Interview de Sala Cissé, le DJ du Stade de France pour les épreuves d’athlétisme des JO Paris 2024

02 août 2024 à 17:09

Bercé par le sport omniprésent dans sa famille depuis petit, Sala Cissé a été choisi pour devenir l’un des DJ des Jeux olympiques de Paris 2024. Le Meldois anime régulièrement des Meetings ainsi que des grands championnats depuis près de 13 ans et en a fait son métier de rêve. Comme un Graal, le quarantenaire s’occupe de la programmation musicale lors des sessions d’athlétisme au Stade de France dès ce vendredi 2 août. Entretien avec un acteur de l’ombre mais essentiel à la bonne tenue d’une compétition festive.

— Qu’est-ce cela représente pour vous, l’habitant de Meaux (Seine-et-Marne), d’être le DJ du Stade de France lors des épreuves d’athlétisme aux Jeux olympiques et aux Jeux paralympiques de Paris 2024 ?

C’est un moment qui représente beaucoup de fierté pour le résident de Meaux, cette superbe ville bien administrée et où il fait bon vivre, que je suis. C’est une responsabilité, parce qu’on est à domicile et que ce sont nos JOP. Il faut se les approprier, que l’on soit volontaire, prestataire, salarié de Paris 2024, fonctionnaire de police, militaire ou autres… Là j’ai vraiment envie que ça commence ! Depuis le passage de la Flamme et la cérémonie d’ouverture, Il y a une émulation. Sorti de Tokyo, je voulais faire partie des JO de Paris. Clairement je me suis préparé pour.

 

— Comment vous êtes-vous fait une place dans ce monde de l’animation, notamment dans l’athlé ?

Mon grand frère, avant de devenir journaliste, était DJ et s’est musicalement occupé des Championnats du monde d’athlétisme en 2003. En 2009, on avait besoin d’un DJ pour le Meeting de Montreuil. Ils ont appelé mon grand frère qui m’a dit : « Écoute, tu sors de tes études, viens avec moi ». Il m’a montré les rudiments de la culture athlé et ça m’a tout de suite passionné parce qu’il y a tellement de choses qui se passent en même temps. Je me suis retrouvé à 100% ! En athlé, quand je vois un « field of play », ça correspond à ma manière de penser et ça colle parfaitement. J’ai commencé par bien connaître le sport avant d’animer des Meetings avec mon grand frère.

 

— Avez-vous des souvenirs de Meeting d’athlétisme, où vous étiez aux commandes, qui vous ont marqué ?

Entre les championnats d’Europe en salle à Bercy en 2011 et Tokyo en 2021, j’ai beaucoup de souvenirs. Quand le Meeting de Paris se déroulait au Stade de France, c’était fou. J’ai adoré ces moments-là, c’était du pur show. Et Bolt était un show à lui tout seul ! J’adore aussi le Meeting de Monaco. Il réunit tout ce que doit être une compétition. Je le fais chaque année depuis 2010 et je prends énormément de plaisir à chaque fois. L’équipe dirigeante de Monaco a toujours envie de pousser un peu plus loin dans le domaine de l’animation. Il y a quelques semaines, ils ont vraiment voulu qu’on mette un gros focus sur l’animation musicale. Tant que les Meetings et autres événements d’ampleur veulent de moi, l’athlé c’est à vie.

 

« Que ce soit pour 2 000 ou 70 000 personnes, ma mission reste la même : accompagner la performance des athlètes et faire en sorte que le public passe un bon moment »

— Entre les JO de Tokyo sans public où vous aviez ce rôle important de motiver les coureurs et maintenant au Stade de France, qu’avez-vous changé ?

C’est un rôle qui sera différent par rapport au contexte. Que ce soit pour 2000 ou 70 000 personnes (75 000 spectateurs sont attendus chaque jour, ndlr), ma mission reste la même : accompagner la performance des athlètes mais également de faire en sorte que le public passe un bon moment. J’ai clairement évolué depuis les Jeux de Tokyo. J’ai appris également des choses sur les différents événements de masse auxquels j’ai participé. Le but, c’est de pouvoir mutualiser tout ce que j’ai découvert au maximum pour donner le rendu le plus propre possible pendant les JOP. En sachant que je ne serai pas tout seul. Avec moi, il y aura un DJ allemand qui fait partie de World Athletics et qui a l’habitude des événements de masse également.

 

— Vous avez été aux manettes aux Mondiaux de Budapest 2023, qu’avez-vous retenu ?

À Budapest, on avait besoin d’adaptabilité parce qu’au fur et à mesure de la compétition, et ça s’est déterminé très rapidement dès la fin du premier jour, on s’est rendu compte qu’il fallait qu’on change un peu notre direction artistique. J’ai aussi réadapté mon matériel. Suite à cette expérience, je suis passé sur une boîte à rythmes différente que mon compère hongrois utilisait. Et depuis que je l’ai prise, ça m’a délesté d’une charge de travail incroyable. Et la culture hongroise, waouh… j’ai adoré ! 

 

— Est-ce que c’est plus simple pour vous d’animer tout un Stade en France qu’à l’étranger ?

Ce n’est pas forcément plus simple. Comme je le disais précédemment, je dois ambiancer le public et accompagner la performance. Le public sera composé majoritairement de Français, mais je dois également ambiancer d’une manière neutre car on accueille le monde. Il ne faut pas que musicalement le parti pris soit exclusivement français. Mais notre culture est tellement riche, il est important de la faire découvrir.

 

— Comment arrivez-vous à distinguer l’animation avec le public et avec les athlètes ? Etes-vous en relation avec certains d’entre eux pour en savoir plus sur leurs choix musicaux ?

Il y a des moments en athlétisme qui sont propices à la communion avec le public. Et puis d’autres qui conviennent plus à se « focus » sur ce qu’est en train de réaliser l’athlète. Par exemple à la perche, il y a un son qui est défini par l’athlète pour sa prise d’élan. Sur le Perche Elite Tour, on communique beaucoup avec les perchistes pour connaître leurs sons fétiches alors que sur des formats type championnat comme les JO, ce sont plutôt des sons génériques. Ça peut correspondre à une prise d’élan pour un perchiste et en même temps, ça va servir au public pour pouvoir l’accompagner. Il y a un athlète que je kiffe, c’est Trésor Makunda. On s’est croisé aux Championnats du monde de para-athlétisme l’an dernier et il m’a demandé : « mets moi ‘The Time is now’ de John Cena, où il se masque le visage avec sa main ». Et c’est resté. À chaque fois que j’anime une compétition où il est présent, je lui mets ce son et il kiffe. C’est une vraie communion entre la personne que je suis et l’athlète qu’il est. Pour le Meeting de Paris indoor de cette année, il y a aussi eu la Britannique Dina Asher-Smith qui m’a demandé de passer un son alors que la compétition avait déjà débuté. J’ai dû m’adapter et elle a apprécié.

Propos recueillis par Dorian Vuillet
Crédit photo : Didier Échelard

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