1,08 mètre a manqué à Alexandra Tavernier, en finale du lancer du marteau, pour offrir à la France sa première médaille en athlétisme aux Jeux olympiques de Tokyo. Quatrième avec 74,41 m, la Haut-Savoyarde a aperçu le podium de très près. L’un des grands moments, côté Français, d’une journée, où Jimmy Gressier sur 5000 m, ainsi qu’Aurel Manga et Pascal Martinot-Lagarde, sur 110 m haies, poursuivent leur route. Diminué physiquement et victime d’une chute à l’échauffement, Renaud Lavillenie n’a pas réussi à décrocher une troisième médaille olympique. Récit d’une soirée compliquée pour les Bleus.
Alexandra Tavernier peut nourrir quelques regrets. Son premier essai à 73,54 m lance la recordwoman de France sur de bons rails, lui assurant déjà une place dans le top 8 et d’avoir droit aux trois essais supplémentaires, prenant même la tête de la finale. Mais la suite du concours l’a repoussée à la septième place avant le sixième et dernier jet. En dépit d’une amélioration de sa marque lors de son ultime tentative enregistrée à 74,41 m, la protégée de Gilles Dupray à Ploumilliau échoue à 108 centimètres du podium olympique, où la Chinoise Zheng Wang (77,03 m) s’est intercalée entre les deux Polonaises Malwina Kopron (75,49 m) et Anita Wlodarczyk, laquelle a maîtrisé sa partition avec 78,48 m pour assurer un troisième sacre olympique consécutif.
Pour prétendre à la breloque, il aurait fallu qu’Alexandra Tavernier améliore son propre record national (75,38 m), une mission qui était à sa portée quand on connaît toute l’étendue du talent de lanceuse de 27 ans.
Renaud Lavillenie au courage
En souffrance, après une entorse contractée au début du mois de juillet à Sotteveille, Renaud Lavillenie, double médaillé aux JO (or en 2012 et argent en 2016), n’a pu réussir la passe de trois. À l’échauffement, le champion olympique de Londres a chuté lourdement et d’assez haut (4 mètres) lors d’un saut. On s’est même demandé si l’ancien recordman du monde (6,16 m en 2014) pourrait participer au concours. Il y est bel et bien allé, en serrant les dents, en se mordant les lèvres, en se testant avec de courtes accélérations et en s’appliquant de la glace sur le talon droit.
Poussé par son envie de briller après cinq années passées à préparer l’événement, le Clermontois coaché par Philippe d’Encausse a trouvé les capacités mentales de dompter 5,70 m, sa barre de rentrée, du premier coup. Une preuve supplémentaire que le plieur n’est pas fait du même bois que le commun des mortels et qu’il est capable de supporter des souffrances au-delà de la normale. Après une impasse tactique à 5,80 m, il fait son retour au bout du sautoir à 5,87 m. Pour une première tentative avortée. Et une nouvelle impasse à 5,92 m où il va jouer son va-tout. Le premier de ses deux sauts fut encourageant, manquant juste de profondeur. Le second, moins.
Il se classe huitième d’un concours dominé par le Suédois Armand Duplantis (6,02 m) qu’il aura géré avec sa tête et à l’économie avec quatre sauts au total. Au vu de ses dernières prestations, on a de gros regrets de ne pas avoir vu Renaud Lavillenie à 100% de ses capacités, le podium étant accessible à 5,87 m.
Jimmy Gressier assure
Rayon satisfactions du jour, on retiendra la belle qualification de Jimmy Gressier pour la finale sur 5000 m. Série parfaitement contrôlée pour le Boulonnais qui a pris le bon wagon dans le dernier tour pour accrocher le groupe de neuf athlètes qui s’était nettement détaché. Neuvième de la deuxième série en 13’33″47, le triple champion d’Europe espoirs de cross a lâché progressivement plusieurs mètres, adaptant sa fin de course aux chronos de la première série qui s’est courue plus lentement, sachant qu’il sera de la partie vendredi à 14 heures. « Je me suis retourné à 800 m du terme, j’essaie de m’économiser intelligemment. Je me dis qu’il faut en garder pour la finale mais je vous garantis que si l’on était onze aux coudes-à-coudes, je n’aurai rien gardé ».
Positionné dans la première série très tactique et sur un rythme lent où tout s’est joué dans le dernier tour, Hugo Hay (7e en 13’39″85), a quitté la compétition plus tôt qu’il ne l’espérait. « Ils ont vu que l’on n’avait pas couru vite donc pour eux il suffit de se mettre sur notre rythme qui est 13″40 et ils vont prendre les places qualificatives. Je sais que la finale était accessible. Je finis pas loin, à l’emballage il me manque juste un petit truc, c’est rageant. »
Le malheur de Wilhem Belocian
Il doit se croire maudit. Disqualifié pour faux-départ en séries en 2016 à Rio, Wilhem Belocian avait vu ses Jeux olympiques s’arrêter avant même d’avoir commencé. Un déboire qu’il espérait effacer définitivement au Pays du Soleil levant. Mardi, l’élève de Ketty Cham été disqualifié dès les séries après avoir refusé le neuvième et avant dernier obstacle.
Le Guadeloupéen de 25 ans a multiplié les énormes fautes techniques et perdait de la vitesse. Deux échecs retentissants et douloureux pour celui qui a remporté le titre de champion d’Europe du 60 m haies en mars à Torun (Pologne). Tokyo n’a été donc pour lui qu’un terrible remake de Rio. Pendant de longues secondes, il est resté accroupi au bord de la piste. Sonné. Une énorme chance de médaille s’est évaporée pour l’équipe de France.
Manga et PML en demi-finales du 110 m haies
Toujours du côté des hurdlers français, Aurel Manga, brillant vainqueur de sa série en 13″24 (-0,2 m/s), son record personnel égalé, et Pascal Martinot-Lagarde, deuxième de sa course en 13″37 (-0,1 m/s), son meilleur chrono de la saison, continuent leur chemin. Les Tricolores devront batailler avec une foule d’adversaires de très haut niveau pour aller chercher la médaille dont ils se sont mis en quête. Grand favori au titre olympique, l’Américain Grant Holloway a été le plus rapide de la soirée en remportant sa série en 13″02 (-0,2 m/s).
Interdiction formelle d’oublier de mettre votre réveil cette nuit : Kevin Mayer attaque son décathlon olympique à Tokyo dès 2h00. Bien évidemment, vous pourrez suivre en direct commenté sur notre site et nos réseaux sociaux les résultats et l’évolution du recordman du monde tout au long de ces deux jours.
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Crédits photos : Solène Decosta / STADION
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