C’était sûrement les dix secondes les plus importantes de la compétition. Et à la fin, pour la première fois, ce n’est pas Usain Bolt qui gagne. Pour sa dernière course en individuelle, le Jamaïcain ne restera pas le patron du sprint mondial. Sous pression, il monte sur la troisième marche du podium sur la distance reine des Mondiaux, à Londres en 9″95. Justin Gatlin (9″92) est sacré à la surprise générale, douze ans après son dernier titre à Helsinki. Christian Coleman (9″94), qui s’était présenté en favori après ses performances en séries et en demi-finales prend la médaille d’argent. Jimmy Vicaut termine sixième en 10″08 (-0,8m/s).
Voilà. C’est terminé. Hormis le relais 4×100 m en fin de semaine prochaine, on ne verra plus Usain Bolt courir un 100 m en excès de vitesse dans une course individuelle. Pour le dernier 100 m de son immense carrière, la Foudre, pour la première fois, n’a pas frappé. On dit que la Foudre ne frappe jamais deux fois au même endroit. Il y a des règles qui ne se dérogent pas. Cinq ans après son triplé 100-200-4×100 m dans le Stade Queen Elizabeth, théâtre des JO de 2012, le Jamaïcain n’a pu éclabousser de sa classe et de son talent la finale de la ligne droite.
La course. Après un départ moyen, Usain Bolt a vu Christian Coleman faire la première partie de course en tête avant que Gatlin ne les dépasse au nez et à la barbe. Une réussite pour le champion olympique de 2004 qui avait fait forte impression lors des séries et des demi-finales. L’octuple champion olympique, qui misait sur son expérience et sa capacité à se transcender lors des grands rendez-vous, n’a pas trouvé les ressources nécessaires pour l’emporter.
Le contexte. Crédité en 9″95 cette saison, Bolt n’avait pas enflammé les chronos, n’occupant que le neuvième chrono de l’année. Loin de Coleman, le meilleur performeur mondial de l’année sur la ligne droite (9″82). Mais une fois encore, personne ne pouvait imaginer le Jamaïcain battu. Pas ce soir. Pas pour la dernière sortie individuelle de son époustouflante carrière. Lui qui a décidé, à moins de 31 ans, de tirer sa révérence après ces Championnats. Après une demi-finale pas totalement maitrisée, bouclée à une deuxième place en 9″98, la superstar de l’athlétisme ne s’adjuge pas un quatrième sacre sur 100 m. So bad. Tout simplement.
Good bye. Avec ce nouveau podium, le Jamaïcain conforte tout de même son rang de recordman du nombre de titres décrochés lors des Mondiaux : 14 médailles et 11 titres… et rentre un peu plus dans la légende par la même occasion. Il laissera une trace indélébile dans la légende de l’athlétisme, tant pour son palmarès (huit médailles d’or olympiques et onze couronnes mondiales) que pour son aura et ses facéties. Il peut partir l’esprit tranquille. Good bye my friend. Un jour, vos petits-enfants vous demanderont sans doute qui était ce phénomène.
Jimmy Vicaut, l’invité surprise
C’est peut-être ce qui fait la beauté et la magie de l’athlétisme. Alors qu’il n’avait pas recouru en compétition officielle depuis le 15 mai à Oslo à la suite d’une déchirure à l’ischio droit, Jimmy Vicaut réalise un come-back impressionnant et revient au meilleur moment. Si on lui avait dit il y a six semaines qu’il serait présent dans une finale historique, je pense qu’il ne nous aurait pas cru. Saignant en demi-finale avec une troisième place en 10″07 (+0,4 m/s), sa prestation pouvait lui faire espérer de belles choses lors de l’ultime round. Positionné au couloir 2 aux cotés du roi, le recordman d’Europe termine à une bonne sixième place en 10″08. Mission accomplie.