« Cher coronavirus,
Nous ne nous connaissons pas, et j’espère d’ailleurs ne jamais te croiser, mais je t’écris aujourd’hui. Je t’écris car, comme des milliers, peut-être des millions de personnes ce lundi, je ne sais pas quoi faire. Je suis un peu déboussolé et je viens te causer.
Bien sûr c’est très immodeste, arrogant, irritant, qu’un simple quidam comme moi se permette de t’interpeller publiquement. Mais l’athlétisme prend depuis quelques jours un tournant si inhabituel que je ne pouvais plus rester silencieux. Je t’avoue que, malgré ton omniprésence dans les médias et dans les discussions du tout début de la propagation, je ne te prêtais que très peu d’attention et je poursuivais mon petit bonhomme de chemin. Vendredi (13 mars), ce que je craignais un peu est arrivé : la suspension par la FFA des compétitions, réunions et même entraînements en groupe.
Ayant l’habitude de me déplacer régulièrement pour couvrir des compétitions de tous niveaux, cet arrêt temporaire de toute activité provoque forcément chez moi comme une sensation de vide. Comme bon nombre de passionnés aux quatre coins de la France, mon quotidien va devenir lambda. Et tu en es le seul responsable. Un peu partout, tu as a mis le sport en sommeil jusqu’à nouvel ordre. L’athlétisme n’a pas été épargné et le lancement de la saison estivale fait pschitt. Tu es entré sans dossard dans la course. On ne t’avait pas qualifié, mais tu as pris le départ, imposant ta cadence. Mais, nous allons tout faire pour que tu ne grimpes pas sur le podium.
Pour tous les passionnés d’athlétisme, l’année 2020 est programmée riche en compétitions, performances, médailles et émotions. Un événement majeur vient marquer cette année 2020, tu as peut-être une petit idée ? Les Jeux olympiques bien sûr, pour cette 32ème édition qui est prévue à Tokyo du 31 juillet au 9 août. Et l’ambiance si particulière des JO doit se prolonger au Stade Charléty à Paris fin août avec les Championnats d’Europe d’athlétisme. Tu voudrais gâcher la fête. Ce n’est pas comme ça que ça va se passer.
Dans nos clubs, tu joues le rôle du pire des supporters. On a bien tenté de t’adresser un carton rouge pour faux-départ, mais tu restes sur la piste. Désormais, mes entraînements manquent de tempo, de rires et de compagnie. Pour nous, passionnés du premier sport olympique, mais surtout pour des raisons bien plus sérieuses que d’autres médias relaieront, une seule chose, fous nous la paix.
Tu as bien compris, cher coronavirus, qu’athlétisme et virus ne font pas bon ménage. La passion de notre sport, elle aussi est contagieuse. L’athlétisme et tout sport est une liberté à laquelle nous tenons tellement que tu ne réussiras pas à nous en priver.
Bon vent à toi.
L’équipe STADION » coronavirus. coronavirus.