L’Ougandais Joshua Cheptegei a décroché la première médaille d’or des Jeux olympiques de Paris au Stade de France ce vendredi soir sur un 10 000 m royal où Jimmy Gressier a atomisé le record de France en 26’58″67, dans une ambiance survoltée. De nombreux Bleus ont aussi accroché leur billet pour la finale, à commencer par la porte-drapeau tricolore Mélina Robert-Michon au disque, Ilionis Guillaume lors du triple saut et le relais 4×400 m. Résumé d’une fantastique première soirée dionysienne.
Première soirée d’athlétisme des Jeux olympiques de Paris au Stade de France et premières médailles attribuées. La Marseillaise n’a pas encore retenti mais la piste violette aux étoiles et les 75 000 spectateurs ont vibré au rythme d’un 10 000 m qui a vu l’Ougandais Joshua Cheptegei, glané enfin un sacre olympique après un finish de dingue en 26’43″14, record olympique à la clé. Il devance l’Ethiopien Berihu Aregawi (26’43″44) et l’Américain Grant Fisher (26’43″46). Mention spécial pour notre tricolore Jimmy Gressier en treizième position et nouveau recordman de France de la distance avec un chrono monstre de 26’58″67 (ancien de 27’17″29 par Julien Wanders en 2019). Le Boulonnais avait déboulé rapidement en tête avant de craquer « logiquement » dans le groupe de la mort à 1000 mètres de l’arrivée.
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« Si je veux décrocher une médaille sur 10 000 m, c’est comme marcher sur la Lune »
« Je voulais courir avant tout avec ma mentalité de guerrier et mes armes, décortiquait le protégé d’Adrien Taouji et d’Arnaud Dinielle. Ces derniers temps, je réfléchissais trop en me disant « Il faut courir le plus caché possible et économiser de l’énergie ». La meilleure, c’est d’être au combat et de ne pas faire de complexe d’infériorité même si devant, c’est un niveau au-dessus. Je me bats avec mes armes. Sur la ligne de départ, j’ai jamais renoncé à faire une médaille et je pensais que c’était possible. J’y crois toujours. Je savais que j’étais capable de passer sous les 27 minutes et aujourd’hui, je le fais car je me suis pas pris la tête avec le chrono. J’avais des jambes de folie. C’était une course de folie. Fallait pas repousser ce moment-là à plus tard. J’ai vu à mon passage au 5000 m que j’étais en 13’24-13’25. Quand c’était dur et j’étais isolé, j’ai pensé au record de France à aller chercher. Pendant la course, j’ai vu que Yann (Schrub) était sur le côté et voir qu’il était plus là, cela m’a encouragé. Le niveau des meilleurs, c’est clairement un cran au-dessus. Même si je finis à une 13e place, ce qui pourrait paraître décevant pour le public qui ne connaît pas l’athlétisme, c’est un sport ultra-concurrentiel et si je veux décrocher une médaille sur 10 000 m, c’est comme marcher sur la Lune. »
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Yann Schrub met le clignotant
Yann Schrub, le vice-champion d’Europe de Rome, n’est malheureusement pas allé au bout de sa course, abandonnant peu avant les 6000 m, vraisemblablement victime d’un malaise mais déambulant aux côtés de Jimmy Gressier avec le drapeau tricolore en main aux quatre coins du stade. « J’ai été très impressionné par le Stade de France, partant même très émotif et sur de bonnes bases avec Jimmy (Gressier), notifiait le champion d’Europe de cross-country 2023 à Bruxelles. Au bout de 10 tours, je n’étais pas très bien et je me mets très certainement en mode sécurité. D’habitude sur 10 000 m, je donne tout ! Dès que ça devient dur, je m’accroche quitte à mourir sur la piste et il y a eu une déconnexion entre le cerveau et les jambes. Je ne m’étais pas préparé à ce que ça parte aussi vite. Malheureusement, je suis ensuite passé à des allures au-dessus des 20 km/h très compliqués pour moi. Je me disais avec une part de lucidité : “t’es en train de souffrir alors que t’as une course dans 5 jours”. Donc j’ai décidé de mettre le clignotant pour me préserver pour mercredi (7 août). J’ai essayé de me rendre compte que j’avais énormément de chances d’être là et de célébrer avec Jimmy son incroyable performance. A moi de montrer les crocs mercredi prochain ! ». En espérant que le Mosellan soit en forme pour les séries du 5000 m le 7 août prochain, comme il nous l’a répété.
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Mélina Robert-Michon va vivre une quatrième finale olympique au disque
Alors que l’Iséroise n’avait pas lancé au-delà de 63,26 m cette saison, Mélina Robert-Michon a réussi 63,77 m dès son premier essai au lancer du disque, proche de se qualifier directement (64 mètres). « C’est beaucoup de satisfaction parce que je disais depuis le début de la saison qu’il n’y avait qu’une compète qui comptait, racontait la pensionnaire du Lyon Athlétisme. Je savais de quoi j’étais capable mais ça fait du bien quand ça se concrétise au bon moment ». Une marque suffisante pour entrer dans sa quatrième finale olympique ce lundi 5 août (à partir de 20h30), elle qui dispute à 45 ans ses septièmes JO. « J’ai travaillé dur après Tokyo et je me suis mis beaucoup de pression dans ces qualifs en faisant le choix de ne préparer aucune compétition à part celle-là. Y en a beaucoup qui se demandaient si je serais là et j’ai tout fait pour ». Un podium pour l’histoire au bout ?
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Ilionis Guillaume en finale du triple saut
Près de chez elle à Saint-Denis, Ilionis Guillaume peut souffler après avoir pris le dernier ticket pour la finale du triple saut grâce à son bond à 14,05 m, pas si loin de la Cubaine Leyanis Perez Hernandez qui n’a réussi à établir une marque qu’à son dernier essai mesuré à 14,68 m. La native en Haïti a devancé de seulement deux centimètres la première éliminée, la Roumaine Diana Ana Maria Ion. « Ce troisième essai est venu du fond de mon cœur et de mon âme, sans peur, se soulageait-elle. Pourtant, je n’ai pas reconnu mes sensations avant et je comprenais pas pourquoi mon corps ne répondait pas alors que 14,05 m, je fais ça tous les jours. J’ai hâte d’être demain (samedi) ». Rendez-vous à partir de 20h20 pour ces triple sauteuses qui voudront succéder à la recordwoman du monde Yulimar Rojas, titrée à Tokyo mais forfait à Paris en raison d’une blessure au tendon d’Achille gauche.
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Rénelle Lamote en demies du 800 m
Sur 800 m, Rénelle Lamote s’est qualifiée directement en demie lors d’une troisième série presque parfaite (2e en 1’58″59) remportée haut la main par l’Ethiopienne Worknesh Mesele (1’58″07, record personnel). « Je suis contente mais ce n’était pas une course facile, ce n’était pas du tout ce que j’avais imaginé, expliquait la triple vice-championne d’Europe en zone mixte. Mais j’étais prête à tout. Ça fait dix ans que je suis en Equipe de France, j’en ai connu des échecs et je sais qu’il faut courir devant, c’est le meilleur moyen de ne pas faire d’erreurs ou du moins tout est rattrapable quand on est devant. »
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Léna Kandissounon (6e de la première série en 2’00″97) et Anaïs Bourgoin (4e de la cinquième série), auteure de deux fabuleux tours de piste et d’un nouveau record personnel en 1’58″47 (troisième performeuse française de l’histoire), fouleront à nouveau la piste ce samedi dès 11h10 pour les repêchages. « J’y ai cru jusqu’au bout, témoignait cette dernière. Le public m’a portée, c’était incroyable. Je bats mon record personnel, je ne peux pas être déçue, je suis tombée dans une grosse série. Je suis contente car j’ai eu très peur avant et ça s’est quand même bien passé. Maintenant je vais récupérer au max pour essayer d’aller chercher ma place en demies ». Il faudra bien enchaîner toutes ces courses…
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Le relais 4×400 m tricolore a frappé fort
Les séries du 4×400 m mixte ont souri aux Français Muhammad Abdallah Kounta, Louise Maraval, Téo Andant et Amandine Brossier qui ont pris la 2e place en 3’10″60, synonyme de record de France. « On retient d’abord la qualification directe, c’était l’objectif. Le record de France, c’était un peu secondaire, avançait Brossier, dernière relayeuse. On savait qu’il fallait le faire tomber pour atteindre notre but ce week-end car le niveau mondial est excellent. On a fait le boulot, on était soudés. J’ai attendu la dernière ligne droite pour pousser, je ne voulais pas m’enflammer trop tôt car je savais que le public serait euphorique.»
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Kounta, lui, a vécu un moment inoubliable. « J‘étais pas du tout stressé au départ, j’avais hâte de m’élancer, avouait le champion de France du 400 m. C’est la première fois que ma famille vient au stade. J’entendais les gens crier « Allez les Bleus », ça m’a fait un truc de fou. Ça m’a vraiment aidé, c’était incroyable. On va aller chercher cette médaille ». Sur une autre planète, les Américains géraient leur avance et claquaient même le meilleur chrono de l’histoire (3’07″41). Un record qui pourrait de nouveau être battu en finale avec possiblement Noah Lyles parmi les quatre relayeurs.
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Makenson Gletty dixième à mi-parcours
En délicatesse ce matin, Makenson Gletty tente tant bien que mal de rattraper son retard au décathlon. Onzième après les trois premières épreuves de la matinée, le médaillé de bronze des Championnats d’Europe de Rome pointe désormais à la 10e place avec 4 381 points au compteur. À la hauteur, le Haut-Savoyard a stoppé à 1,99 m après trois échecs à 2,02 m. Bonne nouvelle, le décathlonien a conclu sa première journée de compétition avec une deuxième place de sa série (47″48 et record personnel ) sur 400 m, correspondant à 934 points. Tout reste à jouer avant les ultimes épreuves. Petite surprise, la Canadien Damian Warner pointait en tête du classement après midi mais rétrograde en dehors du podium (4e avec 4561 points) dont l’Allemand Leo Neugebauer a pris les reines avec 42 points d’avance (4650 points) sur le Portoricain Ayden Owens-Delerme (4608 points) et 62 unités sur le Norvégien Sander Skotheim (4588 points). Rendez-vous ce samedi matin à partir de 10h05 pour le 110 m haies.
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Sarah Madeleine s’arrête en séries du 5000 m
Au coude-à-coude dès la première série entre favorites, la Kényane Faith Kipyegon (1ère en 14’57”56), l’Ethiopienne Gudaf Tsegay (2e en 14’57”65) et la Néerlandaise Sifan Hassan (5e avec un chrono de 14’57”84), notamment, ont assurée leur place en finale du 5 000 m. La Tricolore Sarah Madeleine n’a pas réalisé l’exploit dans la deuxième course, elle qui « n’avait pas les armes », et concluant les douze tours et demi en 15’18″62 (17e), à distance de Beatrice Chebet (15’00″73).
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Tous les résultats de l’athlétisme aux JO de Paris 2024
Texte : Dorian Vuillet
Crédits photos : Solène Decosta & Gaëlle Mobuchon / STADION