Sept mois après avoir brillé au stade olympique Nilton-Santos de Rio, Nantenin Keïta affiche un grand sourire, fière du travail accompli. Non engagée aux championnats de France handisport indoor à Nantes ce week-end, « Nanto » en a profité pour encourager et coacher ses coéquipiers du Racing Club de France. Pour le plus grand plaisir des spectateurs du Stadium Pierre-Quinon. Un beau comportement qui en dit long sur cette femme au grand cœur.
Un titre paralympique change-t-il une vie ? En tout cas pas celle de Nantenin Keïta, déficiente visuelle, qui affiche une rafraîchissante décontraction près de sept mois après les JO de Rio plus que réussis : « Je suis assez vite redescendue sur terre, j’ai pris le temps de récupérer et de profiter de cette médaille d’or ». Nantenin Keïta était présente la semaine dernière au stage annuel organisé à Monte-Gordo au Portugal par la Fédération Française Handisport. Point de départ d’une saison ambitieuse : « J’ai pu trouver des conditions climatiques très favorables en ce début d’année. J’espère que les effets ne tarderont pas à émerger lors des prochaines compétitions estivales ». L’assistante en ressources humaines chez Malakoff Médéric insiste également sur la politique jeunes menée depuis quelques années par la FFH et qui commence à porter ses fruits : « Il y a pas mal de nouveaux qui poussent au portillon, c’est sympa. La relève est assurée » dit-elle avec un large sourire.
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Reprise en janvier avec un nouveau coach
En janvier, la médaillée d’or sur 400 m aux mondiaux 2015 a repris le chemin de l’entraînement sous la houlette de Georges Maisetti. Une nouvelle orientation dans sa carrière qui pourrait s’avérer payante. Et une nouvelle vie pour Nantenin Keita, épanouie dans et hors des pistes : « Georges Maisetti est plus dans une logique 100m-200m, alors que mon ancien coach Marc Vecchio était plus orienté 400 m. Il y a beaucoup de points techniques à travailler et à assimiler. Cependant, mes conditions d’entrainement sont très bonnes. Je m’entraîne à l’Insep trois fois par semaine le matin. J’essaye de profiter du cadre, des installations et des possibilités de récupération. Le reste du temps je suis dans mon club à Issy-Les-Moulineaux. J’ai de la chance de travailler pour Malakoff Médéric qui me libère du temps pour ma pratique sportive. »
Dans la perspective de la dernière olympiade de sa carrière, la jeune femme de 32 ans mise sur ses nouvelles orientations pour passer un palier en sprint et décrocher à nouveau une médaille mondiale sur 100 m et 200 m : « On travaille beaucoup la technique qui n’est pas mon point fort. C’est à dire sur la qualité d’appui, sur le trajet de pied qui doit être beaucoup plus direct que sur un 400 m. Un 100 m c’est court donc il faut aller tout de suite à l’essentiel ». Parallèlement elle est engagée pour la protection des personnes albinos en Afrique et pour l’intégration des handicapés dans le monde du travail. Elle gère d’ailleurs l’antenne française de la fondation portant le nom de son père, célèbre chanteur malien, SNK Salif Nantenin Keita. A travers le sport, la jeune femme veut montrer que les personnes albinos peuvent vivre comme les autres.
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Retour à la compétition début mai
Elle aborde donc cette saison avec un nouveau statut. Mais aussi une sacrée dose de lucidité. Malgré l’effervescence et l’attente, l’athlète Francilienne n’a pas changé. Forte de solides références (records personnels à 12″20 sur 100 m et 55″65 sur 400 m), elle participe même à des compétitions avec les valides. « Je pars sur le même programme de compétition que l’année dernière. Ma première compétition sera le premier tour des Interclubs valides normalement sur le 200 m et le 4×400 m. Ensuite la semaine d’après il y aura les Interclubs handisport puis le deuxième tour Interclubs valides. On va enchaîner avec les France Handisport et quelques meetings. J’ai la chance de pouvoir courir en France avec les valides donc la concurrence est présente ».
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Une médaille et plus si affinités à Londres
Titulaire d’une Licence de Sciences de l’éducation, Nantenin Keita possède un palmarès impressionnant : quadruple médaillée olympique et quintuple championne du monde, elle entend bien continuer à écrire l’histoire aux Championnats du Monde à Londres (14-23 juillet). Un nouveau titre mondial est donc cher à son cœur. Elle joue le tout pour le tout et veut montrer qu’elle a encore sa carte à jouer dans des épreuves devenues de plus en plus concurrentielles : « Je m’alignerai sur 100m et 200m mais je ne ferai pas de 400 m en compétition internationale. Honnêtement ça va être dur de gagner. Mais je souhaite monter sur le podium à Londres et réaliser de bons chronos ». Et si son corps et sa motivation le veulent, elle tentera d’étendre son règne jusqu’aux Jeux Olympiques de Tokyo.
Rio 2016 400m T13 final
Publiée par Nantenin KEITA sur Dimanche 25 septembre 2016