Après une carrière longue et riche, Ladji Doucouré a décidé de prendre sa retraite sportive à la fin de la saison hivernale. Mais rassurez-vous : vous verrez encore souvent sa silhouette affûtée au bord des pistes. Si le champion du monde du 110 m haies en 2005 est devenu consultant pour SFR Sport et est en passe de devenir entraîneur, l’homme reste le même : un passionné d’athlétisme à l’écoute des autres.
Et si les futurs stars de l’athlétisme tricolore se trouvaient dans les quartiers aux quatre coins de la France ? En contrebas du Parc de Procé à Nantes, il y a comme un air de Jeux olympiques qui plane sur la piste d’athlétisme improvisée, où une cinquantaine de jeunes enchainent les sprints de 50 m en battle. Parmi ces jeunes ayant joué le jeu se cache un véritable talent. « Viens défier, au sprint les jeunes de 11 à 15 ans dans ton quartier ! En duel, sois le plus rapide. Élimine tes adversaires un par un jusqu’à la finale et deviens le maître de ton quartier ». Amener le stade dans les quartiers, c’est en partant de cette idée que Ladji Doucouré a créé il y a trois ans les Golden Blocks avec son frère Boro et son ami Matthieu Lahaye.
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Les jeunes font le show
Le champion du monde du 110 m haies qui a grandi à Viry-Châtillon retrouve des sensations d’enfants : « Mes premières courses ont eu lieu dans le quartier, comme être le premier qui arrive à la boulangerie ou à l’école. Mais ce que tu ne sais pas c’est que tu joues à l’athlétisme. Ici, pas de chrono, c’est juste le premier arrivée qui compte. Sois le « golden » de ton quartier, explique le Francilien. C’est dans cette ambiance que j’ai vécu ma jeunesse ».
Une cinquantaine d’enfants se sont élancés sur la piste de 50 m avec la ferme intention de se qualifier pour la grande finale et ainsi avoir la chance d’affronter les gagnants des autres quartiers, dans un lieu encore tenu secret : « Les règles sont simples, détaille Ladji Doucouré. Pour chaque catégorie, les courses se font par deux et le vainqueur est qualifié pour le tour suivant. Il faut atteindre les demi-finales pour se sélectionner ». L’événement se déroule dans des conditions optimales, propice au plaisir, à l’amusement et à l’esprit de compétition : des athlètes décomplexés tous prêts à en découdre, des applaudissements nourris du public, un DJ assure le fond musical. Bref, une ambiance de fête régnait, mercredi après-midi dans le Petit Stade de Procé : « On a tous commencé un peu comme ça, avec ce genre de sensations. On a l’impression d’exister et de remporter une grande compétition. On est vraiment content que cela a plu aux enfants et qu’ils ont passé une bonne journée » se félicite le champion.
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Transmettre ce qu’on lui a transmis
L’insertion et la lutte contre le racisme par le sport, voici des valeurs que Ladji Doucouré prône avec courage par le biais de son association. Lui dont l’athlétisme a permis de devenir l’homme qu’il est et qui veut donner aux jeunes le goût de l’athlétisme. « Je souhaite transmettre ce que l’on m’a donné et ça peut susciter des vocations derrière cet événement. L’objectif c’est que les jeunes s’inscrivent dans un club » explique celui qui porte un regard positif sur l’équipe de France actuelle, brillante lors des Mondiaux de Londres : « Cela montre que la dynamique est toujours là. Les équipes fédérales successives ont mis en place de très bonnes choses pour que le haut niveau soit dans une démarche professionnalisante et il faut que ça continue ».
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33 ans, et encore des rêves plein la tête
Sincèrement, qui peut mieux que Ladji Doucouré susciter des vocations ? Son succès sur les pistes d’athlétisme n’est plus à démontrer. Champion du monde du 110 m haies et du relais 4 x 100 m en 2005 à Helsinki (Finlande), champion d’Europe du 60 m haies en salle (2005 et en 2009), Ladji Doucouré a écrit une des plus belles pages de l’athlétisme français. À 33 ans, il est désormais sur le bord des stades dans un costume de consultant pour SFR SPORT : « Ça permet de rester dans le monde de l’athlétisme et du haut niveau » s’enthousiasme-t-il. Et lorsqu’il n’est pas devant les caméras de télévision, le retraité actif entame une troisième vie en retournant sur les bancs de l’école pour devenir entraîneur : « Il me reste juste un oral à passer pour obtenir mon diplôme ». Athlète, son avenir ne dépendait que de ses performances et de ses médailles. Entraîneur, le voilà bientôt lié à la progression et aux résultats de ses athlètes.
L’athlète était hors-norme, l’entraîneur le sera à coup sûr.
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Renaud Longuèvre, son ancien coach de qui il était l’adjoint à l’INSEP, n’a pas accepté une mission auprès de la Ligue d’Île-de-France et est écarté par la FFA : « C’est dommage parce qu’on avait un projet sur le long terme, lâche l’hurdler français. Robert Emmiyan devrait le remplacer ».