Championne de France Elite sur 400 m en 2011 et 2017, Elea-Mariama Diarra a décidé de quitter les pistes à 30 ans alors que les Jeux olympiques de Tokyo ont été reportés d’un an, de 2020 à 2021. Un choix motivé par de nombreuses raisons.
Elea-Mariama Diarra dit « stop ». Une décision mûrement réfléchie bien avant l’arrivée de la crise sanitaire. La Lyonnaise licenciée au Décines Meyzieu Athlétisme avait certainement quelques belles années devant elle et pouvait logiquement espérer se qualifier pour ses troisièmes Jeux olympiques consécutifs à Tokyo l’été prochain, elle aurait eu 31 ans. Entretien.
— Elea, vous avez décidé de mettre un terme à votre carrière à la fin de cette saison. A quel moment avez-vous fait ce choix ?
J’avais planifié cette fin de carrière pour la fin de la saison 2020. Cette année je savais que j’attaquais ma dernière saison. Malgré la crise sanitaire, j’avais déjà préparé la suite et commencé à me projeter dans ma reconversion. Suite au report des JO de Tokyo à 2021 puis à l’annulation pur et simple des Championnats d’Europe de Paris, je me suis toutefois posé la question de prolonger d’une année. Ça aurait été un rêve de conclure sur ces deux événements. Si l’Euro prévu fin août avait été maintenu, il est possible que je me serais lancée dans une dernière saison. Mais avec une motivation en baisse et des pépins physiques encore plus présents que d’habitude, je ne me voyais pas repartir. Mon cerveau commençait tout doucement à partir vers d’autres projets.
— La perspective de disputer les JO de Tokyo en 2021 n’a donc pas suffi à vous inciter à prolonger l’aventure ?
Non cette perspective n’a pas suffi. De plus, ces JO de Tokyo seront différents en raison de la période que nous vivons et c’est ce qui a aussi joué dans ma décision. Les Jeux olympiques sont quelque chose de merveilleux, c’est la plus belle des compétitions et on peut nous enlever cette magie en nous confinant dans le village ou en imposant un stade à huis clos. Il y a aujourd’hui trop d’incertitudes sur la tenue cet événement pour que je continue une année de plus.
— Si vous deviez retenir qu’un moment de votre carrière, quel serait-il ?
On me pose souvent cette question et sincèrement je n’arrive pas à choisir. J’en ai quatre, tous aussi beaux les uns les autres. Les deux premiers sont les titres individuels aux Championnats de France Elite sur 400 m en 2011 à Albi et en 2017 à Marseille (record en 51″92). Personne ne m’attendait vraiment sur ces deux finales, peut-être un peu plus en 2017 qu’en 2011 c’est vrai. Mais ce sont tous les deux des titres qui ont surpris. Et c’est souvent lorsqu’on ne s’attend pas à gagner que les souvenirs sont les meilleurs. En troisième, il s’agit du titre de championne d’Europe du 4×400 m en 2015 à Prague (République tchèque). On avait une super équipe (Agnès Raharolahy, Marie Gayot et Floria Gueï) et toutes les planètes étaient alignées parce qu’on gagne le 8 mars, jour de mes 25 ans et de la Journée internationale de la femme. C’est top l’athlétisme quand tout se passe comme ça. Le quatrième moment fort, ce sont les Mondiaux de Londres en 2017. Si j’ai couru sur 400 m en individuel, c’est notre finale du relais 4×400 m qui m’a beaucoup marquée. Il n’y avait pas les piliers habituels de l’équipe et nos chances de bien figurer étaient minimes. Finalement nous avons terminé quatrièmes, près du podium, nous nous sommes toutes bien battues dans un super stade et dans une super ambiance tout au long de la course.
— Allez-vous rester dans le monde de l’athlétisme ?
Depuis l’année dernière, je fais partie du Comité Directeur du Décines Meyzieu Athlétisme et je compte m’investir de façon plus active. Je souhaite à mon tour transmettre à mon club tout ce qu’il m’a donné. Ça me tient à cœur de faire passer des messages positifs et encourageants à la nouvelle génération d’athlètes. Je tiens à m’impliquer et à faire part de mon expérience.
— Vous avez aussi pu vous familiariser avec d’autres occupations, professionnelles cette fois, cela a-t-il joué dans votre décision ?
Des projets personnels comme celui de fonder une famille. Ça fait évidemment partie des choses que j’ai envie de construire. C’est aussi une des raisons, en partie mais pas seulement, pour lesquelles j’ai décidé d’arrêter ma carrière de haut niveau. En ce qui concerne les projets professionnels, j’étais en création d’entreprise sur un lieu conceptualisé avec différents univers (salle de sport, bar à jus/salon de thé) mais je les ai mis en stand-by crise sanitaire oblige, ce n’est pas le moment d’ouvrir cet endroit. Actuellement, je travaille en tant que community manager chez Helight, un fabricant d’appareil de photobiomodulation, qui était un de mes partenaires. J’ai également comme projet de m’investir en politique, on verra à quel moment et sous quelle forme mais c’est un domaine qui m’intéresse.
Crédits photos : Matthieu Tourault / STADION
© Tous droits réservés