A l’âge de 35 ans, Jessica Cérival remporte à Bordeaux ce samedi son 14ème titre de championne de France du lancer de poids (7 en plein air et autant en salle) avec 17,62 m. Un jet synonyme de niveau de performance requis pour Belgrade (3-5 mars). Mais aussi une breloque qui atténue la déception de sa non-sélection aux Jeux Olympiques l’été dernier. Amoureuse de sa discipline, elle trouve dans cet échec une source supplémentaire de motivation. En 2016, elle quitte l’Insep pour le Creps de Wattignies et veut concrétiser dès cet hiver tout le travail effectué à l’entraînement depuis quelques mois sous la houlette de Michel Tranchant. La lanceuse de l’Entente Franconville Césame Val d’Oise est donc loin d’avoir renoncé au maillot bleu. Avec du talent, beaucoup de travail et un peu de chance, les portes devraient à nouveau s’ouvrir. Réactions.
— Satdion : Bonjour Jessica, est-ce que ça fait plaisir de plier un concours en un seul saut ?
Oui moi cela me fait plaisir mais mes collègues m’ont dit que non, que j’abusais (rires) de planter un lancer dès le premier essai. Plus sérieusement, je ne me plains pas. c’est génial. Mais techniquement j’étais à la ramasse, je ne vais pas vous mentir. Pour vous dire, la semaine dernière je n’ai même pas réussi à passer dix-sept mètres à l’entraînement et en allant plus loin, je n’avais pas franchi la barre des dix-sept mètres de la saison hivernale. Aujourd’hui je réalise deux jets à plus de dix-sept mètres, c’est correct. Quand je fais 17,62 m, cela a été compliqué de me remettre dedans. Il y a un point technique que je veux mettre en place depuis longtemps. Il faut que je fasse avancer le bassin et je n’arrivais pas à le trouver. Je l’ai fait deux fois mais vers le bas ce qui n’est pas bon.
— Avec quatorze titres de championne de France, où trouve-t-on encore la motivation à l’entraînement ?
Je ne m’arrête pas à ce qui se passe en France, parce que la France ce n’est pas le centre du monde. Il faut voir plus loin et viser plus haut. C’est à dire le niveau européen voire mondial. J’aime ce que je fais… et du moment qu’on aime ce qu’on fait c’est le plus important. Sur mes quatorze titres, celui-là est pas mal et a une saveur particulière parce qu’il y a les minima au bout. Il y a pas mal de gens qui voulaient m’enterrer, ils se disaient qu’à 35 ans je n’ai plus rien à prouver, donc je suis contente. Le meilleur titre reste cependant en 2011 où j’ai réalisé mon record (17,99 m).
Maintenant, l’objectif de ma saison hivernale ce sont les Championnats d’Europe où j’espère rentrer en finale. Pour ça, il faut que je corrige des choses et surtout le transfert des jambes tout en haut pour pouvoir être performante. J’aspire également à participer aux Championnats du monde à Londres en août.
— A 35 ans, on ressent chez vous, toujours autant de plaisir dans la pratique de votre discipline…
On ne va pas se mentir, s’il n’y a pas de plaisir, on ne fait rien. On perd notre temps à aller à l’entrainement et en compétition. Quoiqu’on fasse dans la vie il faut avoir du plaisir. C’est ce que m’a dit mon coach avant de partir. Il m’a dit : «fais toi plaisir». Je commence vraiment à m’éclater après dix ans d’expérience en compétition de haut niveau.