Grands artisans d’un dimanche matin de fête au Stade de France, Florian Carvalho (31’24) et Juliette Chaillou (37’46) ont régné en maître sur les 10 km de la Voie Royale à Saint-Denis. Malgré la concurrence d’un week-end chargé en événements dans l’Hexagone, le 5 km a profité à Grégory Bernage (14’34) et à Sarah Coutts (17’11). Retour sur une matinée où tous les chemins menaient vers les sommets !
Le tartan du Stade de France n’avait plus souffert depuis la réunion des plus grands athlètes de la planète il y a trois mois. Et cette fois-ci pas de Cyréna Samba-Mayela ni de Noah Lyles mais bien plus de 15 000 parfaits inconnus mués en stars du dimanche. Enfin, c’était ce qu’on pouvait croire lors d’une 29e édition de la Voie Royale de Saint-Denis encore et toujours placée sous le signe de la fête dans un cadre princier. Applaudi par tout le peloton au départ du 10 km international qualificatif pour les Championnats de France de la distance, Florian Carvalho, passé par l’équipe de France et médaillé d’argent aux Europe d’Helsinki 2012 sur 1500 m, a levé les bras le premier en 31’24 devant les quelques milliers de spectateurs venus se régaler dans l’enceinte francilienne.
Avant de triompher, le fondeur de Fontainebleau faisait signe au Kényan Shamack Cheruiyot (32’02), deuxième et « véritable vainqueur » selon Florian Carvalho. Ce dernier évoquait cette erreur de parcours qui a fait basculer la course alors que son concurrent kényan était en tête à moins de 2 kilomètres du tapis violet. « Quand on rentre dans le Stade de France, on doit passer sous le tunnel et on nous envoie à gauche. Le Kényan (Cheruiyot) s’est trompé de chemin avant qu’il fasse demi-tour. Et avant qu’il fasse demi-tour, j’avais déjà tourné et c’est pour ça que j’arrive devant lui. Sans ça, c’est lui qui gagne largement ». S’accrochant jusqu’au bout, le licencié de l’AS Carcassonne Amin Boukebal s’adjugeait la troisième place avec un chrono de 32’10.
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« Refouler l’intérieur du Stade de France, ça me rappelle des bons souvenirs »
Parmi les coureurs inscrits au départ, le duo Carvalho-Cheruiyot ne s’était pas quitté durant ces 10 km et malgré l’effort conséquent, le demi-fondeur dans l’âme tricolore et amoureux de cross-country, profitait à fond de l’événement. « Je suis venu ici pour prendre du plaisir, se réjouissait-il. Refouler l’intérieur du Stade de France, ça me rappelle des bons souvenirs de l’époque où je courais encore vite (il a battu son record sur 1500 m en 3’33″47 en 2013 au Stade de France). »
Histoire de se remettre en jambes alors qu’une seconde vie s’offre à lui. « En ce moment je suis plus dans une période professionnelle. Je fais une formation et je suis à fond dedans. La course c’est du secondaire mais je prends toujours plaisir à essayer de venir courir et me tester. Je pensais faire 30’30 mais je pense également que sans l’erreur de parcours, on aurait fait 30’40 ou 30’45. J’ai rempli mon contrat même si c’est sûr que c’est loin de mes standards habituels. Quand il n’y a pas d’entraînement, il n’y a pas de miracle non plus. C’est une bonne petite course avec le marathon qui est en même temps, cela ramène du monde. Et ça fait plaisir de voir des gens qui se lèvent un dimanche matin pour de la course à pied. J’ai déjà fait une arrivée de 1500 m ici mais jamais pour une course comme celle-ci. Ça fait plaisir de voir la piste bleue (violette en réalité), quand je courais dessus elle était bordeaux ». Loin des premiers plans, la suite d’une carrière laissée provisoirement de côté est simple : « Aider l’équipe de cross-country du Pays de Fontainebleau ». En toute humilité.
Le 10 km international femmes sourit à Juliette Chaillou
Dans le classement féminin, la victoire finale est à mettre au crédit de Juliette Chaillou (Racing CF), vainqueure en 37’46 loin devant les autres locales, Mathilde Fouvry (38’37), venue du 18e arrondissement de Paris, et Marie Beasse (38’54, UPAC Château-Gontier). « J’ai couru une bonne partie toute seule et j’ai respecté les temps que j’avais écris sur mon bras, avouait la lauréate. J’ai été quatrième il y a deux ans mais je n’aurais jamais cru terminer première aujourd’hui. J’étais avec un groupe de garçons puis sur les derniers kilomètres, j’ai accéléré et je me suis retrouvée toute seule. Grand bravo aux bénévoles même si j’ai juste eu peur à un moment dans les sous-sols du stade de m’être perdue. L’arrivée dans le Stade de France m’a donné beaucoup d’énergie ! »
Grégory Bernage en bonne voie
Ensuite, les coureurs du 5 km chronométré de La Voie Royale voulaient se joindre à la fiesta en compagnie des près de 2000 inscrits en « Belle Vadrouille », le 5 km populaire. Pourtant, la concurrence était de taille ce week-end avec les Championnat de France du 5 km à Saint-Omer, mais cela n’a pas empêché un engouement formidable pour ce 5 bornes de gala admirablement remporté par Grégory Bernage (25 ans), flashé en 14’34. Longtemps en tête à se relayer avec le dionysien Anis Abdelkader (2e en 14’45, Saint-Denis Emotion), le pensionnaire du Duclair Le Trait Athlétique Club ne mettait pas le clignotant et restait sur la voie… royale jusqu’au bout du parcours.
« De base, je voulais partir sur 14’30 et finir plus fort en 14’20 mais je me suis retrouvé avec un deuxième coureur à peu près sur les bases de 14’30 jusqu’au deuxième ou troisième kilomètre, détaillait le grand vainqueur. Et derrière, je suis un peu fatigué et je n’arrive plus à garder les allures. Et après, dans le dernier kilomètre, je finis bien et fort. Pour un premier dossard de l’année, il n’y avait pas grand objectif à part se faire plaisir. C’est sympa d’être au Stade de France. Je pense que les athlètes sont les seuls à pouvoir voir ça. Il y a des gars de niveau national, d’autres qui sont en plaisir et certains qui s’en fichent du chrono. On est tous réunis dans le stade et je trouve ça très beau ». Le podium de l’épreuve a finalement été complété par Pierrick Loir (AO Charenton), relégué en 15’33.
Sarah Coutts en patronne
Une reine devait aussi être sacrée et il n’y en avait qu’une seule à prétendre monter sur le trône du 5 km féminin de la Voie Royale. Étudiante à Lyon et originaire du nord d’Édimbourg (Ecosse), la tempête Sarah Coutts a tout emporté sur son passage, renvoyant ses concurrentes à plus de 3 minutes et 30 secondes (!) Arrivé en Seine-Saint-Denis sans réel objectif, l’Écossaise du Décines Meyzieu Athlétisme a expédié l’affaire en 17’11. « Ça s’est bien passé et je n’ai pas réalisé avoir cette avance, nous indiquait-elle après être montée sur la première place de la boîte. C’était ma première fois au Stade de France, j’avais un peu de pression mais je ne connaissais pas mes adversaires et ça a joué en ma faveur ». Celle qui a un record en 16’52 n’avait fait qu’une bouchée des quelques prétendantes qui se sont jouées le podium au sprint. Sarah Lagarrigue a sorti son épingle du jeu avec un chrono de 20’46, juste devant la sociétaire du SC Universitaire de France Amina Boubakri (20’47). Décidément, même les chemins écossais mènent au Stade de France.
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Texte : Dorian Vuillet
Crédits photos : Amandine Martin / STADION