Alors qu’il représentait l’une des plus grandes chances de médailles françaises à Torun, Renaud Lavillenie s’est blessé au mollet vendredi, lors d’un « exercice classique », avant même le début des qualifications du concours de saut à la perche. Forcément déçu de ne pas pouvoir s’exprimer lors de ces Championnats d’Europe en salle, le Clermontois n’en demeure pas fataliste et a déjà les yeux rivés sur les Jeux olympiques de cet été.
« Avec le niveau que j’ai retrouvé cet hiver, il n’y avait aucun intérêt pour moi de prendre le moindre risque par rapport à cet été. On sait tous pertinemment que d’ici cinq mois, personne ne se souviendra de ce qu’il se sera passé aux championnats d’Europe à Torun. On aura tous les yeux rivés sur les Jeux olympiques, analyse lucidement le perchiste tricolore. J’ai bien vu ce matin quand j’étais au stade que je ne pouvais pas courir. Essayer pour se faire mal, et diminuer encore plus mes chances pour cet été, ça aurait été plus que frustrant », finit-il d’expliquer. Bien que les championnats d’Europe n’étaient donc pas envisagés par Renaud Lavillenie comme l’objectif principal de l’année, sa blessure reste tout de même un coup dur pour le clermontois qui n’aura pas l’opportunité de s’envoler vers son cinquième titre européen en salle. « La compétition je l’ai déjà gagnée plein de fois, relativise-t-il. Mais peu importe le niveau de la compétition, c’est vraiment le fait de devoir abandonner sur blessure qui est quelque chose de dur pour tout athlète, d’autant plus quand tu es à 24 heures de l’évènement. Tu te poses plein de questions, tu te demandes si tu n’as pas fait un exercice de trop. C’est frustrant de ne pas pouvoir participer parce qu’on est là pour ça. Après on pourra toujours refaire l’histoire, ça ne changera pas grand-chose », dédramatise le perchiste de 34 ans.
Outre d’un potentiel titre de champion d’Europe, c’est d’un duel au sommet avec Armand Duplantis que se retrouve privé l’ancien détenteur du record du monde. « Évidement avec le niveau de performance de Mondo, c’était la compétition que tout le monde attendait, et nous les premiers, regrette-il. On savait tous les deux que sur un championnat il y avait moyen de se tirer vers le haut,ou au moins de ressentir ces émotions assez rares et assez intenses de compétition extrême où tu te dis qu’il faut que tu ailles chercher au minimum 6 mètres, voire même plus, pour aller faire quelque chose ». Si la confrontation tant attendue entre les deux hommes en forme du moment n’aura pas lieu, que Duplantis se rassure : Renaud Lavillenie espère bien revenir à son meilleur niveau avant les Jeux de Tokyo ! En effet, sa blessure ne devrait ni avoir d’impact, ni remettre en question sa participation à l’évènement majeur de cette année : « La condition c’est juste que je respecte bien les délais et le processus pour faire en sorte que ça se passe bien, explique Renaud. Mon staff médical à Clermont est déjà préparé, je sais qu’ils m’attendent ! Je sais que je vais avoir une première grosse semaine qui va être focalisée là dessus pour que je puisse retrouver tout ce qui faisait ma force cet hiver ».
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« Valentin a moyen de faire quelque chose »
Un Lavillenie en cachant un autre, Renaud ne manquera pas de soutenir son frère Valentin, désormais seul représentant du clan français chez les perchistes (après l’élimination d’Ethan Cormont en qualifications). « Valentin a moyen de faire quelque chose. Il peut faire entre troisième et cinquième, ça peut se jouer à pas grand chose » pronostique l’aîné des frangins. Au cadet de confirmer : « On va faire le taf pour, on n’est pas venu ici pour trier les lentilles ! ». Pour assurer le podium, Renaud Lavillenie présage qu’il faudra aller chercher les 5,85 m. Si Valentin possède un record à trois unités en deçà, le récent champion de France, au vu de sa forme du moment, peut prétendre à une place sur la boite. « Il faudra sauter relativement haut, mais je pense que j’ai tout. Ces derniers temps j’ai réussi à mettre tout en place physiquement et mentalement donc là je me sens bien. Je pense que je peux faire de bonnes choses, sourit celui qui s’est qualifié en finale du concours avec deux sauts seulement. On est en championnat, on est tous pareils. Ce n’est pas celui qui aura le plus d’excuses qui va gagner : c’est celui qui va s’adapter le plus ».
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Propos recueillis par Emeline Pichon
Crédit photo : Maxime Le Pihif / STADION
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