Sydney McLaughlin-Levrone et Marileidy Paulino, deux reines pour une couronne

Leur rivalité a véritablement pris forme lors du Meeting de Paris en 2023. Sydney McLaughlin-Levrone avait choisi une stratégie offensive en partant très vite. Mais dans la dernière ligne droite, Marileidy Paulino l’avait rattrapée et dépassée pour s’imposer (49″12 contre 49″71). Cette victoire a installé la Dominicaine comme l’adversaire numéro un de l’Américaine hors de sa discipline de prédilection. La reine incontestée du 400 m haies (record du monde en 50″37) a facilement remporté le titre américain sur 400 m plat en 48″90, près de son temps de référence (48″74 en 2023). De son côté, Paulino, a dominé tous ses tours de piste de l’année en Diamond League, hormis celui de la finale à Zurich (battu par la Bahreïni Salwa Eid Naser, championne du monde à Doha en 2019).

À Tokyo, les projecteurs seront braqués sur cette confrontation. Paulino part avec l’étiquette de favorite, forte de ses titres et de sa régularité. Mais McLaughlin-Levrone possède une vitesse de base exceptionnelle et une fraîcheur mentale qui pourrait renverser les pronostics. « SYD » n’a jamais caché son envie d’aller chercher l’intouchable record du 400 m plat de Marita Kloch, l’historique 47″65 qui date de 1985.

Noah Lyles et Kishane Thompson, duel sous tension

La finale du 100 m hommes, l’épreuve la plus suivie des amateurs de sports, constituera un des moments forts des Mondiaux de Tokyo 2025. Sacré champion olympique sur la ligne droite l’été dernier au Stade de France, l’Américain Noah Lyles n’avait devancé le Jamaïcain Kishane Thompson que pour cinq petits millièmes (9″784 contre 9″789, soit douze centimètres). Cette année, le deuxième cité a été flashé en 9″75 le 27 juin lors des sélections nationales en Jamaïque. Un chrono qui lui permet de débarquer au Japon en tant que leader mondial de l’année et le sixième performeur de l’histoire sur 100 m.

Le 16 août, Noah Lyles a été chronométré en 9″90 à Chorzow (Pologne), son meilleur temps de l’année, et a terminé deuxième derrière… Thompson qui l’a emporté en 9″87. Toutefois, le vice-champion olympique a annoncé dans la foulée son forfait pour la Diamond League de Lausanne (20 août) et la finale à Zurich (27 et 28 août) en raison d’une gêne au tibia. Champion du monde et olympique en titre, très expérimenté dans les confrontations directes, Noah Lyles reste le favori. Néanmoins, Thompson, et son envie de revanche, apparaît comme une menace sérieuse. Un véritable bras de fer en perspective.

Julien Alfred ou Melissa Jefferson-Wooden, qui sera la femme la plus rapide du monde en 2025 ?

L’empoignade entre Melissa Jefferson-Wooden et Julien Alfred est l’un des duels à suivre absolument aux Championnats du Monde de Tokyo. Depuis le mois de juin, Melissa Jefferson-Wooden enchaîne les performances de haut vol. Intouchable en Diamond League et solide aux sélections américaines (10″65, cinquième performeuse de l’histoire), elle a fait de 2025 son année. À 23 ans, la sprinteuse coachée par Dennis Mitchell semble avoir trouvé la formule : un départ foudroyant, une fréquence de foulée affolante et, surtout, une constance qui lui avait manqué par le passé.

En face, Julien Alfred, championne olympique à Paris en 2024 (10″72) a réalisé quatre chronos canon sur 100 m cette saison (10″75 à Stockholm, 10″77 à Eugene, 10″79 à Monaco et 10″76 à Zurich). Sa défaite au Prefontaine Classic à Eugene le 5 juillet face à Jefferson-Wooden (10″77 contre 10″75) lui a servi de piqûre de rappel. Depuis, elle a réajusté sa préparation et frappé fort sur 200 m à Londres le 19 juillet (21″71). Sur le papier, Jefferson-Wooden est la favorite du moment, forte de son invincibilité cette saison.

Noah Lyles et Letsile Tebogo, le choc des champions

Jusque-là invincible sur le demi-tour de piste (26 victoires consécutives), Noah Lyles a vu sa supériorité remise en question lors de la finale olympique sur 200 m (3e en 19″70), sous les coups conjugués d’un virus et d’un jeune rival décomplexé. À seulement 21 ans, Letsile Tebogo remportait l’or olympique en 19″46 (cinquième performeur de l’histoire). Une victoire également historique pour son pays du Botswana. Cette année, les deux sprinteurs se sont affrontés à trois reprises (Monaco sur 200 m, Londres sur 100 m et Zurich sur 200 m). Lors de la finale de la Diamond League à Zurich le 28 août, l’Américain a devancé son rival de justesse (19″74 contre 19″76). Ce succès permet à Noah Lyles de décrocher une sixième victoire en finale de Diamond League (100 m et 200 m confondus).

Si Lyles réitère son exploit d’il y a deux ans à Budapest en remportant trois médailles d’or (100 m, 200 m et 4×100 m), il deviendrait le quatrième athlète de l’histoire des Championnats du monde à remporter au moins neuf médailles d’or (Allyson Felix 13, Usain Bolt 11 et Michael Johnson 9).

Le maître Armand Duplantis et le challenger Emmanouil Karalis

L’attention sera aussi tournée vers Armand Duplantis qui fait passer le saut à la perche dans une nouvelle dimension, une dimension stratosphérique avec 13 records du monde depuis 2020, pour le porter actuellement à 6,29 m. Le Suédois accapare toute l’attention du petit monde de l’athlétisme, ne se résumant parfois qu’à lui seul. Son triomphe des JO de Paris (titre et record du monde) n’a pas seulement accentué encore un peu plus son aura, il a fait de lui une légende. Pourtant, un nom s’impose désormais comme celui de son plus sérieux rival : Emmanouil Karalis. Le Grec de 25 ans, longtemps considéré comme un talent prometteur, a franchi un cap cette année. Régulier au-delà des 6 mètres (11 concours à 6,00 m ou plus en 2025), il a battu le record national grec à 6,08 m, devenant ainsi le quatrième performeur de l’histoire derrière Armand Duplantis, Renaud Lavillenie et Sergueï Bubka.

Pour Emmanouil Karalis, hors de question de vivre dans l’ombre d’un tel monument. Très ami dans la vie hors des sautoirs avec « Mondo », le médaillé de bronze des JO de Paris l’a plusieurs fois poussé dans ses retranchements cette saison, à l’image de la finale de la Diamond League à Zurich où Duplantis a remporté son cinquième trophée consécutif en franchissant 6,00 m, devançant Karalis au nombre d’essais, alors qu’aucun des deux n’a réussi à franchir 6,10 m.

Azeddine Habz défie Jakob Ingebrigtsen

Lorsque les séries du 1500 m auront lieu dimanche 14 septembre (2h35 heures française), tous les regards seront tournés vers un athlète qui n’a pas couru de tout l’été : Jakob Ingebrigtsen (record d’Europe en 3’26″73 en 2024 à Monaco) est éloigné des compétitions depuis mars en raison d’une blessure récurrente au tendon d’Achille, mais le Norvégien, champion olympique sur 5000 m, a laissé entendre sur son compte Instagram qu’il était en bonne forme physique et se considère comme favori.

En son absence, Azeddine Habz, qui a passé un énorme cap, est désormais clairement identifié comme un prétendant sérieux au podium mondial grâce à ses deux victoires en Diamond League (Rome le 6 juin et Paris le 20 juin), ses deux records de France (1500 m en 3’27″49 et Mile en 3’46″65), et un titre de champion de France Elite à Talence avec le record de la compétition (3’33″33). Leur confrontation à Tokyo s’annonce passionnante avec d’un côté, le talent et l’expérience d’Ingebrigtsen, de l’autre, la montée en puissance fulgurante de Habz, porté par de récentes performances de haut vol.

Beatrice Chebet et Faith Kipyegon, l’heure de vérité

Leur duel en finale olympique du 5000 m restera longtemps dans les mémoires : Beatrice Chebet l’emporta en 14’28″56 face à Faith Kipyegon (14’29″60), après un finish étouffant. Et il y a fort à parier pour que le scénario soit similaire à Tokyo, avec une lutte acharnée jusqu’aux derniers mètres. Le 5 juillet à Eugene, Chebet est devenue la première femme à courir sous les 14 minutes sur 5000 m (13’58″06), tandis que Kipyegon améliorait son propre record du monde sur 1500 m (3’48″68) quelques minutes plus tard, confirmant leur place respective au sommet du demi-fond mondial.  À Tokyo, les enjeux dépassent la simple médaille : Kipyegon vise un nouveau doublé 1500/5000 pour asseoir définitivement son statut de reine du demi-fond, tandis que Chebet ambitionne le doublé 5000/10 000. Laquelle des deux coupera la ligne d’arrivée en première ? Réponse le samedi 20 septembre à partir de 14h29.

Karsten Warholm et Rai Benjamin, au bon souvenir de Tokyo 2021

Le 19 septembre à Tokyo, le recordman du monde Karsten Warholm visera un quatrième titre planétaire (2017, 2019 et 2023), un exploit inédit dans l’histoire de la discipline. Cette année, le Norvégien a signé la troisième meilleure performance de l’histoire en 46″28 lors de la Diamond League de Chorzow (Pologne) et a amélioré son propre record du monde du 300 m haies en 32″67 chez lui à Oslo. Le champion olympique de Paris Rai Benjamin a également impressionné cette saison en remportant le 400 m haies de la Diamond League de Stockholm en 46″54. À eux deux, ils détiennent 19 des 24 meilleurs chronos de l’histoire sur 400 m haies. Le tour de piste avec obstacles sera à coup sûr un des grands moments des Mondiaux 2025.

En 2021 à Tokyo, Karsten Warholm avait laissé tout le monde sans voix lors de la finale du 400 m haies aux Jeux olympiques, en faisant s’arrêter le panneau d’affichage à 45″94. Ce chrono était à ranger illico dans la catégorie des marques de légende, comme les 9″58 du Jamaïcain Usain Bolt. Beaucoup de spécialistes n’hésitent pas à en faire la course la plus folle de toute l’histoire de l’athlétisme, avec la deuxième place de Rai Benjamin en 46″17.

Nafissatou Thiam et Anna Hall, un face-à-face de sept volets explosif

Le stade olympique de Tokyo va vibrer pendant deux jours, le vendredi 19 et samedi 20 septembre, au rythme des affrontements entre Nafissatou Thiam et Anna Hall à l’heptathlon. Triple championne olympique (2016, 2021, 2024), la Belge a connu une année 2025 marquée par des blessures et n’a pas effectué d’heptathlon complet cette année. « Nafi » a montré un niveau de forme intéressant sur quelques épreuves ces dernières semaines (13″67 sur 100 m haies, 6,48 m en longueur et 51,45 m au javelot).

À seulement 24 ans, Anna Hall a réalisé une performance exceptionnelle en remportant le Meeting de Götzis (31 mai et 1er juin) avec 7032 points, se classant ainsi à égalité (avec la Suédoise Carolina Kluft) à la deuxième place des meilleures performeuses de l’histoire. La pépite américaine qui s’entraîne à Gainesville, en Floride, a également dominé les Championnats nationaux avec 6899 points, remportant cinq des sept épreuves. Médaillée d’argent aux Championnats du monde de Budapest 2023 et de bronze à Eugene en 2022, Anna Hall est désormais prête à aller décrocher la breloque dorée au Japon.

Yaroslava Mahuchikh contre Nicola Olyslagers, un classique

La rivalité entre Yaroslava Mahuchikh et Nicola Olyslagers au saut en hauteur féminin est l’une des plus captivantes du moment dans le monde de l’athlétisme. La recordwoman du monde ukrainienne (2,10 m au Meeting de Paris en 2024) Yaroslava Mahuchikh, malgré une série de défaites face à Olyslagers cette saison, a égalé son meilleur saut de l’année à 2,02 m à Zurich le 27 août, montrant une forme solide avant les Mondiaux. L’Australienne Nicola Olyslagers semble avoir pris l’avantage cette saison. La championne du monde en salle de Nankin a réalisé une saison exceptionnelle en remportant quatre succès en Diamond League dont la finale à Zurich, avec un bond à 2,04 m, établissant ainsi un nouveau record d’Océanie. Ce saut est actuellement le meilleur de l’année 2025. Les Championnats du Monde à Tokyo s’annoncent comme le point culminant de cette rivalité. Avec Olyslagers en pleine forme et Mahuchikh déterminée à défendre son titre, le concours promet d’être intense et très disputé.

Crédits photos : Diamond League & Grand Slam Track