Grand espoir français des épreuves combinées, Ludovic Besson se rendra au Sénégal, pays de ses origines, du 23 décembre 2020 au 3 janvier 2021, pour un voyage solidaire nommé « Solution ». Accompagné par son entourage et par plusieurs partenaires, l’athlète de 22 ans va organiser plusieurs temps forts (compétition, prises de parole sur son expérience, donation d’équipements…) qui permettront à des jeunes de 15 à 20 ans de célébrer, d’apprendre et de partager sur la pratique de l’athlétisme. Mise en lumière de cette belle initiative qui mérite qu’on en parle.
— Ludovic, est-ce que vous pouvez vous présenter pour les passionnés d’athlétisme qui ne vous connaissent pas encore…
Je m’appelle Ludovic Besson, j’ai 22 ans et cela fait maintenant six ans que je pratique l’athlétisme de haut niveau. Membre de l’équipe de France jeunes, je veux atteindre celle des seniors et réussir à faire de ma plus grande passion mon métier. Je suis fraîchement diplômé d’un BTS Management des unités commerciales, ce qui me permet de m’assurer un avenir professionnel stable tout en m’épanouissant sportivement. Ayant fait partie des 24 sportifs nommés au comité des athlètes Paris 2024, j’ai œuvré également pour l’avenir de la capitale candidate pour accueillir les Jeux olympiques. Le fait que Paris ait gagné ce combat représente pour moi une première victoire. Je considère le sport comme étant une formidable école de la vie car il m’a apporté des valeurs que je considère indispensables à la réussite comme la persévérance, la discipline et la détermination et cela aussi bien sur le stade qu’en dehors. Au-delà du sport, je souhaite m’investir dans le domaine humanitaire pour pouvoir à mon tour donner ce que j’ai reçu.
— Comment vous est venue l’idée du projet Solution ?
Il y a quelques mois, j’ai été contacté par Talla, un jeune athlète sénégalais de 18 ans spécialiste des courses de sprint. Il m’a sollicité pour me demander des conseils sur l’athlétisme mais m’a aussi parlé des difficultés qu’il rencontre pour s’entraîner. Il est originaire de Thies, une province à 1h30 de Dakar, il ne peut pas se permettre de faire le voyage à tous les entraînements. Il a donc décidé qu’il ferait une partie des entraînements sur la piste de sable de Thies, seul. C’est un champ de course, prévu tout d’abord pour les courses équestres, qui n’est pas forcément plat. J’ai un nouveau sponsor Polytan qui est spécialisé dans les surfaces sportives synthétiques et qui pourrait potentiellement les aider. La détermination de Talla face à cette contrainte m’a beaucoup touché. Comme lui, de nombreux jeunes sénégalais sont dans l’obligation de mettre de côté leur passion pour le sport car les moyens techniques ne sont pas au rendez-vous. Notre volonté est de permettre à ces athlètes la possibilité de vivre leur passion.
— Pouvez-vous nous détailler le projet ?
L’envie de donner la possibilité à tous d’exercer sa passion est ma première motivation car je sais à quel point cela a pu contribuer à mon épanouissement. Après m’être informé sur la pratique du sport et de l’athlétisme dans mon pays d’origine, le Sénégal, j’ai pris conscience du manque indéniable de moyens. C’est pourquoi, j’ai pensé qu’il était temps de devenir acteur du changement pour ma communauté. J’ai commencé par me demander ce que je pourrais apporter à ces jeunes athlètes. La première chose à laquelle j’ai pensé, c’est de leur fournir les éléments essentiels à la bonne pratique d’un sport, à savoir des équipements. J’ai la chance d’avoir deux partenaires qui m’aident dans ce projet. Depuis 2015, je suis soutenu par adidas, cela fait donc 5 ans que j’accumule équipement sur équipement, beaucoup étant devenus trop petits, d’autres ne me servant plus. En plus, ils ont le plaisir d’offrir des équipements neufs pour tous les athlètes qui seront floqués avec notre logo. L’idée, c’est d’en faire profiter les personnes qui en ont le plus besoin en me déplaçant au Sénégal et en leur donnant en main propre. Il y a aussi la MGEN qui m’accompagne dans ma carrière et qui est aussi investie dans des actions humanitaires. Dans un second temps et à la suite des discussions que j’ai pu avoir avec différents athlètes sénégalais sur la pratique de l’athlétisme, j’ai ressenti une réelle envie de leur part d’en apprendre plus techniquement. C’est pourquoi j’ai pensé organiser un événement ouvert à toutes ces personnes désirant en savoir plus sur ce sport.
— Quelles attaches avez-vous avec le Sénégal à ce jour ?
De mon côté, ça fait une dizaine d’années que je ne suis pas allé au Sénégal, moi qui suis originaire de là-bas, j’y allais tous les ans quand j’étais plus jeune. Avec l’athlétisme et les compétitions internationales durant l’été, ça a été compliqué de trouver le temps de m’y rendre. Le Sénégal est un pays de sport et le sport prend beaucoup de place dans la vie de la population.
— Quel va être votre programme sur place ?
L’idée vient de moi mais le développement du projet a été réalisé avec ma copine Sofia Olivré, qui travaille dans la communication, ainsi qu’avec mon grand frère Pierre (24 ans) et mon petit frère Nicolas (20 ans). Nous souhaitons organiser un événement qui permettra aux participants de célébrer, d’apprendre et de partager sur la pratique du sport. L’objectif est de rétablir l’égalité des chances car malgré la motivation que peuvent avoir ces jeunes concernant la pratique de l’athlétisme, tous n’ont pas ce qu’il faut pour y parvenir. De plus, nous considérons qu’il est primordial d’échanger avec les athlètes sur les conditions sine qua non pour devenir sportif de haut niveau. Un coach a un très grand rôle dans la carrière d’un athlète, nous souhaitons donc pouvoir échanger avec tous les coachs qui seront présents lors de l’événement. Et puisque que sport rime avec dépassement de soi, nous allons organiser une compétition sur deux jours les 26 et 27 décembre avec une soixantaine de jeunes de 15 à 20 ans pour mettre en pratique tous les conseils abordés durant les différents moments d’échange. Nous tendons à créer un moment convivial mais surtout utile pour les participants, un moment qui leur permettra à la fin de cette aventure d’avoir les solutions à leurs toutes leurs problématiques. On est en train de finaliser un protocole sanitaire très strict avec les personnes compétentes qui sont sur place à Thies. La santé primera avant tout lors de cet événement.
— Quels conseils allez-vous donner aux jeunes athlètes ?
Même en tant qu’athlète, je n’ai pas la prétention de tout connaître et je n’ai pas la science infuse. De la façon la plus naturelle possible, je leur parlerai de ce qui m’a servi pour arriver à mon niveau dans ma carrière. Principalement, la passion de l’athlétisme, les bons côtés et les mauvais côtés du sport de haut niveau, l’implication au quotidien, la motivation pendant deux jours sur les dix épreuves du décathlon, comment rebondir après un échec ou encore parler des dangers du sport de haut niveau. J’ai 22 ans et l’avantage, c’est que je vais échanger avec un public qui m’est proche en termes d’âge.
— Est-ce un projet que vous souhaitez pérenniser ?
C’est aujourd’hui un projet sur le court-terme mais on souhaite agir de façon pérenne afin de changer les conditions d’entraînement. On souhaite échanger durant notre séjour avec des membres de la Fédération sénégalaise d’athlétisme pour savoir ce qu’il est possible de faire dans le futur pour ces régions où les athlètes ne peuvent pas pratiquer leur passion comme ils le veulent. Une cagnotte en ligne leetchi a été lancée pour couvrir une partie des financements nécessaires à notre projet.
— C’est un projet qui vous tient à coeur…
Je considère que j’ai eu de la chance en rencontrant les bonnes personnes au bon moment. Aujourd’hui, cette chance, j’ai l’opportunité de l’offrir à des personnes qui en ont besoin. Comme pour moi cela a changé la vie, ça peut changer leur vie et leur permettre de construire une carrière d’athlète en vivant des moments incroyables comme j’ai vécu grâce au sport. C’est la moindre des choses que je peux faire pour ces athlètes sénégalais. Même si je suis toujours dans ma carrière, il n’est jamais trop tôt pour agir si on en a envie. On a hâte d’y être.
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Crédit photo : Solène Decosta / STADION