Arsène Guillorel était au-dessus du lot et a signé un beau chrono de 29’30, en renversant au passage le record de l’épreuve, lors des 10 km de la « Leclerc Gouesnou » ce dimanche. Donovan Christien (30’19) et Florian Caro (31’02) se sont aussi illustrés avec des performances de bonne facture. Sur le 5 km, les lauriers sont revenus à Benoit Campion (14’28) et à Laëtitia Bleunven (16’45), records de la course également à la clé.
En 2020, la course n’avait pu avoir lieu, autant dire que les participants de la quatrième édition ensoleillée de la « Leclerc Gouesnou » avaient des fourmis dans les jambes au moment de s’élancer sur la ligne de départ, ce dimanche. Qu’ils aient couru les 5 ou les 10 kilomètres, plus de 600 runners ont foulé le bitume avec une furieuse envie de se surpasser. Quand chaque mètre est une victoire, franchir la ligne d’arrivée devient un moment de gloire. Quelques belles pointures régionales étaient au rendez-vous à commencer par l’international tricolore (2 sélections) Arsène Guillorel.
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Premier kilomètre en 2’47
À 27 ans, le sociétaire du Stade Brestois a été impérial sur le macadam gouesnousien. Le 10 km promettait un beau duel entre Arsène Guillorel, Donovan Christien et Florian Caro, tous trois déterminés à décrocher la victoire sur ce nouveau parcours. Un tracé composé de 2 boucles de 5 km. Coup de pistolet déclenché, le trio s’est directement placé en tête pour imposer un rythme effréné que personne n’a pu suivre. Le spectacle en tête a une nouvelle fois enchanté le public avec un départ hyper rapide et déjà un premier kilomètre avalé en 2’47. « C’est rapide mais je suis bien resté relâché et ce sont des allures que je maîtrise », nous explique Arsène Guillorel.
Sans jamais se retourner, le demi-fondeur qui a suivi des études d’économie dans une université américaine en Alabama de 2014 à 2018, survolait la course de manière indécente, distançant très vite ses rivaux. « Le deuxième 5 km est un peu plus lent (14’50) mais le trou est largement fait ». Plus personne n’a alors pu suivre le rythme infernal du natif de Ploemeur qui s’est imposé avec un grand sourire dans un chrono de 29’30 (record personnel en 29’00), explosant le record de l’épreuve de plus de 1’30 (31’05 en 2018). Alors que nous avions la chance d’être sur la moto, nous avons pu observer de près son relâchement du haut du corps et sa foulée très aérienne, un exemple à montrer dans toutes les écoles d’athlétisme. « Je voulais faire moins de 30 minutes et gagner la course, c’était le minimum. Je suis licencié au Stade Brestois donc je considère cette course comme « mon 10 kil », celui que je devais remporter ».
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Benoît Nicolas comme nouveau coach
On avait laissé Arsène Guillorel, déçu et frustré, le 11 juin au Meeting de Carquefou, de son 5000 m bouclé en 14’27″20, à des années-lumière de sa marque de référence sur la distance (13’36″30). Six jours après, la mort dans l’âme, il prit la dure décision de mettre un terme à sa saison estivale, tirant un trait sur ses chances de sélection aux Jeux olympiques de Tokyo. « J’ai voulu trop en faire et j’ai tout tenté pour me qualifier. Je me suis entraîné très dur et très tôt dans la saison. J’ai notamment effectué deux stages en altitude en Colombie, où j’ai travaillé trop dur là-bas avec des semaines à plus de 200 kilomètres. Normalement, je suis plus entre 160 et 180 de moyenne quand je m’entraîne dur. C’était une erreur, quand je suis rentré en France, j’étais cramé tout simplement ».
Après un mois de vacances, le vice-champion de France Elite du 5000 m en 2018 à Albi a trouvé un nouvel élan auprès d’un visage connu de tous dans le petit monde de la course à pied : Benoît Nicolas, dix fois champion de Bretagne de cross. Il apparaît comme un homme neuf qui peut, à nouveau, assouvir sa passion au quotidien. « J’ai pris un appartement à Font-Romeu, c’est un endroit où je me sens bien et Benoît m’aide depuis deux mois en élaborant mes plans d’entraînement. Depuis que j’ai l’âge de 20 ans, j’ai l’objectif de réussir en course à pied. J’ai la chance d’être accompagné par de fidèles partenaires autour de Brest et je les remercie encore aujourd’hui ».
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Christien et Caro n’ont pas démérité
Le plus fort était bien, dimanche après-midi, Arsène Guillorel. Deuxième en 30’19, Donovan Christien ne peut que concéder sa supériorité. « J’avais un dilemme en début de course. Soit je partais au-delà de mes capacités avec Arsène ou soit je partais tout seul, mais dans le vent. J’ai décidé de prendre la première option mais Arsène c’est une pointure et il est beaucoup plus fort que moi actuellement, et donc j’ai craqué au 5e km ».
Dire de Florian Caro qu’il fait partie des meubles de l’événement n’est pas lui faire injure. Il faut reconnaître que celui que l’on peut qualifier d’athlète polyvalent a écrit une partie de l’histoire de la jeune course bretonne en remportant le 10 km en 2018 puis le 5 km en 2019. « Content de cette troisième place en 31’02. Je suis fin prêt pour le Marathon Vert de Rennes le 24 octobre, support des championnats de France, pour lequel je m’entraîne depuis de nombreuses semaines. Je viserais un chrono aux alentours des 2h20. »
Du côté du peloton féminin, c’est Mazarine Amis qui empoche la première place en 35’22 (10e au scratch) avec une large avance sur ses concurrentes, pour sa première expérience sur la distance. Annoncée favorite, l’athlète de 23 ans n’a pas tremblé pour donner raison aux bookmakers. « Une belle découverte, j’espère qu’il y en aura d’autres, avance celle qui vient d’obtenir son Master d’actuariat à l’EURIA de Brest. J’étais facile sur la première moitié de course et c’était un peu plus dur vers le huitième kilomètre avec le vent. C’est Laëtitia Bleunven qui m’a fait le lièvre sur la deuxième partie de course, et elle m’a bien aidée ! »
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Le week-end de fou de Benoit Campion
Benoit Campion se souviendra très longtemps de ce week-end du 9 et 10 octobre 2021. Alors que le Guipavasien avait projeté de longue date de participer aux 5 km de la « Leclerc Gouesnou », ce dimanche, il avait aussi coché dans son agenda la Coupe de France à Blois (Loir-et-Cher), le samedi. Bien lui en a pris. Avec les camarades de la Section Athlétisme Toulouse Université Club (SATUC) qu’il a rejoint en septembre après dix ans au Stade Brestois, l’étudiant en cinquième année de médecine a connu la victoire sur le relais Medley long (1200 m – 400 m – 800 m – 1600 m) en 9’51″88 avec un nouveau record de France.
Aujourd’hui, vers le 3e km, le protégé de Sébastien Gamel, qui a déjà réalisé 3’40″63 sur 1500 m, n’a pas fait de cadeau à ses concurrents et s’est envolé vers la victoire en 14’28. « J’ai fini fort, en 2’45 les deux derniers kilomètres. Je suis très satisfait, c’est mon record personnel et le record de l’épreuve (ancien 15’13 en 2019). Ça me fait plaisir de gagner devant ma famille et les copains ». De quoi nourrir des ambitions lors de la saison de cross qui débute prochainement : « L’objectif ce seront les Championnats de France de cross-country dans un mois à Montauban et les jambes commencent à être bien ». Patrice Le Gall (14’54) et Romain Garrivier (14’57) complètent ce très beau podium en passant sous la barrière des 15 minutes.
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Laëtitia Bleunven, sans contestation
Chez les femmes, c’est, comme annoncé, Laëtitia Bleunven, (29 ans) qui a fait le show en dominant toute l’épreuve en 16’45. Allant, elle aussi, jusqu’à effacer les 16’51 de l’internationale française Marie Bouchard. « Je suis très contente de ma course de reprise et c’est un parcours qui n’est pas très simple malgré ce que l’on peut imaginer. Il y a du faux-plat montant et dans les descentes, où l’on pouvait récupérer, on avait le vent de face. Ce qui est bien, c’est que c’est une course mixte, et les gars peuvent nous relayer et ont vraiment joué le jeu », confiait l’éducatrice spécialisée en pédo-psychiatrie. Polyvalente sur le tartan comme sur le macadam et les labours, son principal fait d’armes est actuellement sa victoire sur le cross court des inter-régionaux Bretagne-Normandie de Lisieux en 2019. Ça tombe bien, la saison de cross arrive à grands pas. « Je vais me donner à fond à Montauban ! », assure-t-elle. Souriante et aussi ambitieuse, pour une saison à venir qui semble prometteuse tant sa démonstration de dimanche a été impressionnante.
La satisfaction était aussi de mise dimanche du côté du staff organisateur de la course, emmené par Bruno Jaouen, président du Club des Blés d’Or. Une fenêtre météo idéale, une participation en hausse et quatre beaux vainqueurs sur les deux distances. Cette quatrième édition de la « Leclerc Gouesnou » en appelle d’autres assurément.
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Crédits photos : STADION