Les lièvres lumineux révolutionnent-ils l’athlétisme ?

20 octobre 2020 à 19:30

Parmi les dernières innovations technologiques en athlétisme figurent les lièvres lumineux dont l’utilisation s’est développée cet été sur plusieurs compétitions. Stadion s’est penché sur le sujet afin de saisir un peu mieux cette innovation nommée Wavelight.

Si vous avez suivi le Meeting d’Oslo le 11 juin, celui de Monaco le 14 août, ou plus récemment celui de Valence lors des records du monde de Joshua Cheptegei (26’11″00 sur 10 000 m) et de Letesenbet Gidey (14’06″62 sur 5000 m), vous avez certainement constaté un guidage lumineux qui était projeté au sol afin d’indiquer aux stars du demi-fond la cadence à suivre pour battre un record. Baptisé « Wavelight » en raison du mouvement fluide des lumières qui ressemble à une vague mexicaine, il s’agit d’un système d’éclairage innovant, installé sur le rail à l’intérieur de la piste de 400 m où les lumières clignotent à une allure déterminée. Les feux ont cinq points de départ différents autour de la piste : à chaque 100 m et au départ du mile. Une version digitale du lièvre traditionnel en quelque sorte.

World Athletics avance deux avantages à cette technologie, la première : permettre aux athlètes de mieux cibler un rythme ou un temps spécifique, la deuxième : ajouter une plus grande valeur à l’expérience du spectateur. Le Néerlandais Jos Hermens, ancien détenteur du record du monde de l’heure et directeur de la société de management Global Sports Communication, est depuis longtemps un partisan de la modernisation du sport, et il a immédiatement vu le potentiel du produit : « Il offre non seulement un énorme avantage aux athlètes dans leur quête de records, mais il améliore aussi considérablement l’expérience du spectateur. En tant que fan regardant les Wavelights à la télévision, on sait très clairement où les athlètes sont placés par rapport à leur objectif, ce qui contribue à créer une véritable excitation pour l’ensemble de la course ».

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Offrir la meilleure expérience visuelle possible aux spectateurs

Si aujourd’hui il n’y a pas encore d’études connues concluant à l’apport d’avantages significatifs aux athlètes, Sebastian Coe, le président de World Athletics s’est dit favorable à l’utilisation des lièvres lumineux : « Les lièvres lumineux ne me posent aucun problème. Nos meetings sont des divertissements et je pense que Wavelight permet aux spectateurs de comprendre un peu mieux les vitesses incroyables atteintes par les athlètes ».

Tout en reconnaissant qu’il y a un équilibre à trouver, Patrice Binelli, cadre technique à la direction technique nationale, déclare lui aussi que les avancées technologiques sont primordiales pour attirer de nouveaux publics : « C’est l’athlétisme moderne, il faut avancer avec son temps mais ne pas en abuser. Les athlètes tirent un avantage avec ce système pour la régularité de course et la motivation ». Le référent running à la FFA explique que ce principe rappelle les lasers en natation qui facilitent la compréhension des spectateurs : « C’est comme quand on suit une compétition de natation à la télévision et qu’on voit la ligne rouge qui se déplace à l’écran au rythme du nageur par rapport au record du monde ».

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Utile pour les athlètes ?

S’il est indéniable que la technologie Wavelight a une grande utilité pour les spectateurs et les téléspectateurs, est-ce que ce système peut être d’une aide précieuse, en particulier au plus haut niveau, lorsque les athlètes cherchent à battre des records du monde ? Pour François Barrer, champion de France Elite du 5000 m en 2017 (13’27″69), il ne doute pas de l’intérêt du progrès technologique sans pour autant affirmer que les athlètes en tirent un avantage chronométrique : « Je trouve que c’est une bonne idée car à mon sens cela va aider le lièvre pour l’allure à donner mais en aucun cas ça ne va aider à courir plus vite. Un signal lumineux n’a jamais permis à un coureur d’aller plus vite donc oui c’est plutôt cool et ça apporte une petite touche de nouveauté avec un côté esthétique et du spectacle, donc personnellement je suis pour cette nouveauté ».

Un avis également partagé par Alexis Miellet, demi-finaliste des Mondiaux de Doha en 2019 sur 1500 m (3’34″23) : « Il y a d’autres problèmes sur lesquels on devrait s’arrêter avant de se questionner sur des lumières qui ne font d’ailleurs pas courir plus vite. Les lumières vont servir de repères mais en soi elles ne permettent pas aux athlètes de gagner du temps intrinsèquement. Les lièvres ne posent pas problème et pourtant ils aident, à mon avis, bien plus que des repères lumineux. Ça permet d’avoir un repère pour les spectateurs qui ne connaissent pas forcément bien l’athlétisme. Je pense que les problèmes des nouvelles technologies de chaussures et de dopage devraient plus alerter que l’aide lumineuse ».

Crédits photos : NN Running Team

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