Marquer des points pour entrevoir la sélection

Alors qu’habituellement on découvrait les noms des quatre Tricolores sélectionnés pour le relais mixte aux Championnats d’Europe à l’issue du cross de sélection, cela pourrait ne pas être le cas pour cette nouvelle campagne. Cette fois, les deux premiers hommes et les deux premières femmes tricolores ne seront pas automatiquement retenus. Outre se classer parmi les deux premiers et premières, la FFA a intégré dans ses modalités de sélection la réalisation de minima sur piste (du 1er janvier au 21 septembre 2025), du 800 m au marathon, une condition indispensable pour prétendre à être du voyage à Lagoa. Les Bleus ont toujours décroché une médaille lors des six dernières éditions du rendez-vous continental (or à Bruxelles en 2023, argent en 2018 à Tilburg, 2019 à Lisbonne, Dublin en 2021 et Antalya en 2024 ainsi que le bronze à Turin en 2022).

Le collectif français aligné dans la ville portugaise sera à coup sûr d’un excellent niveau au vu de la qualité des athlètes engagés et s’étant déjà acquittés des minima. En or en 2023 à Bruxelles et en argent à Antalya en 2024, Antoine Senard (EFCVO), champion de France de cross court en titre, veut continuer d’apporter sa pierre à l’édifice sur un exercice qu’il affectionne particulièrement. Le Franco-Belge retrouvera son camarade tricolore d’Antalya, avec lequel il était monté sur la deuxième marche du podium, Simon Bédard (Haute Bretagne Athlétisme), deuxième du cross de sélection sur l’exercice en 2024.

Ils devront batailler face à des cadors qui ont enchaîné les résultats sur la piste l’été dernier. On pense en premier lieu à Flavien Szot (Entente Savoie Athlé), troisième performeur français de l’histoire sur 1500 m, Maël Gouyette (Haute Bretagne Athlétisme), Pierrik Jocteur-Monrozier (SA Toulouse UC), Luc Le Baron (Amiens UC) et Arthur Gervais (Stade Bordelais Athlétisme). Yani Khelaf (EFCVO), en argent sur le relais mixte à Lisbonne en 2019, Quentin Tison (Nancy Athlétisme Métropole), Corentin Tixier (Décines Meyzieu Athlétisme) et Gaor Drouin Viallard (SCO Ste Marguerite Marseille) sont également attendus dans la Sarthe.

La lutte chez les dames devrait à coup sûr concerner Bérénice Cleyet-Merle (Villeneuve La Garenne), championne d’Europe en 2023, Emilie Girard (Racing Multi Athlon), vice-championne d’Europe en 2024, Philippine de La Bigne (Entente Paris Université Club Stade Français), Bérénice Fulchirion (ASPTT Valence), Cindy Bourdier (EFCVO), Katia Delarche (EA Le Creusot), Lise Thimon (Nancy Athlétisme Métropole) et Olivia Alexandre (Stade Sottevillais 76).

Quatre athlètes se détachent

Il n’y a qu’une manière de présenter vraiment la course : voici le meilleur du cross-country français à Allonnes chez les dames. Hormis peut-être Flavie Renouard, première Française de la campagne 2024, Sarah Madeleine, finaliste sur 1500 m aux Mondiaux de Tokyo, et Mélody Julien, olympienne sur marathon, l’ensemble des spécialistes des labours sera réuni sur la plaine de Chaoué. Sur le papier, quatre éléments se dégagent de la liste : Manon Trapp, Alessia Zarbo, Célia Tabet et Agathe Guillemot. Couper la ligne d’arrivée dans les quatre premières Bleues assurerait d’être du voyage dans la station balnéaire portugaise.

L’an passé à Allonnes, Manon Trapp, triple championne de France (2021, 2022 et 2023), s’était accrochée comme un beau diable aux fusées africaines pour se hisser sur la troisième marche du podium, un exploit qu’aucune Tricolore n’avait réalisé depuis une décennie (Sophie Duarte en 2014). La fondeuse de l’Entente Savoie Athlé s’était aussi offert la prouesse de devancer la Kazakh Norah Jeruto (4e), championne du monde du 3000 m steeple à Eugene en 2022, qui sera encore de la partie dimanche. Elle évoluera sur un véritable terrain de cross pour s’exprimer, comme elle les aime tant.

Parmi les explosions de 2025, Alessia Zarbo est une véritable sensation. Étincelante dans les catégories juniors et espoirs sur piste et sur route, la native d’Antibes a passé un gros cap cette année, en faisait main basse sur deux records de France seniors en l’espace de moins de deux mois, le 10 km en 31’00 le 6 septembre à Prague puis le semi-marathon en 1h08’20 à Valence le 26 octobre. La pensionnaire du Racing Multi Athlon avait aussi montré tout l’étalage de son talent dans la gadoue l’an dernier, en se classant sixième du circuit « World Athletics Cross Country Tour », se qualifiant ainsi directement pour les JO de Paris 2024 sur 10 000 m. La double championne de France de cross court (2023 et 2025) Célia Tabet (Entente Bourges Athlétisme), flashée en 15’08 sur 5 km à Lille samedi dernier et troisième du cross de sélection 2024, vient logiquement toquer à la porte des favorites, tout comme Agathe Guillemot (Haute Bretagne Athlétisme), championne d’Europe en salle 2025 sur 1500 m, qui a l’occasion de rappeler à tout le monde de quel bois elle est faite.

Derrière, c’est plus d’une dizaine de prétendantes qui peuvent également décrocher le sésame pour l’Euro : Alice Mitard (AC Romorantin), quatrième du cross de sélection en 2024, Javote Guéret (Stade Bordelais Athlétisme), Marie Bouchard (Iroise Athlétisme), Mathilde Sénéchal (AJ Blois Onzain), Bérénice Cleyet-Merle (Villeneuve La Garenne), Emilie Girard (Racing Multi Athlon), Philippine de La Bigne (Entente Paris Université Club Stade Français), Laëtitia Bleunven (Stade Brestois Athlétisme), Camille Laurent (Grand Toulouse Athlétisme), Coraline Maamouri (Décines Meyzieu Athlétisme) ou encore Anaëlle Guillonnet (Décines Meyzieu Athlétisme). Forfait aux Mondiaux de Tokyo sur marathon mi-août en raison d’une blessure à un pied, Mekdes Woldu (EFCVO), cinq mois après sa dernière course à Leiden (Pays-Bas), où elle s’est emparée du record de France du 10 000 m (31’23″45), a décidé, en concertation avec son coach, de repousser sa rentrée de quelques semaines.

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Camille Place, bien placée pour l’emporter

Trois des cinq espoirs tricolores (athlètes nées en 2003, 2004 et 2005) sélectionnées à Antalya l’hiver dernier batailleront au cross d’Allonnes, à commencer par Camille Place (EA Saint Quentin en Yvelines), double championne de France de cross court (2024 et 2025) et cinquième du rendez-vous continental en Turquie dans la catégorie, Louisa Esmouni (Montpellier Athlétic Méditerranée Métropole) et Nélie Clément (Gap Hautes Alpes Athlétisme).

Ce trio n’aura pas la partie facile face à Jade Le Corre (EA Saint Quentin en Yvelines), Margot Dajoux (Clermont Auvergne Athlétisme), Julia David-Smith (Nantes Métropole Athlétisme), Célia Robin (Stade Bordelais Athlétisme), Thaïs Paris (Nancy Athlétisme Métropole), Clara Entresangle (AS Cavaillon), Augustine Haquet (UA Versailles), Capucine Rolin (RC Arras) et Lola Darcy (Dijon UC).

Allô docteur Schrub ?

Il y a aussi chez les messieurs ce que le cross français peut proposer de mieux, sans doute. On s’attend à voir aux avant-postes Yann Schrub (Athlé Sports Sarreguemines Arrondissements), premier Français sacré champion d’Europe de cross à Bruxelles en 2023. Combiner serment d’Hippocrate et carrière sportif de haut niveau, c’est le défi exceptionnel que vient de réussir le Messin qui est officiellement docteur depuis quelques jours, concrétisant ainsi des années d’efforts et de sacrifices dans le domaine de la santé. Le champion d’Europe 2025 sur 10 km renoue ce dimanche avec la joie d’épingler un dossard et l’adrénaline du départ, deux mois après sa neuvième place en finale mondiale sur 5000 m. Il sait répondre présent dans les moments qui comptent.

Gonflé à bloc après ses 27’31 sur 10 km à Lille, Fabien Palcau (Entente Savoie Athlé) souhaite accrocher à son tableau de chasse une huitième participation en douze ans à l’Euro de cross. Reparti chargé en confiance et en bonnes ondes du 10 km de Bordeaux avec un temps de 27’43, Hugo Hay (Sèvre Bocage AC) va poursuivre son retour à la compétition avec un nouveau test face à une coriace concurrence. Les trois hommes sont prêts à hausser leur niveau pour rêver d’un destin européen en décembre prochain, voire mondial en janvier.

Au rayon des outsiders qui peuvent s’emparer de l’un des quatre tickets, mentionnons Flavien Szot (Entente Savoie Athlé), Maël Gouyette (Haute Bretagne Athlétisme), Luc Le Baron (Amiens UC), Simon Bédard (Haute Bretagne Athlétisme), Florian Le Pallec (Athlé 91), Pierrik Jocteur-Monrozier (SA Toulouse UC), Baptiste Guyon (AC Romorantin), Valentin Bresc (Décines Meyzieu Athlétisme), Arthur Gervais (Stade Bordelais Athlétisme), Edouard Morin-Luzuy (Rouen Normandie Athlétisme), Duncan Perrillat (Neuilly-Plaisance Sports), Nicolas Vitré (CA du Pays Saumurois), Titouan Le Grix (Montpellier Athlétic Méditerranée Métropole), Harry Louradour (Décines Meyzieu Athlétisme) et Benoît Fanouillère (Athlétisme Sud 22).

Les Kényans John Lomoni Aimun (Racing Multi Athlon) et Vincent Kimaiyo, premier et deuxième de l’Urban Trail de Lille sur 10 km en 27’13 et 27’20 samedi dernier, ainsi que Abrha Gebru (27’17 sur 10 km à Lille en mars 2025) et l’Éthiopien Milkesa Fikadu (8’11″97 sur 3000 m steeple en 2025) devraient imposer un bon train aux Français. Attention aussi au Franco-Allemand Markus Görger (Luxeuil Athlé 70), qui représente les couleurs de La Mannschaft à l’international (17e à Antalya en 2024), qui avait tenu la dragée haute à Jimmy Gressier aux France de Carhaix en 2023.

Préparant les Championnats du monde de cross-country à Tallahassee, en Floride, le 10 janvier prochain, Jimmy Gressier sera à Allonnes en tant que parrain de l’événement, mais il ne participera pas à la course phare. Le champion du monde du 10 000 m donnera le départ du 10 km Le Maine Libre samedi, avant de courir « L’Allonnaise », la nouvelle course solidaire de 5 km dimanche matin. Soulignons qu’Etienne Daguinos (US Talence), actuellement en phase de reprise, a lui aussi dans le viseur les Mondiaux 2026 de cross. L’Euro de cross étant incompatible avec le Marathon de Valence le 7 décembre, Nicolas Navarro, Félix Bour, Bastien Augusto et Valentin Gondouin regarderont la course derrière leur petit écran sur notre page Facebook.

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Les meilleurs y seront avec Pierre Boudy

Chronométré en 28’20 sur 10 km à Bordeaux, l’espoir Pierre Boudy est devenu le troisième Français le plus rapide de tous les temps dans la catégorie derrière Julien Wanders (27’32 en 2018) et Jimmy Gressier (28’12 en 2018). Un résultat qui peut faire du sociétaire du Free Run Athlé 37, neuvième à Antalya l’an passé, un prétendant au podium dans trois semaines à Lagoa. Le vice-champion d’Europe U20 sur 3000 m steeple en 2023 y trouvera une belle opposition avec une flopée d’athlètes pouvant tirer leur épingle du jeu en périphérie du Mans.

Autres candidats qui sont tous en mesure d’intégrer le top 4, citons Anas Lagtiy-Chaoudar (Strasbourg Agglomération Athlétisme), Gaston Romer (Vendenheim Athlé), Aurélien Radja (Stade Sottevillais 76), Timothée Dupont (Stade Sottevillais 76), Florian Guérin (Stade Sottevillais 76), Oscar Thébaud (Ouest Vendée Athlé), Youssef Boutayeb (Grand Toulouse Athlétisme), Maël Henric (EA Rhône Vercors 26-07), Gaël Leprohon (Bourges Entente Athlétisme), Téo Dabos (Limoges Athlé), Ishak Dahmani (Val-de-Reuil AC), Bilal Safadi (EFCVO) et Nathan Simionato (Racing Multi Athlon) pour ne citer qu’eux. Notons l’absence de Baptiste Cartieaux (EACPA) et d’Antonin Saint-Peyre (Athlé Pays de Lorient), actuellement en pleine période de cross universitaires aux États-Unis.

Crédits photos : Jean-Luc Juvin / STADION