Le monde entier a découvert Kevin Mayer à Rio en 2016. Regard d’ange, franc-parler, et un talent immense. Un titre mondial et un record planétaire (9126 points) plus tard, le combinard français n’a plus rien à prouver. Reste cette médaille d’or aux Jeux olympiques de Tokyo à aller chercher, pour effacer les souvenirs de Berlin et de Doha, et ajouter son nom à la caste des très grands. On décrypte les 10 épreuves du décathlon qui l’attendent ce mercredi 4 et jeudi 5 août.
La grande première. Celle qui lance les hostilités. Depuis Rio, Kevin Mayer a toujours battu son record personnel sur 100 mètres dans les grands événements. Des Jeux brésiliens (10″81) à Doha (10″50), en passant par Londres, Berlin et Talence, le chrono n’a cessé de baisser. Autrement dit, un nouveau record dès la première épreuve serait plutôt bon signe. En effet, le combinard de 29 ans se mettrait dans d’excellentes conditions psychologiques pour la suite de ses travaux, qui s’étendront sur deux jours.
Record personnel : 10″50 en 2019
L’une des étapes les plus piégeuses du décathlon. Celle qui, en cas de mauvaise planche, peut condamner tout espoir de médailles. Kevin Mayer en a fait l’amère expérience à Berlin en 2018. Un an après son titre mondial acquis à Londres, le Montpelliérain est logiquement le grand favori pour empocher le titre continental. Trois essais mordus ont ruiné ses ambitions. Championnats d’Europe terminés. Un mois plus tard, il réussit 7,80 m, et bat le record du monde à Talence. À Monaco, le 9 juillet dernier sur son seul meeting de l’année, Mayer n’a pas fait mieux que 7,35 m, en mordant trois des cinq sauts. De quoi travailler les derniers réglages et prendre quelques repères avant les Jeux. « Je m’attendais à faire 7,50, 60 m, j’ai refait une séance à l’entraînement et tout allait bien », confirme-t-il en conférence de presse.
Record personnel : 7,80 m en 2018
Première épreuve de lancer de la compétition, et une où Mayer a le plus progressé ces dernières années. Sa meilleure marque est 17,08 m, établie au Meeting Diamond League de Paris en 2019. Soit 57 centimètres de mieux que son précédent record. Signe qu’il reste sur cette dynamique, l’ancien champion du monde a réalisé la meilleure performance de sa carrière en salle aux Europe de Torun en mars avec 16,32 m. Prometteur.
Record personnel : 17,08 m en 2019
Elle est, pour Kevin Mayer, l’une des épreuves les plus dangereuses de ce décathlon. Le Montpelliérain a pourtant un solide record à 2,10 m en salle (2010), et 2,09 m en plein air (2012). Mais depuis quelques années, les concours sont plus compliqués. À Doha en 2019, cette quatrième étape signait même le début d’un calvaire. Le recordman du monde du décathlon souffre alors du tendon d’Achille, et cette blessure entraîne des douleurs difficilement supportables. Il s’y prend à trois fois pour passer 1,99 m. À La Réunion en décembre dernier, pour atteindre les minima olympique, Kevin Mayer franchit 1,97 m. À surveiller de près, car le genou pourrait souffrir à l’impulsion, et son corps ne le lâche pas : « J’ai une petite douleur au dos qui va de mieux en mieux, à part ça je me sens incroyablement bien ».
Record personnel : 2,10 m en 2010
Dernière épreuve de la journée, celle où il faut lâcher les chevaux et essayer de résister au lactique qui s’empare des cuisses. Le tour de piste n’est pas sa distance de prédilection mais le vice-champion olympique de Rio en titre reste régulier autour des 48″30. Pour conclure en beauté et rester au contact de Warner, il devra courir au niveau de son record (48″26 à Londres en 2017). À l’issue de ce tour de piste, ce sera l’occasion de faire un premier bilan au classement. Même si Kevin Mayer est conscient que ses points forts se trouvent plutôt le lendemain : « Je connais ma deuxième journée, je connais la sienne (en parlant de Warner). Il n’y aura pas que lui qui sera devant moi lors des premières épreuves. »
Record personnel : 48″26 en 2017
Les haies, synonymes de retour sur le stade, et début du deuxième jour. Le corps commence à amasser de la fatigue, il faut gérer les petites douleurs. Les muscles crient souffrance, mais tout le monde est au même stade. Kevin Mayer a bien progressé sur les obstacles, comme en atteste son record personnel, battu fin 2020 à la Réunion, en 13″54 (+1,8 m/s). Pour faire baisser le chrono, le jeune homme de 29 ans n’hésite pas à aller chercher la confrontation avec les hurdlers, en championnat ou en meeting. Un travail qui paie.
Record personnel : 13″54 en 2020
Première épreuve de lancer de la journée, c’est aussi une des disciplines où Mayer est le plus régulier. Depuis 2017, il lance régulièrement au-dessus des 50 mètres. Cet hyperactif passionné par son sport est capable de propulser son engin au-delà des 52 mètres, dans un très grand jour. C’est d’ailleurs à l’issue de cette discipline que Kevin Mayer devra creuser l’écart avec ses principaux concurrents.
Record personnel : 52,38 m en 2018
On a tous en mémoire les images terribles de Doha, où le tenant du titre avait dû abandonner, terrassé par la douleur. Et soudain, c’est le blocage. Il ne parvient plus à sauter à l’entraînement. Trop d’appréhension à l’approche du sautoir, la tête s’y refuse. Mayer va prendre des conseils du côté de Clermont et de Philippe d’Encausse, le coach de Renaud Lavillenie. Et finalement, il décide de ne plus sauter à l’entraînement. Tout se débloque au Meeting de la Réunion, fin 2020 : 4,65 m. C’est loin de son record en salle (5,60 m en 2018) en plein air (5,45 m en 2018), mais suffisant pour retrouver confiance.
Record personnel : 5,60 m en 2018
La dernière épreuve de lancer. L’occasion de creuser l’écart, ou le rattraper, c’est selon. Les jambes sont lourdes après la perche. S’il n’a pas lancé en compétition officielle cette année, Mayer parvient depuis 2017 à envoyer son javelot au-delà des 67 mètres. En cas de score serré, le résultat de cette neuvième étape sera forcément important.
Record personnel : 71,90 m en 2018
Ces derniers tours de piste ont des allures de calvaire. Quand toutes les épreuves demandent vitesse et explosivité, celle-ci requiert endurance et gestion. C’est la tête qui régit le corps fatigué. S’il détient un record personnel en 4’18″04, ses dernières performances lors de son record du monde à Talence et son titre mondial se situent aux alentours des 4’36. Pour progresser dans les autres disciplines, il fallait accepter de perdre quelques secondes sur celle-ci. Cette dernière épreuve peut avoir un grand aspect tactique dans la bagarre pour le titre. Mais avant, il faut déjà entrer en lice.
Record personnel : 4’18″04 en 2012
Les grands débuts sont prévus mercredi, à 2h du matin. « Je n’ai qu’une hâte, c’est d’être dans les starting-blocks ». Nous sommes prévenus. Bien évidemment, vous pourrez suivre en direct commenté sur notre site et nos réseaux sociaux les résultats et l’évolution du Français tout au long de ces deux jours.
Texte : Mathilde L’Azou
Crédit photo : Matthieu Tourault / STADION
STADION À TOKYO !
Votre média Stadion a le plaisir d’annoncer sa présence aux Jeux olympiques de Tokyo. Notre rédaction a conçu un espace rien que pour vous, qui vous permettra de suivre au plus près l’intégralité des épreuves d’athlétisme (sélection tricolore, les retransmissions TV, le programme jour par jour, les résultats et les clichés des Bleus…). Bons Jeux en notre compagnie !
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