Léonie Cambours : « Je n’ai rien à perdre et tout à y gagner »

16 mars 2022 à 14:27

À deux jours de son entrée en lice aux Championnats du monde en salle de Belgrade sur le pentathlon, Léonie Cambours est passée ce mercredi devant les journalistes en conférence de presse virtuelle à laquelle Stadion a participé. Après avoir battu son record cet hiver (4457 points) et s’être hissée à la sixième place des bilans français tous temps, la prometteuse combinarde de 21 ans licenciée au SPN Vernon ne se donne aucune limite. Interview !

L’interview vous est présentée par

L’interview vous est présentée par

L’interview vous est présentée par

Léonie, comment avez-vous commencé l’athlétisme et comment vous êtes vous mise aux épreuves combinées ?

J’ai commencé l’athlétisme à 8 ans. Au début, je faisais un peu de tout mais je me suis vite spécialisée dans le saut en hauteur, jusqu’en cadettes. Après, j’ai rencontré mon entraîneur, Wilfrid Boulineau qui m’a fait découvrir les épreuves combinées il y a cinq ans. Donc en septembre 2017 j’ai commencé à faire de l’heptathlon l’été et du pentathlon l’hiver, et ça a tout de suite matché avec toutes les épreuves. Alors évidemment, j’ai dû découvrir les lancers, les haies… J’ai dû tout apprendre en fait. C’est ce qui m’a plu, parce que je savais que j’avais de quoi progresser. La recherche du geste, la recherche du point technique, réussir à jouer sur toutes les épreuves qui sont parfois complémentaires, mais parfois un peu à l’opposé… C’est ce qui m’a intrigué dans les épreuves combinées.

Saviez-vous qui était Wilfrid Boulineau avant de commencer à vous entraîner avec lui ?

Non, pas vraiment. Pour être honnête je ne savais pas. Il dirigeait un peu le haut niveau dans notre région, il était directeur du Pôle espoir et du centre national d’entraînement, c’est pour ça que j’ai voulu entrer dans cette structure-là. Mais c’est vrai que je ne connaissais ni son palmarès, ni son histoire. On a appris à se connaître au fur et à mesure, et c’est comme ça qu’on a construit notre relation entraîneur-entraîné, qui est assez primordiale, surtout dans les épreuves combinées. Ça fait cinq ans qu’on travaille ensemble et ça se passe super bien, donc je pense qu’on est sur la bonne voie.

Vous entraînez-vous dans un groupe ?

Non, je suis toute seule. Je m’entraîne uniquement avec lui. Souvent, on part en stage pour essayer de trouver un peu de confrontation et pour s’entraîner avec les athlètes françaises, mais sinon j’ai la particularité de m’entraîner toute seule.

Il s’agit de votre première sélection chez les Seniors (alors même que vous n’êtes qu’encore espoirs), qu’est ce que ça représente pour vous ?

Ça représente beaucoup de choses, parce que ça sera mon premier championnat du monde, mon premier championnat en salle, et mon premier championnat chez les Seniors. C’est une vraie expérience et un premier pas chez les grands, entre guillemets. A l’annonce de cette sélection, je m’y attendais un peu parce que j’avais fait mes petits calculs par rapport au ranking, mais j’étais hyper heureuse que mon travail se concrétise, et de pouvoir participer à un tel championnat et pouvoir montrer que je suis aussi là, qu’il faut compter sur moi dans ce genre de championnats.

Avez-vous d’ores et déjà regardé la start-list du pentathlon, et si oui, qu’en pensez-vous ?

Oui, j’ai regardé la start-list. Je pense qu’il y a deux groupes. Il y a un petit groupe qui va aller chercher la médaille et un bon groupe derrière, j’en fais partie, où il y a pas mal de places à aller gagner. C’est vraiment serré, il y a dix points entre chaque fille à chaque fois, donc il y a des places à aller chercher et ce sont les combinées donc ça va super vite niveau points. C’est une start-list qui ne me fait pas peur. Je suis l’une des plus jeunes dans les douze athlètes. J’ai ma place à faire, je n’ai rien à perdre et tout à y gagner. J’essaierai d’être actrice et non spectatrice de mon championnat.

En battant votre record au pentathlon (4457 points) et en devenant cet hiver la sixième meilleure performeuse française de tous les temps, on a l’impression que vous avez vraiment franchi un cap. Est-ce également votre ressenti ?

En fait, le cap j’avais l’impression de l’avoir déjà passé à l’entraînement, mais pas encore forcément concrétisé en compétition. J’attendais ça de cet hiver pour montrer un peu les progrès que j’avais fait. Donc ce n’était pas forcément une grosse surprise. Après, entre le faire à l’entraînement et le faire en compétition, il y a toujours un petit pas donc j’étais contente de le réaliser. Ça m’a forcément mise en confiance pour la suite des compétitions et ça m’a mise en confiance dans le sens où je me suis dit que ce que je faisais à l’entraînement ça marchait bien et que j’arrivais bien à le reproduire.

Depuis peu, vous avez terminé vos études et vous vous concentrez essentiellement sur l’athlétisme. Avez-vous vu des changements dans votre manière de vous entraîner et dans vos résultats ?

Oui, j’ai terminé ma licence en STAPS en juin. J’ai pris la décision de me consacrer qu’à l’athlétisme pour cette année, depuis septembre. Ça me laisse plus le temps de m’entraîner, et surtout beaucoup plus de temps pour la récupération. Sur les soins kiné, sur les massages de récupération, les bains froids, la cryothérapie… En fait, c’est ce qu’on fait passer un peu à la trappe quand on a les études. On va à l’entraînement, mais après on ne pense pas forcément à la récupération. Et je pense que c’est ce qui a fait la différence, dans le sens où j’ai pu enchaîner plus rapidement mes entraînements et faire des plus grandes sessions avec des plus grandes charges, parce que j’avais cette récupération qui me permettait de me sentir bien et de pouvoir prendre la charge d’entraînement adéquate.

Justement, comment vous êtes-vous préparée pour ces Championnats du monde ?

À l’origine, ce n’était pas l’objectif de la saison. Ça ne faisait pas partie de mes plans, mais lors de ma première sortie à Aubière, j’ai vu qu’en fait je n’étais pas si loin que ça d’être prise (4435 points). Donc on s’est dit « bon voilà, on fait un point d’étape au championnat de France Elite » parce que je n’avais pas la certitude de partir. Après, une fois que c’était bon, on a fait un mini cycle d’entraînement pour être prête et avoir mon petit pic de forme vendredi, normalement.

Sur quelles épreuves pensez-vous pouvoir encore progresser ?

Je considère que j’ai encore une marge de progression sur toutes les épreuves, même si les sauts sont mes points forts, ça ne veut pas dire que je ne peux pas progresser dessus. Après, le poids je suis un petit peu en retrait, même si j’ai beaucoup progressé ces deux dernières années. Après il y a le 800 m où je suis aussi un peu en retrait, mais le 800 mètres est aussi conditionné par les disciplines d’avant. Donc souvent, quand on réussit bien c’est plus facile de courir. Je pense que j’ai une petite marge sur chaque épreuve, y compris les haies, les sauts… Sur toute cette saison, je n’ai pas l’impression d’avoir été encore au bout de ce que je pouvais faire et de ce que je pouvais réaliser au vue de mes entraînements. Donc il y a cette petite marge sur chaque épreuve où je peux aller chercher quelques points à chaque fois pour faire un bon total à la fin.

Aux Championnats de France Elite en salle à Miramas (26 et 27 février) vous avez eu un moment un peu difficile. Vous êtes sortie de la hauteur en larmes…

Oui, aux Championnats de France à Miramas, je passe à côté de mes deux premières épreuves. J’étais venue, évidemment pour prendre le titre, mais également pour chercher la qualif aux championnats du monde. Je me suis mis un peu trop de pression personnelle, et je n’ai pas du tout pu me libérer sur les deux premières épreuves, donc je passe à côté des haies et du saut en hauteur. C’était une grosse frustration après le saut en hauteur, mais j’ai su me remobiliser sur les trois disciplines d’après. C’est ce qui a fait ma force pendant ce pentathlon là, il faut savoir se remobiliser, il y a cinq disciplines, on ne peut pas passer à côté des cinq. Et de toute façon, ça fait souvent les montagnes russes dans les combinées. Il fallait prendre épreuve par épreuve, ce n’est pas forcément ce que j’ai fait sur les deux premières, mais c’est ce que j’ai réussi à modifier pendant mon pentathlon.

Cette participation aux Mondiaux en salle vous donne-t-elle des idées pour cet été ?

Forcément un petit peu. Après, cet été, mon objectif principal ça sera les championnats d’Europe à Munich (15 au 21 août 2022). C’est vraiment mon objectif de cette année, que j’avais déjà fixé en septembre. C’est la ligne de mire et la ligne de conduite de cette année. Après, on n’est pas à l’abri d’une petite surprise pour les championnats du monde, je ne me ferme pas de portes. Mais il va falloir être précise sur les pics de forme et sur les sorties, parce qu’en combinées on ne peut pas concourir tous les week-ends, il y a le ranking qui joue énormément pour nous… Les championnats d’Europe sont quand même tard, les Championnats du monde sont en juillet, donc il va falloir faire attention. Parce que souvent, à courir vers trop d’objectifs, on se brûle un peu les ailes. Donc je reste vraiment sur mes championnats d’Europe à Munich, et après s’il y a les Championnats du monde de Eugene (15 au 24 juillet 2022), ça sera un plus.

Et à plus long terme, quels sont vos objectifs ? Il y a 2024, mais peut-être aussi après…

Je me projette, l’objectif ça sera les Jeux de Paris, c’est dans deux ans donc ça arrive super vite ! C’est le premier objectif, puis après il y a évidemment les Jeux en 2028. J’y pense aussi, ça fait partie de mes objectifs. Je pense que les combinées, c’est une discipline à maturité tardive, on observe souvent les pics de carrière vers 27/28 ans. C’est l’âge que j’aurai aux Jeux en 2028. Je ne me ferme pas du tout les portes. C’est encore un peu loin, donc je trouve que c’est quand même un peu compliqué de se projeter, mais je sais qu’en 2028, c’est possible que ça soit mon pic de carrière, donc ça fait partie de l’objectif. 2024 et 2028, ce sont vraiment les deux points auxquels je pense.

Avez-vous des modèles en athlétisme dans les épreuves combinées ?

Forcément un peu Kevin Mayer. C’est un peu notre emblème en France des épreuves combinées. Je pense que c’est lui aussi qui a fait découvrir au grand public et qui a encore plus mis en lumière le décathlon en France. On a l’occasion un peu de se voir sur les stages, c’est quelqu’un d’ouvert. Il fait partie des figures auxquelles je m’attache.

Propos recueillis par Emeline Pichon
Crédits photos : Jean-Luc Juvin / STADION

STADION À BELGRADE !

Votre média Stadion a le plaisir d’annoncer sa présence aux Championnats du monde en salle à Belgrade. Notre rédaction a conçu un espace rien que pour vous, qui vous permettra de suivre au plus près le rendez-vous planétaire (sélection tricolore, retransmission streaming en direct, programme complet, résultats et nos plus beaux clichés des Bleus). Bonne compétition en notre compagnie !

STADION À BELGRADE !

Votre média Stadion a le plaisir d’annoncer sa présence aux Championnats du monde en salle à Belgrade. Notre rédaction a conçu un espace rien que pour vous, qui vous permettra de suivre au plus près le rendez-vous planétaire (sélection tricolore, retransmission streaming, le programme complet, les résultats et les clichés des Bleus…). Bonne compétition en notre compagnie !

ARTICLES RÉCENTS
NOUVEAUTÉS
NOUVEAUTÉS

NEWSLETTER

Rejoignez nos 30 000 abonnés pour ne rien manquer de l'actualité de l'athlétisme, du running et du trail !