Marseille-Cassis : Les Calanques pour Félix Bour

31 octobre 2021 à 18:18

On a assisté à un magnifique duel entre Félix Bour (1h01’55) et Morhad Amdouni (1h02’03) sur Marseille-Cassis ce dimanche, après une échappée en duo qui a assommé tous leurs rivaux. Ils ont été rejoints quelques minutes plus tard par Mekdes Woldu avec un chrono de 1h13’24. Sous les yeux d’un public nombreux et enthousiaste, 12 650 coureurs, habitués et amateurs, ont pu profiter du magnifique itinéraire à travers le Parc National des Calanques dans des conditions météo agréables malgré le vent. À l’arrière d’une moto presse, nous nous sommes insérés au sein du peloton de tête. Accrochez-vous, on vous embarque avec notre pilote, Jean-Marc.

Après les Championnats de France de marathon à Rennes dimanche dernier, notre reporter a eu une nouvelle fois l’opportunité et la chance de pouvoir enfourcher la « moto presse ». De quoi s’en mettre plein les mirettes dans le décor magnifique des Calanques, à quelques mètres des belles foulées des chasseurs de chronos. Après un briefing et un solide petit déjeuner, le rendez-vous est donné sur la ligne de départ, boulevard Michelet, à 8h00. Jean-Marc nous attend à côté de sa BMW. Vingt Marseille-Cassis au compteur en tant que coureur, quatre en tant que motard, il n’a rien d’un débutant. « Autrement qu’en moto, je n’aurai jamais eu l’occasion de dépasser les premiers », nous dit-il en riant. Alors que la température est proche de 18 degrés, le vent devrait être omniprésent, au grand dam des concurrents qui devront lutter face à Eole. Pas de quoi entamer notre passion tout au long du parcours.

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Les favoris se positionnent en tête

Et c’est parti ! En mode éclaireur une bonne dizaine de minutes avant les coureurs. Après dix minutes de retard, l’autorisation des officiels arrive à 8h40, et le grand spectacle peut commencer : Dès le coup de pistolet, la bagarre est lancée au milieu de ce concert de klaxons. Un long faux plat montant en entrée attend les coureurs. Avec l’obélisque de Mazargues en point de mire, ils sont six à s’être détachés d’entrée. Morhad Amdouni est dans ce peloton, aux côtés, notamment, de Félix Bour, Nicolas Navarro et d’Abderrazak Charik sur la grande artère, avant d’aborder le premier virage qui mène vers la Gineste. Dès les premières foulées, il est clair que la victoire n’échappera pas à un de ceux-là. Le début de la course, bien que très nerveux, nous a permis de venir nous positionner directement en tête de course. Nous rejoignons notamment le cameraman de France Télévisions PACA pour la retransmission en direct.

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Ça souffle sur le Col de la Gineste

Nous voici arrivés au redouté col de la Gineste qui culmine à 327 mètres d’altitude et offre une vue panoramique époustouflante sur Marseille. Un lieu somptueux qui traverse le massif du Parc National des Calanques et ses imposantes collines. Dans ces conditions, pas le temps non plus d’admirer la carte postale qui défile sous nos yeux, concentrons-nous sur la course ! Sans que nous nous en rendions compte, on avalera rapidement les 20 bornes.

À peine à la moitié de l’ascension de la Gineste, ils ne sont déjà plus que deux à maintenir une allure folle : Morhad Amdouni et Félix Bour. « Au 6e kilomètre, Morhad a commencé à se détacher, j’avais donc un choix à faire, rester dans le paquet ou revenir sur lui, en une fraction de seconde j’ai pris la deuxième option. On s’est retrouvé tous les deux au 7e kilomètre », souligne Bour. Le fort vent de face s’annonce préjudiciable pour les performances. Le chrono au 10e kilomètre est sans appel : 33’34 (contre 28’22 du 10e au 20e km). Le vent, le bruit, la fureur : dans une voiture, on l’imagine. Sur une moto, on le ressent.

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Bonne ambiance sur les bords de la route

Afin de capturer les plus beaux clichés possibles, une reconnaissance du tracé avait été faite deux jours avant le départ. Presque à croire que c’est nous qui allions courir aujourd’hui ! Les fusées tricolores font l’objet d’une couverture constante de notre part, on reste toujours attentifs. On roule derrière le peloton de tête et à un moment donné on voit le cadre qui nous plaît, on s’arrête mais on reste sur la moto. L’idée c’est de faire une photo où l’on voit la tête de course passer dans un bel endroit.

Le bord de la route, sur Marseille-Cassis, est aussi intéressant que la course. Grimé ou en déguisement d’Halloween, assis ou debout, le public est nombreux. Les clameurs sont déformées par la vitesse, mais les sourires et les applaudissements sont partout. Malgré le vent, de nombreux spectateurs étaient sur le bord des routes afin de donner de la voix pour encourager les héros du jour. L’enthousiasme d’accueillir cette course pousse parfois les spectateurs à applaudir le moindre véhicule qui passe, fût-ce une moto de journalistes ou une voiture d’invités.

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Esprit d’équipe

Grâce à l’état d’esprit irréprochable du binôme Bour-Amdouni où chacun a fait sa part du travail en se relayant régulièrement, le duo continue de creuser l’écart. Moment fort qui montre le super état d’esprit entre les deux : au ravitaillement du 15e km, Félix Bour prend une bouteille d’eau et en propose même à son acolyte du jour. L’esprit d’équipe jusqu’au bout. Une fois sur le plateau de Carpiagne, le duel est lancé et ils vont s’expliquer dans les derniers mètres. « On a commencé à réfléchir dans nos têtes au sprint car on savait que ça allait se jouer entre nous deux. On est arrivés au sommet de la Gineste ensemble et on savait qu’aucun de nous deux allait lâcher dans la descente », avance Bour.

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Explication finale à Cassis

À cinq kilomètres du terme, nous décidons avec Jean-Marc de terminer la course à vive allure pour rejoindre la ligne d’arrivée et laisser les coureurs se préparer au sprint final. On « plonge » vers Cassis. Le dénivelé positif est enfin terminé. Au final, Morhad Amdouni a laissé son cadet et compagnon d’échappée, plus rapide au sprint aujourd’hui, s’envoler vers une victoire plus que méritée, mais qui aurait très bien pu lui revenir. Félix Bour déboule seul dans la dernière ligne droite, sur l’avenue des Albizzi, et s’impose en 1h01’55, huit secondes devant Amdouni. Auteur d’un chrono de 1h01’32 dimanche dernier lors du semi-marathon de Valence, le lauréat du jour gardait une certaine modestie à l’arrivée. « J’avais un peu peur au niveau de la récupération mais maintenant avec les chaussures en plaque carbone (MetaSpeed Sky d’Asics), c’est incroyable, trois ou quatre jours après tu peux repartir au travail. Enchaîner les courses était quelque chose qu’on ne pouvait pas faire il y a deux ans encore. Désormais, j’espère faire de belles choses aux Championnats de France de cross-country à Montauban le 14 novembre », se réjouit le représentant du Racing Multi Athlon.

En préparation d’un futur marathon, certainement celui de Valence le 5 décembre, Morhad Amdouni (1h02’03) indique que « l’objectif c’était de faire du spectacle mais aussi de décrocher la victoire. Je me suis prêté au jeu mais j’ai pris cette course comme un entraînement ! Je fais beaucoup de kilométrage, 180 en moyenne en ce moment, avec notamment des séances de 35 bornes qui ne sont pas faciles à digérer ».

Trois minutes derrière ce dernier, Nicolas Navarro (1h05’03) grimpe sur la troisième marche du podium. « Le top 3, c’était l’objectif. Félix et Morhad étaient au-dessus, ils ne fonctionnaient que par à-coup et si je prenais le risque de les suivre j’allais me mettre dans le dur. Au pied de la Gineste, j’ai préféré prendre mon rythme ». Une pléiade de Français postulait aux places d’honneur à l’image d’Abderrazak Charik, quatrième en 1h05’36 et Maxime Bargetto, cinquième en 1h05’53.

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Y’a de la joie pour Woldu et Westphal

Quelques minutes plus tard, c’était au tour de Mekdes Woldu, 29e au scratch de s’imposer chez les féminines en 1h13’24. Auteure d’un triplé national historique (10 000 m, 10 km  et semi-marathon) en 2021, la sociétaire de l’EFCVO avait en tête le record de l’épreuve pour une Française qui est détenu depuis 2007 par Hafida Gadi en 1h11’46. « J’ai été gênée par le vent et je me suis trouvée seule du 10e au 17e, positionnée entre deux groupes à 30 mètres d’écart. Le record, ça sera pour une autre fois, et maintenant, on va attaquer la saison de cross ». À 28 ans, l’Érythréenne de naissance s’est envolée vers la victoire malgré la belle lutte jusqu’au 7e km avec Liv Westphal qui était tout heureuse d’hériter de la deuxième place en 1h14’56.

La talentueuse athlète de 27 ans a connu des pépins physiques depuis un an et demi en raison d’un déséquilibre du bassin. « C’était essentiel de reprendre la compétition sans pression et sans penser au chrono. Honnêtement, finir sans douleur, c’est déjà la plus belle des victoires. C’était un choix de participer à Marseille-Cassis parce que c’est un profil différent des autres courses. Mentalement, ça a été compliqué de ne pas faire les JO de Tokyo. Cette course me permet de me dire que je peux reprendre l’entraînement dur. Je sais le travail qui me reste à effectuer pour retrouver mon niveau de 2019 ». Deux ans après son retour à l’AS Saint-Junien, son club de toujours, la Limougeaude a décidé il y a quelques jours de changer d’air en rejoignant le Clermont Athlétisme Auvergne. La troisième place revient à la Kazakhe d’Aix Athlé Provence Zhanna Mamazhanova en 1h16’28.

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Grand succès populaire

En 1979, lors de la première édition du Marseille-Cassis, 700 coureurs avaient participé à la course de la cité phocéenne. Quarante-deux ans après, ils étaient plus de 12 600 ce dimanche à se lancer à l’assaut de ce 20 kilomètres au départ du stade Orange Vélodrome pour une arrivée dans les vignes cassidaines. Année après année, l’engouement pour Marseille-Cassis ne se dément pas. Au contraire. Pour cette 42e édition de la classique provençale, les 18 000 dossards mis en vente ont trouvé preneurs en… quelques jours ! Autant dire que la première des victoires, c’est d’être sur la ligne de départ, tout près du stade Orange Vélodrome.

Le chronomètre en haut de l’arche tourne depuis déjà plus de deux heures, les arrivées se succèdent. C’est le moment où cette course mythique prend une saveur toute particulière. Les incroyables performances des fondeurs tricolores n’en ont pas pour autant fait oublier les efforts des milliers d’anonymes qui ont aussi réalisé un exploit en franchissant la ligne d’arrivée. Pour beaucoup d’entre eux, apercevoir les hauteurs de Cassis et réussir à boucler les 20 kilomètres représente un défi tout aussi exceptionnel que celui de réaliser en un peu plus de 60 minutes pour un coureur expérimenté comme Félix Bour.

En bref, une course mythique à ajouter dans votre calendrier running.

Tous les résultats, en cliquant ici.

Crédits photos : STADION

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