Paris-Alsace Crédit Mutuel : Retour sur la 75e édition de la plus longue course de marche du monde

03 juin 2024 à 10:52

Partis de Château-Thierry mercredi dernier, après un prologue à Neuilly-sur-Marne la veille, une vingtaine de marcheurs sont arrivés samedi à Colmar pour clôturer cette 75e édition du Paris-Alsace Crédit Mutuel. Sur un tracé de 450 km pour « La Mythique » et 240 km pour « La Cabu », l’épreuve relie depuis 98 ans la région parisienne à l’Alsace. Pour Stadion, Dominique Plée, organisateur de la course, revient sur ce événement chargé d’histoire.

La plus longue course de marche athlétique du monde a vu triompher Alexandre Forestieri (42 ans), champion de France de 24h marche en 2022, au terme de 59h06 d’effort à près de 7km/h en l’espace de quatre jours. Sylvie Maison (50 ans), première féminine et deuxième au scratch, inscrit son nom pour la cinquième édition consécutive au palmarès de l’épreuve. En raison des importantes précipitations sur le nord-est de la France la semaine passée, aucun marcheur de « La Mythique » n’a pu combler les 450 km prévus par l’organisation. « La course a en partie répondu à nos attentes, car nous aurions aimé que les meilleurs puissent faire la totalité du parcours, mais on a bien senti que le découpage permettait d’aller au bout, et que si les conditions météorologiques avaient été meilleures, je pense qu’il n’y aurait pas eu de soucis », affirme Dominique Plée. Alexandre Forestieri s’est arrêté après 138 km sur les 181 km de l’étape du vendredi entre Ligny-en-Barrois et Saint-Dié-des-Vosges, tandis que Sylvie Maison a parcouru 120 km de cette portion. Le vainqueur de l’édition 2024 a donc franchi la ligne d’arrivée après 409 km de marche.

 

 

« La Cabu », une épreuve découpée en sept étapes, a été remportée par Fabrice Henry (57 ans), champion de France du 100 km marche en 2014. Le marcheur du Frijep Cor Margny Verdon a largement dominé ces 242 km en étant le plus rapide à chaque étape, s’adjugeant la victoire en 25h29, avec trois heures d’avance sur son premier poursuivant. Muriel Marradi (39 ans, Afa Feyzin-Venissieux) a décroché la palme chez les féminines d’une course qui tient son nom du célèbre dessinateur, Jean Cabut (dit Cabu), originaire de Châlons-en-Champagne, ville de départ de la troisième étape. « On a pensé que ça serait une bonne idée d’associer Cabu à l’épreuve dans la mesure où il avait été auteur (avec des copains) d’un canular célèbre en 1949 qui consistait à précéder les vrais marcheurs de Strasbourg-Paris à l’époque en faisant croire qu’ils étaient en tête. Ça avait été un moment festif et il a notamment dessiné cette histoire parmi ces œuvres », explique Dominque Plée. À noter qu’Aurélien Quinion, athlète membre de l’équipe de France et soutenu par le Crédit Mutuel via un pacte de performance de la Fondation du Sport Français, était présent pour donner le départ à Neuilly sur Marne.

 

 

Une course pas comme les autres

L’actuel Paris – Alsace Crédit Mutuel, dont l’histoire a débuté en 1926, reliait à l’époque Paris à Strasbourg. Certaines éditons ont été disputées dans le sens inverse, et depuis 2015, l’arrivée se situe à Colmar. Pour participer à l’épreuve mythique, des critères de performance sont requis : « Ce qu’on demande aux marcheurs, c’est de faire au moins une épreuve de 24 heures pour voir ce que c’est de marcher toute une nuit ». Car en effet, les deux plus longues étapes s’étendent sur près de 200 km, obligeant les athlètes à fournir un effort continu durant une vingtaine d’heures.

Une course de jour comme de nuit, sur plusieurs jours, nécessite un encadrement qui limite le nombre de participants pour assurer la sécurité des marcheurs : « Notre épreuve est longue, se fait sur la route, donc il est nécessaire qu’il y ait une distance raisonnable entre le premier et le dernier, qui ne dépasse pas les 30km environ. On fait attention au niveau et au nombre de participants. Depuis la Seconde Guerre mondiale, le nombre de participants est limité à une quarantaine. Et puis si un marcheur n’est pas capable d’effectuer la totalité de la distance, on l’arrête en cours d’étape et il peut repartir de l’étape suivante et il sera classé au nombre de kilomètres parcourus », signale Dominique Plée.

Sur ces cinq jours de courses, une soixantaine de personnes est mobilisée pour assurer le bon déroulement de l’événement : « Entre les juges, les gens qui interviennent sur les pointages, la direction, le service médical, 45 personnes interviennent sur l’organisation de l’épreuve. Il y a en plus une équipe de 22 signaleurs avec 11 voitures qui gèrent tout ce qui est carrefours, signalisation, ouvertures et fermetures de la course ».

 

La marche athlétique, une discipline en quête de reconnaissance

La marche n’est peut-être pas la discipline la plus glamour de l’athlétisme, mais les prouesses de ces athlètes n’en sont pas moins impressionnantes. Une médiatisation très faible, au grand regret de l’organisateur de la plus longue course de marche du monde : « Je pense que la marche n’est pas suffisamment médiatisée, et même si je conçois qu’une épreuve comme le Paris-Alsace n’est pas très médiatique, c’est compliqué pour nous de sensibiliser et mobiliser les médias. Par contre, ce qu’on aimerait, c’est que les médias puissent parler de l’épreuve avant, faire des reportages et montrer les spécificités, les caractéristiques et la difficulté de cette épreuve, pour inciter les spectateurs à venir voir ces gens faire des exploits et qui ne sont pas suffisamment reconnus. »

L’année prochaine, la course prendra un nouveau nom : « À l’issue de la remise protocolaire, nous avons signé dimanche 2 juin une convention de prolongation avec notre partenaire le Crédit Mutuel jusqu’en 2026, sous l’appellation Paris-Colmar Crédit Mutuel ». Une convention jusqu’en 2026, date du 100e anniversaire de la course, l’occasion de présenter un nouveau parcours, et de rendre hommage aux anciens et aux nouveaux champions : « L’idée, c’est de rallonger l’épreuve à 504 km, comme en 1926. On aimerait organiser quelque chose autour des anciennes gloires de l’épreuve et puis essayer de faire une arrivée plus festive avec des feux d’artifices et de mobiliser les médias autour de cet événement ». Rendez-vous donc l’année prochaine pour une nouvelle édition de cette course emblématique.

Plus d’informations : www.paris-alsace.fr

Texte : Haron Leveau
Crédits photos : KMSP

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