Après un dernier kilomètre magistral, c’est finalement l’Espagnol Ilias Fifa qui s’est imposé sur la 46e édition de Marseille-Cassis dans un chrono de 1h01’09. Il devance de cinq secondes le Marocain Mohamed El Tahlaoui, pourtant en tête jusqu’à l’ultime virage, pour le plus grand plaisir du public venu en nombre, et forcément ravi par ce spectacle. Igor Bougnot, premier Français de l’épreuve, crée lui aussi la surprise en terminant à la cinquième place, s’offrant même le luxe de devancer le Rwandais Félicien Muhitira, vainqueur l’an dernier et grand favori de cette édition. Chez les dames, la Kazakhe Daisy Jepkemei a dominé de bout en bout ces 20 km pour venir l’emporter dans un gros chrono de 1h06’50. Derrière, Mélody Julien, pour sa première participation, termine deuxième en 1h07’17, meilleure performance française de tous les temps sur la classique provençale, emmenant dans son sillage Manon Trapp, troisième en 1h10’00.
Ilias Fifa, au terme d’un final de fada !
Véritable fête populaire, la 46e édition de Marseille-Cassis, compétition incontournable du calendrier des courses sur route continentales, a tenu toutes ses promesses ce dimanche matin. Sur un parcours atypique, les 20 000 coureurs engagés ont sillonné les quartiers sud de la ville, en passant du Massif des Calanques au fameux col de la Gineste (327 m d’altitude), avant d’en prendre plein les yeux, et les guiboles, dans les vignes de Cassis. Si nombre d’athlètes avaient pour objectif de profiter de la beauté du parcours en franchissant la ligne d’arrivée de la classique provençale sans objectif chronométrique, la compétition battait son plein à l’avant du peloton. Dès les premiers kilomètres, un petit groupe d’une dizaine d’athlètes se détachait de la masse de coureurs pour venir prendre les devants de l’épreuve.
Après un passage au 5e kilomètre en 15’37, l’escadron résistait, emmené par les deux Espagnols Ilias Fifa et Chakib Lachgar, avec en son bord le Marocain Mohamed El Tahlaoui, l’Ukrainien Mykola Mevsha, le Rwandais Félicien Muhitira, et surtout les Français Martin Perrin et Igor Bougnot. Il fallait attendre d’arriver en haut du col de la Gineste, principale difficulté de l’épreuve, pour voir El Tahlaoui, Mevsha et Fifa accumuler quelques dizaines de mètres d’avance sur leurs poursuivants. Légèrement diminué par l’effort effectué pour accrocher la tête de course sur les 327 m de D+ avalés, l’Ukrainien Mevsha cédait du terrain en comptant 17 secondes de retard au passage au 10e kilomètre sur le duo Fifa-El Talhaoui, tous deux flashés en 33’28 à la mi-course.
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Derrière, le premier Français Igor Bougnot pointait à la sixième position (33’35), emmenant dans sa foulée Martin Perrin (33’35), Damien Le Mesnager (33’36) et Maxime Bargetto (33’40). Alors que les deux premières places semblaient acquises, l’impressionnant Mykola créait la surprise en venant rejoindre El Tahlaoui au 15e km, laissant dans son sillage Ilias Fifa, champion d’Europe du 5000 m en 2016 à Amsterdam. Mais c’était sans compter sur le retour canon de l’espagnol, qui profitait de sa pointe de vitesse (27’41 sur 10 km à Valence cette année, record national), pour venir coiffer au poteau ses deux adversaires du jour dans le dernier kilomètre. Il s’impose finalement en 1h01’09, sous les regards ébahis et les applaudissements bien nourris du public venu en nombre profiter du spectacle. « Je suis très content, c’était magnifique. J’ai tout donné, notamment dans le col de la Gineste où c’était compliqué, mais j’étais vraiment venu pour gagner. Le public et l’organisation étaient magnifiques ! Toute cette effervescence… C’est aussi ça qui m’a donné de la force pour gagner », confiait-il à l’arrivée.
Igor Bougnot : « C’était royal »
Igor Bougnot était le premier français à franchir la ligne d’arrivée dans une honorable cinquième place en 1h02’12, laissant même dans son sillage le vainqueur de l’an dernier, et favori de cette édition, Félicien Muhitira (sixième en 1h02’23). « Je savais que la course se découpait en deux phases : une grosse côte, et une grosse descente. Il fallait donc gérer, mais heureusement que le vent était favorable. Je suis très heureux de cette course sur un parcours magistral, savoure le champion de France en titre du 10 000 m. Je savais que je ne pouvais pas non plus jouer avec les meilleurs étrangers du moment, donc je gérais la victoire française. Je me suis retrouvé dans un petit groupe, et on s’est bien aidés avec un Kényan et un Marocain. J’avais de superbes sensations et j’en ai profité. Le moment fort de cette course, c’est l’arrivée au sommet du col de la Gineste, et l’arrivée à Cassis bien sûr, c’était royal ! ». Derrière le sociétaire de l’Entente Sud Lyonnais, Martin Perrin termine septième (1h02’47), Maxime Bargetto huitième (1h02’58) et Damien Le Mesnager dixième (1h03’55).
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Daisy Jepkemei victorieuse chez les femmes, Mélody Julien en mode fusée
Moins de surprise, en revanche, du côté des féminines où la Kazakhe Daisy Jepkemei s’est emparée de la tête de course dès les premiers kilomètres, pour ne plus jamais la lâcher. Avec un passage au 5e kilomètre en 16’30, l’athlète créditée d’un chrono de 30’38 »44 sur 10 000 m, comptait cinq secondes d’avance sur sa première poursuivante qui n’était autre que la sociétaire de l’Association Multisports Montredonnaise, Mélody Julien (16’35). La Française emmenait dans son sillage Manon Trapp (17’12), Ophélie Serra-Boxberger (17’31, 4e en 1h10’27) ainsi que la vainqueure de l’an dernier, Clémence Calvin (17’33, 6e en 1h10’35).
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Après une course régulière, où elle ne cessait de creuser l’écart, Daisy Jepkemei s’imposait logiquement, dans un chrono magistral de 1h06’50. Quelques instants plus tard, Mélody Julien terminait son récital et venait signer, pour sa première participation, la meilleure performance française de tous les temps sur cette épreuve, grâce à son chrono de 1h07’17 (ancien 1h09’00 en 2022, par Mekdes Woldu).
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« Je me suis régalée dans la descente ! J’ai pas mal enchaîné ces derniers temps, j’ai fait le marathon de Chicago, j’ai battu mon record sur 10 bornes la semaine dernière, donc je venais ici pour prendre du plaisir et c’est fait, sourit l’élève de Max Lesauvage. Je n’avais plus de jambes à la fin, mais un podium c’est super ! Il y avait du très haut niveau et je suis contente d’être la première française, c’est super, ça veut dire que la forme est là ». Derrière, Manon Trapp s’emparait, tout sourire, de la troisième position, dans un chrono de 1h10’00. « C’est une course extraordinaire, c’était incroyable, je me suis régalée. J’adore cette sensation de liberté à l’arrivée au sommet du col, c’était un paysage magnifique, j’ai vraiment adoré ! C’était un parcours exigeant, mais avec de fortes émotions. Je finis une semaine à 160 km, donc je savais que je n’avais pas trop de fraîcheur, je suis venue dans la forme du jour, j’ai juste voulu profiter pour moi ! Les gens m’applaudissaient comme si j’étais première, donc forcément j’avais le sourire ! J’ai kiffé la course ! »
Les champions du monde Jimmy Gressier et Pierre-Ambroise Bosse dans le peloton
Parmi les 20 000 coureurs présents sur la ligne de départ, la classique provençale comptait parmi ses rangs deux prestigieux champions du monde ! Encore sur son nuage, Jimmy Gressier venait fêter ses deux médailles acquises un mois auparavant aux championnats du monde de Tokyo. Présent pour accompagner sa compagne, Aude Clavier, « en mode sortie longue » (1h28’27) et également pour remettre des dossards aux jeunes de divers quartiers de Marseille vendredi, au village départ dans le cadre de l’initiative « Marseille-Cassis des quartiers », le champion du monde du 10 000 m avait à cœur d’être présent. « Quel parcours ! C’est une course vraiment difficile, heureusement que je l’ai faite en footing. Dans les montées, ça allait mais dans les descentes, j’avais les ischios qui tiraient ! J’ai à cœur de revenir sur cette course et de vivre la ferveur du public en étant compétitif la prochaine fois, savoure déjà le Boulonnais. J’ai vécu tous les encouragements des gens avec beaucoup de bienveillance, et je les remercie, c’est toujours flatteur quand on a la reconnaissance de tout un peuple, avec humilité. Ça me fait vachement plaisir, c’est pour moi que je cours mais aussi pour transmettre des émotions, partager des choses simples avec tout le monde, car je suis simple comme tout le monde, je cours juste un peu plus vite ! »
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Champion du monde sur 800 m en 2017, Pierre-Ambroise Bosse (1h21’04) faisait aussi l’honneur de sa présence. Ambassadeur de l’initiative « CleanUp dossards », un dispositif récent pour sensibiliser au ramassage des déchets, le Nantais d’origine a profité du bain de foule pour communiquer sur une cause qui lui tenait à cœur. « On a rigolé avec les gens sur tout le parcours, c’était ma première Marseille-Cassis, et très certainement ma dernière ! Maintenant, place à la deuxième compétition, c’est le ‘Où est Charlie’ du dossard vert, je vais faire marche arrière pour aller chercher ceux qui ont également couru pour cette initiative », s’amusait l’athlète qui fait partie des 215 coureurs concernés.
Tous les résultats des 20 km de Marseille-Cassis 2025
Texte : Emeline Pichon
Crédits photos : Jean-Luc Juvin / STADION





























