« Grand Slam Track » : La révolution de l’athlétisme ?

21 juin 2024 à 21:40

L’ancienne star des pistes Michael Johnson veut « révolutionner » l’athlétisme en créant un circuit professionnel annuel de quatre meetings composé seulement de courses. Son nom : « Grand Slam Track ». Décryptage de cette nouvelle Ligue.

Va-t-on assister à un Roland-Garros ou Wimbledon de l’athlétisme ? À près d’un mois des Jeux olympiques de Paris (1er au 11 août 2024 pour les épreuves d’athlétisme), c’est en tout cas ce que souhaite l’ancien sprinteur américain Michael Johnson en créant un circuit professionnel annuel de quatre meetings, nommé le « Grand Slam Track » dès 2025. « Cette nouvelle ligue va révolutionner ce sport et remettre l’athlétisme sur le devant de la scène. Enfin, on va voir s’affronter les meilleurs plus souvent que tous les quatre ans », se réjouissait le quadruple champion olympique (4×100 m en 1992, 200 m et 400 m en 1996, 400 m en 2000) et consultant pour la BBC depuis plusieurs années.

Disputés entre avril et septembre, deux aux États-Unis (dont un à Los Angeles) et deux à l’international (non communiqué), ces Majeurs ou « GST » se dérouleront sur trois jours et ne proposeront que des courses, réparties en six groupes (sprint court, sprint long, haies hautes, haies basses, demi-fond et fond) où chacun d’eux sera décliné pour les femmes et les hommes. Axé sur le prize-money record (12,6 millions de dollars), les lancers, les sauts, le décathlon et les épreuves de terrains seraient délaissés au profit de la vitesse sur piste. Le créateur de cette Ligue a ses raisons.

« Pourquoi ne pas organiser d’événements sur le terrain ? L’une des règles qui était absolument essentielle dans le développement de ce produit n’est autre que : « un événement à la fois » », explique Michael Johnson. « Dans ce créneau de deux heures et demie de diffusion en direct et d’émission (aucun détail télévisuel n’a été communiqué), nous ne pouvons pas y inscrire des événements sur le terrain et les intégrer. »

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Sydney McLaughlin-Levrone, la première star à rejoindre la Ligue

Mis en évidence dans ce circuit, 96 coureurs seront donc au rendez-vous de chaque meeting avec quatre athlètes par groupe (48 au total) qui seront sous contrat avec l’organisation et s’engageront à disputer les quatre meetings de la saison, comme la championne olympique du 400 m haies Sydney McLaughlin-Levrone, premier nom clinquant introduit au « Grand Slam Track ». « Ça va mettre en lumière les athlètes, leur donner l’opportunité d’affronter les meilleurs et d’être récompensés pour cela », se frottait les doigts l’Américaine de 24 ans. D’après le site web de ce nouveau-né de l’athlé, Femke Bol ferait partie des athlètes que l’organisation ciblerait pour voir un duel Bol-McLaughlin-Levrone d’anthologie sur 400 m et/ou 400 m haies. Les 48 autres participants seront, eux, choisis sur invitation selon « leur palmarès et la forme du moment ».

Le principe de ces événements est simple : chaque groupe de huit athlètes s’affronteront à raison de deux épreuves par meeting (les athlètes du sprint court disputeront par exemple un 100 m et un 200 m). Imaginons que le triple champion du monde du 110 m haies Grant Holloway signe avec le « GTS » un jour, il devrait courir sa distance de prédilection, puis reviendrait pour prendre place parmi les fusées du 100 m.

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Les épreuves seront les suivantes :

  • Sprint court : 100 m / 200 m
  • Haies basses : 100 m haies ou 110 m haies / 100 m
  • Sprint long : 200 m / 400 m
  • Haies hautes : 400 m haies / 400 m
  • Demi-fond : 800 m / 1500 m
  • Fond : 3000 m / 5000 m

La position de l’athlète dans chaque course est importante car sa place totale sur deux épreuves déterminera le classement final lors de chaque Grand Chelem.

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Le tableau de notation est le suivant :

  • Première place : 10 points
  • Deuxième place : 8 points
  • Troisième place : 6 points
  • Quatrième place : 5 points
  • Cinquième place : 4 points
  • Sixième place : 3 points
  • Septième place : 2 points
  • Huitième place : 1 point

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100 000 dollars pour le vainqueur

Pour chaque groupe, le vainqueur d’un meeting recevra 100 000 dollars, le deuxième 50 000 dollars jusqu’au 8ème avec une prime de 10 000 dollars, pour une dotation de plus de 3 millions de dollars par compétition. « Nous avons le plus gros prize-money de l’histoire de l’athlétisme. Ces athlètes méritent d’être récompensés pour leur talent et leur travail. Je suis fier du fait que dès notre première année, certaines athlètes féminines feront partie des sportives les mieux payées du monde tous sports confondus », avait tenu Michael Johnson lors d’une conférence de presse dans le quartier des affaires « Downtown » de Los Angeles.

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La répartition des gains est la suivante :

  • 1ère place : 100 000 dollars
  • 2e place : 50 000 dollars
  • 3e place : 30 000 dollars
  • 4e place : 25 000 dollars
  • 5e place : 20 000 dollars
  • 6e place : 15 000 dollars
  • 7e place : 12 500 dollars
  • 8e place : 10 000 dollars

Pour établir des montants si élevés, la Ligue, qui a obtenu plus de 30 millions de dollars d’investissements de The Winners Circle, un groupe de licences et de parrainage sportifs, aura son siège à Los Angeles. Et à partir d’avril 2025, le nouveau format aura un fonds de prix de 12,6 millions de dollars répartis sur quatre événements.

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Une Diamond League 2.0 ?

Plus attractif que la Diamond League où les gains peuvent atteindre « seulement » 10 000 dollars par réunion et jusqu’à 30 000 dollars en remportant une finale d’une épreuve, le « Grand Slam Track » n’a pourtant pas comme ambition de venir concurrencer ce modèle de meeting. « La raison pour laquelle je ne nous vois pas comme un concurrent est comparée à tout ce qui existe… ce que nous apportons est très unique et n’appartient qu’à elle-même », dévoilait Michael Johnson avant de comparer son modèle aux Mondiaux de Budapest où le montant de la prime pouvait monter à 70 000 dollars pour une première place.

« Il y avait environ 2500 athlètes qui ont participé aux Championnats du monde à Budapest l’année dernière. C’est 2500 athlètes essentiellement professionnels dans le sport. Vous avez besoin de beaucoup de rencontres pour satisfaire ce nombre d’athlètes. Je ne pense pas que les gens comprennent combien de personnes sont considérées comme professionnelles et d’élite dans ce sport. Vous devez avoir beaucoup de rencontres parce que ces gens ont besoin d’un endroit pour rivaliser. Nos athlètes sont les meilleurs des meilleurs… Rien n’existe jusqu’à présent qui leur donne leur propre ligue unique et exclusive dans laquelle ils pourront participer. »

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« Les riches en athlétisme ne sont certainement pas aussi riches que les meilleurs athlètes du monde dans d’autres sports »

L’objectif est clair, le premier « commissaire » de ce circuit veut faire de l’athlétisme un sport avec plus d’argent à la clé. « Les riches en athlétisme ne sont certainement pas aussi riches que les meilleurs athlètes du monde dans d’autres sports et c’est ce que je suis ici pour changer, avoue Michael Johnson. J’ai vu la frustration. Les athlètes sont les meilleurs au monde. Non seulement ils ne sont pas indemnisés de cette manière parce qu’il n’y a pas de structure pour le faire, mais ils ne sont pas reconnus aussi bien qu’ils devraient l’être pour leur grandeur. »

Cet argent servirait à développer le premier sport olympique ? « Sebastian Coe (président de World Athletics) et la Fédération internationale d’athlétisme veulent faire croître le sport et ont besoin que le sport se développe aux États-Unis et c’est quelque chose sur lequel nous essayons de nous concentrer pour aider à développer le sport », assure Michael Johnson.

Si l’on regarde le détail de ce circuit, les courses de demi-fond et de fond n’auront pas de lièvre ni de « wavelight« . Michael Johnson miserait sur la continuité des athlètes à participer à chaque « GTS » alors que les étapes de la Diamond League sont critiquées quand certaines des meilleures stars choisissent de ne pas participer entièrement aux événements et zappent quelques compétitions. « Ça va redonner du pouvoir aux athlètes (…) en même temps ils faut qu’ils comprennent qu’ils doivent donner quelque chose pour recevoir plus », avait commenté le légendaire Carl Lewis, présent au lancement d’une compétition qui, malgré ces nouveautés, fera jaser pour son attrait plus que prononcer pour le « fric » et le spectacle que les minorités des épreuves non représentées.

Texte : Dorian Vuillet
Crédit photo : STADION

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