On aime tous suivre la tendance mais on a aussi envie d’avoir notre touche personnelle. Quentin Delaunay l’a bien compris et customise vos chaussures de running ainsi que vos chaussures à pointes sur mesure pour en faire de véritables œuvres uniques. Ce spécialiste du saut en hauteur nous a ouvert les portes de son atelier à Angers pour partager son univers. Cet artiste de 24 ans raconte son parcours, des anecdotes, explique les subtilités de la customisation et donne aussi son avis sur la personnalisation. Entretien avec un jeune homme passionné et passionnant.
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— Quentin, pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Quentin Delaunay, je suis un passionné de sport depuis l’enfance, j’ai pratiqué le foot, le basket et à 20 ans je me suis mis à faire de l’athlétisme à l’Entente Angevine Athlétisme. Plus particulièrement le saut en hauteur (record à 1,83 m). Sur le plan professionnel, je viens d’obtenir mon Master 2 en Sciences de l’éducation à l’université Catholique de l’Ouest, après une licence STAPS en Management du Sport à l’IFEPSA.
Un peu par hasard, en août 2018, je suis tombé sur des vidéos de customisation sur YouTube, j’ai donc acheté des peintures et le matériel sans oser y toucher pendant plus de six mois. J’ai commencé à customiser mes premières chaussures pour le plaisir, comme un hobby. Mais très vite, c’est devenu sérieux lorsqu’au bout de deux semaines la page Instagram Track Spikes USA a partagé mes créations. Quand j’ai vu « 3000 likes » d’affiché, j’ai presque paniqué ! Mais petit à petit, c’est devenu sérieux. J’ai décidé de créer ma structure professionnelle 1off en avril 2019.
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— Pouvez-vous nous expliquer ce que veut dire « 1off » ?
Je cherchais un nom pour expliquer mon souhait de dessiner des paires uniques. « one off » signifie exceptionnel, unique, en anglais, dans le sens où cela n’arrive qu’une seule fois. Ce mot représente parfaitement ce que je veux offrir. C’est une paire que personne d’autre au monde ne possédera hormis la personne qui me l’a commandée. Ce peut être le même thème mais je me débrouillerai toujours pour qu’il n’y ait pas les mêmes couleurs, les mêmes personnages et les mêmes dispositions.
Ça ne m’intéresse pas de dessiner à la chaîne, que ça devienne l’usine. Je fais cela pour le client et pour moi-même parce que je m’éclate dans ce que je fais. Aujourd’hui je fais surtout de la customisation de chaussures de running et de pointes pour tous types de sportifs. Ça va du débutant à l’athlète de haut niveau. Je travaille sur demande et les seules paires que j’expose sont celles faites pour moi.
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— Comment en êtes-vous venu à la customisation ?
Mon grand frère, qui a quatorze ans de plus que moi, est aujourd’hui graphiste et il a toujours aimé dessiner. Quand j’étais gamin, je faisais des allers et retours entre sa chambre et la mienne, et ce qu’il dessinait, je le copiais. Et ça m’a fait très vite progresser. On m’a toujours dit que je dessinais mieux que les autres. Quand j’ai annoncé à mes parents que je voulais faire du dessin mon métier, il m’ont répondu qu’ils ne voulaient pas deux artistes dans la famille parce ce sont pas des professions dites sécuritaires.
En août 2018, j’ai deux amis de mon groupe d’entraînement qui m’ont fait découvrir une publication d’un artiste barcelonais qui s’appelle @melonkicks. Il customise notamment des paires pour des basketteurs et des athlètes espagnols. J’admire beaucoup son travail. Et ç’a été le déclic pour la customisation, ce petit partage de mes amis, ça m’a un peu libéré d’un manque de confiance pour oser ouvrir les pots. Je me suis dit que j’étais sûr d’y arriver, que ce qu’il faisait me semblait « faisable ». J’ai tout d’abord testé la pratique sur une paire de crampons de football et je l’ai envoyée en photo à mes amis.
.— Comment avez-vous appris les techniques de customisation ?
J’ai appris de manière autodidacte en regardant des vidéos sur YouTube. A ce moment-là, tous mes dessins se faisaient à la simple visualisation. J’ai zéro technique. Quand j’ai commencé, d’un côté, j’étais sur la réserve quant à mes capacités car je n’avais jamais pris de cours. De l’autre côté, quand je voyais ce que faisaient les professionnels, je n’avais aucun doute sur ma capacité à customiser. Cette année, j’ai passé une grande partie de mon temps à perfectionner ma technique. En juin, j‘ai fait un stage sur Paris où j’ai beaucoup appris. Mais c’est comme pour la recette du Nutella, il y a quelques procédés que je vais garder secret. J’ai vraiment vu la différence et je me suis dit que j’étais prêt pour démarcher.
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— Comment fonctionne la customisation concrètement ? Quel est le processus ?
J’évite de communiquer sur mes techniques et sur le matériel utilisé parce que j’ai vraiment beaucoup travaillé dessus pour que mon travail soit résistant aux contraintes sportives. Avant toute customisation, ça commence par une discussion avec la personne. Je souhaite échanger plusieurs fois avec elle pour bien cerner la personnalité de mon interlocuteur afin de réaliser le plus beau dessin possible. Cette réflexion me prend généralement déjà plusieurs heures. Créer une paire qui représente au plus près le sportif. J’identifie les éléments à intégrer sur la paire (personnages, couleurs, etc…). Pour la petite anecdote, j’ai déjà regardé une série de films qui intéresse la personne afin de rentrer le plus complètement dans son univers.
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— Combien de temps prend la customisation d’une chaussure ?
Entre la réflexion, la customisation et peaufiner les derniers détails, ça me prend 16 heures en moyenne. Je ne suis pas tenu à des contraintes de temps, ni à des contraintes commerciales car mon objectif demeure vraiment de coller à la demande et à l’attente de mon client jusqu’à pousser le produit très loin dans le détail. Aucune paire ne part tant que je n’en suis pas pleinement satisfait. C’est pour ça que les personnes sont aussi sensibles à ce que je fais et sont demandeurs.
— Qu’est-ce qui est le plus difficile lorsque l’on customise une paire de chaussure à pointes ?
Il n’y a rien de difficile, je m’éclate dans tout ce je que je fais ! Parfois, les clients souhaitent une paire existante, la même paire qu’ils ont vue sur les réseaux sociaux et je refuse catégoriquement. Je dessine à l’œil et j’aurai du mal à faire ressortir des émotions avec un modèle devant les yeux. Je souhaite que chaque modèle soit unique.
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— Vos paires ont été partagées sur des comptes Instagram avec de fortes communautés. Les retombées ont-elles été fortes ?
Tout à fait, j’ai eu la chance qu’on partage mes commandes et j’ai reçu beaucoup de messages de la part de personnes qui voulaient me féliciter, m’encourager ou s’informer sur la démarche à suivre. Au début, après chaque customisation partagée le soufflé retombait un peu, c’est-à-dire que je perdais un bon nombre d’abonnés vu qu’il faut pas mal de temps pour faire une création. Mais depuis un moment je partage plus que le simple processus de création, je fais pas mal de blagues sur Instagram, en post ou en story et ça marche vraiment bien. J’essaie de montrer qui je suis, qu’il y a une personne derrière le compte et là, les gens restent abonnés et réagissent même beaucoup plus. Ma visibilité vient vraiment d’Instagram via mon compte 1off.unique.
La paire de Nike de saut en longueur sur le thème d’Aquaman a été partagée sur 3 pages, et récolté plus de 13000 j’aime en tout. C’est là que j’ai compris que mes créations pouvaient devenir un véritable outil de communication pour les athlètes de tout niveau. Alors je n’ose même pas imaginer ce que cela peut-être si un athlète de haut-niveau avec une bonne visibilité me commande une création !
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— A ce jour, combien d’athlètes vous ont commandé des paires ?
Une quarantaine. Je suis nouveau dans le monde de l’athlétisme, ça ne fait que quatre ans que je pratique ce sport donc pour l’instant ça reste du réseau local et en France.
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— Comment expliquez-vous cette tendance à la personnalisation ?
Avant nous étions plutôt des individus dans une masse qui suivaient une mode et aujourd’hui on est davantage dans une société avec des individus autonomes. Ils veulent se démarquer et l’exprimer fièrement. Je pense que ça fait plaisir aux gens d’avoir quelque chose rien qu’à soi. Tout le monde a grandi et s’est construit avec les séries, les dessins animés, les mangas.
Moi à titre personnel j’ai grandi avec Canal+, et donc les dessins animés de Cartoon Network, de Nickelodeon, Les Simpsons, South Park, Star Wars, Toy Story… Ça se ressent, il y a beaucoup de personnes qui les représentent, avec qui ils ont grandi et se sont construits. Quand j’en parle avec eux, même sans les connaître, je sens une connexion qui se créé. A moi de bien les orienter et les accompagner pour qu’ils aient une paire qui leur plait.
— Combien coûte une customisation ?
A partir de 150 euros. Mais en général, le bon budget pour une customisation se situe aux alentours de 250 euros.
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— Comment vous faites-vous connaître ?
90% des demandes viennent des réseaux sociaux et du bouche à oreille. Les commandes arrivent depuis août et depuis juillet que j’ai dépassé les 1000 abonnés sur Instagram ça s’est accéléré avec des commandes qui viennent d’Amérique.
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— Recevez-vous souvent des demandes farfelues ?
Les demandes de mes clients sont très variées mais parfois très originales comme cette paire pour un client qui souhaitait que je le peint avec sa petite amie en intégrant la date de leur rencontre, six mois auparavant. C’est un avis personnel mais je n’aime pas faire les portraits. Je préfère conserver ma ligne directrice qui sont par exemple les Comics, les animes, les Cartoons…
— Quels sont vos prochains projets ?
J’aimerais en faire mon métier à plein temps dans quelques années si possible. Lorsque je me mets à peindre le matin à 8 heures du matin, j’ai l’impression de cligner des yeux et de m’apercevoir qu’il est déjà 13 heures. C’est une sensation incroyable. Je travaille aussi actuellement sur la customisation du textile pour diversifier mon offre et m’éclater encore plus, j’ai déjà toutes les idées en tête. Ainsi que d’autres projets pour le moment secrets.
Je rêve de faire des paires pour des athlètes qui participent aux plus grandes compétitions comme les Jeux olympiques. Vu le nombre de caméras, ils se feront obligatoirement remarquer avec de telles créations aux pieds. Et pourquoi pas à Tokyo ? J’aimerais aussi collaborer avec des athlètes ayant une bonne notoriété et qui souhaiteraient utiliser leurs chaussures comme outil de communication pour des causes qu’ils défendent, des associations par exemple.
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— Pour finir, pourriez-vous me donner votre Top 3 des chaussures que vous avez customisées ?
Celle que je viens d’envoyer aux Etats-Unis avec Aquaman où j’ai réussi à mettre en place tout ce que j’avais en tête pour cette commande, notamment mon effet « d’eau » à l’aérographe. Cette paire est la récompense de ma première année de travail. En plus, le retour d’Antoine mon client est super, depuis, nous échangeons régulièrement. Il y a une relation humaine que j’essaie de créer dans ce boulot, et c’est génial quand la personne qui te commande une paire est vraiment dans cette optique. Ensuite, celle d’Homer Simpson et le Donut sacré pour l’internationale juniors Roséva Bidois en numéro deux, et les Adidas Prime de sprint Star Wars en trois. Quentin customise chaussures Quentin customise chaussures Quentin customise chaussures Quentin customise chaussures Quentin customise chaussures Quentin customise chaussures
Confiez-lui vos chaussures préférées, Quentin « 1off » se charge de vous les twister. Le design sera créé spécialement pour vous, tout est possible !
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