Kevin Mayer : « Je veux faire plus de 8350 points »

16 décembre 2020 à 14:23

Les 18 et 19 décembre prochains, Kevin Mayer part à la chasse aux minima pour les Jeux olympiques de Tokyo à l’occasion du Meeting de La Réunion. Le recordman du monde du décathlon était présent ce mercredi lors de la conférence de presse avant d’entrer en lice. Quatre chiffres en tête : 8350, synonyme du total de points requis pour être du voyage au Japon cet été. Interview.

Kevin, quel est votre état d’esprit à deux jours du décathlon ?

Je me lève le matin, je vais m’entraîner, après je me baigne dans la mer toute la journée donc franchement je suis bien (rires). Il faut savoir aussi vivre le moment présent, il y a beaucoup de pression qui monte mais je sais la gérer et je sais profiter du calme avant la tempête. Je suis à La Réunion, je ne suis pas dans les pays de l’Est où il n’y a pas grand chose à faire autour donc j’en profite. Par exemple, je suis allé me baigner dans la rivière ce matin juste après l’entraînement, l’eau de mer est très bonne pour la récupération. Je fais tout ce qu’il faut pour me sentir bien et pour être prêt le jour-J.

Êtes-vous confiant au vu de votre préparation ?

Je me suis bien préparé oui, on a changé beaucoup de choses techniquement. On a dû bosser énormément et il reste encore de la fatigue de l’entraînement. Vendredi et samedi, ce n’est pas les JO, ce n’est pas grave, il faut « juste » faire 8350 points. Je ne ressens pas la fougue des Jeux olympiques avec le maillot de l’équipe de France mais il y a largement de quoi faire.

— Vous êtes à l’origine de ce Meeting. Qu’est-ce qui vous a poussé à organiser cette compétition à La Réunion ?

C’est le quatrième stage que je fais ici, je m’y sens donc très bien, j’ai mes petites habitudes, je connais les environs et les gens ici. C’est une atmosphère spéciale que j’adore, l’ambiance est détendue et tout le monde est souriant. Faire un décathlon dans ces conditions, c’est quelque chose de nouveau mais pour le stage qui a duré 3 semaines depuis le 26 novembre c’était parfait.

— Le 12 décembre, vous avez bouclé un 100 m en 10″70 avec vent favorable (4,7 m/s) à l’entraînement, qu’avez-vous retenu de cette course ?

Plus on fait de 100 mètres, plus on apprend et plus on est réglé techniquement. J’ai beaucoup appris pendant, c’était une mauvaise course mais qui je pense va me permettre de faire une bonne course vendredi.

— Comment allez-vous physiquement ?

On n’est pas décathlonien si on a pas des pépins physiques, on fait un sport qui est un peu contre-nature et qui est d’enchaîner 10 épreuves en deux jours. Plus on fait des résultats hauts, plus on met son corps à rude épreuve. Je suis pratiquement persuadé que les petits bobos que je peux avoir aujourd’hui, je les ais depuis le record du monde (septembre 2018, NDLR). Forcément, il y a des frayeurs et depuis les Mondiaux de Doha en 2019, je me pose encore plus de questions. Il faut être en accord avec soi même en disant que dès lors qu’on fait ce qu’il faut, on aura jamais de regrets. S’il y a un pépin physique ce week-end, j’irai chercher les minima ailleurs.

 

 

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— Votre dernier décathlon terminé est celui de votre record du monde en septembre 2018…

J’ai envie de ressentir le plaisir post-décathlon. J’avoue qu’auparavant, alors que je m’entraîne depuis tellement d’années, j’avais le petit plaisir de finir un décathlon et un sentiment d’accomplissement. Ça fait longtemps que je ne l’ai pas eu. Je m’éclate en m’entraînant mais ce qui manque c’est un peu ça, finir un décathlon pour avoir une, deux ou trois semaines qui sont plaisantes car on est sur un nuage, peu importe le résultat qu’on a fait.

— Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter sur ces deux jours ?

Je veux faire plus de 8350 points, je ne sais pas à quel point le public me transcende et sans public qu’est-ce que ça va donner. J’ai une petite idée des résultats que je vais faire vendredi et samedi mais j’aime bien laisser les surprises. Si le 100 m est bon, généralement ça promet pour la suite. C’est un décathlon, c’est 10 épreuves et on ne sait jamais ce qui va se passer. On sait jamais à l’avance dans quelles épreuves on va y arriver et on sait très bien qu’il y a des épreuves qui vont mal se passer. Même lors de mon record du monde j’ai eu des difficultés sur certaines épreuves.

— Allez-vous vous employer à fond dans chacune des épreuves ?

Il n’y a pas de ligne directrice, c’est vraiment de l’adaptation, c’est à dire que si je lance super bien au poids avec un premier jet à 16 mètres, oui il est possible que je ne réalise pas mes deux derniers jets. Si avant j’ai fait un bon 100 m et une bonne longueur, pourquoi ne pas aller chercher les 17 mètres au poids. J’ai juste les minima à décrocher, c’est déjà beaucoup de pression parce qu’il y a longtemps que je n’ai pas fait de décathlon complet. Les résultats viennent avec le plaisir en compétition. J’aime faire qu’un seul décathlon dans l’année parce qu’à chaque fois je m’y donne à fond. Cette fois, je sais que je ne vais pas forcément totalement me donner à fond. L’objectif c’est de faire le taf et de rentrer à la maison pour préparer les vrais objectifs qui restent les Jeux olympiques.

— Un petit mot sur la concurrence…

Je sais que je suis le favori, les autres décathloniens doivent défoncer leur record pour faire 8350 points, je vous en parle comme si j’allais faire un décathlon à 80%, ce n’est pas vrai, je vais le faire à 100%, c’est juste le nombre de répétitions qui va peut-être changer. Je ne me repose pas sur mes lauriers. J’adore la concurrence et je sais que je vais en avoir. Je suis très content qu’un autre Français comme Axel Hubert commence à pousser et a l’air de progresser très vite. On a derrière Ruben Gado et Basile Rolnin qui poussent et qui vont donner le piquant que j’aime dans la compétition.

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Propos recueillis par François-Xavier de Chateaufort / STADION
Crédit photo : Thomas Mayer

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