Meeting de Marseille : Louise Maraval, c’est complètement fada

22 mai 2024 à 23:51

Chronométrée en 54″44 sur 400 m haies au Meeting de Marseille ce mercredi, Louise Maraval laisse éclater au grand jour un potentiel déjà entraperçu depuis plusieurs années. La vice-championne d’Europe U23 se hisse au deuxième rang des meilleures performeuses françaises de l’histoire derrière la légende Marie-José Pérec (53″21 en 1995). La réunion phocéenne a été marquée par une avalanche de performances en demi-fond : Louis Gilavert (8’13″47) et Alexis Miellet (8’14″71) ont eux aussi réalisé les minima olympiques sur 3000 m steeple. Présent à la compétition, Stadion vous en fait vivre les moments forts !

Si le quartier du Prado est principalement connu pour son stade Orange Vélodrome où les joueurs de l’Olympique de Marseille se produisent, les grands champions étaient bel et bien au stade Delort mercredi soir, au pied de l’enceinte phocéenne. Les cris de rage et de joie qu’ont poussés Louise Maraval, Louis Gilavert et Alexis Miellet, en visionnant leur chrono sur le tableau d’affichage, étaient tellement puissants qu’on est certain qu’on les a entendus jusqu’au Vieux-Port ! La première nommée, flashée en 54″44 sur 400 m haies s’est affranchie du standard de qualification pour les Jeux olympiques de Paris 2024. La hurdleuse de l’Entente Sèvre a ensuite été imitée par le pensionnaire du Pays de Fontainebleau Athlétisme (8’13″47) et celui du Dijon Université Club (8’14″71) qui se sont acquittés des minima sur 3000 m steeple pour le rendez-vous suprême du sport français.

 

Louise Maraval juste derrière Marie-José Pérec

Le Meeting de Marseille n’a pas failli à sa réputation. Depuis quelques années, il figure sans contestation possible dans le top des événements de l’athlétisme européen. Ce soir, comme d’habitude, les performances de très haut niveau se sont enchaînées. Un contexte très relevé qui est du pain béni pour les athlètes français en lice. Ce 22 mai restera d’ailleurs à jamais gravé dans la mémoire de Louise Maraval. La Vendéenne de 22 ans a explosé son record sur 400 m haies en bouclant la distance en 54″55 contre 55″83 pour sa précédente marque. La protégée de Samuel Auneau au pôle de Nantes a imposé un rythme élevé dès le départ avant de finir fort dans la dernière ligne droite et avec de beaux franchissements d’obstacle.

 

 

La vice-championne d’Europe U23 du 400 m haies était venue avec beaucoup d’ambition, et avec un record personnel en 55″83 réalisé en finale des Championnats d’Europe espoirs à Espoo (Finlande) l’été dernier, Louise Maraval devait faire mieux pour pouvoir espérer être du voyage pour Rome. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que l’étudiante en STAPS, spécialité Management du Sport, a largement rempli le contrat en repartant de la cité phocéenne avec les minima européens (55″70) et olympiques (54″85). Louise Maraval grimpe à la deuxième place des bilans français tous temps dominés par la triple championne olympique Marie-José Pérec qui a claqué 53″21 en 1995 à Zurich.

 

« J’ai hâte de continuer à faire baisser ce chrono »

« Je venais déjà pour chercher les minima pour les Europe. Ce n’est que ma deuxième course et la première (56″03 à Jacksonville le 26 avril) j’étais toute seule donc j’avais vraiment hâte de faire une course avec du monde. Et faire tomber les minima pour les Jeux en plus, c’est incroyable », se réjouit la championne de France Elite en titre. 

 

 

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Il faudra encore accélérer la cadence pour Louise Maraval si elle veut chiper le record du Meeting de Marseille du 400 m haies qui est la propriété de la star américaine Sydney McLaughlin-Levrone, recordwoman du monde (50″68 en 2022), qui avait éclaboussé de toute sa classe l’édition 2019 en signant un chrono de 53″72. Mais avec un peu plus de confrontation, le chrono pourrait rapidement s’affoler. « Je crois que je ne réalise pas trop, il faut que je prenne le temps de redescendre mais j’ai hâte de continuer à faire baisser ce chrono. Je me suis sentie bien et dans la dernière ligne droite quand j’ai senti qu’il y avait des filles à côté, j’ai relancé parce que c’est mon tempérament, et je ne me concentrais vraiment pas sur le chrono mais que sur la victoire, et quand je l’ai vu, je me suis dit c’est génial. C’est top parce que je vais pouvoir me préparer sereinement pour les JO donc je suis très heureuse. »

 

« Être deux Français à faire les minima dans un meeting, c’est magnifique »

Entraînés dans cette frénésie, deux autres Français ont particulièrement brillé sur la Cannebière. L’occasion de performer était trop belle pour Louis Gilavert et Alexis Miellet pour se rapprocher du Stade de France. Les deux Tricolores ont respectivement coupé la ligne au deuxième et au troisième rang en 8’13″47 et 8’14″71 du 3000 m steeple remporté par l’Éthiopien Samuel Duguna (8’12″44). Le steepleur de Fontainebleau a mis une belle claque à son record personnel (8’19″79 en 2021 à Florence) et se hisse à la neuvième position des bilans nationaux de tous les temps.

 

 

« C’est un grand soulagement parce que ça été beaucoup de frustration pour moi le steeple. C’est ma résurrection un peu. On envoie un bon message avec Alexis aux autres Français. Être deux Français à faire les minima dans un meeting, c’est magnifique. Il y a quatre jours après mon 1500 m à Fontainebleau où je fais 3’36″09, ce qui est quand même une belle performance, je pleure parce que j’avais une énorme frustration de ne pas avoir atteint le chrono escompté. Aujourd’hui, cette frustration je l’ai évacuée sur la piste. Un bon demi-fondeur doit prendre ses responsabilités donc là je suis allé de l’avant. Les Éthiopiens et les Kényans ont super bien relancé et sans eux on n’aurait jamais fait ces performances. »

 

 

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Alexis Miellet, apprentissage à vitesse grand V

Plaisir partagé avec Alexis Miellet qui réalisait le deuxième 3000 m steeple de sa carrière, après ses 8’24″94 de Décines le 4 mai dernier. « C’est une bonne chose de faite, ce n’est que mon deuxième steeple donc le pari était rude et osé. Je ne devais pas m’aligner sur le steeple ce soir mais sur le 1500 m. Les modalités de la fédération m’imposent d’être présent dans le ranking si je veux être qualifié aux Europe. »

Le triple champion de France Elite sur 1500 m (2018, 2019 et 2020), ému en confiant ses impressions, va retourner dans la bataille dès dimanche à Bruxelles où il fera face à plusieurs des meilleurs spécialistes hexagonaux. « Cest vraiment un soulagement parce que je ne m’attendais pas à faire les minima tout de suite, je me suis dit que 8’20 ça serait déjà pas mal. J’avais fait 8’24 sur mon premier steeple en tombant lors de la dernière rivière donc je savais qu’il y avait mieux à aller chercher. Je pense qu’il y a plus de choses à aller jouer au niveau européen voir mondial sur steeple que sur 1500 m où il y a vraiment trop de monde. Même avec 3’32 on ne fait quasiment plus rien, et je sais que si j’arrive à avoir un niveau équivalent sur 3000 m steeple que sur 1500 m je peux aller chercher de belles choses ». Dans cette même course, record personnel aussi pour l’espoir Luc Le Baron (Boulogne-sur-Mer AC) en 8’23″28 (ancien : 8’29″25).

 

Yanis Meziane enchaîne bien

Autre temps fort très attendu : le 800 m hommes avec un joli duel en prévision entre Yanis Meziane, champion d’Europe U23 en 2023, et l’Algérien Slimane Moula, cinquième des Mondiaux de Eugene en 2022 puis de Budapest en 2023. En tête à l’entrée de la dernière ligne droite (passage au 400 m en 50″24), les deux spécialistes du double tour de piste ont vu le Britannique Elliot Giles, deuxième performeur mondial de tous les temps en salle sur 800 m (1’43″63 en 2021), revenir comme une bombe pour s’imposer en 1’44″46. Deuxième place pour Moula en 1’44″75.

 

 

Trois jours après ses 1’44″13 à Marrakech pour sa rentrée estivale, Yanis Meziane (Athlé 91, record en 1’43″94) a pris ses responsabilités en plaçant une accélération à 150 m de l’arrivée et est récompensé avec une troisième place en 1’44″91. « Je voulais prendre un petit peu plus de risques qu’à Marrakech où j’étais parti un peu en prudence vu que c’était la première course. Et là j’ai essayé de me lâcher un peu en attaquant fort du 500 au 600 m, et ça me coûte un peu sur les 50 derniers mètres. Ce n’est pas forcément ce que j’espérais mais je voulais enchaîner une deuxième course en trois jours. Vu la façon dont j’ai couru ça va je ne suis pas déçu. Ensuite je vais courir à Stockholm le 2 juin et après y aura les Europe à Rome ». On mettra également en exergue le record personnel de Paul Anselmini (EFCVO), sixième en 1’45″29, à neuf centièmes des minima pour Rome.

 

 

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On n’arrête plus Maël Gouyette

Le 1500 m a enflammé le public jusqu’au bout du Meeting de Marseille. Après sa victoire à Montreuil dans une course tactique jeudi dernier (3’37″07), Maël Gouyette (Haute Bretagne Athlétisme) a prouvé ce soir qu’il avait passé un cap important en s’offrant une autre victoire de prestige dans le chrono de 3’34″46, pulvérisant ainsi son temps de référence de près d’une seconde et demie (3’35″94 à Marseille en 2023).

 

 

« C’est ce que j’étais venu chercher, la semaine dernière j’ai fait premier à Montreuil mais le chrono n’était pas forcément à la hauteur de ce que j’espérais donc là je suis venu avec beaucoup d’ambition et de détermination. Je suis déjà venu l’année dernière faire mon record et je sais que y a des conditions et un public de folie pour pousser les athlètes. Je me sentais super bien pendant la course et j’ai tout donné les 250 m derniers mètres et aujourd’hui ça paye avec la victoire et le chrono. Je me rapproche à moins d’une seconde des minima pour les Jeux olympiques (3’33″50) donc ça va être l’objectif au Meeting Stanislas de Nancy ce samedi. »

Onze Français ont réalisé les minima (3’36″00) pour les Championnats d’Europe de Rome depuis l’ouverture de la période de qualification, un chiffre qui donne le tournis.

 

 

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Bénénice Cleyet-Merle confirme sa place aux Europe

Fin de course très tendue sur le 1500 m féminin où les trois premières franchissent la ligne avec moins d’un dixième d’écart. L’Italienne Ludovica Cavalli s’est imposée devant la Britannique Revee Walcott-Nolan qui sont créditées dans le même chrono de 4’04″05. Il a fallu départager au millième les deux mileuses tandis que Bérénice Cleyet-Merle (Villeneuve-la-Garenne) suit en 4’04″13. Après la course, la recordwoman de France du Mile en plein air (4’26″06 en 2023 à Monaco) s’est dite satisfaite : « C’est déjà une étape, ça rassure parce que les championnats d’Europe ça arrive vite. Maintenant, j’ai envie de faire les minima pour les Jeux (4’02″50) ».

 

 

Une course encore perfectible, mais qui laisse présager de bonnes choses pour la suite : « Ce soir, peut-être que je n’ai pas attaqué assez tôt et au début de la course je n’arrivais pas trop à me placer. Là, je suis surprise, je m’étais dit, ça va encore être une course où je vais faire 4’06-4’07 et finalement ça s’est bien passé. » Un chrono final satisfaisant grâce notamment à un dernier coup de collier (1’17 au dernier 500 m) : « Normalement je ne finis pas très fort sur la fin, là ça veut dire que j’ai progressé donc je suis contente parce que c’est bien pour les championnats d’avoir un bon finish. »

 

 

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Tir groupé des Françaises sur 800 m

Le double tour de piste femmes a souri aux Tricolores même si les minima européens visés n’ont pas été atteints (fixés à 2’00″00). Après un passage au 400 m en 59″06, Charlotte Pizzo a pris la tête des opérations dans la ligne droite opposée qu’elle conserve jusqu’à l’arrivée qu’elle franchit en 2’01″07. Quelques minutes après la course, c’est la frustration qui domine pour la sociétaire du Pays de Fontainebleau Athlétisme : « Je suis pas mal déçue du chrono. Au vu du scénario de la course, je ne m’en sors pas si mal parce que j’ai pu faire un dernier 100 m assez rapide, mais je voulais faire moins de deux minutes et je pense sincèrement que je peux les faire donc c’est frustrant. Il a manqué de la densité devant moi ».

 

 

Les Françaises ont réalisé un prometteur tir groupé juste en dessous des 2’03 : Léna Kandissounon (Haute Bretagne Athlétisme, 2’01″52), Anaïs Bourgoin (EFCVO, 2’01″62), Clara Liberman (Haute Bretagne Athlétisme, 2’01″79), Eugénie Morel (SCO Ste Marguerite de Marseille, 2’02″32) et Julia Chérot (Athlé Pays de Vannes, 2’02″82). 

 

 

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Les mille spectateurs installés dans la tribune principale du Stade Delort ont assisté à deux records du Meeting de Marseille. En lever de rideau, le Suédois Carl Bengstrom a négocié le 400 m haies en 48″49, effaçant des tablettes les 48″80 du Turc Yasmani Copello (2023). Le Jamaïcain Traves Smikle a expédié son disque à 65,61 m, quarante-et-un centimètres plus loin que l’ancienne marque de référence (65,20 m par Victor Hogan en 2018). À retenir également, côté Français, le record personnel d’Angélica Berriot (EFS Reims) qui termine troisième du concours du saut en longueur en retombant à 6,59 m (+1,3 m/s) à sa cinquième tentative.

 

 

Tous les résultats du Meeting de Marseille 2024

Texte : Haron Leveau
Crédits photos : Jean-Luc Juvin / STADION

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