Après avoir conçu des crampons orientables pour les rugbymen et les footballeurs dont Cristiano Ronaldo, Smart Power s’attaque au monde de l’athlétisme avec des pointes qui sont déjà disponibles en précommande. Coup de projecteur sur une technologie qui mérite d’être connue.
Ancien directeur de région chez Michelin, Stéphane Raymond s’est forgé une solide expérience en matière de technologies d’adhérence sur la route. En 2016, le natif d’Annonay se lance un pari : « Devenir le leader mondial du crampon adapté aux chaussures de sport. J’ai rapidement fait le parallèle entre le pneumatique et les crampons du joueur et pointes de l’athlète en adaptant des principes de tenue de route automobile ». Après deux ans de recherche et 1,5 million d’euros d’investissement, il met au point un crampon nouvelle génération en forme de dents de requin qui est l’emblème de Smart Power. « C’est un animal efficace qui a un corps profilé et musclé et qui a toujours besoin de bouger pour vivre et c’est un peu notre ADN ».
Une technologie qui a séduit Cristiano Ronaldo
Des crampons dont des footballeurs et rugbymen de très haut niveau sont devenus friands. « Il diminue la fatigue musculaire, améliore les performances et est orientable, donc il s’adapte au style de jeu de chacun. Chaque goujon est interchangeable et mobile en fonction de l’utilisateur », assure le diplômé en génie mécanique de 47 ans. Il n’en faut pas plus pour convaincre la star portugaise Cristiano Ronaldo et le champion du monde français Paul Pogba, pour le ballon rond, ainsi que des All Blacks et Mathieu Bastareaud pour le ballon ovale, de visser les crampons baptisés « Profiler ». Des crampons qui ont aussi permis à l’attaquant montpelliérain Andy Delort d’enregistrer la vitesse de course la plus rapide de Ligue 1, avec une pointe de 36,8 km/h.
La Smart Power MAKO
Cette année, Smart Power a pris le temps de développer la première pointe d’athlétisme orientable au monde sur la même technologie que celle des crampons. « Nous avons déjà passé certaines étapes dans le football et dans le rugby. Nous attaquons l’athlétisme en développant notre concept sur les pointes de 6 mm en acier avec la Technologie « Claw Effect ». Des pointes 100% « made in France » et même 100% Auvergne-Rhône Alpes. Nous les avons intitulées « MAKO » qui est le nom de l’espèce de requin la plus rapide du monde. Nos pointes ressemblent d’ailleurs à la forme de ses dents. C’est aussi l’occasion de mettre en avant cette espèce qui est en voie de disparition. »
Pour trouver la forme parfaite des pointes, Smart Power s’est équipée de semelles à capteurs de pression « qu’on intègre dans la chaussure de l’athlète et qui, grâce à une liaison bluetooth, nous permettent de mesurer la dynamique des appuis sur la piste. On est ainsi capable d’étudier là où il faut plus d’appui. Ensuite on regarde s’il faut les orienter différemment ou pas. Les tests réalisés à Clermont-Ferrand le 24 novembre sont très positifs avec des gains de plusieurs centièmes pour les athlètes sur des distances en sprint entre 15 m et 200 m. »
Pour une transmission totale de la puissance au tartan
Mais alors en quoi les pointes orientables sont-elles bénéfiques pour les athlètes ? « Les appuis d’un sauteur en hauteur et ceux d’un sprinteur, avec ou sans virage, ne sont pas les mêmes, et nous allons adapter l’orientation des pointes en fonction des appuis. Au saut en hauteur, vous avez des appuis forts en latéral alors qu’en sprint c’est plutôt axial. Selon la zone du pied, on est capable de les orienter pour que ce soit le plus efficace. Par exemple, les deux pointes de la zone à l’avant du pied sont efficaces lors de la mise en action et les pointes de la zone intermédiaire sont efficaces pour la stabilité latérale. On a travaillé d’une part pour que nos pointes réduisent les micro-glissements dans le tartan et d’autre part pour qu’elles soient opérationnelles tout au long du contact avec le tartan. En effet, comme les pointes sont orientées comme une griffe, à l’inverse d’une pointe droite qui perd rapidement le contact avec le tartan, nos pointes permettent une pénétration maximale de la piste pour que l’athlète continue à pousser jusqu’au bout des orteils. »
« J’ai eu l’occasion de tester les pointes à l’occasion d’une séance de sprint en ligne droite et en virage. Lors des premières foulées c’est bizarre parce que le bruit au sol est plus discret que des pointes classiques. On a une sensation de pied fort au sol et on ressent également tous les appuis sur toutes les pointes. On a la possibilité de faire une poussée complète jusqu’au bout des doigts de pied contrairement aux pointes droites où en fin de poussée on a notre appui qui fuit un peu. Ce que j’ai également apprécié, c’est que lors du travail en virage, t’as la jambe gauche (jambe intérieure sur la piste) qui est beaucoup plus forte et soutenue. Il va me falloir plusieurs séances pour m’y habituer totalement. »
Maintenant, vous êtes probablement en train de vous interroger sur cette innovation au regard des débats sur les chaussures à plaque de carbone qui ont été décriées ces derniers mois. À cette question, Stéphane Raymond répond « qu’on parle de dopage technologique lorsque qu’on introduit une inégalité entre les athlètes. Les plaques carbones ont un effet « ressort » et concevoir des chaussures avec des ressorts pour un athlète qui fait du saut en hauteur, c’est du dopage technologique puisqu’on amplifie son mouvement. De notre côté, on essaye uniquement de transmettre 100% de la puissance de l’athlète mais on n’amplifie pas son effet « ressort ». Je viens de chez Michelin, c’est la même fonction qu’un pneumatique. Si le moteur n’est pas puissant, on ne va pas inventer de la puissance. »
Une technologie sur le podium des JO en 2021 ?
Dans une discipline comme le 100 m où la victoire se joue au centième et même parfois au millième, rien ne doit être laissé au hasard. Chaque détail compte, surtout les pointes, considérées comme des outils de travail. Grâce à sa technologie, Stéphane Raymond peut d’ailleurs rêver d’une médaille olympique sur la distance reine, l’été prochain à Tokyo. Détenteur d’un record canon sur 100 m en 9″93 (+1,9 m/s) en 2019, l‘Ivoirien Arthur Cissé fait partie des ambassadeurs athlètes de la marque. L’équipe de Stadion, qui a suivi très attentivement sa séance (photo ci-dessus) la veille de la ligne droite au Meeting de Marseille début septembre, a été impressionnée par son explosivité dans les premiers mètres au sortir des starting-blocks. Les solides départs du sociétaire de l’EFS Reims tendent à démontrer l’efficacité du concept Smart Power.
Sa prestation sera scrutée de près au Japon, et pourrait être la meilleure des pubs auprès des autres stars du tartan : « Arthur m’a confirmé qu’ils utilisaient les pointes orientables en permanence en compétition et il en est très content. Ce qui est intéressant, c’est que d’une part, il a de très bonnes sensations et se sent vraiment bien, et que d’autre part, il a des performances significatives, notamment sur les 30 premiers mètres. »
Bastien Auzeil, l’ambassadeur en France
Stéphane Raymond nourrit ce rêve de médaille olympique et profite de nos lignes pour faire une annonce officielle : « On a à coeur d’aller chercher une médaille olympique avec un athlète mais avec un Français ou une Française, ce serait encore mieux. Je suis prêt à aider tous les athlètes de l’équipe de France qualifiables pour ce rendez-vous planétaire ». L’appel est lancé. Côté Tricolore d’ailleurs, qui mieux que Bastien Auzeil pour parler des pointes Smart Power ? Champion de France du décathlon en 2019 et sélectionné aux JO de Rio en 2016 (record à 8191 points), le Grenoblois nous explique que la configuration des pointes améliore sa vitesse et ses performances sur la piste.
« Les pointes ressemblent à une forme de griffe. Elles ont une forme un peu incurvée et sont donc orientables en fonction de l’action que l’on souhaite avoir. Les sensations sont vraiment intéressantes, en marchant, on sent vraiment un grip très important, l’accroche est bien meilleure qu’avec des pointes traditionnelles. Ce qui est intéressant, c’est qu’en course, on ne sent plus cette accroche, tout est très fluide. Les pointes sont positionnées de manière à ce qu’elles rentrent dans la piste et en sortent en créant le moins de frottements et de contraintes possibles. La sensation est un peu comme courir pieds nus mais sans déperditions lorsque le pied est au sol. C’est vraiment hyper-agréable. La course paraît plus naturelle. Ces pointes sont vraiment surprenantes. Je n’aurais jamais pensé que des clous puissent autant faire évoluer les sensations. Ça ne m’étonnerait pas d’en croiser de plus en plus sur les stades dans les années à venir ! »
Crédit photo : Matthieu Tourault / STADION
Disponibles chez SMART POWER