À la veille du Meeting de Paris 2024, retour sur la conférence de presse qui s’est tenue samedi au Stade Charléty avec quelques-unes des principales têtes d’affiche de la réunion de la capitale : Armand Duplantis, Gabriel Tual, Sasha Zhoya, Thibaut Collet ou encore Renaud Lavillenie. Morceaux choisis.
Armand Duplantis (Perche)
« La pression, on finit par s’en accommoder. Je me concentre sur moi-même. Si les gens attendent autant de moi, c’est qu’il y a une raison, c’est que j’ai été capable de sauter très haut ces derniers temps. Je veux juste me prouver que je suis dans une forme qui me permet de battre le record du monde. C’est ma dernière compétition avant les Jeux, donc c’est important de sortir du stade en pleine confiance, pour arriver avec tous les voyants au vert à Paris dans trois semaines. Je sais aussi que les autres sauteurs seront en forme et iront assez haut, donc cela devrait être excitant pour le public. Le niveau sera celui d’une finale olympique, au vu du plateau. Il y a encore quelques étapes avant d’envisager 6,30 m, mais dans le futur, c’est clairement une possibilité. J’adore la sensation d’être au pied d’une barre que personne n’a jamais passée. Il y a une adrénaline qui monte. C’est là que je me sens le plus libre mentalement, dans une sorte de « flow », entre l’hyper-concentration et le lâcher-prise. Vous savez que tout doit être parfait ou presque pour passer, vous ne pouvez pas vous concentrer sur tel ou tel détail. »
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Marileidy Paulino (400 m)
« C’est toujours un plaisir de venir à Paris, la France est un des pays que je chéris le plus. Mon ambition principale est de faire le meilleur chrono possible et d’avoir une exécution de course optimale. Pour moi, un chrono en 48’’ serait idéal, c’est ce pour quoi je me prépare à chaque compétition. Je me sens très bien préparée. J’ai travaillé l’ensemble des muscles de mon corps, et j’espère décrocher la médaille d’or dans un mois. Le titre olympique serait une grande réussite, pas seulement pour moi-même, mais pour tout le peuple dominicain. La dernière médaille d’or pour notre pays remonte à Félix Sanchez à Londres en 2012, sur 400 m haies. Mentalement, je me sens extrêmement bien, grâce à Dieu et à la lecture de la Bible. C’est de là que je tire ma motivation et c’est grâce à lui que j’ai réussi tout ce que j’ai déjà accompli. Je suis très fière de ma foi et de ma relation à Dieu, qui sont très importantes pour moi. Je suis très heureuse d’être à Paris à l’approche des Jeux olympiques, mais je dois rester calme et sereine pour ne pas me laisser gagner par l’émotion et l’enjeu. C’est un travail mental à mener pour arriver la plus fraîche possible dans trois semaines au Stade de France. »
Gabriel Tual (800 m)
« Je me sens bien et je suis heureux d’être de retour « dans le game », après ma blessure de l’an dernier. J’ai hâte d’être en piste ! Demain, je vais poser le cerveau et partir pour courir vite quoi qu’il arrive, quitte à exploser. Le but est d’aller chercher un chrono. Je me suis préparé mentalement et physiquement pour cette course de la même façon que pour les Europe de Rome et les France Elite. En courant à domicile, je préfère me concentrer sur tous ces gens autour de moi qui vont me soutenir, plutôt que sur le risque que ça ne se passe pas bien et que je me fasse défoncer. »
Emmanuel Wanyonti (800 m)
« Je suis prêt à courir vite dimanche, je suis heureux d’avoir l’opportunité de courir ici en Diamond League. Je m’attends à une course spéciale avec tout ce public. Je me suis bien préparé, je n’ai aucune pression, c’est une vraie préparation pour les Jeux de Paris. Les Jeux, en revanche, c’est beaucoup de pression pour moi. C’est un grand évènement, qu’il faut préparer consciencieusement. Ce sera dur, mais je vais travailler pour cela. La différence avec les Mondiaux, c’est que ce sont les Jeux olympiques, tout simplement. Ce seront mes premiers J.O., et tout le monde ne parle que de ça. Mon chrono récent en 1’41″70 aux championnats du Kenya, c’est surtout de la pression en plus. Je suis encore jeune, et tout le monde va m’observer de près désormais. J’essaie de me concentrer sur mon entraînement plutôt que sur ce que peuvent me dire les gens à l’extérieur. Je ne pense pas au record du monde de David Rudisha, je veux juste gagner mes courses et améliorer mes chronos. »
Laura Muir (1500 m)
« Être officiellement qualifiée pour les Jeux olympiques me libère l’esprit pour la course de dimanche. Même si je m’étais dit toute la saison que je serais aux JO, il fallait quand même valider ma sélection. C’est sympa d’être ici dans la même ville que les Jeux, avec la certitude d’y revenir dans moins d’un mois. Je pense que la course sera très rapide, puisque Faith Kipyegon sera là. Ce sera mon dernier 1500 m avant les Jeux, donc ce sera une bonne répétition de se mesurer aux autres. Cette course nous donnera un bon état des lieux d’où j’en suis à trois semaines du grand rendez-vous de la saison. Ensuite, j’enchaînerai avec un gros cycle d’entraînement pour me préparer au mieux pour Paris. Ce n’est pas facile à gérer avec l’excitation qui monte, mais j’espère que la course ira vite pour prendre un maximum d’informations. Ce que ça fait d’affronter Faith ? Je me prépare juste à courir vite et à essayer de la suivre le plus longtemps possible ! Je l’ai déjà affrontée plusieurs fois, et j’ai eu le privilège d’être dans la même course qu’elle à chacun de ses records du monde. Je suis en quelque sorte son porte-bonheur. C’est un privilège pour moi d’être au départ face à elle et de me confronter à une athlète de ce niveau. »
Sasha Zhoya (110 m haies)
« Le niveau mondial est très dense cette année, ça va très vite. J’ai hâte de voir ce que je peux faire demain face à des athlètes d’un niveau plus élevé qu’aux championnats de France. C’est le genre d’opposition qui me pousse à donner le meilleur de moi-même. Ce sera ma vraie rentrée, avec deux courses sans des starting-blocks qui glissent. J’ai hâte d’y être et de voir ce que ça va donner. À domicile, on peut s’appuyer sur sa famille et ses proches. À chaque fois que je cours à Paris, je sens cette énergie et je m’en sers. »
Lorenzo Simonelli (110 m haies)
« C’est ma première fois à Paris. Depuis ma victoire aux championnats d’Europe, je me sens très bien. J’attendais cet évènement depuis le début de la saison. C’était fou, tous mes amis et toute ma famille étaient dans le stade pour me supporter. Je me sens bien, j’étais fatigué après les Europe, avec la décompression qui a suivi, mais j’ai bien repris, et je me sens prêt à courir vite sur les haies. Demain, ce sera un gros rendez-vous. J’aimerais courir en moins de 13″10, mais je sais qu’il y aura des mecs très forts, qui seront à coup sûr en finale des Jeux olympiques. Ce sera une course très compétitive, et un excellent test pour Paris. On va se faire plaisir et s’amuser ! »
Alison Dos Santos (400 m haies)
« Jusqu’à maintenant, j’ai eu une super saison, avec quelques bons chronos, même si j’aurais aimé courir plus vite. Je suis très heureux d’être à Paris, c’est ma première fois ici, et c’est une ville excitante pour toutes les raisons que vous imaginez. Le principal objectif est de courir très vite en finale olympique, mais l’idée est de faire descendre progressivement le chrono à chaque course qui nous en rapproche. Je ne peux pas annoncer tel ou tel chrono, mais je veux savoir où j’en suis et aller plus vite que mon SB, de 46″63. »
Thibaut Collet (Perche)
« Je me sens plutôt bien. L’objectif était d’arriver en forme à l’approche des Jeux olympiques. Je suis assez en confiance. Demain, ça va être ma dernière compétition avant les Jeux. C’est une vraie étape importante et une répétition avec un niveau extraordinaire. Le stade sera plein. On va pouvoir mesurer un peu ce que peut représenter un Stade de France rempli. Ça va faire du bien de prendre conscience de l’ampleur de ce qu’on va vivre dans quelques semaines. »
Renaud Lavillenie (Perche)
« Ce que je retiens, c’est que j’ai réussi à retrouver le niveau pour pouvoir prétendre aller aux Jeux. Je refais de la perche sans douleur ni appréhension. Ça me permet de me projeter vers la suite. Je peux faire tout ce que j’aime. Dès la fin du concours à Angers, je savais que l’aventure olympique était terminée. Mais je ne pouvais pas avoir fait tout ce boulot pour rentrer chez moi et partie en vacances. J’ai la chance de disputer le Meeting de Paris, qui est une belle vitrine. Au moins, je pourrai dire que j’ai sauté à Paris cet été, même s’il n’y a pas les anneaux (rires) ! »
Malaika Mihambo (Saut en longueur)
« Je me sens mieux qu’il y a quelques jours, mais vous pouvez entendre à ma voix que je n’ai pas encore totalement récupéré du Covid qui m’a privée des championnats d’Allemagne. J’ai encore besoin de temps pour être à mon meilleur niveau. Je pense que j’ai deux ou trois sauts dans les jambes, et j’espère en tirer profit pour obtenir le meilleur résultat possible. Je n’ai pas d’objectif chiffré, mais mes entraînements sont bons. Je veux juste voir où j’en suis et travailler en vue des Jeux olympiques. Rester dans le jeu et en mode compétition est important, à trois semaines des Jeux. C’est mon premier concours en France depuis les championnats du monde cadets en 2011 à Lille. Je suis heureuse de sauter pour la première fois à Paris, et j’ai entendu que le stade serait plein… J’ai hâte de voir ça, j’espère que le public sera plein de passionnés. »
Larissa Iapichino (Saut en longueur)
« Rome était incroyable ! Ces championnats d’Europe à la maison étaient un honneur et un plaisir. L’atmosphère et l’énergie étaient incroyables, j’ai adoré ! Sauter à 7 mètres est un objectif pour toutes les femmes qui font du saut en longueur, mais ce n’est pas une obsession pour moi. Je fais de mon mieux à l’entraînement, et cela viendra naturellement. Je suis encore très jeune, j’aurai 22 ans dans quelques semaines, j’ai encore beaucoup d’expérience à acquérir pour être la sauteuse que je veux devenir et aller au-delà des 7 m. J’ai aussi encore pas mal de travail technique devant moi. Le record de la famille, qui est aussi le record d’Italie, j’adorerais l’avoir. Mais il est encore loin : 7,11 m. Ma mère (Fiona May) peut encore attendre avant de me voir battre son record, mais je crois qu’elle aimerait bien que je sois celle qui sera son héritière. C’est dans un coin de ma tête, mais il va me falloir du travail et peut-être un peu de chance. Je ne me mets pas trop de pression par rapport à ça. »
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Propos recueillis par Dorian Vuillet
Crédits photos : Antoine Decottignies & Gaëlle Mobuchon / STADION