Les JO de Paris 2024 sont annoncés comme LA compétition internationale la plus relevée de l’histoire de l’athlétisme. C’est bien évidemment parce que la plupart des plus grands noms seront présents en France lors de la quinzaine olympique. Comme à l’image de leurs homologues féminines Sydney McLaughlin-Levrone et Femke Bol sur 400 m haies, trois ténors du 400 m haies se préparent à enflammer la capitale : Karsten Warholm, Alison dos Santos et Rai Benjamin qui ont terminé dans cet ordre dans la finale olympique absolument stratosphérique de Tokyo, offrant l’une des plus belles courses, si ce n’est la plus belle, de l’histoire des Jeux olympiques. Le Meeting de Monaco a eu l’honneur d’accueillir les trois meilleurs spécialistes de l’histoire du 400 m haies le 12 juillet dernier, une première dans une compétition hors grand championnats. Présentation des trois colosses.

🚨 Nouveau record du monde en finale du 400 m haies 🚨

Karsten Warholm et Rai Benjamin battent tous les deux le record du monde avec des chronos stratosphériques, 45''94 pour le Norvégien et 46''17 pour l'Américain 🎉 #Tokyo2020

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— francetvsport (@francetvsport) August 3, 2021

Aux prises, le champion olympique 2021 et recordman du monde (45″94) norvégien, Karsten Warholm, également triple champion du monde (2017, 2019 et 2023), l’Américain Rai Benjamin, vice-champion olympique, et le Brésilien Alison dos Santos, en bronze à Tokyo et champion du monde 2022. Un trio qui ne se quitte plus dans l’excellence, ayant signé les dix-sept meilleurs chronos de l’histoire de la discipline, tous établis ces trois dernières années. Le duel entre ces trois extra-terrestres symbolise bien plus qu’une simple course. Une confrontation entre trois athlètes au sommet de leur art, chacun portant en lui les espoirs et les attentes de son pays. La piste du Stade de France sera le champ de bataille où ces légendes se disputeront la gloire olympique. Les spectateurs du monde entier attendent avec impatience cette course qui promet une nouvelle fois d’entrer dans l’histoire.

Et cette année, c’est l’Américain de 26 ans qui possède le meilleur temps de référence, en 46″46, réussie lors de la finale des Trials, à Eugene, le 20 juin dernier, qui plus est la 5e meilleure performance de tous les temps. Alison dos Santos est juste derrière avec 46″63, paraphé lors de sa victoire au Meeting Diamond League d’Oslo fin mai, devant un Karsten Warholm (46″70), peu habitué à être battu et encore moins à la maison. En terre monégasque, c’est une nouvelle fois Rai Benjamin (46″67) qui a triomphé de peu devant Warholm (46″73) et dos Santos (47″18).

Rai Benjamin is on another level. 😤 #TrackFieldTrials24 pic.twitter.com/b6Gt55vGZg

— NBC Olympics & Paralympics (@NBCOlympics) July 1, 2024

Même si les trois hommes ne se quittent plus sur les boîtes des plus grandes compétitions, le record du monde reste scotché à Karsten Warholm, auteur de la première course terminée sous les 46 secondes (45″94) sur le tour de piste avec obstacles, lors de la finale des JO de Tokyo en 2021. Pour Rai Benjamin, il s’agissait même de « la plus grande course de l’histoire des Jeux olympiques ». Un exploit retentissant que seuls des événements d’ampleur peuvent créer. En quête de perfection, la force de la nature qu’incarne Warholm a révolutionné une discipline et pourrait encore martyrisé les compteurs olympiens, devant 74 000 spectateurs.

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« Je perdrais toutes les autres courses juste pour pouvoir gagner à Paris, dévoilait Warholm. Mais en même temps, comme il s’agit de mes troisièmes Jeux olympiques, j’ai appris que la seule chose que tu puisses faire, c’est te mettre dans une position où la normalité est suffisante. Tu dois t’entraîner, tu dois t’assurer que tu es en forme et prêt, et tu dois savoir qu’il y a beaucoup d’autres personnes qui veulent aussi gagner les Jeux olympiques ».

"The three best hurdlers of all time are lining up ahead of the Olympics"

We are excited too, @_Kingben_!#MonacoDL🇲🇨#DiamondLeague pic.twitter.com/c0O1O0tlSN

— Wanda Diamond League (@Diamond_League) July 11, 2024

Autant dire que le Norvégien et chacun de ces sprinteurs ont marqué les esprits par leurs performances spectaculaires et leur capacité à repousser les limites de la discipline. Pour rendre compte de la monstruosité des performances des trois hommes, l’Américain l’a parfaitement résumé en amont du Meeting de Monaco. « On est les trois meilleurs de l’histoire du 400 m haies, et là cette saison, on a déjà tous couru plus vite que le fameux record du monde (46″78 en 1992 à Barcelone) de Kevin Young… Prenez-en conscience ! ». Difficile de rationaliser tout ça…

Chaque athlète arrivera dans la ville lumière avec ses propres forces et une détermination inébranlable. Mais les trois mastodontes se distingueront par des départs et foulées très différents l’un de l’autre. Le viking Warholm est connu pour sa vitesse de base phénoménale et sa capacité à maintenir un rythme élevé tout au long de la course. Sa stratégie repose sur une attaque impitoyable dès le départ, le plaçant souvent en tête dès les premiers 200 mètres. Sa force mentale et sa capacité à rester concentré sous pression sont des éléments clés de son succès.

Son adversaire américain, Rain Benjamin, se démarque, lui, avec une technique fluide et une aisance à franchir les haies. Sa foulée est l’une des plus efficaces du circuit, lui permettant de conserver de l’énergie pour un sprint final dévastateur. Son approche tactique, souvent plus mesurée au départ, lui permet de revenir fort dans la deuxième moitié de la course, posant un défi constant à ses adversaires. Mais la palme revient à Alison dos Santos qui est reconnu pour son remarquable endurance et sa capacité à maintenir une cadence élevée malgré sa jeunesse relative et une taille conséquente (2,00 m). Le style du jeune hurdleur (24 ans) est caractérisé par une grande fluidité et une capacité à gérer parfaitement les transitions entre les haies. Un avantage de taille dans les années à venir.

En termes de médailles, il n’y a pas photo. Karsten Warholm domine outrageusement. Champion olympique à Tokyo en 2021, champion du monde en 2017 à Londres, en 2019 à Doha et en 2023 à Budapest, champion d’Europe en 2018 à Berlin et en 2022 à Munich et champion d’Europe en salle du 400 mètres en 2019 à Glasgow et en 2023 à Istanbul. Une liste longue comme le bras. Alison dos Santos, lui, peut se targuer d’avoir été sacré champion du monde 2022 à Eugene (Oregon), ce qui a changé énormément de choses dans sa carrière. Au Japon, le Brésilien avait également décroché la médaille de bronze derrière Rai Benjamin, aussi vice-champion du monde en 2019 à Doha et en 2022 à Eugene. À son actif, le sprinteur du Vermont est champion olympique avec le relais 4×400 m, toujours en 2021, et a été sacré champion du monde en 2019 et 2023.

Les amateurs d’athlétisme du monde entier attendent avec impatience cette confrontation qui promet des performances spectaculaires et des records potentiellement historiques. L’issue de ce moment d’anthologie devrait, encore une fois, sourire au détenteur de la spécialité, Karsten Warholm, clutch dans les moments importants et gravant dans la mémoire sa domination dans l’une des plus grandes rivalités de l’athlétisme moderne. Et les mots sont faibles. Rai Benjamin et Alison dos Santos devraient ne pas être très loin quand on connaît l’irrégularité des uns et la folie des autres. Allons-y, les bases sont posées… que le spectacle commence.

La sensation Clément Ducos !

Depuis trois ans, on pensait que la messe était dite. Que ces trois mastodontes allaient se livrer un combat sans merci pour les trois places sur le podium olympique à Paris. On se disait que leur suprématie sur la concurrence mondiale, aussi bonne soit-elle, ne serait pas remise en cause. C’était sans compter sur Clément Ducos qui n’est pas exactement celui à qui l’on pensait en premier pour mettre fin à la toute-puissance du trio. Deuxième temps des demi-finales, dans le même centième que l’Américain Rai Benjamin, le hurdler du Bordeaux EC confirme qu’il est un candidat plus que crédible au podium olympique. « Pour le grand public, je suis peut-être une surprise, mais les fins limiers du 400 m haies me connaissent.  En finale, s’il (Karsten Warholm) fait une faute, je suis juste là. Je ne vais rien lâcher. J’ai vraiment envie de cette médaille. Je pense qu’il n’y a personne qui a autant faim que moi Je vais vraiment tout faire, si je dois me péter, je me pète. L’athlé, c’est tout pour moi, je n’ai que ça ». Deuxième en 47’’85, dix-huit centièmes derrière Karsten Warholm et un dixième devant Alison dos Santos, il est en finale olympique pour sa deuxième sélection en équipe de France seniors et son premier grand championnat. Le conte de fée de Clément Ducos peut se poursuivre ce vendredi…

#Paris2024 | 🇫🇷 EXCEPTIONNEL CLÉMENT DUCOS 🤩

Le Français termine deuxième d'une demi-finale très relevée sur 400 m haies et décroche son billet pour la FINALE OLYMPIQUE 👏

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— francetvsport (@francetvsport) August 7, 2024

Texte : Dorian Vuillet
Crédits photos : Solène Decosta & Jean-Luc Juvin / STADION