Meeting Stanislas de Nancy : Pascal Martinot-Lagarde gêné mais optimiste

03 juillet 2022 à 9:11

Organisé ce samedi 2 juillet, le Meeting Stanislas de Nancy était le premier grand rendez-vous une semaine après les Championnats de France Elite à Caen. L’occasion pour certains athlètes tricolores de se tester avant les grandes échéances mondiales et européennes, à l’image de Pascal Martinot-Lagarde qui s’est classé quatrième d’un 110 m haies mouvementé. Retour sur les principaux temps forts.

Sous le coucher de soleil nancéien, une partie de l’Équipe de France qui sera présente dans l’Oregon à partir de la fin de la semaine prochaine s’était donnée rendez-vous ce soir sur la piste Raymond Petit. Malgré l’absence de Sasha Zhoya qui soigne son genou, et Dimitri Bascou, forfait de dernière minute, il restait un homme que tout le public attendait : Pascal Martinot-Lagarde. Absent aux Championnats de France Elite en raison d’une angine blanche et gêné par les blessures cette saison, PML souhaitait enfin enchaîner les compétitions avant Eugene. À commencer par ce soir au Meeting Stanislas. Le champion d’Europe de Berlin en 2018 réalise une course solide… jusqu’à la septième haie. Son voisin de couloir, le Sud-Africain Antonio Alkana lui touche le bras, puis les deux hommes se gênent complètement sur les dernières haies.

 

 

Le sociétaire de l’ES Montgeron explique parfaitement la situation : « J’étais venu pour reprendre la compétition car c’est par la compétition que je me prépare. À la 7e haie, on se touche légèrement avec mon adversaire, puis de façon plus franche à la haie suivante. Avec les championnats du monde dans quelques jours, j’ai préféré assurer pour ne pas me blesser après cet accrochage. L’important ce sont les championnats du monde dans 10 jours ». Le triple vice-champion du monde du 60 m haies se classe finalement quatrième avec un anecdotique 13″71. À deux semaines des Mondiaux, le temps presse, mais on sait que c’est dans ces moments-là que PML est le plus fort… 

 

PAB a tout tenté

Pierre-Ambroise Bosse souhaitait « aller vite » afin de continuer sa préparation pour les Championnats du Monde à Eugene. Une fois le coup de feu retenti, PAB part vite, comme prévu. Il suit le lièvre qui passe le premier tour en 50″22 comme demandé. Le meneur d’allure laisse ensuite le champion du monde 2017 prendre les rênes de la course. Le recordman de France maintient ce rythme très élevé jusqu’au 600 m avant de se faire rattraper par le peloton, et craquer, pour finalement couper la ligne en 2’20″89. Le protégé d’Alain Lignier a trouvé ce qu’il était venu chercher : de la vitesse. Reste maintenant à la faire durer sur toute la course. On apprendra quelques heures plus tard que Bosse, victime d’une sérieuse et récurrente blessure aux ischio-jambiers, a déclaré forfait pour Eugene. Le spécialiste du 800 m va se soigner en espérant pouvoir courir aux Championnats d’Europe de Munich (15 au 21 août).

 

 

Devant, c’est le Kényan Elias Ngneny qui l’emporte en 1’45″39. Anicet Kozar a terminé quatrième avec un 1’46″92, notamment grâce à l’aide du public : « La course a été assez particulière avec beaucoup de changements d’allures et quelques erreurs tactiques de ma part. Malgré tout, je suis très satisfait de ma dernière ligne droite, j’ai été porté par l’ambiance dans la tribune principale. L’organisation et les conditions étaient parfaites ! Prochaine course aux France espoirs à Albi le week-end prochain ! »

 

Agnès Raharolahy confirme sa bonne forme

 

Sur le double tour piste féminin, les objectifs étaient différents. Agnès Raharolahy endossait un costume qu’elle ne connaissait pas forcément, surtout sur 800 m, celui de favorite. La récente vice-championne de France, qui, pour cette occasion passait sous la barre symbolique des 2 minutes (1’59″59 à Caen), avait le meilleur temps des engagées. La sociétaire du Nantes Métropole Athlétisme prend directement les commandes. Après un temps de passage en 57″35 à mi-parcours, l’élève d’Emmanuel Huruguen se fait rattraper à 200 m de l’arrivée. La double championne d’Europe du 4×400 m (2014 et 2015) parvient à remettre un coup d’accélérateur en sortie de virage. L’ancienne spécialiste du 400 m (52″23 en 2015) remporte la course en 2’01″58 à la photo finish, juste devant la Cubaine Sahily Diago Messa, créditée du même chrono. Malgré la fatigue des championnats de France, la satisfaction est là pour la Normande de naissance : « Je suis très contente de gagner ce meeting qui d’habitude ne me réussissait pas trop sur 400m. Une super orga et de très bonnes conditions. Encore un peu fatiguée du week-end dernier donc je ne réussis pas à faire une course aussi propre que ce que je voulais. Mais je réussis à gagner dans un scénario un peu différent que d’habitude. Donc je continue à prendre de l’expérience pour la suite ». Autre satisfaction côté tricolore avec un record personnel pour Léna Kandissounon. La représentante du Haute Bretagne Athlétisme a amélioré son chrono de dix centièmes avec 2’02″50, qui l’a satisfait forcément : « Je suis très contente de ma forme de course, j’ai pris des risques en passant plus vite que d’habitude et même si je craque un peu à la fin c’est encourageant ! »

 

Mouchet, quelle audace !

Sur la distance supérieure du 1500 m, Charlotte Mouchet avait les standards pour Munich (4’06″00) dans le viseur. L’athlète du CA Montreuil 93 prend rapidement les commandes et crée rapidement un écart avec ses concurrentes. Après un premier 1000 m bouclé en 2’44, la championne de France Elite 2022 craque et se fait rattraper par le peloton, elle termine cinquième en 4’16″17. « Depuis deux ans j’ai passé des caps très importants psychologiquement, j’ai ouvert les yeux sur le fonctionnement très élitiste de notre système français en Athlétisme. Je n’attend plus rien de ce sport, et quand on a plus rien à perdre parfois c’est à ce moment qu’on se réalise. Ma forme est montée progressivement suite à l’infection du Covid début mai, j’ai gagné les championnats de France d’une belle manière. Alors ce soir j’ai voulu courir avec beaucoup d’audace, je suis très fière de ma prestation, ambitieuse en phase avec mes capacités du moment. Mais faire un chrono de niveau mondial, sans émulation concurrentielle c’est une mission à la 007 ! »

 

 

C’est une autre Française qui remporte la palme, en la personne de Bérénice Fulchiron avec 4’13″43, sa meilleure performance de la saison. Un bon chrono effectué grâce à une très bonne gestion de course et un gros sourire à l’arrivée : « Après une période difficile, je suis très contente de gagner la course aujourd’hui. Je ne suis pas encore dans un état de forme optimal mais les sensations reviennent ! L’organisation était vraiment au top, j’ai adoré courir ici ! ».

 

 

Chez les hommes, Baptiste Mischler, aura tenté mais il est tombé sur un Georges Mills en feu. Si le demi-fondeur de l’Unitas Brumath Athlétisme termine cinquième en 3’39″08, le Britannique lui, réalise son chrono de référence en 3’36″00 grâce à une course maîtrisée de bout en bout. Côté tricolore, la belle performance est signée Quentin Malriq qui améliore son record personnel de plus d’une seconde et demi en 3’39″26 : « Je suis content de casser la barrière des 3’40, ça faisait longtemps que je courais après. »

 

Solide tour de piste pour Amandine Brossier

 

Place au tour de piste maintenant. Amandine Brossier, favorite, faisait face à ses partenaires du relais 4×400 m de l’Équipe de France avec Diana Iscaye et Laurine Xailly. Une course 100% française à l’exception de l’Italienne Elisabetta Vandi. Comme à son habitude, l’Angevine part fort et passe en tête au 200 m. Le virage et la dernière ligne droite sont bons, et Brossier domine assez nettement son sujet en 52″26. C’est toutefois une déception pour la demi-finaliste des Jeux de Tokyo qui cherchait à se débarrasser des minima pour Munich : « Le bilan est mitigé de ne pas descendre le chrono car toutes les conditions étaient réunies. Je recours à Sotteville pour chasser les minima et ensuite je pars à Eugene aux Championnats du Monde avec le relais. C’est dommage, je n’ai pas eu assez de concurrence. ». Avec une meilleure marque cette saison en 51″76, et des minima pour Munich à 51″70, il ne manque quasiment rien pour la double championne de France Elite.

 

Jules Pommery proche des 8 mètres

 

Du côté des concours, il y avait également du beau monde. D’abord sur la longueur avec l’homme en forme du moment : Jules Pommery. Le jeune athlète de 20 ans, qui a battu le record de France espoirs récemment avec un saut à 8,17 m, était attendu au « Stan ». Après un premier essai manqué, le champion de France en titre assure à 7,78 m (+0,2 m/s) à sa deuxième tentative. C’est à son cinquième essai qu’il réalise son meilleur saut de la soirée avec un une marque à 7,96 m (-0,6 m/s). Le champion d’Europe juniors 2019 finit en tête du concours devant le Polonais Piotr Tarkowski (7,88 m, +0,3 m/s). De quoi  préparer tranquillement le rendez-vous continental en Allemagne : « J’ai pris des risques sur le dernier saut, je reviens de Stockholm, je ne pouvais pas espérer mieux. Je me contente de 7,96 m. J’ai fait le deuil pour les Mondiaux, j’ai une carte à jouer aux Europe. Prendre un peu de repos puis repartir pour des séances intensives. Je souhaite remercier les supporters, j’espère pouvoir revenir en 2023, merci STANISLAS ! »

 

Jolie prestation pour les perchistes françaises

Du côté du sautoir à la perche, les yeux étaient rivés sur Ninon Chapelle. Sélectionnée pour Eugene avec un meilleur saut à 4,50 m, la recordwoman de France avait à cœur de faire monter la barre. Proche de la correctionnelle à 4,30 m, (sa barre de rentrée qu’elle passe au 3ème essai), l’athlète coachée par Sébastien Homo et Emmanuel Chapelle dompte sans soucis 4,40 m puis 4,50 m au deuxième essai avant de buter par trois fois à 4,60 m. Il n’y avait pas que Ninon Chapelle à la perche. Margot Chevrier, double championne de France en titre, était également de la partie. Celle qui a récemment passé 4,70 m à Salon-de-Provence en restera à 4,40 m après avoir fait l’impasse à 4,50 m et a tenté 4,60 m sans réussite. Troisième Française engagée sur le sautoir, Marie-Julie Bonnin confirme, elle, sa très bonne saison. Cette année en plein air, elle a amélioré à quatre reprises son record personnel pour le porter à 4,50 m à Caen. À Nancy, la Bordelaise a scoré à la même performance, mais cette fois-ci avec de la marge et du premier coup. Si la vice-championne d’Europe juniors 2019 a échoué à 4,60 m, ce qui aurait constitué pour le standard pour Munich, on sent cependant que ce n’est qu’une question de temps, à seulement 20 ans. Le concours est remporté par l’Américaine Emily Grove avec 4,60 m.

Parmi les autres performances de standing international à retenir lors de ce cru nancéien 2022 : les 12″88 (+0,2 m/s) de la Finlandaise Reetta Hurske sur 100 m haies, les 10″13 (+1,0 m/s) du Sud-Africain Luxolo Adams sur 100 m et les 73,32 m du Hongrois Krisztian Pars au marteau. Cette 31e cuvée du Meeting Stanislas de Nancy était une première étape pour les derniers réglages des échéances de cet été. Rendez-vous ce lundi 4 juillet à Sotteville-lès-Rouen pour un Meeting qui s’annonce également très passionnant !

Tous les résultats du Meeting Stanislas de Nancy, en cliquant ici.

Texte : Briac Vannini
Crédits photos : Antoine Decottignies / STADION
© Tous droits réservés

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