Makenson Gletty : « Je viens pour faire une performance »

01 mars 2024 à 17:35

C’est un Makenson Gletty en mode un peu cachottier qui s’est présenté jeudi en point presse virtuel avant son entrée en lice ce samedi aux Championnats du monde en salle de Glasgow sur l’heptathlon. Malgré son statut privilégié, le protégé de Rudy Bourguignon se garde bien d’afficher trop haut ses ambitions. Après avoir battu son record cet hiver (6230 points) et s’être hissé au quatrième rang des bilans français tous temps, le combinard de 24 ans licencié du Nice Côte d’Azur Athlétisme a l’opportunité de frapper un grand coup en Ecosse. Ses résultats ces derniers mois font de lui un candidat indéniable à une médaille.

 

— Makenson, dans quelle forme êtes-vous en ce moment ? On vous a vu très en forme au X-Athletics (27 et 28 janvier à Aubière) puis vous avez continué votre saison sur cette lancée.

Je suis dans une continuité de montée en puissance. En début de saison, c’était un peu flou car on ne savait pas trop ce que ça allait donner mais on savait qu’il fallait pas mal de temps avant que la forme commence à monter. Ce sont désormais de beaux jours qui s’annoncent.

 

— Comment vous êtes-vous senti dans l’Arena lors du repérage ?

Je n’ai malheureusement pas pris le temps de bien regarder le Stadium car j’avais une séance de musculation à faire à côté. Ce sera plus demain matin (vendredi) que je pourrai regarder mais ça avait l’air d’être une belle piste, assez rapide de ce qu’on m’a dit.

 

 

— En 2022, après sept années passées à Montpellier où vous vous êtes notamment entraîné avec Kevin Mayer, vous décidez de rejoindre Nice. Pour quelles raisons avez-vous fait ce choix ?

J’ai fait sept années à Montpellier avec le groupe et au CREPS et j’ai pris la décision de partir car il fallait que je change d’environnement, de staff, et que je reparte sur un nouveau projet qui était plus orienté sur ce que je veux faire. C’était un nouveau challenge.

 

— C’est un choix payant quand on voit vos résultats et votre progression…

Oui c’est un choix que je ne regrette pas.

 

— Quelles sont vos ambitions pour ces Championnats du monde en salle ?

J’ai une performance en tête que j’aimerais la réaliser mais que je ne pourrais pas vous dévoiler. C’est une performance qui me tient vraiment à cœur et que je suis très motivé à aller chercher. Si j’atteins cette performance, ça devrait m’amener à quelque chose de beau derrière.

 

— Vous arrivez avec la quatrième meilleure performance des engagés ici à Glasgow. Comment souhaitez-vous profiter de cette lutte et de ce nouveau statut ?

Déjà j’arrive dans ce championnat sans pépin physique ou gêne donc je me sens en forme. Et l’objectif ici est de concourir contre les autres, pas de crainte.

 

— Est-ce que c’est aussi une compétition que vous abordez avec un peu un esprit de revanche après être passé de peu à côté de la qualification aux Championnats du Monde de Budapest l’été dernier ?

Non pas forcément, ce n’est pas le mot revanche qui convient mais plus un rebondissement et le résultat du travail sur le long terme. C’est vrai que le jour même, à l’annonce de la sélection, il y avait cette envie de revenir plus fort. Aujourd’hui c’est autre chose qui m’anime, je viens pour faire une performance ce week-end.

 

— La perche est une épreuve un peu particulière pour vous. Comment travaillez-vous cette discipline ? 

On a changé totalement l’approche et aussi la préparation par rapport à cette épreuve. Car on remarquait que lorsqu’il y avait des petites barres, je n’étais qu’à 60% de mon engagement. On a changé des choses à l’entraînement en mettant désormais des fils assez hauts pour entraîner ma vision et ma crainte d’aborder des hautes barres. Et cela a fonctionné car je suis plus confiant, plus à l’aise. C’est une discipline maintenant qui me permet d’aller chercher des bons points.

 

— Vous avez battu votre record personnel en salle sur les quatre des sept épreuves qui composent l’heptathlon en 2024 : longueur (7,33 m), au poids (16,61 m), sur 60 m haies (7″79) et à la perche (5,01 m)… On imagine que ça doit vous mettre en confiance avant les Mondiaux de Glasgow ?

Tout à fait, le X-Athletics a été l’heptathlon qui m’a permis de me mettre en confiance pour la suite. On se dit qu’il y a de quoi encore s’améliorer, comme par exemple sur les haies ou le poids. Pour ces championnats du monde, c’est une tout autre approche et on va chercher à faire encore mieux que pendant le X-Athletics.

 

 

— Au-delà que vous n’avez pas été blessé depuis quelque temps, comment expliquez-vous cette progression fulgurante depuis au moins un an et depuis que vous êtes avec Rudy Bourguignon à Nice ?

J’ai pris en maturité dans la discipline en elle-même. J’ai aussi appris de certaines erreurs que j’ai faites avant, que ce soit dans l’alimentation ou dans mon approche par rapport à l’entraînement. Et aussi en s’inspirant des autres, leur façon de fonctionner, on se rend compte qu’on n’a pas toujours raison, on teste de nouvelles choses et ça marche. Je fonctionne aussi un peu plus aux sensations et j’ai pris plus de confiance. Je crois encore plus en mon projet sportif et ça joue aussi.

 

— Qu’est-ce que vous apporte Stéphane Diagana à Nice ?

C’est toujours inspirant car Stéphane est quelqu’un d’emblématique dans l’athlétisme. Échanger avec lui c’est comme un deuxième père, dans le sens où il m’a accueilli quand je suis arrivé à Nice pendant trois mois. Ça a été des moments d’échanges très intéressants et j’ai pu aussi m’ouvrir à lui pour créer des liens très intéressants. C’est une personne sur qui je peux compter.

 

— Quelles sont vos épreuves préférées et comment abordez-vous, épreuve après épreuve, la compétition de ce week-end ?

Je fais un bon premier échauffement pour le 60 m car je m’échauffe peu ensuite pour la longueur et le poids. L’échauffement est ma partie la plus importante car après j’enchaîne tout. Le 60 m est une des épreuves que j’apprécie le plus. Il y a un peu d’appréhension pour la longueur avec l’importance de valider au moins un saut. Il y a toujours cet impératif que les marques soient bien prises pour assurer les sauts.

 

— Sur quelles épreuves pensez-vous avoir le plus de marge de progression ?

Je pense que c’est le 60 m haies.

 

 

— Vous êtes également policier réserviste. Comment est venue cette vocation ?

Ce n’est pas une vocation. En 2022, je voulais entrer dans la police nationale en tant que réserviste. J’ai passé les deux concours et malheureusement j’ai raté les entretiens. Derrière, ils m’ont rappelé pour me dire qu’ils allaient mettre le même dispositif en place dans le cadre de « L’armée de Champions ». Ça m’a intéressé car c’est un métier très vaste, je suis quelqu’un de curieux, qui aime découvrir un peu tout donc j’ai dit oui. J’apprends de nouvelles choses et pourquoi pas à l’avenir y rester mais je ne me limite pas à ça.

Romain Barras, directeur de la haute performance de la Fédération Française d’Athlétisme, au sujet de Makenson Gletty : « Il ne doit pas se mettre de limites, il doit aller le plus loin possible. Il a des épreuves où il a une énorme marge de progression grâce à ses qualités physiques hors normes et aussi grâce à son coach. La relation qu’il a avec son coach se passe très bien et le courant passe également très bien entre ce duo et la Fédération. Il aura de belles choses à proposer pour la suite. »

Propos recueillis par Sarah Ali
Crédits photos : Jean-Luc Juvin / STADION

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