JO Paris 2024 : Les Bleus dansent la Samba-Mayela !

10 août 2024 à 23:40

Comme un goût doré pour une équipe de France d’athlétisme pas en réussite côté récompenses lors de ses Jeux olympiques de Paris 2024 au Stade de France, Cyréna Samba-Mayela a décroché la seule et unique médaille des Bleus en argent sur le 100 m haies ce samedi soir. Pour elle qui revenait de si loin après avoir contracté le Covid en juin dernier, c’est une délivrance au bout des larmes. Récit !

On s’impatientait tant d’écrire cette phrase et elle est enfin là : « la France remporte une médaille en athlétisme ». Et celle qui a sauvé la patrie d’un chou blanc presque inadmissible lors de la dernière session d’athlé au Stade de France, ce samedi, ne pouvait qu’être Cyréna Samba-Mayela, n’en déplaise à la FFL (Fédération Française de la Lose). Championne d’Europe à Rome sur 100 m haies, la Tricolore faisait partie des sérieuses prétendantes à la médaille d’un clan bleu qui est passé à rien d’être fanny niveau breloque. Couronnée d’argent dans un écrin en ébullition, l’équipe de France ne pouvait que la remercier même si elle ne se voyait pas « comme une sauveuse ». Heureusement, la Française a tenu son rang dans un couloir numéro 2 pas évident à aborder. Ses larmes après l’apparition des résultats sur le grand écran en disaient énormément. « Tout s’est concrétisé quand j’ai vu mon nom qui s’est affiché sur l’écran, soufflait-elle en zone mixte. À ce moment-là, je ne pouvais que pleurer ». On l’imaginait même championne olympique mais un petit centième l’a finalement séparé de l’Américaine Masai Russell (12″33), qui a signé un finish d’enfer et un cassé décisif. La hurdleuse de 23 ans franchissait, elle, la ligne en 12″34 avec une aisance insoupçonnée il y a quelques années.

 

 

« Une médaille d’argent vaut tout l’or du monde »

Elle était venue chercher ce métal doré et ne s’en cachait pas, mais s’est contentée de monter sur la deuxième marche du podium. « Je n’étais venue que pour l’or, confiait l’un des joyaux des haies dans l’hexagone. Sur mon fond d’écran, depuis des mois, c’était la médaille d’or. Je suis à un centième d’y être. Mais pour moi, une médaille d’argent vaut tout l’or du monde. » Les chiffres pour analyser cette sublime médaille sont hallucinants. Selon la vitesse moyenne de Samba-Mayela et Russell sur cette course, cela représente 8 centimètres, mais sans doute moins en réalité, puisqu’elles ont franchi l’arrivée quasiment à pleine vitesse. L’avion de chasse renommé « CSM Airlines » semblait la plus rapide des finalistes aux 60 m selon les données fournies par le chronométreur Omega, flashée à une vitesse de 32,4 km/h. La seule médaillée tricolore sur la piste violette s’était même payé le luxe de voir dans son rétroviseur sa partenaire d’entraînement et médaillée d’or de Tokyo, Jasmine Camacho-Quinn, en bronze (12′ »36) à l’issue d’une course inoubliable. Cette médaille de la Val-de-Marnaise est seulement la troisième de l’histoire pour une Tricolore dans la discipline. Elle imite ainsi Michèle Chardonnet (Los Angeles 1984) et Patricia Girard (Atlanta 1996), toutes les deux médaillées de bronze. L’histoire s’en souviendra.

 

 

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Une nouvelle vie aux Etats-Unis et les ennuis du Covid

Revenue des enfers en demi-finales où elle avait arraché le dernier chrono qualificatif, la native de Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) poursuit sa formidable ascension, elle qui avait décidé fin 2023 de quitter son entraîneur, Teddy Tamgho, pour prendre la direction d’Orlando (États-Unis) et du camp d’entraînement de l’Irlandais John Coghlan où elle s’est complètement épanouie. Une aide de plus pour agrandir son palmarès déjà bien rempli avec le titre de championne du monde en 2022 à Belgrade, la médaille d’argent en mars à Glasgow et la seconde place des Mondiaux du 60 m haies en salle cette année sans oublier les trois sacres nationaux en plein air (2020, 2021 et 2023). Le Covid, qu’elle avait contracté fin juin après son sacre aux « Europe », avait empêché la Frenchie d’évoluer à son meilleur niveau. « On ne va pas se mentir, le Covid a eu un gros impact, confiait son coach John Coghlan. Mais je suis confiant dans sa capacité à retrouver un très haut niveau. » Ce n’est pas pour autant qu’elle a parfaitement boxé le virus malgré des sorties compliquées à Lucerne (Suisse) et Schiffange (Luxembourg) en amont de ces JO.

 

 

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Des moments de doutes sont apparus sans cris égards. « Avec le Covid, ça a été super difficile et vivre ailleurs sans ma famille, ça a été trop dur, avouait-elle. Toute cette année a été tellement difficile et il y a beaucoup de fois où j’ai voulu quitter tout ça. J’ai conscience que je ne suis pas invincible. Avoir tout ce système de support autour de moi, c’est vraiment ce qui m’a aidée à me réaliser aujourd’hui à mon meilleur et surtout à renaître de mes cendres. J’ai douté il y a quelques semaines de pouvoir défendre mes chances et très honnêtement, je me suis fait les pires scénarios de ces Jeux ». Les symptômes n’avaient rien d’une simple maladie passagère. « J’ai eu une grosse fatigue et une inflammation sur plusieurs semaines, indiquait la nouvelle coqueluche de l’athlétisme français. Je pense que les gros symptômes comme le bruit, des nuits de tête et l’inflammation du corps étaient vraiment exacerbés sur une semaine et demie. J’ai eu des séquelles tout le reste du mois de juillet. J’avais une sciatique par exemple. C’est un dérèglement du corps. Le corps est perturbé, il est en état d’alerte. Je ne sentais plus les mêmes sensations que d’habitude ». Des troubles qui ont pu lui faire douter de son talent que personne ne peut contester dorénavant. « Mon talent avait disparu et s’était évaporé, constatait la sociétaire du Lille Métropole Athlétisme. Il a fallu reconstruire. Je n’arrivais pas à avoir la même sensation. J’ai dû apprendre à utiliser mon corps autrement. J’avais perdu en sensibilité. Il y a eu beaucoup de blocages physiques, beaucoup d’inflammations, des risques de blessures musculaires, un manque de force et de nerveux ». Une descente aux enfers qui ne l’a aucunement freiné dans sa quête olympique.

 

 

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Un statut qui évolue drastiquement

Après être devenue la dixième performeuse ex-aequo de l’histoire à Rome (12″31), cette médaille d’argent au pied de l’olympe fait changer de dimension à une vitesse Grand V une athlète d’avenir connue pour ses prouesses au 60 m haies (championne du monde en 2022 à Belgrade et vice-championne du monde en 2024 à Glasgow) mais qui se révèlent au-delà de cette épreuve. Plutôt réservée et introvertie, la hurdleuse française n’a pas pu contenir sa joie alors qu’elle défilait fièrement avec le drapeau français drapé sur son dos. Sa foi chrétienne au premier plan. « J’ai été poussée par tout le public mais aussi par énormément de foi, ma foi en Jésus, mon Dieu. »

Dans une discipline d’obstacles où les athlètes européens ont rarement réussi sur la scène mondiale ou olympique ces derniers temps, Cyréna Samba-Mayela a audacieusement montré que la France et l’Europe doivent maintenant inquiéter le reste du monde. Et elle ne compte pas s’arrêter là. « Je suis très ambitieuse et crois toujours en l’or, assurait-elle après la finale. Et j’essaie toujours de viser le plus haut. Et si je tombe proche de l’or, c’est bien. Je pense que je peux faire mieux que ça ». Malgré le poids des attentes de tout un pays et de sa fédération ainsi que des débuts quelque peu ternes à Paris, Cyréna Samba-Mayela est sortie victorieuse en laissant « son corps s’exprimer » comme une artiste des temps modernes. Même si cet exploit n’était pas totalement inattendu, elle a encore dû surmonter des défis importants en cours de route. Une route de moins en moins sinueuse. La reverra-t-on cette saison ? La réponse est oui. « Mes jambes sont bien revenues et je vais sûrement continuer à surfer sur l’état de forme du moment », glissait la jeune médaillée. À la bonne heure.

 

 

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Tous les résultats de l’athlétisme aux JO de Paris 2024

Texte : Dorian Vuillet
Crédits photos : Solène Decosta & Gaëlle Mobuchon / STADION 

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