Matinée tendue aux Jeux olympiques de Paris 202 avec les belles qualifications de Gabriel Tual et Samba Cyréna-Mayela mais aussi l’imbroglio des séries du 5000 m où Hugo Hay s’est dépêtré après un carambolage dans le final. Le fantasque italien Gianmarco Tambieri a fait le show dans un concours de la hauteur rocambolesque. Récap de quelques heures d’athlétisme rythmées par des batailles acharnées.
Une bousculade a sans doute fait les affaires de Hugo Hay dans la première demi-finale du 5000 m. Lui s’est tendu à l’arrivée avec le Britannique George Mills qui l’accuse de l’avoir touché et poussé, entraînant, selon lui, son passage au sol. Une chute collective avait marqué les esprits quand quatre coureurs étaient tombés ensemble à l’entame de la dernière ligne droite alors que le Tricolore avait terminé dans les huit (7e en 14’09”22). « L’Anglais m’a dit que c’est moi qui l’ai poussé, mais je n’ai rien senti. Il avait l’air très énervé contre moi », réagissait Hugo Hay à chaud. Malgré les appels des fédérations, le pensionnaire du Sèvre Bocage AC n’a pas été reconnu coupable du carambolage dans sa course et répartira bien avec la qualification en poche et est revenu sur cet épisode en zone mixte. « Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, je n’ai rien senti du tout, tentait d’expliquer le Bressuirais de 27 ans à nos confrères de Ouest France. J’étais étonné que Georges (Mills) vienne me voir après la course. J’ai senti comme d’habitude, ça a poussé dans le dernier 400 m, c’était vraiment une boucherie. Je me suis retourné et il n’y avait plus personne, c’était incroyable. Je ne sais pas du tout ce qu’il va se passer, ça me fait peur. Pour moi, je suis passé de manière limpide… Je vais regarder les images, si je suis coupable désolé… Je pense qu’on m’a poussé, c’est tout. Je ne pense pas avoir fait de mauvais gestes. Au 200 m, un des Kényans me passe devant, en me coupant devant ! Ma course est arrêtée totalement, je dois relancer comme un porc et reprendre tout le monde. Ce dernier 400 m était un carnage ! C’est bizarre, parce que je me sens super bien, c’était super facile, je suis arrivé dans la forme de ma vie. J’étais confiant, j’ai démontré que j’avais le niveau. J’espère juste que ça va le faire et que je vais passer en finale. »
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« Je savais que je partais à l’abattoir »
Avec un 10 000 m dans les pattes et quelques jours de fièvre qui ont suivi, Jimmy Gressier dépotait en tête durant les les 2 000 premiers mètres, échouant à une place de la finale en tant que neuvième (14’09”95). « J’ai été malade pendant trois jours, je ne sais pas si c’est le Covid ou pas même si les tests étaient négatifs, indiquait le Boulonnais. J’avais 39 de fièvre et la décision était de ne pas courir. Je prends des précautions et je suis resté avec un masque en dehors de la piste. J’étais très diminué. La volonté de courir et l’amour de la course à pied ont fait que j’ai pris la décision de courir. Je savais que je partais à l’abattoir. Je n’avais rien à perdre. Ça reste une 13e place, les puristes me reconnaîtront. Je suis content de moi et c’est un championnat réussi. J’aurai aimé être à 100% sur ce 5 000 m. J’ai tout donné même si ça ne rentre pas en finale. J’ai eu une tendinite bursite avec fissure avant les Championnats d’Europe à Rome. Ce n’était pas facile. En échec à Rome, j’ai pu rebondir aux Jeux olympiques. Même si ça reste un championnat, j’ai quand même battu le record de France du 5 000 m. J’ai vu que ça poussait (sur la chute dans le final) et c’est la bataille. Pour moi, il faut être bon joueur et accepter que la course à pied est un sport de contact ».
Dans la seconde série, Yann Schrub, longtemps bien placé mais gêné par une nouvelle chute et émoussé dans le final, a fini avec le onzième temps (13’53”27). Insuffisant pour rallier la finale dont le Norvégien Jakob Ingebrigtsen voudra en sortir avec une médaille, lui qui a fini en dehors du podium sur 1500 m ce mardi. A noter que le champion olympique en titre de la distance, l’Ougandais Joshua Cheptegei, ne s’était pas présenté alors qu’il avait été sacré sur 10 000 m il y a six jours.
MAJ 07/08 à 18h00 : Gêné dans la dernière ligne droite de la deuxième série du 5000 m ce matin, Yann Schrub (11e en 13’53″27), initialement éliminé, a été repêché et participera à la finale du 5000 m samedi 10 août à 19h50. Il y aura 21 athlètes au départ suite à d’autres repêchages dans la première série.
Gabriel Tual, quelle sérénité !
Parmi les derniers espoirs de médaille français au Stade de France, Gabriel Tual a parfaitement débuté son chemin vers le podium olympique lors d’un mercredi matin riche en rebondissements. Le troisième performeur de la saison et recordman du 800 m dans l’hexagone depuis le Meeting de Charléty (1’41″61) a couru intelligemment, comme à son habitude, en donnant un gros coup de boost dans les 100 derniers mètres de la deuxième série. Le Lot-et-Garonnais a terminé en tête, devant l’Irlandais Mark English, et a bouclé son double tour de piste en 1’45 »13 (6e chrono des séries). « Il reste du boulot mais le premier cap est passé, se rassurait le demi-fondeur de l’US Talence. C’était stressant et c’était la première fois que je mettais les pieds dans ce stade complet. Il y avait aussi des prises de repères. On a beau essayer de se préparer comme on peut, finalement on peut prendre de la graine avant les demies. Je me base sur moi et pas sur les autres. C’est quasiment la même tactique même si c’est parti vite. J’ai déroulé en attendant toute la course avant d’accélérer à la fin. C’est la tactique qui marche à chaque fois depuis un moment. Je me sens comme à Charléty. Je me concentre sur moi et s’il y a une médaille ou que ça ne fonctionne pas, je ne veux pas de regrets. On ne s’entend pas courir et respirer. Il faut être dans le stade pour vivre ça, c’est indescriptible. Ça me donne de la force. Toute la course, j’avais envie de tracer. »
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Le sort n’a pas été aussi favorable pour Benjamin Robert et Corentin Le Clezio. Sans pouvoir suivre l’accélération des meilleurs de sa course, le Toulousain est resté bloqué à la quatrième place en 1’44″92 et a raté la qualification directe pour les demi-finales pour seulement 6 centièmes. Juste après lui, Le Clezio a échoué au même 4e rang de l’ultime série (1’45″42), après une belle remontée. Les deux frenchies sont reversés en repêchages, jeudi à partir de 12h tandis que les demi-finales se dérouleront elles vendredi à 11h30, puis la finale à 19h05 le lendemain.
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Cyréna Samba-Mayela qualifiée en demies du 100 m haies
De retour au fur-et-à-mesure alors qu’elle avait été contaminée par le Covid-19 quelques jours après son sacre aux Championnats d’Europe, Cyréna Samba-Mayela débutait sa quête de breloque olympique ce mercredi matin. Pas encore saignante, la hurdleuse du Lille Métropole Athlétisme a signé le troisième chrono de sa série en 12”56 (+0,8 m/s), ce qui lui permet tout de même d’accéder aux demi-finales du 100 m haies prévues vendredi dès 12h05. « Mes sensations sont très bonnes, réagissait la recordwoman de France de la spécialité (12″31). J’ai senti le plaisir directement puis ça m’avait enlevé du stress si possible puisque les Jeux viennent dans ma carrière, pour cette génération 2024. J’étais prête aujourd’hui à assurer. Je me suis concentré sur le fait de prendre du plaisir avec le service en public, et surtout de faire ce que j’ai l’habitude de faire, de passer les haies step by step. Depuis le début des Jeux et je regardais les autres, j’avais que hâte d’arriver et puis de pouvoir clôturer cette fête avec le meilleur pour la fin. Ça fait énormément de bien (de faire une course de grands championnats). Après la période où ça a été très difficile pour moi et où je n’avais pas de bons résultats, j’ai eu de belles sensations qui reviennent. Je pense qu’il m’en reste encore énormément dans les mains pour la suite de la compétition. Je pense que là, ce premier tour, ça a commencé à dégoupiller un peu le tout. Ce n’est pas quelque chose sur lequel je peux parler (à propos des résultats moyens des Bleus). Je ne suis pas une déesse qui prétend pouvoir sauver la France. Par contre, je sais ce que je sais faire. Je sais que j’ai du potentiel. Et je sais qu’en faisant ce que j’ai l’habitude de faire,et me donnant le meilleur de moi-même, je peux obtenir de bons résultats et une médaille. Je ne suis pas là par surprise. Il y a des résultats qui se sont quand même construits. Et puis je pense que si les personnes croient en moi, c’est parce qu’elles reconnaissent mon travail. J’ai confiance en mon travail. Je ne suis pas là pour faire des chronos, je suis là pour gagner. Donc si ça suffit pour passer au prochain tour, c’est bon. Chaque couloir, je suis censée faire le même travail. J’ai pu voir le plaisir sur le visage de tout ce public et je m’en sers ». Sa compatriote, Laëticia Bapté tentait également de se qualifier directement pour le dernier carré mais a terminé 5e (13”04) et aura une autre chance en repêchages, jeudi.
Mutaz Barshim se blesse… mais rejoint Gianmarco Tamberi en finale
Enfin, Gianmarco Tamberi, revenue à Paris après avoir été hospitalisé en Italie pour des calculs rénaux, a passé le cap des qualifications de la hauteur avec 2,24 m au premier essai, avant d’échouer à 2,27 m, suffisant pour espérer reconquérir l’or olympique. Son jumeau de Tokyo, Mutaz Barshim a crampé au mollet gauche lors de son premier essai à 2,27 m alors qu’il avait aisément franchi 2,24 m. Le triple champion du monde de 33 ans s’est ensuite fait masser quelques minutes, et a pu se remettre en piste pour sa deuxième tentative. En fin de compte, le Qatari a facilement franchi ces 2,27 m mais est resté allongé quelques secondes sur le tapis avant de quitter la piste, qualifié pour la finale qui aura lieu samedi à partir de 19h00.
Tous les résultats de l’athlétisme aux JO de Paris 2024
Texte : Dorian Vuillet
Crédits photos : Solène Decosta & Gaëlle Mobuchon / STADION
