/20 sur 5000 m et on passe en 14’23. Je trouve que c’est un tout petit peu lent mais ce sont les allures demandées au lièvre avant la course. J’ai essayé de le suivre le plus longtemps possible pour aller chercher le meilleur chrono possible. Par rapport à Minsk l’année derrière le contexte est différent, on est sur une piste ou il y a énormément de monde pour encourager les athlètes et la température est idéale. Les organisateurs ont tout mis en place pour que l’on soit dans les meilleures conditions possibles. Forcément quand on est dans de bonnes conditions les chronos sont au rendez-vous. »
Yann Schrub (29’35″23) : « Je suis parti sur les mêmes bases qu’à Pacé (29’19″18) et j’ai craqué, j’ai perdu du temps du quatrième au septième kilomètre et même au huitième. Le retard accumulé j’ai eu du mal à le reprendre, même si j’accélère sur la fin ça ne suffit pas pour revenir. Avec ce chrono, je limite la casse. On va se préparer pour le 5000 m de Carquefou et on va essayer de faire un chrono là-bas. »
Article rédigé en collaboration avec Aymeric Dupoux à Londres.