Respectivement qualifiés en finale du 800 m et du 100 m haies, Gabriel Tual et Cyréna Samba-Mayela se sont rapprochés d’une médaille tant espérée, vendredi matin, aux Jeux olympiques de Paris 2024. La matinée presque parfaite pour le clan tricolore s’est poursuivie avec les relais 4×100 masculins et féminins qui ont assuré leur place en finale dans un Stade de France bouillant.
Gabriel Tual peut avoir le smile. Comme il y a trois ans à Tokyo, le Champion d’Europe du 800 m s’est ouvert les portes de sa deuxième finale olympique consécutive (7e à Tokyo en 2021) après avoir brillamment terminé deuxième de sa demie derrière le champion du monde canadien Marco Arop (1’45″05), ce vendredi matin. Le champion d’Europe 2024 a coupé la ligne en 1’45″16 en accélérant, comme à son habitude, dans les 100 derniers mètres. « C’était pas facile, il y avait beaucoup de pression, analysait le demi-fondeur de l’US Talence. C’est toujours compliqué d’aborder les demies. J’étais assez tendu au départ, mais l’objectif était de passer en finale et c’est fait ». Le récent recordman de France (1’41″61) tentera de faire mieux que sa septième place aux derniers JO, samedi dès 19h05. « Maintenant, je vais jouer pour gagner, confiait-il avec assurance. Si ça passe tant mieux, sinon c’est pas grave. Le principal est de ne pas avoir de regrets. Le plus dur est passé, le plus gros pic de stress aussi. En finale, toutes les cartes sont rebattues. Je pense qu’on va rigoler demain (samedi) car trois courses en quatre jours, ça va piquer. Cela va écrémer, vu comment ils ont couru dans la troisième demi-finale. J’ai des cartes à jouer, il faudra les jouer au bon moment et de la bonne façon. »
La concurrence sera de taille avec l’Algérien Djamel Sejdati et le Kényan Emmanuel Wanyonyi qui ont remporté les deux autres demi-finales en patron. Le Britannique Max Burgin (1’43″50) et l’Espagnol Mohamed Attaoui (1’43″69), troisième et quatrième de la dernière course, se qualifient avec les meilleurs temps. Gabriel Tual a-t-il les capacités de repartir de Saint-Denis avec une breloque ? Tous les fans d’athlé français croisent les doigts.
Voir cette publication sur Instagram
Cyréna Samba-Mayela in extremis
D’un souffle, la prétendante à la médaille Cyréna Samba-Mayela a arraché son ticket pour la finale du 110 m haies. La hurdleuse de 23 ans, lunette de « Retour vers le Futur » sur le nez, a franchi la ligne de la troisième demi-finale en 12″52 et s’est qualifiée avec le dernier temps. Après un très bon départ, la championne d’Europe 2024 s’était heurtée à la dixième et dernière haie qui lui ont coûté une meilleure place, même si l’essentiel était assuré. « Les sensations sont très bonnes, indiquait la pensionnaire du Lille Métropole Athlétisme en zone mixte. Je savais qu’aujourd’hui j’allais jouer l’une des plus grosses courses de ma vie et qu’il fallait pouvoir tout donner. Je n’ai pas très bien dormi mais aujourd’hui j’ai su sortir les jambes, j’ai su être là. Je fais une petite bêtise sur la fin mais en tout cas ça témoigne que le nerveux est là, les jambes sont là. J’ai hâte d’être à demain, le job est fait, je passe en finale. Demain on recommence avec plus de maîtrise et je vais tout donner. En tout cas, le travail est fait et demain je compte faire mieux. Les cartes seront redistribuées, on va chercher la médaille ». Mais pourquoi ces larges lunettes de soleil portées alors que ce n’était pas son habitude ? « J’ai eu un problème technique avec mon maquillage, voilà. », a répondu « CSM », tout sourire.
Voir cette publication sur Instagram
Coup de tonnerre, la recordwoman du monde Tobi Amusan avait pris la porte, alors que c’était allé très vite pour les Américaines Alaysha Johnson (12″34), Grace Stark (12″39) et Masai Russell (12″42) ainsi que pour la supersonique Portoricaine championne olympique Jasmine Camacho-Quinn (12″35). Rendez-vous ce samedi soir à 19h35 pour espérer voir Samba-Mayela monter sur la boîte.
Les Bleus du relais 4×400 m en finale
C’est la première fois aux JO que les cinq relais tricolores (en incluant le 4×400 m mixte) sont en finale ! Alors que les 4×100 m masculins et féminins français tenteront de ramener une (ou plusieurs) médaille(s) ce vendredi soir, leurs camarades du 4×400 hommes et femmes ont également rallié la grande explication. Premières sur la piste violette, Sounkamba Sylla, Shana Grebo, Alexe Deau et Amandine Brossier sont allées chercher leur billet, terminant à la troisième place en 3’24″73 d’une série dominée par les États-Unis (3’21″44) tandis que la Grande-Bretagne (3’24″72) s’était incorporé entre les deux nations. Les Tricolores peuvent remercier le finish de tonnerre de l’Angevine Brossier, passé par l’intérieur comme une filoute.
À noter que la finaliste du 400 m haies ce jeudi soir, Louise Maraval, n’avait pas répondu présente mais sera sûrement titulaire samedi soir. « Je me suis amusée, réagissait la dernière relayeuse du jour. Les filles avaient très bien fait le job avant, ce n’était pas évident pour elles avec ce bruit et cette foule en folie. Elles m’ont laissé un peu de travail pour que j’aille bien m’amuser. C’est ce que j’ai fait. J’étais contente de pouvoir recoller tout de suite. Cela fait plaisir de terminer à l’une des trois premières places, comme on s’était promis de le faire. J’ai failli me prendre la lisse (bordure de piste), je pensais que la Belge allait se décaler un peu plus. J’ai pris un risque en restant à l’intérieur. Je pense que j’avais les jambes pour me décaler mais vu qu’elles étaient deux, je me suis dit que j’allais rester à l’intérieur. La Belge n’a quasiment pas ouvert le champ, mon témoin tape son bras ou sa jambe. J’ai réussi à passer, c’est l’essentiel. »
Voir cette publication sur Instagram
Encore plus forts, les garçons ont assumé leur statut de médaillé d’argent des Mondiaux de Budapest l’été dernier. Mouhammad Abdallah Kounta est parti tranquillement avant que Gilles Biron et Téo Andant ne refassent leur retard et envoient sur orbite Fabrisio SaÏdy pour s’imposer en 2’59″53 devant le Nigeria (2’59″81) et la Belgique (2’59″84). Les Tricolores ont signé le cinquième temps tandis que le Japon et la Zambie étaient passés au temps, pas l’Italie. « Ce qu’on visait, c’est entrer en finale, exposait Kounta. On a fait le taff. Demain est un autre jour, tout sera remis à zéro. On va donner le meilleur de nous-mêmes et avec l’aide de public, la gnaque, on va tout faire pour monter sur la plus haute marche, pas juste aller chercher une médaille. Soyez prêts ! J’ai tout fait pour mettre Gilles (Biron) dans les meilleures conditions. Je suis fier de chacun de mes partenaires. Ils ont tous bien joué leur rôle. On est en finale, c’était l’objectif. Avec la gagne, c’est encore mieux. On aura un bon couloir et on voudra finir le taf ». Dans la première série, le nouveau champion olympique du 200 m Letsile Tebogo jouait les pompiers de service et a emmené le relais botswanais (2’57″76) vers la finale dont les Américains seront les grandissimes favoris.
Voir cette publication sur Instagram
Auriana Lazraq-Khlass, 18e à l’heptathlon
Dos au mur après deux essais mordus lors du saut en longueur, Auriana Lazraq-Khlass n’a validé qu’une dernière marque à 5,59 m (+1,3 m/s) avec une énorme marge pour respirer un bon coup. La suite au javelot n’a pas non plus été très reluisante avec un meilleur jet enregistré à 45,37 m, loin des 48,23 atteints cette année. La Messine vire toujours au 18e rang avec 5137 points tandis que la Belge Nafissatou Thiam a repris les reines de l’heptathlon alors que Katarina Johnson-Thompson est menée avant de débuter cette deuxième et ultime journée. La double championne olympique en titre possède 121 longueurs d’avance sur la Britannique et file vers le triplé. La grande perdante du jour n’est d’autres qu’Anna Hall, troisième à 10h et rétrogradée en 5e position (5567 points) après midi. Il ne reste qu’une épreuve, le 800 m à 20h25.
Tous les résultats de l’athlétisme aux JO de Paris 2024
Texte : Dorian Vuillet
Crédits photos : Solène Decosta & Gaëlle Mobuchon / STADION
